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Argentine : manifestation contre l’agro-industrie

Anonyme, Tuesday, September 25, 2007 - 15:23

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Des centaines de manifestants du mouvement paysan indigène ont manifesté dans le centre de Buenos Aires contre les entreprises agro-chimiques, minières et pétrolières. Ils les accusent de l’expulsion de travailleurs ruraux de leurs terres. Au centre des critiques figurent le modèle économique, le pillage des ressources naturelles et la pollution des terres.

Plusieurs paysans travaillent la terre à leur manière, avec pelles et rateaux. Sans machines et en paix. Mais la tranquillité prend fin quand plusieurs entreprises agricoles et minières débarquent avec leurs produits chimiques et obligent les travailleurs à partir. Les entreprises fêtent le triomphe, mais au milieu de la célébration arrivent un solide groupe de travailleurs des champs, imposent sa présence et réussit à récupérer les terrains perdus. Sur la scène, la terre est représentée par quelques touffes de pâturage et de légumes posés sur le pavé ; les agro-compagnies, par des personnes déguisées en squelettes, et le poison, par des bouteilles de plastique avec une légende qui l’identifie. La performance, réalisée en face de l’entreprise productrice d’agro-chimiques et d’OGM Monsanto, a été la partie artistique de la marche populaire du Mouvement National Paysan Indigène (MNCI) et du Frente Popular Dario Santillan qui a parcouru hier le centre de Buenos Aires pour exprimer des revendications comme "le changement de modèle", "la souveraineté alimentaire" et "le retour au champ", et sur son chemin a "escraché" (action de dénonciation, NdT) plusieurs entreprises et dépendance gouvernementale qui - selon les organisateurs - encouragent par action ou omission un "pillage des biens naturels".

La manifestation, à laquelle ont participé pour la première fois des organisations communautaires et paysannes de tout le pays, a commencé à la mie-journée et s’est terminé au coucher du soleil sur la Place de Mai, après un petit concert dans lequel ont joué plusieurs groupes de folklore. Mais le fondamental a eu lieu sur le trajet de la mobilisation dans laquelle les participants se sont manifestés en face des compagnies Monsanto, la compagnie minière Barrick Gold, les pétrolières Repsol et Shell, le Ministère du Travail et le Secrétariat de l’Agriculture, des organismes qui depuis la vision des manifestants sont représentatifs du modèle d’exaction des biens naturels contre laquelle ils se battent.

"L’idée est de montrer notre lutte contre le modèle de développement basé sur le pillage des biens naturels, sur l’usage de ceux-ci non de manière soutenable mais comme si c’était une marchandise illimitée", a conté durant l’activité Diego Monton, de l’Union de Travailleurs Ruraux sans Terre de Mendoza qui fait partie du MNCI. "Nous ne nous battons pas seulement contre le dommage écologique de cette forme d’organisation économique, mais aussi contre les problèmes sociaux qu’elle engendre, parce que ce type de système implique que les entreprises cherchent à expulser des terres ceux qui en sont les propriètaires légaux, les paysans", a-t-il ajouté.

Il ne s’agissait pas d’une marche traditionnelle. D’un côté, arrivaient à la ville, pour la première fois, les groupes de paysans qui forment la base de la pyramide des campagnes argentines et qui n’appartiennent à aucun syndicat agricole. Ce sont ceux qui vivent de ce qu’ils sèment et cultivent dans les parcelles dont ils sont les maîtres pour les avoir occupées durant des décennies. D’un autre côté, y participaient des mouvements urbains, comme le Frente Popular Darío Santillán, avec des revendications qui, selon le porte-parole de cette organisation, Federico Orchani, "articulent deux problèmes qui sont complémentaires : les problèmes des campagnes et ceux de la ville, les exactions dans les campagnes et les services déficients des entreprises privatisées".

Selon les manifestants, ces deux problématiques vont de pair : "Un modèle de pays basé sur le pillage, qui a commencé avec la dernière dictature et a continué avec les politiques néolibérales des gouvernements qui l’ont suivi". Tout cela se reflètait depuis le début. Les bâtons de soutien des grandes banderoles étaient de longues canes vertes, apportées des campagnes de certaines des provinces représentées : Santiago del Estero, Cordoba, Mendoza, Salta, Jujuy et Misiones, comme parties du MNCI, et San Luis, Neuquen et San Juan, avec des groupes d’organisations adhérentes.

La scène montrait alors d’un côté le bâtiment du Sheraton de Buenos Aires, de l’autre, la gare de Retiro et au le milieu, les centaines - 5 mille personnes selon les organisateurs une fois arrivés tous les contingents - de travailleurs de la terre, avec des drapeaux de couleurs, des vêtements typiques de chaque région et des pancartes qui étaient des oeuvres d’art, avec les consignes exprimées avec des dessins.

A chaque arrêt, on effectuait un "escrache" avec des cantiques et des discours des secteurs spécifiquement touchés par chaque organisme. Ainsi, face à la Barrick Gold ont parlé les représentants des provinces de la cordillère où cette compagnie effectue des exploitations minières à ciel ouvert ; devant Monsanto, ceux de Santiago del Estero, où le déboisement pour la culture de soja concerne plusieurs hectares par jour, et face au ministère de l’Agriculture, ce fut Monton lui-même qui s’est chargé de réclamer un changement dans les politiques « pour arrêter de favoriser les agro-industriels et commencer à aider les paysans ».

Eugenio Martínez Ruhl, Pagina/12, 25 septembre 2007. Traduction : http://amerikenlutte.free.fr


[ EDIT (Mic pour le CMAQ)
* placé dans Fil de presse au lieu de Analyses (ce texte décrit une situation d'actualité).
* mis le lien de l'article et de photos dans la zone cliquable]

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