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La « gauche » française et les directions syndicales ont aidé Nicolas Sarkozy à faire passer ses « lois estivales »

De ço qui calt, Saturday, August 4, 2007 - 13:55

De ço qui calt ?

Nicolas Sarkozy aura réussi à faire passer, en très peu de temps depuis son élection à la présidence de la République Française, une incroyable avalanche de textes législatifs et réglementaires sans rencontrer de réelle opposition. Les conséquences destructrices de l’ensemble des lois votées et des décrets publiés n’ont guère fait l’objet d’analyses circonstanciées. Le programme du nouveau président était connu et annoncé, mais au sein de la « gauche » les préoccupations étaient autres. Les « ouvertures » gouvernementales, le « statut de l’opposition », les nouveaux « débouchés » offerts à des « personnalités de gauche »... accaparaient bien davantage l’attention. Est-ce vraiment surprenant, après trois décennies de politique unique et de rencontres « transversales » ? Quant aux grandes centrales syndicales, elles n’ont organisé aucune mobilisation pendant les deux mois qui se sont écoulés entre l’élection de Sarkozy et le début de la session extraordinaire du Parlement qui a duré tout le mois de juillet et à laquelle elles n’ont pas, non plus, réagi.

Rien de ce qui s’est produit n’a de quoi surprendre, mais le manque de capacité de réaction dont a fait preuve le mouvement populaire a de quoi inquiéter. La « gauche » et les directions syndicales ont réussi, depuis mai dernier, à bloquer toute opposition significative à la politique de Sarkozy.

 

Un décret du 2 août vient de clôturer la session extraordinaire du Parlement français commencée le 3 juillet. Trente-cinq lois intéressant tous les domaines (travail, éducation, santé, prisons...) étaient inscrites au programme, plus d’autres points importants. Y compris, un « débat sur les résultats du Conseil européen des 21 et 22 juin 2007 concernant la réforme des traités ». Le tout était officiellement connu depuis le 27 juillet et, de façon informelle mais claire et publique, depuis bien avant. En mai et juin, Sarkozy, Fillon, et les membres du gouvernement, avaient reçu des dirigeants de la « gauche » et des centrales syndicales pour leur exposer leurs projets. Au même moment, les gouvernements « Fillon 1 » et « Fillon 2 » incorporaient un nombre croissant de « personnalités de gauche », pendant que d’autres se voyaient proposer des « missions » ou des postes importants. Le 27 juin, lorsque Sarkozy convoquait sans susciter aucune vague la session extraordinaire du Parlement et le « socialiste » Jack Lang n’hésitait pas à soutenir publiquement le projet de loi de Valérie Pécresse sur les universités, plusieurs tractations politiciennes étaient en cours. La semaine suivante, les médias diffusaient l’annonce du soutien de Nicolas Sarkozy à la candidature de Dominique Strauss-Kahn la présidence du Fonds monétaire international. Quant à Jack Lang, il est devenu vice-président d’un « comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve République ». Et la liste pourrait être beaucoup plus longue : Jacques Attali a accepté de présider une « commission sur les freins à la croissance » ; Hubert Védrine a été chargé d’un rapport « sur la mondialisation », etc...

Précisons que la plupart de ces « personnalités de gauche » que Nicolas Sarkozy associé à ses activités sont des membres ou des invités habituels de l’association « Le Siècle », haut lieu de la « transversalité » que Sarkozy lui-même a fréquenté depuis le début des années 1990 et qui n’est pas le seul lieu de « rencontres transversales » qu’aient commun la politique et la « gestion des affaires » françaises au cours des décennies récentes. Sarkozy le Transversal n’a fait que rendre publique et plus officielle la « politique unique » qui sévit dans le pays depuis les années 1970. Lorsque Robert Badinter se plaint d’une « dérive » des institutions françaises vers une présidence « impériale », il « oublie » que la véritable politique ne se fait ni à l’Elysée, ni au gouvernement, ni au Parlement. Qu’elle est dictée par les lobbies financiers et les multinationales, dont les commis sont, notamment, très présents dans ces structures « transversales et informelles » que les médias ne mentionnent presque jamais.

Pour justifier la complicité générale, au sein de la « gauche » et des directions syndicales, avec l’actuelle politique sarkoziste, on invoque un prétendu « état de choc » suite au résultat des élections présidentielles. C’est de la pure mystification. Ségolène Royal, soutenue au second tour par la « communiste moderne » Marie-George Buffet, le prolétaire de la télé Olivier Besancenot, le non plus ultra José Bové, la « pure et dure » Arlette Laguiller et j’en passe... aurait-elle fait une autre politique que celle de Sarkozy ? Tout le monde, parmi ces politiciens et prétendus « syndicalistes », sait que ce n’est pas le cas. De même que les électeurs qui ont pris la peine de lire les professions de foi de la dernière campagne présidentielle.

Comme « personne n’a rien dit » en mai dernier lorsque, la semaine après les vacances de Sarkozy à Malte aux frais de Vincent Bolloré et de son groupe, la fille du président de Bolloré Télécom qu’est Valérie Pécresse a été nommée ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Nicolas Sarkozy s’offre à nouveau des vacances de luxe « à l’invitation d’amis ». Cette fois-ci aux Etats-Unis, à Wolfeboro (New Hampshire). Au bord du lac Winnipesaukke, dans une villa qui d’après les médias serait « immense » (environ deux-mille mètres carrés), « comporterait même un garage nautique et un yacht », et appartiendrait à l’ancien vice-président de Microsoft Mike Appe. Où est passée l’apparence d’indépendance de la Présidence de la République Française ? Force est de constater que les vagues du voyage à Malte ont été vite oubliées et n’ont nui en rien au pilonnage législatif auquel Sarkozy et ses ministres se sont livrés tout au long du mois de juillet. Le « consensus » est là pour aider.

Pour toute réponse à une session extraordinaire du Parlement qui, en un mois, a examiné presque quarante textes, les directions syndicales ont organisé une manifestation de façade, sur un seul point (le « service minimum ») et très tardivement (le 31 juillet), deux jours avant la clôture de la session parlementaire. Une manifestation au contenu clairement diviseur et démobilisateur, à propos de laquelle le secrétaire général de la CGT Bernard Thibaulr a eu le cynisme de déclarer : « Ça correspond à l'objectif que nous avions : marquer le coup ». Ou encore, que pour « un 31 juillet, c'est tout à fait bien » et que « c'est la démonstration que même pendant les congés payés les salariés sont sur leur garde ». Et sur son site, la CGT se félicite du « succès »... Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir organisé des mobilisations en mai et juin, lorsque les projets de Sarkozy et de ses ministres étaient déjà bien connus, et de manière unitaire contre l’ensemble des lois en préparation ? La réalité est que la « gauche » et les directions des grandes centrales syndicales ont aidé Sarkozy à faire passer les « lois d’été ». Le 2 août, le Sénat et l’Assemblée Nationale adoptaient définitivement le « Projet de loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs », comme ils avaient adopté toutes les autres lois litigieuses.

A noter également le dernier édito de Confrontations Europe, un « think tank » créé en 1991 par Philippe Herzog, Jean-Pierre Brard, Jean-Christophe Le Duigou, Jean Peyrelevade et Michel Rocard, et qui compte à ce jour une importante participation « communiste » ou « assimilée communiste » et « cégétiste » dans ses instances à côté de représentants de la grande finance, des multinationales, de la « droite », du « centre », de la sociale-démocratie... Philippe Herzog écrit notamment : « Les rencontres économiques d’Aix-en-provence 2007 ont exploré la question : quels capitalismes pour le XXIème siècle ? Réunissant près d’un millier de participants, des personnalités venues du monde entier, cette remarquable réussite est le fruit de la créativité, de la convivialité, et de l’esprit d’initiative de Jean-Hervé Lorenzi et du « Cercle des Economistes ». Leurs réflexions et celles de Confrontations Europe convergent sur l’essentiel... » Au moins, c’est clair. De la « gauche de la gauche » à la droite, la question qui se pose n’est plus celle de savoir si le capitalisme est le système économique et social adapté à notre époque, mais « quel capitalisme » convient le mieux aux intérêts des classes dominantes.

Voir également mes articles du 21 juillet « Sarkozy, lois d'été, « opposition » a statut et directions syndicales » et du 31 juillet « Sarkozy, la pseudo-opposition, les grandes centrales et la manif du 31 », parus dans Indymédia Paris.

 

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Subject: 
Mes articles des 31 et 21 juillet, avec un épilogue
Author: 
De ço qui calt
Date: 
Tue, 2007-08-07 04:24

1. Sarkozy, la pseudo-opposition, les grandes centrales syndicales et les manifestations du 31 mai

(article du 31 juillet)

 

Nicolas Sarkozy n’a pas à se plaindre de « son opposition ». Une avalanche de lois et dispositions diverses est passée au Parlement au cours du mois de juillet sans rencontrer la moindre résistance populaire. Aucune mobilisation ne s’y est opposée. Aucune manifestation n’a eu lieu dans la période de deux mois qui s’est écoulée entre l’élection de Sarkozy et l’ouverture de la session extraordinaire du Parlement début juillet suite au décret du 27 juin demandant aux deux Chambres d’examiner rien de moins qu’une bonne trentaine de textes en une période de l’ordre d’un mois. Un décret annoncé dès l’élection du nouveau Président de la République, qui déjà en mai avait entrepris de rencontrer des dirigeants de la « gauche » et des centrales syndicales. Après la passivité générale au sein de la « gauche » et des directions syndicales pendant plus de deux mois, que signifie l’étrange manifestation tardive du 31 juillet ? Tardive et restreinte à un seul objectif autour du « service minimum » , laissant tomber des questions aussi essentielles que l’enseignement supérieur, la justice et les prisons, la santé et bien d’autres. Comme si on cherchait à nous persuader que l’heure est à « sauver quelques meubles » et tant pris pour le reste, voire même qu’il aurait fallu voter Royal si on voulait autre chose. Quels intérêts sert, dans ces conditions, la manifestation du 31 juillet telle qu’ont entendu l’organiser la CGT et d’autres centrales syndicales ?

 

Note faisant suite : a) aux débats suscités par les articles
du 8 juillet
« Le Parti Communiste apporte un quasi-soutien à la loi Pécresse » et du 21 juillet
« Sarkozy, lois d'été, « opposition » a statut et directions syndicales »
, qui ont par la suite été repostés sur Indymédia Paris par des internautes ; b) aux articles de Monique (27 juillet) « Le double jeu de la FSU » et de « En colère » (30 juillet) « Manifestation du 31 juillet: comment la "gauche" et les "syndicalistes responsables" bradent les universités et la justice ».

Dans mon bled, des organisations syndicales appellent à manifester en début d’après-midi. A midi, je regarde le site de la CGT. Toujours le même mot d’ordre : « Service minimum : le 31 juillet, réagissons ! ». Pareil côté FSU. Les rassemblements d’aujourd’hui ne concernent donc que le « service minimum », qualifié d’atteinte au droit de grève. Rien sur les autres textes déjà adoptés ou en cours d’examen depuis le début du mois de juillet. Autant dire que participer à cette prétendue « action » revient à acquiescer à l’essentiel de la politique estivale de Sarkozy. « En colère » écrit dans son article d’hier :

« La loi "sur la récidive" a déjà été adoptée. Qui en parle ? Celle sur les universités a été votée par l'Assemblée nationale le 25 juillet et renvoyée le lendemain à la Commission des affaires culturelles pour le débat en commission paritaire avec le Sénat:

http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/Liberte_universites.asp

Le programme de travail de l'Assemblée Nationale prévoit, pour le 1er août:

http://www.assemblee-nationale.fr/agendas/conference-blanc.asp

"Éventuellement, discussion, sur le rapport de la commission mixte paritaire, du projet de loi relatif aux libertés des universités"

après passage de la loi en commission paritaire Assemblée - Sénat. Le 1er août est donc prévue, entre autres, l'approbation définitive par l'Assemblée Nationale de la loi sur la prétendue "autonomie des universités". Quelle "autonomie", alors que les financiers y feront la loi ?

Un calendrier que la FSU et les autres centrales syndicales connaissent depuis longtemps. La manifestation du 31 juillet est donc de pure façade.

(...)

Et s'il s'agit de prétendre que la question du service minimum serait une urgence pour les enseignants, et que celle de la privatisation des universités (car c'est bien de cela qu'il s'agit) ne le serait pas, alors c'est ne rien vouloir comprendre à la stratégie du gouvernement et des milieux financiers.

Il suffit d'aller faire un tour en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Les établissements scolaires à tous les niveaux et pour tous les âges n'echappent pas à la domination du secteur privé. Si l'oligarchie financière (dont Bolloré est un petit représentant, car il n'a jamais été un "industriel") est en mesure d'envisager de s'acheter nos universités, alors elle est également assez forte pour faire disparaître toute trace du secteur public au niveau des écoles, des lycées... »

(fin de citation)

 

On pourrait faire remarquer à cet internaute que les nouvelles dispositions sur la récidive, les universités, la santé... ne sont qu’une petite partie de l’arsenal législatif et réglementaire déversé en quelques semaines par le Parlement et le gouvernement. L’inventaire complet, ni l’opposition de Monsieur le Président, ni les syndicats « raisonnables », ne semblent avoir envie de le dresser. Pourtant, personne parmi leurs dirigeants n’a envisagé la moindre mobilisation en mai ou juin. Surtout dans la deuxième moitié du mois de juin, juste après les élections législatives, alors que Sarkozy et le gouvernement avaient tout « mis sur la table ».

Que vient faire à présent le pseudo-manifestation du 31 juillet, avec des mots d’ordre sciemment minimalistes que « En colère » qualifie à juste titre de porteurs de capitulation et de division ? Une chose paraît certaine : les médias feront la promotion de ces « dirigeants du mouvement social » qui ont si bien aidé Sarkozy dans son début d’exercice. Et le nouveau président, qui « sait y faire », ne manquera pas de leur adresser un renvoi d’ascenseur pour que des partenaires si précieux ne perdent pas complètement la face. C’est pour cette « régularisation » du rôle des syndicats « bien-pensants » et de l’opposition à statut, que notre présence aux manifestations du 31 juillet a été réclamée. Histoire de prouver que rien n’a changé, que nous manifestons quand ces dames et messieurs le veulent, et que nous ne le faisons pas quand ils ne le veulent pas. Que nous acceptons les mots d’ordre minimalistes, et que globalement on est prêts à tout lâcher ou presque.

Qui seront les tondus ? On n’a pas besoin d’un topo sur la question. Ajoutons qu’en ce qui concerne le droit de grève, l’actuelle offensive du patronat porte sur les services publics. Mais, globalement, les multinationales et les financiers ont déjà mis en place le plus redoutable des instruments contre le droit de grève : celui des délocalisations. Qui s’y est vraiment opposé ? Même dans la propagande des dernières élections présidentielles, le silence de la « gauche » et de la « gauche de la gauche » sur cette question était assourdissant.

Dans un article du 2 juillet, j’écrivais :

« Quoi qu’il en soit, le magicien de Sarkoz a une bonne baguette et sait faire de jolis tours. Après les remous générés par son voyage à Malte avec des moyens très coûteux, appartenant d’après les médias à Vincent Bolloré ou à son groupe, Nicolas Sarkozy a réussi à faire passer comme une lettre à la poste la nomination de Valérie Pécresse à la fonction stratégique de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Mariée à Jérôme Pecresse, directeur général adjoint d’Imerys, numéro un mondial des minéraux de spécialité, Valérie Pécresse est également fille de Dominique Roux, professeur à l’Université Paris Dauphine devenu président de Bolloré Télécom en janvier dernier. Dans ces conditions, il paraît légitime de soulever la question de l’apparence d’impartialité, par rapport aux intérêts des lobbies industriels, d’une ministre chargée de la « réforme des universités » avec un projet de loi aux conséquences très importantes pour la recherche scientifique et technologique. Il n’y a là aucune attaque personnelle. Pourtant, qui en a parlé ?

Non seulement le silence sur les circonstances de la nomination de Valérie Pécresse semble avoir été général, mais au même moment où l’opposition de Monsieur le Président était officialisée par l’accès de Didier Migaud à la présidence de la Commission des Finances, de l’Economie générale et du Plan de l’Assemblée nationale, Jack Lang apportait publiquement son soutien à la deuxième mouture du projet de loi de la nouvelle ministre. »

(fin de citation)

 

On pourrait à présent ajouter que le silence des « bien-pensants » perdure, et que bien d’autres « personnalités » de la « gauche transversale » (souvent, des membres ou ex-membres du Siècle) se sont avantageusement rapprochées de la sarkozie. Sans oublier que Michel Rocard vient d’apporter son soutien à Jack Lang et à Dominique Strauss-Kahn, estimant que « l'appartenance de socialistes à une commission de sages représentant la société civile dans son ensemble n'a rien d'une trahison, c'est un devoir » et que « [le] fait qu'un socialiste français, Dominique Strauss-Kahn, soit reconnu comme un candidat crédible à une haute fonction internationale, c'est une promotion, en aucun cas une désertion ».

Le pouvoir de la baguette du magicien de Sarkoz ? A la une du Monde des 22-23 juillet, un dessin de Plantu la comparait à celle de Harry Potter. Avec le titre « Plus fort que Harry Potter », « notre » magicien déclarait devant un Jack Lang ravi et admiratif : « Moi, je vous transforme un socialiste en sarkoziste ». Mais la réalité est très différente. Aucune « transformation » n’est nécessaire pour que la « gauche » et Sarkozy défendent les mêmes intérêts. Les pouvoirs du magicien de Sarkoz ne dépassent pas le domaine des apparences. Pour le reste, la « politique unique » est en place depuis des décennies.

 

Quelle urgence pour le mouvement populaire ? De mon modeste point de vue, se démarquer sans ambiguïté de tout ce beau monde, directions syndicales comprises.

 

(fin de mon article du 31 juillet)

 

Sarkozy, consensus « transversal », lois d’été, « opposition » à statut et directions syndicales

(article du 21 juillet)

 

Les lois Pécresse, Dati, Bertrand... passent en ce moment au Parlement sans entrave, comme il fallait s’y attendre depuis le mois de mai. Pareil en ce qui concerne la « politique européenne » de Nicolas Sarkozy qui « avance » rapidement sans aucune difficulté. En face, quelques discours de politiques, parlementaires, syndicalistes... pour la forme, mais rien qui puisse opposer un réel obstacle au rouleau compresseur législatif et réglementaire. Soudain, il est question d’une manifestation le 31 juillet, soit à peu près à la fin prévisible de la session extraordinaire du Parlement. S’agit-il d’autre chose que d’une « présence » de façade de quelques dirigeants pour empêcher le départ d’adhérents et la perte de cotisations ?

L’affaire de la saisie de l’hebdomadaire El Jueves a été, pour des journalistes, l’occasion de rappeler que le Code Pénal espagnol possède un chapitre consacré aux « délits contre la Couronne » et que son article 490.3 prévoit jusqu’à deux ans de prison pour quiconque « calomnie ou insulte le Roi ou n'importe lequel de ses ascendants ou descendants, la Reine consort, ou le consort de la Reine, le Régent ou un membre de la régence, le Prince héritier de la Couronne dans l'exercice de ses fonctions ». Tel est le fonctionnement d’un Etat voisin, avec lequel Nicolas Sarkozy préconise une véritable intégration institutionnelle à travers la « construction européenne » sans guère susciter de réactions dans le monde politique. C’est loin d’être la seule opération éclair de Sarkozy à laquelle aucune « opposition » ne s’oppose dans la pratique depuis le 6 mai dernier.

 

Politique « consensuelle » de Sarkozy, « gauche » à statut, directions syndicales et mobilisations « post mortem ».

 

Dès l’élection de Nicolas Sarkozy, le 6 mai, son intention était claire de convoquer le Parlement en session extraordinaire remplie de procédures d’urgence, afin de lui faire adopter pendant l’été en toute vitesse un certain nombre de lois dont, à peu de chose près, le débat était fait d’avance. C’est ce qui s’est produit depuis le début du mois de juillet mais qui avait été annoncé bien avant. La « gauche » et les grandes centrales syndicales ont disposé de plus de deux mois pour organiser et préparer des mobilisations avant le grand départ en vacances, mais rien n’a été fait. En ce moment, les lois passent et sont adoptées à une vitesse météorique sans que presque personne ne bouge. Après le Sénat, l’Assemblée Nationale a approuvé le 18 juillet la loi dite « contre la récidive ». La loi sur les universités passera de la même façon à partir du 23 juillet au Palais Bourbon. Le Sénat vient d’adopter la loi sur le « service minimum », etc... Pour nous faire bien apprécier comment elles nous défendent, les directions syndicales feront tout de même un « geste » le 31 juillet. Mais uniquement contre le projet de loi sur le service minimum, et en réalité de manière pour l’essentiel symbolique car la fin des travaux parlementaires est prévue pour le début du mois d’août.

La loi sur le service minimum a été adoptée le jeudi 19 par le Sénat sans trop de vagues. Mais, pour se mobiliser, il faudrait, semble-t-il, attendre le 31 juillet, quand les carottes seront à peu près cuites. Les vacances ont bon dos. Quant aux autres lois (récidive, universités...).

Le titre du tract de la CGT du 13 juillet était déjà très clair :

« Service minimum : le 31 juillet 2007, réagissons ! »

reconnaissant en même temps que « le texte sur le droit de grève / service minimum présenté par le gouvernement est en débat à partir du 17 juillet au Sénat et du 30 juillet à l’Assemblée nationale ».

Une mobilisation tardive et purement formelle donc, où la CGT fait semblant de se réveiller soudain alors que le processus législatif en cours était prévisible depuis longtemps. Le premier projet de loi dit « sur la récidive » avait été déposé au Sénat dès le 13 juin, et celui sur les universités avait été annoncé avant cette date.

En ce qui concerne la loi dite d’autonomie des universités, le SNESup-FSU explique que le Parti Socialiste avait initialement prévu une « abstention critique ». Voir la version du communiqué de ce syndicat actualisée au 16 juillet.

L'UNEF fait exactement comme la CGT. Elle se manifeste à la dernière minute, lorsque la machine à voter la loi sur les universités est déjà en marche. Au moment du début de l’examen du projet de loi (déjà adopté par le Sénat) par l’Assemblée Nationale, la direction du syndicat étudiant déclare dans un communiqué du 23 juillet :

« le projet de loi, en décalage total avec les aspirations de la communauté universitaire, a encore été aggravé par son passage au Sénat, notamment quant aux modalités d’élections du Président. L’UNEF met en garde les parlementaires sur les conséquences de l’adoption d’un texte en l’état inacceptable, et leur demande d’y apporter des modifications profondes notamment sur les statuts des personnels IATOSS et des enseignants chercheurs. Elle demande au gouvernement de s’engager dans le cadre de cette loi à mettre une loi de programmation budgétaire pluriannuelle et à financer des mesures pour les étudiants et les universités dès la rentrée. »

Il était parfaitement possible de riposter de manière conséquente à la stratégie de Sarkozy avant les départs en vacances, mais les blocages ont été bien réels. Ni la « gauche » ni les grandes centrales syndicales n’ont souhaité réagir en temps utile. Sous prétexte de « négociations » ? Une telle excuse serait très démagogique, surtout à un moment où Sarkozy offre nombre de bonnes places à des dirigeants de la « gauche ». Jamais l’existence de discussions n’a empêché une mobilisation préventive.

De même, silence radio toujours sur les circonstances de la nomination de Valérie Pécresse et les intérêts dont elle est proche. Voir mes articles du 2 juillet sur les liens entre la nouvelle ministre et des dirigeants des groupes Bolloré et Imerys, et celui du 8 juillet sur la discrétion du Parti Communiste à ce sujet.

Comme de plus en plus souvent, l’opacité politique et syndicale semble être de mise. Et à présent, on nous demande de défiler le 31 juillet derrière ces mêmes dirigeants politiques et syndicaux qui, pendant trois mois, auront dans la pratique aidé Sarkozy à faire passer sa machine législative.

 

(fin de mon article du 21 juillet)

 

EPILOGUE

Le titre de mon article du 31 juillet cherchait à mettre en évidence l'incroyable retard de la seule manifestation syndicale au niveau national intervenue après les élections présidentielles. Le 31 juillet à la place du 31 mai, alors que fin mai on connaissait déjà la totalité du programme estival du nouveau président.

Mais le caractère volontairement restreint du sujet de cette mobilisation de façade était tout aussi grave. Le résultat est là.

Finalement, personne ou presque n'aura bougé pendant que Nicolas Sarkozy faisait passer sa bonne trentaine de lois et d'autres dispositifs, y compris sur l'Europe. Tout au long du mois de juillet, personne ne pouvait être dupe, et pourtant...

Ce qui permet à Sarkozy d'annoncer qu'à la rentrée tout va « repartir très fort »...

 

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