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C'est l'État canadien qui cause problème, et non les AutochtonesEric Smith, Tuesday, July 3, 2007 - 08:51
Arsenal-express
Des centaines d'actions se sont déroulées sur tout le territoire canadien à l'occasion de la première journée nationale de protestation des peuples autochtones, qui a eu lieu vendredi le 29 juin. Votée en décembre 2006 lors d'une réunion de l'Assemblée des premières nations (qui regroupe les chefs des conseils de bande mis en place par l'État canadien), la journée "d'actions de perturbation économique" s'est finalement transformée en une journée nationale de protestation aux objectifs plus modestes. Dans bien des cas, les Autochtones ont surtout cherché à sensibiliser la population canadienne à la situation désastreuse qui est la leur, en distribuant des tracts et parfois en ralentissant la circulation sur certaines routes. Sous l'influence de la propagande raciste, voire haineuse, véhiculée par l'appareil idéologique de la bourgeoisie, l'immense majorité de la population canadienne en est venue à fermer les yeux sur la dure réalité vécue par les peuples autochtones. L'incompréhension est telle que l'athlète d'élite Waneek Horn-Miller, de la nation mohawk, est allée jusqu'à affirmer que si les actions organisées dans la cadre de la journée de protestation -- comme la manifestation à laquelle elle a participé à Montréal -- pouvaient faire en sorte de sensibiliser ne serait-ce qu'un seul non-autochtone à la réalité des premières nations, cela en valait la peine! C'est dire à quel point les Autochtones ont le sentiment qu'ils et elles devront compter surtout sur leurs propres forces pour gagner le combat... Encore une fois, il aura suffi qu'un seul pont (le Pont Mercier, à Montréal) soit inaccessible pendant tout juste 45 minutes vendredi midi pour que certaines têtes brûlées, qui l'empruntent à chaque jour sans jamais même prendre conscience du fait qu'elles jouissent ainsi d'un privilège consenti par la nation mohawk, exigent rien de moins que l'intervention de l'armée canadienne "pour en finir une fois pour toutes avec le problème des Indiens" (propos lus dans la "tribune libre" du Journal de Montréal de Pierre-Karl Péladeau). Le génocide pratiqué par les colonisateurs, la bourgeoisie canadienne et son État, qui fut au cœur de l'ascension du Canada vers les sommets des grandes puissances capitalistes, n'a en effet pas réussi à faire disparaître les peuples autochtones. Non seulement ceux-ci ont-ils survécu, mais leur esprit de résistance et les luttes courageuses qu'ils ont su développer font qu'aujourd'hui, la "question autochtone" s'impose de plus en plus au cœur du débat politique au Canada. Les peuples autochtones en ont assez de la misère à laquelle le développement du capitalisme au Canada les a confinés. Ils aspirent à un changement fondamental et à la dissolution des vieux rapports de domination qu'on leur a imposés. Ils affirment leurs droits nationaux avec force et souhaitent développer de nouveaux rapports égalitaires avec toutes les autres nations -- y compris celles qui cohabitent sur les mêmes territoires qu'eux après s'y être installées de force. Surtout, les Autochtones veulent que ça change, et vite! Tel est le message qui ressort clairement de la journée de protestation du 29 juin. La bourgeoisie canadienne, dont la puissance est fondée en grande partie sur la spoliation et le génocide des premières nations, n'arrive plus à gérer le "problème autochtone". Elle est incapable de faire face aux revendications territoriales légitimes qui se sont multipliées au cours des dernières années. En outre, elle n'arrive même plus à exercer le rôle paternaliste de "tuteur" qu'elle s'est attribuée et à donner l'impression qu'elle sait voir au bien-être de ses "pupilles". La journée du 29 a fait peur à la bourgeoisie canadienne. Elle a craint que les actions des premières nations affectent ses intérêts économiques. En même temps, elle s'y est préparée, en déployant son appareil de répression. Idéologiquement, elle stigmatise les nations qui ont décidé qu'elles en avaient assez d'attendre et n'hésitent plus à confronter le pouvoir d'État. Sa police et ses tribunaux ciblent les militantEs autochtones qui osent défier le statu quo et tentent de créer des liens avec les autres groupes d'oppriméEs au pays, comme c'est le cas du Mohawk Shawn Brant de Tyendinaga qui fait actuellement l'objet d'un mandat d'arrestation pour "méfait" et "bris de condition" suite à sa participation aux actions menées par la communauté dont il est porte-parole. Prolétaires de tout le pays, cessons de nous laisser intoxiquer par la propagande bourgeoise! Il ne faut pas craindre la montée des luttes autochtones: au contraire, elle représente une bouffée d'air frais pour l'ensemble des exploitéEs au Canada. Elle ouvre une immense fenêtre et laisse entrevoir la possibilité de développer un grand mouvement de lutte révolutionnaire de tous et toutes les oppriméEs, assez fort pour mettre fin au pouvoir de la bourgeoisie canadienne et de son État, elle qui n'a jamais été et sera de moins en moins capable, à l'avenir, de satisfaire les besoins et les aspirations de la majorité de la population qui vit actuellement sous son joug. Tous et toutes uniEs contre l'ennemi commun: la bourgeoisie canadienne! Solidarité avec les peuples autochtones! -- Article paru dans Arsenal-express, nº 145, le 1er juillet 2007.
Site Web du Parti communiste révolutionnaire.
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