Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne le dise ouvertement, maintenant c'est fait. La récente sortie de Pauline Marois en faveur du dégel des frais de scolarité en a pris plusieurs par surprise. Mais pas tout le monde.

Ceux qui ne l'ont pas vu venir sont des gens à la mémoire politique plutôt courte: n'est-ce pas Mme Marois qui était à la barre du ministère de l'Éducation en 1996? N'est-ce pas elle qui a effectué cette coupure de 700 millions de dollars dans l'éducation post-secondaire et qui a tenté de dégeler les frais de scolarité? N'est-ce pas elle qui a provoqué l'avant-dernière grève générale illimitée des étudiantes et des étudiants du Québec?

Du côté du caucus péquiste, les poids lourds commencent déjà à se rallier à la position pro-dégel de Mme Marois, dont Sylvain Simard et François Legault. Évidemment, d'autres suivront (par conviction ou par désir de plaire à la future-cheffe). À quelque part, ça augure mal: celle qui se fera porte-parole du Parti Québécois dans un mois commence déjà à parler à l'encontre des positions de l'organisation. Tentera-t-elle de faire changer la position en faveur du gel? Ou la rejettera-t-elle du revers de la main, comme André Boisclair avait fait avec la nationalisation de l'énergie éolienne?

Avec le couronnement à venir de Pauline Marois comme cheffe du Parti Québécois, la balle reviendra dans le camp des membres du parti, qui ont la réputation fondée d'être beaucoup plus au centre que l'aile parlementaire, qui, elle, passe son temps à voter à droite. Les membres laisseront-ils Mme Marois dicter à la députation péquiste un discours pro-dégel alors qu'eux défendent le gel? Se laisseront-ils écraser comme ils l'ont fait devant M. Boisclair, en ne manifestant qu'une déception?

Ça sera une affaire à suivre. Chose sûre, si les péquistes se laissent marcher sur les pieds par la cheffe, ça augure mal pour la mobilisation étudiante de cet automne, qui perdra tous ses appuis au niveau parlementaire...