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Royal, Mitterrand, histoire du « socialisme » français et censure (2)

Anonyme, Tuesday, May 1, 2007 - 06:59

La querelle autour de la récupération de Jean Jaurès par Nicolas Sarkozy, dans les élections présidentielles françaises, cherche à occulter à quel point le PS et le PC ont renié les principes historiques du mouvement ouvrier. La candidature de Ségolène Royal n'est porteuse d'aucune tradition progressiste.

Les partis bourgeois français de « droite », de « gauche » et de « centre » se disputent la récupération d’un certain nombre de personnages historiques ancrés dans la mémoire populaire. C’est le cas de Jean Jaurès, par exemple, qui fut assassiné à cause de sa lutte contre la guerre juste avant la boucherie de 1914-18. Mais les deux candidats en présence au deuxième tour des présidentielles françaises sont porteurs, précisément, d’un héritage politique opposé à ce que Jaurès incarnait en 1914. On « comprend », dans ces conditions, que la censure règne en ce moment en France dès qu’on rappelle quelque peu l’histoire et les antécédents de « nos » politiques.

Ségolène Royal, Mitterrand, l'histoire du « socialisme » français et l'actuelle censure de l'information (2)

Des discours de Nicolas Sarkozy se référant à Jean Jaurès ont déclenché de vives réactions de la part de la « gauche » française. Sur le site du Parti Communiste, on peut lire, par exemple, que « Nicolas Sarkozy a tenté une nouvelle fois d’instrumentaliser Jaurès, lors d’un meeting à Toulouse ». C’est vrai, bien sûr, mais... De son côté, François Hollande a déclaré : « Pauvre Jaurès ! S'il avait su qu'un jour son nom serait cité dans un congrès de la droite française » et s’en est pris à une « captation d’héritage ». Justement, tout est là : de quel « héritage » parlent les Hollande, Buffet... ? On dirait que « nos » politiques ont la mémoire historique très courte.

Le grand mérite historique de Jean Jaurès réside dans sa lutte contre la guerre et, par là, contre les intérêts stratégiques de l’impérialisme français et des autres impérialismes de l’époque. C’est ce qui lui coûta la vie. Son assassin, Raoul Villain, fut acquitté en 1919, les jurés ayant estimé que « si l’adversaire de la guerre Jaurès s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre ». Ce qui permet de se faire une idée du chauvinisme qui régnait. Mais qui en a été historiquement responsable ? La « droite » et le « centre », certes, mais pas seulement. En un sens, ils n’ont même pas été les pires.

Car il y avait pire que d’anathématiser Jaurès, pire en un sens que de le tuer physiquement. Et ce pire fut fait. Wikipédia écrit :

« Le 4 août 1914, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, sur la tombe de Jean Jaurès, prétend exprimer le sentiment de « la classe ouvrière au cœur meurtri » en rejetant la responsabilité de la guerre sur « les empereurs et les aristocraties d'Allemagne et d’Autriche-Hongrie ». Les ouvriers deviennent des « soldats de la liberté » appelés à défendre la patrie où naquit l'idéal révolutionnaire. »

Pire, moralement, que de tuer Jaurès physiquement, était le geste incroyablement dénué de scrupules de se servir de sa tombe pour appeler les ouvriers à la guerre. C’est ce que firent les dirigeants de la CGT et leurs collègues « socialistes ». On peut lire également dans le même article de Wikipédia :

« Après l'assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, Miguel Almereyda écrit dans « Le Bonnet rouge » du 1er août 1914 : « ... Bloc autour de la France menacée ! Le bloc que nous réclamions, il y a quatre mois, pour le salut de la république, nous l'appelons de tout notre cœur pour le salut de la patrie ». »

A côté, les récupérations de Sarkozy... pardon, mais c’est de la gnognotte. Rappelons d’ailleurs que Léon Jouhaux bénéficia jusqu’au bout d’une excellente réputation dans le monde politique qui ne le mit jamais en cause et l’aida même à obtenir le Prix Nobel de la Paix (OUI, DE LA PAIX) en 1951 à cause de « ses nombreux engagements pacifistes ». Sa biographie sur Wikipédia rappelle cette autre phrase de l’intéressé, prononcée également lors des obsèques de Jaurès le 4 août 1914 :

« au nom de ceux qui vont partir et dont je suis, je crie devant ce cercueil que ce n'est pas la haine du peuple allemand qui nous poussera sur les champs de bataille, c'est la haine de l'impérialisme allemand »

C’était l’époque où chaque social-chauvin s’en prenait à l’impérialisme... des oligarchies des autres pays !

On comprend aisément que ni le Parti Socialiste, héritier des « socialistes » qui ont poussé de manière décisive à la première guerre mondiale, ni le Parti Communiste qui depuis quatre décennies s’est acoquiné avec ces « socialistes » et a même appelé à voter pour l’ancien ministre sous la guerre d’Algérie qu’était Mitterrand, ne peuvent décemment se réclamer de l’héritage positif de Jaurès. De ce point de vue, ils ne sont pas dans une posture fondamentalement différente de celle de Sarkozy.

Pour le reste, Jean Jaurès ne fut pas un socialiste au sens marxiste du terme. Il n’adhéra jamais aux thèses révolutionnaires de Marx, notamment sur la disparition de l’Etat ou sur la nécessité d’une véritable révolution au sens propre. Jaurès fut toujours un révisionniste de la doctrine du socialisme de l’époque. Issu du milieu politique des « républicains opportunistes » impérialistes, Jaurès quitta ce courant et, par la suite, se rapprocha du mouvement ouvrier sans adhérer à la théorie révolutionnaire socialiste. Il était partisan d’une « évolution » du capitalisme vers le socialisme. Ce qui ne rend que plus remarquable son combat contre l’impérialisme et la guerre, entreprise objectivement en rupture avec le réformisme doctrinal jaurésien.

En même temps, force est de constater que les thèses des révisionnistes du marxisme de la fin du XIX siècle ont été finalement adoptées par la sociale-démocratie et par les partis dits « socialistes » qui ont fait disparaître les références à Marx. De ce point de vue, les thèses politiques de Jaurès sont récupérables par les actuels partis du système capitaliste. Que ce soit l’UMP, l’UDF, le PS où le parti dit « communiste ». Le reste, ce sont des querelles de chiffonniers.

Autant de rappels qu’on a du mal à faire passer dans les médias, mais il faut bien essayer. Essayer toujours...

Ralbol



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