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Faire du Business à tout prix !

Anonyme, Wednesday, February 28, 2007 - 05:35

RUBY BIRD - JOURNALISTE

De nos jours, tout est bon pour s'enrichir. Il devient de moins en moins possible de résister aux différentes tentations qui s'offrent à nous. l'individu est constamment confronté à une véritable machine de guerre qui se nomme "profit facile". Les gouvernements n'offrent que peu de résistance quand ils ne contribuent pas à changer eux-mêmes la donne. Des ouvrages suivent qui sont assez révélateurs de ce qui nous guette si l'on ne reste pas vigilants.

------------PORTRAIT DE L'HOMME D'AFFAIRE EN PREDATEUR
Michel Villette : professeur de sociologie à l'Agro-Paritech et chercheur associé au Centre Maurice Halbwachs de l'EHESS
Catherine Vuillermont : agrégée et maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l'université de Franche-Comté
Editions La Découverte

L'ouvrage se trouve être assez original dans son style d'analyse du monde des affaires. L'auteur précise bien tout d'abord qu'il faut faire la nuance entre les différents termes employés pour définir l'homme d'affaires. Il peut être dénommé patron, chef d'entreprise, dirigeant, capitaliste, entrepreneur.... C'est suivant le contexte et l'idéologie à travers laquelle la personne est vue. «Dans ce livre, l'appellation hommes d'affaires est réservée aux personnes dont l'activité est orientée vers l'accumulation et l'accroissement du capital, par le moyen d'une action directe sur les entreprises qu'ils contrôlent ou cherchent à contrôler.» Ce qui n'exclut pas que l'auteur tienne en compte le large environnement de cet homme d'affaires, en d'autres termes cela inclut aussi bien les membres de son équipe, les banquiers, les auditeurs, que les avocats d'affaires et les consultants.

Autrefois, l'homme d'affaires était considéré comme un entrepreneur et un être marginal, individualiste, prenant des risques inconsidérés, calculateur et rusé. Il ne respectait surtout pas les conventions sociales. Depuis le dix-huitième siècle, en Outre Manche et Outre Atlantique, ce même homme se trouve investi de grandes qualités et cela dure jusqu'à nos jours. On ne veut surtout pas savoir comment cette personne en est arrivée à un tel statut de pouvoir et de fortune, les détails et méthodes utilisées se trouvent facilement balayés. Son image ne peut qu'en être positive sur la population et doit lui servir de motivation d'élévation sociale.

En France, il y a une tradition concernant l'élite économique, elle ne peut pas être définie par l'activité ou la qualité de travail mais plutôt et majoritairement par le statut social. C'est une affaire d'héritage familial. Les Outsiders font exception et sont très mal vus. Cela est bien plus flagrant en France qu'en Allemagne, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Ce qui relève en France est que l'homme d'affaires travaille pour son propre compte plutôt que pour la société. Son bénéfice personnel est son seul but, il est égoïste. Son indépendance de pensée fait de lui une sorte d'anguille face aux contraintes de l'ordre social, moral et politique. Ses ambitions ne s'arrêtent pas à la frontière nationale. Ceux qui font le mieux recette sont les intermédiaires, la réussite dépend de leur habilité à se servir des opportunités de mettre en relation des gens qui veulent faire des affaires les uns avec les autres. «Il est poussé par le désir de faire de l'argent, et il en gagne en imaginant ce que les consommateurs souhaitent.»

Toutes sortes de conditions doivent être remplies, certaines qualités ou défauts, selon nos valeurs morales, sont absolument requises, l'environnement économique doit être connu et apprécié à sa valeur monétaire «Pour se lancer dans les affaires avec succès, il faut souvent transgresser l'ordre social et s'exposer, par conséquent, à des accusations et éventuellement à des poursuites.». Ce livre est assez passionnant dans son style d'analyse. Des exemples concrets de grands chefs d'entreprises sont donnés en détail avec leur parcours historique et leur témoignage. Ce qu'ils pensent et comment ils veulent s'acheter une image ou se racheter une conduite, à travers l'humanitaire, une biographie «vérité».... donne une idée des contradictions de notre société. Une deuxième partie se consacre à : Comment se font les (bonnes) affaires. La troisième partie traite de la morale dans le monde des affaires et se pose bien des questions. PASSIONNANT OUVRAGE ET TRES ACTUEL DANS CE MONDE DE DERIVES LIBERALES !

------------LE LIVRE NOIR DE L'ECONOMIE MONDIALE
Contrebandiers, trafiquants et faussaires
Par Moisés Naim : Spécialisé dans l'économie et surtout la mondialisation. A été ministre de l'Industrie et du Commerce au Venezuela en 1989 et directeur exécutif de la Banque mondiale.
Editions Grasset

Ce livre est passionnant dans son ensemble à part dans son analyse du monde du terrorisme. Il focalise un peu trop sur Al-Qaïda et désigne les Etats-Unis comme principal acteur de lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues. J'ai beaucoup retrouvé des arguments venant du FBI, des rapports de la CIA. Ses références sont parfois un peu limitées. On ne peut pas toujours trouver Al-Qaïda comme exemple et excuse pour justifier les maux de la terre. C'est le petit bémol que je pose à cet ouvrage qui se veut assez humain et révolté surtout sur les trafics humains, l'esclavagisme sexuel et économique. Je me suis surtout concentrée sur les chapitres traitant du Boom de l'esclavagisme au XXIème siècle, du commerce mondial des idées volées et que peuvent faire les citoyens contre tous les genres de criminalités. Nous avons d'autres chapitres traitant du trafic mondial de la drogue, du blanchiment de capitaux, des armes légères et armes nucléaires en liberté, sur le rôle et l'impuissance remarquée des gouvernements.

Ce qui est à noter est la dose de corruption qui est flagrante au niveau mondial. Elle peut être volontaire comme forcée. Peut venir de la part de fonctionnaires, d'entreprises privées comme d'individus. La complexité et les réseaux interconnectables des différents trafics rendent la tâche de lutte extrêmement difficile. Il est même bien plus tentant de nos jours de céder face aux profits que l'on peut en tirer que de vouloir à tout prix tenir une ligne de conduite propre et sans faille. Même les plus riches préfèrent investir dans de la contrefaçon sachant que les imitations peuvent se faire de façon presque parfaite. Même les responsables de chaînes de montage se laissent parfois berner par la marchandise. Quant au trafic d'armes et autres matériels meurtriers, la chute du mur de Berlin et du Bloc soviétique en général a ouvert une brèche monumentale pour la liquidation des énormes surplus accumulés pendant des décennies. Des copies se font dans tous les domaines et touchent tous les produits. Cela va même jusqu'au vol des idées. Des films, albums musicaux... et autres produits venant de créations artistiques ou intellectuelles sont copiés et vendus à l'échelle mondiale bien avant que l'original ne soit mis sur le marché.

Tout va à une vitesse phénoménale, les faussaires, contrebandiers, trafiquants montrent chaque jour une capacité d'invention et d'ingéniosité exceptionnelle. La motivation est grande et les profits mirobolants pour celui qui s'est s'y faire. Contre tout cela, que peut-on faire ? Comment s'organiser ? Comment obtenir les moyens pour lutter contre ce type de mondialisation ? Que peuvent faire les gouvernements ? Qui peut faire quoi ? Et le citoyen dans tout cela ? NOUS FAISONS FACE A UN ENORME DILEMENE !

------------NOURRIR L'HUMANITE
Les grands problèmes de l'agriculture mondiale au XXIème siècle
Par Bruno Parmentier : ingénieur des Mines et économiste. Après une carrière dans la presse et l'édition, il a rejoint en 2002 le milieu agricole en prenant la direction d'une école d'ingénieurs en agriculture
Editions La Découverte

Ce livre est assez passionnant dans la mesure où l'on n'a jamais bien vraiment compris le rôle que joue l'agriculture dans notre quotidien et par extension dans l'avenir de la planète. Vivant en Occident où l'on a combattu la pauvreté et la famine et où l'on consomme par excès depuis déjà des décennies, nous avons encore du mal à comprendre que le monde est interconnecté et que ce que subit l'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Sud aura bientôt ou a déjà des conséquences sur notre futur alimentaire. Nous manquons de terres cultivables, de sources d'eau, de sources d'énergie, à long terme, et nous détruisons à coups de produits chimiques notre héritage naturel.

Le livre se veut un dossier de politique générale, l'auteur essayant de ne pas prendre partie et d'analyser les faits, d'apporter des arguments et de faire comprendre en finalité que c'est le travail de chacun, à quelque niveau que ce soit, de faire en sorte d'utiliser au mieux les rescousses de notre planète. D'ici peu, personne ne sera épargné, l'engagement de chacun est salutaire. Il y a des faits que l'on ne peut ignorer. Le livre étant assez complet, une certaine angoisse et même une volonté d'action peut facilement s'insérer en chacun. Les conclusions sont terribles, les voix de secours assez difficiles à entreprendre de façon individuelle, l'organisation collective est essentielle. «La population hexagonale atteint 60 millions d'habitants, les agro-industriels exportent tous azimuts et personne ne sait plus que faire des surplus. Le secteur agroalimentaire constitue la principale source de devises du pays ; en ce domaine, la France est le deuxième exportateur mondial, et le premier par habitant.»

Les gens vivent plus longtemps en Occident, ont une assurance de consommation assez étendue, les types de repas abondent sans compter les apéritifs, cocktails, goûter et autres grignotages journaliers. Les populations, surtout américaines et européennes s'en trouvent connaître l'obésité, les allergies et les intolérances se développent rapidement, ainsi que des maladies rares. Cela va en opposition avec la situation, par exemple, en Afrique. Les ONG y sont très actives et les médecins ont influencé de façon considérable les taux de mortalité sans pour autant avoir une influence sur les actions éducatives en faveur de la baisse des taux de natalité. Cela dit, la planète compte 850 millions (sur les 6,4 milliards) d'habitants qui souffrent de la famine. D'ici 2050, la Terre comptera 2 à 3 milliards d'habitants supplémentaires. «L'homme doit maintenant apprendre à produire à la fois plus et mieux, mais avec moins : moins d'eau, moins de sol, moins d'énergie, moins de chimie....». L'auteur est convaincu et se prononce sans cesse en faveur de l'agriculture «Ce secteur est l'un des gardiens de la sauvegarde de la planète : il doit nourrir ses habitants mais aussi, bientôt, faire rouler des voitures, approvisionner des usines et conserver les paysages. De plus en plus, la principale voie de sortie industrielle sera probablement le développement des techniques issues de la biologie....Créer des végétaux capables de pousser dans des conditions hostiles....ou possédant des propriétés nouvelles.» OUVRAGE EXTREMEMENT INTERESSANT !

------------SDF – CRITIQUE DU PRET-A-PENSER
Patrick Gaboriau : ethnologue, chercheur au CNRS et dirige des thèses à l'université de Paris-V. Membre du laboratoire d'anthropologie urbaine à Ivry-sur-Seine.
Daniel Terrolle : maître de conférence en anthropologie à l'université de Paris-VIII et membre du laboratoire 'anthropologie urbaine au CNRS d'Ivry-sur-Seine.
Editions Privat

Cet ouvrage est un coup de gueule de deux experts qui en ont assez du langage de bois et de l'hypocrisie ambiante. Chaque chapitre est assez acide et les commentaires cyniques additionnent au mal être que nous pouvons ressentir après lecture. Il est vrai que la population est assez pessimiste quant à l'avenir du pays et de la planète par extension et n'a envie que de regarder chez soi. Le voisin, l'inconnu, le collègue de travail... font parties d'un univers différent et les distances sont maintenues, même si l'on crie à tout va que nous manquons de lien social, de solidarité et de fraternité.

La situation pour les personnes qui sont à la rue est catastrophique, nous avons bon changer les termes qui les désignent, comme clochard, vagabond, exclu, SDF, il n'en reste pas moins qu'elles sont toujours à la rue. Toutes les grandes capitales occidentales ont rejoint la situation de celles des pays en voie de développement. Richesse excessive côtoie pauvreté extrême. «Cette existence brutalisée des dominés n'est pas nouvelle. Elle se poursuit depuis des siècles, avec des vagues plus ou moins fortes.». Personne ne peut ignorer cette situation catastrophique, les médias en parlent à chaque hiver. On laisse à l'humanitaire de s'en occuper, cette déresponsabilisation est flagrante de la part des politiques qui entretiennent un langage hypocrite et toujours les mêmes discours méprisants. Sous forme de pseudo-solidarité envers les plus démunis, des méthodes répressives s'engagent. «Les punitions des misérables sont décidées sous prétexte qu'il s'agirait de tendre la main aux pauvres. Il faudrait les aider en les distinguant des autres, les «mauvais pauvres», les exploiteurs de la charité, les pauvres voleurs, les escrocs, la racaille.»

Les auteurs dénoncent le principe de l'Etat qui socialise les pertes et privatise les bénéfices, tout est fait en fonction du bien-être des nantis, l'employé aussi est soumis, il doit accepter d'être licencié sous prétexte que l'entreprise serait obligée de délocaliser pour ne pas faire faillite. La concurrence mondiale oblige ! «Tout cela fait son oeuvre insidieusement tant dans le prêt-à-penser médiatique qu'à travers les oracles de soi-disant «spécialistes».». On sait pertinemment que les SDF ne deviennent un souci national et médiatique que pendant la saison hivernale où les conditions de vie dans la rue sont intolérables et les morts s'accumulent. Aussi, depuis des années, les politiques se font chantres de l'écriture de rapports. On nous en pond à chaque fois, une sorte de remise à jour de la situation, au cas où elle aurait changé. «Nous vivons dans une société de dispositifs et de prétendus «transferts sociaux», un monde de prestations, de prestataires, d'indemnisations. Les personnes en situation de pauvreté vivent dans un monde de sigles...»....

Le livre n'en finit pas avec les démonstrations révoltées et surtout assez réalistes. Le cynisme côtoie les exemples concrets. L'EMOTION DOMINE AINSI QUE LA REVOLTE DANS CET OUVRAGE DE SYNTHESE !



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