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L'Espagne, Le Brésil, Cuba.....Les pays latins en questionAnonyme, Friday, October 20, 2006 - 06:47 (Analyses | Imperialism)
RUBY BIRD
Par RUBY BIRD - Journaliste A l'heure actuelle, on parle beaucoup de l'identité sud-américaine et de la montée de la résistance « gauchiste » face à la suprématie et l'impérialisme amériains. Trois excellents ouvages suivent qui traitent de cette partie du globe qui joue et jouera pour longtemps le rôle d'une alternative économique, sociale et surtout politique. ------------RENCONTRES ET CONSTRUCTION DES IDENTITES J'ai choisi un sujet que l'on traite rarement concernant l'Espagne, qui fournira par sa population les futurs émigrants d'Amérique Latine. J'en ai extrait quelques courts extraits. REPRESENTATIONS DU NOIR DANS LA PENINSULE IBERIQUE, XV – XVIIème SIECLE « Dans ces conditions les Noirs sont nombreux dans les terres situées au sud du Tage, au sud grosso modo d'une ligne Valence – Madrid – Plasencia – Lisbonne.....Plus à l'est ils sont loin d'être méconnus mais les esclaves maghrébins, ceux que les textes qualifient de « blancs », sont en nombre supérieur. » « En revanhe, nous sommes certains que les années 1580 – 1620 constituent la période des plus gros effectifs avant le déplacement définitif de la traite en direction presque exclusive du continent américain et aussi la menace pour les navires portugais ou espagnols qu'ont représentée leurs adversaires hollandais, anglais ou français. Il a été écrit que les esclaves réunis en Espagne pouvaient alors être une centaine de milliers. Mais ce chiffre pèche sans doute par défaut et ne tient pas compte des esclaves exerçant sur les galères. » « En règle général, tous ceux qui en avaient les moyens, nobles bien sûr mais aussi ecclésiastiques, marchands, artisans et laboureurs aisés achetaient des hommes et des femmes, pour en faire des esclaves domestiques travaillant à l'intérieur de leur maison, sur leurs terres, dans leurs ateliers ou ailleurs selon le principe de la location à un tiers. » « Les documents classent les divers éléments grosso modo par catégories, vêtements, mobilier, outil, etc. Les esclaves sont toujours juxtaposés aux animaux quand ils ne sont pas énumérés au milieu d'eux. Cette perception commune du Noir est exprimée unanimement dans les textes des 16è & 17è siècle. » « la vision négative du Noir semble bien traverser l'ensemble de la société ibérique, y compris ceux qui venus d'autres horizons effectuent des séjours à durée limitée entre Gibraltar et les Pyrénées. Lorsqu'on énumère l'ensemble des personnes vivant sous un même toit, celles-ci sont classées selon une hiérarchie simple dont les extrême sont les chefs de famille et l'esclave. » « A Lisbonne mais aussi à Séville, Cordoue ou Valence, tout le monde est convaincu que le Noir est condamné depuis les origines à être l'esclave des autres hommes, plus précisément depuis que Cham avait vu la nudité de Noé, son père ivre et avait jeté sa malédiction sur sa descendance. Depuis le IVème siècle, des auteurs chrétiens ont repris le thème de cette condamnation relayée aussi par le monde musulman.......Pourtant cette vision n'est pas univoque au Moyen-Age. Peu à peu se diffusent des images positives rappelant que les Noirs sont doués d'une âme comme les Blancs et participent au salut. » « A l'époque où écrit Clénard il est un autre thème iconographique , propre à favoriser la réhabilitation de la race noire, celui des Rois Mages. Initialement les trois personnages guidés par une étoile jusqu'à Bethléem pour offrir or, enens et myrrhe à l'enfant Jésus étaient blancs. Progressivement l'un d'entre eux, le troisième, Balthazar, fut représenté sous les traits d'un Noir. C'est au début du 15è siècle et au coeur du Saint Empire romain germanique que cette représentation s'est imposée. » «L'entreprise visant à travers l'évocation du baptème de l'eunuque éthiopien ou la représentation d'un Balthazar noir à rendre leur dignité aux Noirs en général a beaucoup de difficultés à s'imposer. Elle est en quelque sorte emportée par l'intense marée qui dépose chaque année des milliers de Noirs sur les côtes portugaises et espagnoles. La servitude des habitants de l'Afrique subsaharienne est acceptée et même recherchée par tous. Elle paraît si naturelle qu'on la raconte sans émotion particulière....On comprend dès lors que personne ou presque ne mette en question le recours à l'esclavage. » « Le mépris et l'hostilité n'avaient donc pas cessé. Cependant l'interdit Sévillan dura peu car non seulement on ne pouvait écarter des êtres que le Christ a voulu sauver, à l'égal de tous les autres, mais encore très prosaïquement les Noirs constituaient une attraction très prisée des cérémonies des grandes fêtes du calendrier liturgique. Comme les Gitans ou les Portugais ils étaient encouragés à chanter et danser tout au long du parcours processionnel. » « Malgré ces indignations, ces condamnations, ces disriminations, la présence des Noirs dans la société ibérique allait s'affirmant. Précisément, les dernières années du XVIè sièle et les premières du XVIIè siècle ont été marquées par une tentative très déterminée de promotion du Noir. Les confréries en ont été les principaux vecteurs. L'existence d'une cinquantaine est attestée dans la péninsule ibérique. » « Béatifié en 1743, canonisé en 1807, Benoît de Palerme a été le premier Saint noir de l'histoire. Son culte a fait l'objet d'une vaste entreprise de promotion où le clergé, les franciscains à leur tête, et les Halsbourg d'Espagne ont joué un rôle de premier plan....Il est significatif que le modèle médiéval du Saint noir diffusé à partir du monde germanique sous les traits de Saint Maurice n'ai jamais pénétré dans la péninsule ibérique. » « La fin du XVIè siècle et le début du XVIIè siècle constituent le temps décisif de représentation visant à donner toute sa dignité au Noir alors même que la présence noire n'avait jamais été aussi nombreuse en péninsule ibérique. A côté du type traditionnel du Noir qui suscite le rire par son langage et ses maladresses, le théâtre met en scène des Saints.....C'est à la même époque, comme le souligne Enrique Martinez Lopez que pour la première fois, une Noire est le personnage principal d'un tableau. » ------------DANS L'OMBRE DU CONDOR Livre passionnant et riche en informations sur la vie au Brésil, à travers des personnages émouvants ainsi que de la situation politique stratégique mettant en cause les relations internationales notamment vis-à-vis des Etats-Unis. La volonté d'hégémonie de ces derniers est aberrante et l'on retrouve aisément des caractères ayant marqué l'histoire comme les frères Kennedy. J'ai retiré quelques courts extraits qui me sont parus révélateurs. « Quand la porte d'entrée se referma avec fracas et que Joâo se retrouva seul, il ressentit une subite envie de vomir, éructer l'alcool qui lui brûlait le ventre et arracher en même temps le sentiment de culpabilité qui le faisait se plier en deux, l'expulser à jamais de son être, le cracher dans le néant et en finir une bonne fois pour toutes avec cette douleur qui le taraudait. Paulinho était bien son enfant, et il avait hérité de ses tares à lui, le goût de l'argent, du pouvoir, du brillant, coûte que coûte. » « Elis, une belle femme dans toute sa maturité, aux yeux vifs et charmeurs, aux formes généreuses mais sans excès, recevait chaque jour un nombre toujours croissant de personnes qui venaient solliciter ses services de Mère de Saints......Aujourd'hui, sa réputation était telle que les gens se déplaçaint de loin, de Saô Paulo parfois pour solliciter son intervention. Si elle s'était fait payer, Elis serait devenue riche en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Mais elle refusait absolument ce commerce, comme elle refusait aussi d'exercer autre chose que le Candomblé. La magie noire, la Quimbanda, ça n'attirait que le malheur. Les gens laissaient donc ce qu'ils voulaient en partant. » « C'est que l'heure était grave. Sèchement battu par l'équipe de l'Uruguay huit ans plus tôt, au Maracanâ, en finale de la Coupe du monde de football, le Brésil se voyait, en cet instant précis, offrir une nouvelle chance de victoire et de revanche sur le sort. Dans les bars de la ville, dans chaque maison, palace ou taudis, dans le palais présidentiel du Catete comme dans toutes les maisons du pays, chacun priait, retenait son souffle, encourageait la sélection auriverde qui affrontait la Suède, sur ses terres. » « Le Brésil, par 5 à 2, dont un doublé de Pelé, venait de remporter sa première Coupe du monde de football. L'affront de 1950 était lavé......Le Brésil renaissait à lui-même. Avec Kubitschek, avec Pelé, avec ce qui serait baptisé bientôt la bossa nova, avec une économie dopée, avec la construction de Brasilia, le pays était enfin fier d'être lui-même, à ses yeux, mais aussi aux yeux du monde entier. » « Sous les hauts plafonds du bureau ovale, le climat était électrique, un mélange de colère, de peur sourde, de révolte. Dans la fumée épaisse des cigarettes et des cigares, Allen Dulles avait essuyé une attaque en règle. Après la tentative ratée de la Baie des Cochons, organisée par ses services et qui était censée libérer Cuba du communisme, le niveau d'alerte était monté à son maximum. » « Depuis les élections victorieuses de jânio Quadros, que la CIA avait indirectement, mais très efficacement, contribué à placer à la tête du pays, il ne se passait pas une seule journée sans que des nouvelles inquiétantes n'arrivent à Washington. Tour à tour, ce président aux grosses moustaches noires et aux lunettes d'écaille avait refusé d'appliquer le blocus économique à Cuba, il avait envoyé son vice-président, Joâo Goulart, en Allemagne et Chine communistes. Lui-même avait tenu à aller saluer en personne l'astronaute sovétique Youri Gagarine pour le complimenter sur ses exploits et, outrage ultime qui sonnait comme une déclaration de guerre pour le clan des Kennedy, il avait décerné en grande pompe l'ordre de la Croix du Sud, la plus haute distinction du pays, au ministre de l'Economie de Cuba Ernesto Che Guevara. » « Et Allen Dulles avait discouru l'espace de quelques instants sur l'étrange personnage qui tenait en main les destinées du Brésil. Cet ancien professeur de portugais aux formules affectées, que l'on disait ouvertement alcoolique, avait pu accéder au pouvoir car la Constitution brésilienne interdisait à Juscelino Kubitschek de se représenter.....Psychologiquement fragile, il avait commencé à sombrer dans une angoissante paranoïa. Ainsi, en 200 jours passés au pouvoir, il avait déjà distribué plus de 1 500 notes et billets à ses collaborateurs, des ordres écrits de sa main qui leur imposaient d'intervenir sur des sujets qui paraissaient au chef de l'Etat de la plus haute importance..... » Mr. ALLEN DULLES pense (Patron de la CIA) BOB KENNEDY veut la peau de ALLEN DULLES car il ne le trouve pas assez radical, pas assez anticommuniste. « Et l'année suivante, en 1954, c'était encore lui qui avait dévissé, avec ses braves gars de la CIA, Jacob Arbenz de son fauteuil de président du Guatemala. Encore un idéaliste qui avait voulu imposer des réformes, agraires celles-là, rendre la terre aux paysans et prélever dans le même temps une petite taxe sur les exportations de la United Fruit Company, propriété de Rockfeller.....Le nettoyage de la démocratie ne s'était pas fait dans la dentelle. Pour expliquer les dizaines de milliers d'exécutions et de tortures, il avait fallu une campagne de presse exceptionnelle....C'était le prix à payer pour contenir les communistes loin du continent américain. Toujours la bonne vieille théorie des dominos. Ou de la pomme pourrie dans le panier sain. » « En 1945, les USA avaient organisé au Mexique une conférence panaméricaine où les hauts dignitaires militaires de chaque pays s'étaient rendus. Les grands vainqueurs de la deuxième Guerre mondiale, encore tout auréolés de gloire, avaient alors été très clairs et très fermes dans leurs propos : une nouvelle bataille internationale commençait, sur les cendres encore fumantes de la précédente. Cette guerre souterraine allait opposer même déjà, l'axe de la liberté et du christianisme contre les communistes. Il allait falloir choisir son camp. Ceux qui ne seraient pas avec les USA seraient obligatoirement contre. Aucune alternative possible. » « Le 2 septembre 1947, un traité d'assistance réciproque avait été signé entre le Brésil et les USA, traité permettant aux Américains de débarquer des troupes militaires sur le sol du Brésil, en cas de conflit. Entre 1952 & 1955, 12 Etats d'Amérique latine avaient ensuite conclu un accord qui autorisait la vente et le prêt de matériels destinés à la guerre antisubversive, ainsi que l'organisation de cours dispensés par des instructeurs. » La COMMISSION AAA = Commission trilatérale, Afrique, Amérique, Asie. Cette commission était composée de banquiers et de grands entrepreneurs nord-américains qui conseillaient de façon très appuyée la politique extérieure des USA. La MAISON BANCAIRE URUNDAY = Banque de l'opération CONDOR. Elle avait à sa tête Carlos Barbieri Filho, un Brésilien, ex-directeur de la ligue anticommuniste. Le n° 2 était Antonio Campos Alum, paraguayen, directeur d'un centre de tortures. Selon les dernières informations disponibles, le premier vit aujourd'hui à Miami, le second au Km 6 de la rue Maréchal Estigarribia, au Paraguay. « Renverser les démocraties », Bob Kennedy le transformait officiellement en « On va pacifier l'Amérique Latine et la défendre contre l'invasion communiste ». Le nom de code de l'opération était OPERATION CONDOR. ------------WASHINGTON CONTRE CUBA – L'AFFAIRE DES CINQ Excellent ouvrage écrit par une pléäde d'intellectuels reconnus pour beaucoup internationalement pour leurs actions en faveur de la Justice et de la Paix (Howard Zinn, Noam Chomsky, William Blum, Saul Landau, Nadine Gordimer......). Ce collectif veut éclairer les gens sur « l'Affaire des Cinq », histoire qui est représentée de façon floue par les médias, ceci bien entendu pour que l'on ne puisse pas comprendre ou même imaginer l'ampleur politique et la manipulation de celle que l'on appelle « La Plus grande Démocratie du Monde ». Je me suis attardée sur un chapitre extrêmement instructif pour donner une idée de la manière dont cette Affaire s'est présentée devant la Justice et comment elle a été traitée. Les explications sont données par Leonard Weinglass : Diplômé de l'Université de Yale en 1958 et depuis il défend les causes progressistes et libérales. Il a été co-président de l'Association Nationale des Avocats. A défendu Anthony Russo, un des accusés dans l'Affaire du Pentagone ; Angela Davis ; Jane Fonda ; Mumia Abu-Jamal ; Amy Carter (fille du Président Carter) qui luttait contre le recrutement des étudiants par la CIA dans les campus. Aujourd'hui, il est l'avocat de Antonio Guerrero, un des Cinq Cubains. Voici quelques courts extraits, à lire bien sûr tout le chapitre pour vraiment comprendre comment tout cela s'est déroulé : « les Cinq, originaires de Cuba, sont arrivés aux Etats-Unis après des années de violence exercée par des mercenaires armés appartenant à la communauté des exilés cubains de Floride. Cuba a subi des pertes humaines considérables et d'importans dégâts. » « La mission des Cinq n'était pas d'obtenir des secrets militaires étasuniens, mais de surveiller les activités terroristes des mercenaires et d'en informer Cuba. Ils n'ont jamais été armés, ils n'ont jamais violé les règles de sécurité, ils n'ont jamais cherché ni obtenu la moindre info classée top secret. Ils n'ont fait de mal à personne et n'ont provoqué aucun dommage matériel. Pourtant, trois d'entre eux purgent une peine de détention à vie dans des prisons étasuniennes et l'un des trois a même été condamné à deux peines de prison à perpétuité. » « Une conspiration est un accord illégal établi entre deux personnes ou plusieurs en vue de commettre un délit. Il n'est pas nécessaire que le délit ait été commis : une fois que l'accord est établi, c'est comme s'il l'était. Tout ce que doit faire l'accusation est de démontrer sur la base d'une preuve substantielle qu'un accord a existé.....Dans une affaire politique comme celle-ci, le jury part du principe qu'il y a accord, sans preuve du délit, en tenant compte des questions politiques, de l'appartenance à une minorité ou de l'identité nationale de l'accusé. » « La première accusation de conspiration signalait que trois des cinq s'étaient mis d'accord pour espionner........Les médias n'ont pas tardé à donner aux Cinq le qualificatif d'espions, mais en réalité, et selon la loi, cette affaire n'est pas une affaire d'espionnage, mais d'accord supposé pour le réaliser.....La seconde accusation de conspiration est venue s'ajouter sept mois après la première. Elle consistait à accuser un des Cinq, Geraldo Hernandez, d'avoir conspiré avec des fonctionnaires cubains – qui n'étaient pas accusés – afin d'abattre deux avionnettes pilotées par des exilés cubains, qui en provenance de Miami, avaient pénétré ou étaient sur le point de pénétrer dans l'espace aérien cubain. » « Le procès a commencé à la fin de l'automne 2000. Il s'est terminé sept mois après, en juin 2001, c'est-à-dire qu'il a été le procès le plus long de l'histoire des Etats-Unis jusqu'à présent. » « Début juin 2001, les 12 membres du jury ont déclaré les Cinq coupables des 26 chefs d'accusation, sans poser une seule question ou demander une nouvelle lecture des témoignages, ce qui est très surprenant dans le cas d'un procès aussi long et complexe que celui-ci. » « En décembre 2001, le juge a édicté les peines maximales pour les Cinq, à un moment où les Etats-Unis étaient encore sous le choc des évènements du 11 septembre : Geraldo Hernandez a été condamné à deux fois la détention à vie, Antonio Guerrero & Ramon Labanino à la prison à vie, Fernando Gonzalez à 19 de prison et René Gonzalez à 15 ans. » Concernant LE JURY : « Selon toute probabilité, il n'est aucun autre district où les accusés se seraient ainsi retrouvés face à un tel jury, formé pour au moins 20% de femmes et d'hommes qui ont quitté Cuba à la suite d'un désaccord avec le gouvernement que les accusés tentaient de protéger........Dans aucun autre district, les accusés ne se seraient retrouvés face à un jury lors de la sélecion duquel au moins 16 personnes pressenties connaissaient personnellement une des victimes de la destruction des avionnettes ou leurs proches. » « L'hostilité envers ceux qui font montre de sympathie envers Cuba est telle qu'une des personnes pressenties pour être juré n'a pas hésité à déclarer qu'elle craignait des représailles dans le cas où le verdict ne coïnciderait pas avec l'opinion de la communauté cubaine, c'est-à-dire de l'idée que celle-ci se faisait du verdict. » Concernant LES PREUVES : « Le seul fait sur lequel le Parquet s'est basé est que l'un des Cinq, Antonio Guerrero, travaillait dans un atelier de fonderie de la base d'entraînement de Boca Chica dans le Sud de la Floride. La base était totalement ouverte au public et elle possédait même une aire spaciale qui permettait aux visiteurs de photographier les avions qui se trouvaient sur la piste. » « Malgré de nombreuses tentatives d'intimidation de la part du Parquet, plusieurs de ses collègues de travail ont témoigné du fait qu'il était une personne normale, qu'il était travailleur et sociable et ne faisait pas montre du moindre intérêt pour les zones de sécurité. » « Sa mission était de découvrir et de communiquer en temps voulu l'info et les indices d'une éventuelle agression contre Cuba, en observant les activités politiques publiques. Cela incluait des infos qui étaient à la portée de tout un chacun sur les déplacements des avions. Il était également chargé de découper les articles de la presse locale qui donnaient des infos sur les unités militaires se trouvant dans la région. » « Une accusation d'espionnage ne peut se baser sur des infos qui, en règle générale, sont à la disposition du public....Le Parquet ne disposait pas de preuves à propos de l'espionnage, à tel point qu'après avoir présenté son accusation, le procureur s'est vu contraint d'affirmer devant le jury que les Cinq devaient être condamnés s'il soupçonnait qu'ils s'étaient mis d'accord pour espionner à l'avenir. » Cette accusation est basée sur l'incident au cours duquel deux avionnettes ont été abattues par l'aviation de chasse cubaine, le 24 février 1996. Les avionnettes avaient décollé de Floride en direction de Cuba avec l'intention bien claire de pénétrer dans l'espace aérien cubain, ce qu'ils avaient déjà fait auparavant. » « Les preuves ont établi que, le 24 février 1996, comme cela était devenu habituel, un groupe d'exilés cubains est parti de Floride à bord de trois avionnettes et une fois en l'air, ont dévié de leur plan de vol, mettant le cap sur Cuba. » « Dans un enregistrement qui a été passé au cours du procès, on a pu entendre un des pilotes rire pendant que les avionnettes violaient de manière délibérée l'ordre de faire demi-tour. » Le fait que Cuba abatte des avions qui survolent ses eaux territoriales ou son territoire national n'est pas une crise.....Le Parquet a admis qu'il n'avait aucune preuve qu'un tel accord ait existé sur l'endroit où les avionnettes intruses devaient être interceptées. Par conséquent, il a présenté une motion devant la Cour d'appel du 11è Circuit en soulignant que, compte tenu des preuves présentées, cette question était un obstacle infranchissable pour obtenir une condamnation. » « La majorité de ces accusations sont liées à l'utilisation de fausses identités par les Cinq (deux d'entre eux, Antonio Guerrero & René Gonzalez, sont citoyens étasuniens et vivaient et voyageaient sous leur véritable identité). Les Cinq n'ont pas prétendu être innocents de ces transgressions mineures et techniques de la loi. Au contraire, ils ont fait appel à un élément de défense présent dans les lois étasuniennes : la défense basée sur la nécessité pour la justification. Cet élément stipule que l'on peut violer la loi......si le motif de cette transgression est d'éviter un mal majeur, comme une lésion corporelle ou des dommages matériels. » « La défense a présenté plus 35 documents et de nombreux témoignages pour démontrer que les groupes dans lesquels les Cinq étaient infiltrés avaient tué ou blessé des Cubains et avaient causé des dégâts matériels au pays. La cour, au moment où elle allait condamner les Cinq, s'est même référée à ces groupes comme « teroristes » » « Les autres chefs d'accusation, qui ont aussi un caractère technique, sont basés sur le fait que les Cinq n'ont pas rempli leur obligation de se déclarer comme agents étrangers auprès du ministre de la Justice des Etats-Unis, comme l'exige la loi. Dans ce cas-là aussi, la défense de nécessité ou de justification aurait dû jouer, mais une fois de plus, le Tribunal n'a pas permis au jury d'avoir recours à cet argument. Les Cinq ont également été déclarés coupables de ces délits. » « Au cours des 17 mois qui ont précédé le procès et alors qu'ils étaient encore présumés innocents, les Cinq ont été confinés en cellules disciplinaires et mis au secret, ce dans le but de les amener à plaider coupable au moyen de cette intimidation. » « Avant l'arrestation des Cinq, s'efforçant de réunir des preuves contre eux, les agents du Gouvernement des Etats-Unis ont perquisitionné cinq fois chez eux, sans mandat. Ces perquisitions ont été autorisées par un tribunal secret, le Tribuanal de Surveillance des Renseignements Etrangers (FISA), qui autorise les violations des garanties offertes par la Constitution des Etats-Unis et qui est condamné par les partisans de la défense des libertés civiques. » « Le Gouvernement sous couvert du sceau du secret tous les documents ont été saisis aux Cinq en vertu de la loi CIPA ou Loi de procédure sur l'Info classée top secret (Classification Information procedure Act), qui est, elle aussi, dénoncée. Il a ensuite refusé, après une réunion à huit clos avec le juge, de remettre certains de ces docments à la défense comme l'exige la loi. » A cours de la procédure de sélection du jury, les procureurs se sont livrés à une épuration ethnique : ils ont exclu tout un groupe de jeunes afro-américains critiques et les ont remplacés par des afro-américains plus âgés et susceptibles d'être plus influençables. » « Les Cinq n'ont pas été jugés parce qu'ils avaient violé la loi étasunienne, mais parce que leur travail a braqué les projecteurs sur ceux qui, justement, le faisaient. En s'infiltrant dans les réseaux de terroristes que nous tolérons en Floride, ils ont démontré l'hypocrisie de l'opposition au terrorisme dont les Etats-Unis se vantent tellement. »
Journaliste Indépendante
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