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Le Maoïsme et la NatureAnonyme, Thursday, October 19, 2006 - 22:27
Green Anarchy
traduction française d'un compte rendu du livre Mao's War on Nature par Judith Shapiro tirée de Green Anarchy Le Maoisme et la Nature traduction d un compte rendu paru dans Green Anarchy no. 13 (été 03) Mao's War on Nature, par Judith Shapiro, Cambridge University Press Ça fait longtemps que ce livre soigneusement fait au niveau de la recherche se faisait attendre. Ce livre qui mérite facilement un compte rendu beaucoup plus long, mais puisqu' il manque d' espace dans ce numéro, nous tenterons de résumer de façon sommaire les idées clefs soulevées dans cette critique lumineuse de Shapiro sur la Chine ''révolutionnaire'' . Un des mensonges les plus criants de l'histoire consiste à prétendre qu'il existe une quelconque différence fondamentale entre le capitalisme et le communisme. En réalité, l'industrialisme et le progrès technologique constitue la religion partagé par tout état moderne, qu'il soit démocratique, fasciste, socialiste, ou ouvertement une dictature militaire. C'est ce désir ardent de faire plier la nature par la force qui, depuis l'aube du 20ième siècle, a uni les américains, les européens, les asiatiques, les africains, les communistes et les républicains. Ainsi, les explosifs ''high tech'', la machinerie lourde, l'agriculture chimique et le transport de masse semblèrent enfin représenter la concrétisation de la recommendation trouvé dans Genèse : Remplissez la terre et subjuguez-le. En fait, dans l'ancienne URSS une vénération quasi-mystique envers la technologie a atteint un tel degré que des citoyens soviétiques donnèrent, comme nom à leurs enfants, Henry Ford ou bien un nom de tracteur. Malgré le fait que Freidrich Engels lui-même, comme l'historien Douglas Weiner l'a documenté, a écrit sur la façon dont la nature ''se venge'' dans l'intérêt de l'humanité contre l'exploitation, le Bloc de l'est, jusqu'a la fin, n'a jamais cessé de subjuguer et dégrader son coin de la planète dans une course folle contre les empires industrialisés de l'Ouest. Les efforts menés par les États-Unis pour conquérir la nature n'étaient pourtant rien en comparaison du parti pris maoïste d'être l'adversaire de la terre; il s'agit peut-être du cas le plus extrême du concept moderniste de conçevoir les êtres humains comme étant distincts et séparées de la toile de vie. Peu d'expérimentations sociales dans l'histoire eurent l'ampleur et la pénétration du socialisme d'état chinois. À partir de 1949, l'année où le Parti communiste chinois prit le pouvoir, jusqu'à la mort de Mao en 1976, ce dernier et le Parti communiste cherchèrent à refaçonner la société chinoise en remodelant la nature humaine. Il existe d'innombrables études sur la répression politique qui eut lieu durant la période maoïste. Mais on connaît beaucoup moins les efforts fanatiques de Mao pour remodeler le monde naturel. Un des aspects les plus signifiants du nouveau livre de Shapiro, c'est qu'il s'agit du premier livre à examiner la relation entre la répression politique et la dégradation environmentale à l'époque de Mao et à explorer le lien entre la violence inter-humain et la violence exerçée par les humains sur le monde nonhumain -- un lien qui s'applique à toute structure de pouvoir et à toute société moderne. La philosophie traditionelle chinoise mettait l'accent sur la modération et l'adaptation dans les relations des humains avec la nature. Mais influencé par l'URSS, Mao, lui, voyait les choses autrement: ''L'homme doit conquérir la nature'' (Ren Ding Shen Tian). Durant l'époque maoïste, cette tentative de conquérir la nature fut très intensive et agressive. S'acharnant à transformer la face de la terre et ériger un ''paradis'' socialiste, cette effort fut caractérisé par la coercicion militaire, la mobilisation de masse et la pathologique de la grandeur. Selon la philosophie de Mao, grâce à un effort soutenu de la volonté et de l'énergie humaine, on pouvait changer les conditions matérielles et surmonter toute difficulté dans la lutte pour industrialiser rapidement la Chine. De concert avec la militarisation d'autres aspects de la vie, l'idéologie maoïste opposait ''le peuple'' à l'environnement naturel dans une lutte féroce. Pour aider cet effort, on déchaînait le pouvoir des idées moyennant des campagnes de propagande de masse où se mêlait souvent des images militaires. Le discours officiel regorgait de références à une ''guerre contre la terre''. Il fallait semer le blé par une ''attaque de choc''. Des ''victoires'' furent réussies contre les inondations et la sécheresse. Des insectes, des rongeurs et des moineaux furent ''liquidés''. Des images militaires -- la discipline, le règlementarisme, l'attaque et le redéploiment -- représentèrent l'expression didactique de la guerre de Mao contre la nature, tant littéralement que métaphoriquement . La Chine en entier finit par ressembler à une armée en état d'alerte militaire -- ce qui facilita le contrôle exercé par le parti puisqu' il n'y avait plus de place pour la dissidence. À ceux qui critiquait la politique de Mao en ce qui concerne les questions environmentales ou sur la population, comme l'ingénieur Huang Wanli, on colla l'etiquette ''de droite'' et on les envoyèrent aux sites de construction pour effectuer du travail intensif. Le résultat de tout cela? La sur-expoitation des ressources; la diminution, à travers des methodes d'agriculture intensive, de la capacité de la terre de faire pousser des aliments; des projets de réclamation qui finirent par produire des déserts; et un remodelage radical du paysage physique -- d'habitude au-delà de la capacité des écosystèmes à régénérer. Un exemple épouvantable de tout cela fut le Grand bond en avant (1958-60), où la nécessité de trouver du bois pour des ''fournaises d'arrière cour'' causa une déforestation massive et où des pratiques agriculturelles influencées par l'URSS décimèrent la terre, provocant la famine (causée par des êtres humains) la plus massive de l'histoire. Ce livre constitue une exellente étude sur la façon dont la domination politique, sociale et environmentale mène à une fuite en avant autodestructrice vers l'écroulement de l'écosystème. Que le mot ''libération'' soit associé à un psychopathe comme Mao demeure incompréhensible, mais la gauche autoritaire, du moins en Amérique du nord, persiste à le glorifier en tant que ''champion du peuple'' -- raison de plus pour les anars de rompre définitivement avec la gauche (ce qui impliquerait qu'on refuse de travailler avec des ''front groups'' du Revolutionary Communist Party comme ''Not in our Name''). Le côté le plus faible du livre de Shapiro c'est les ''solutions'' libérales évoquées dans le dernier chapitre pour résoudre la crise environmentale chinoise (des audiences publiques qui pourraient jouer un rôle de surveillance, des ''règlements capables d'être mis en pratique'', que ''la loi soit appliquée à la lettre''). Mais somme toute, ce livre est une bonne lecture. Il représente une contribution importante au discours ''anti-gauche'' qui prend de l'ampleur actuellement dans le milieu anarchiste.
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