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Colloque sur la culture par l'Alliance des professeurs

Anonyme, Thursday, October 12, 2006 - 08:43

Steve Tremblay

La culture par qui et pour qui.

L’Alliance des profs de Montréal organise un colloque les 16 et 17 octobre avec pour thème « la culture… dans tous ses éclats ».

Pour commencer, je vous citerai la révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg à qui le peintre Riopelle a rendu hommage dans une superbe fresque.

« Dans toute société divisée en classes, la culture intellectuelle, l’art, la science, sont des créations de la classe dirigeante et ont pour but, en partie de satisfaire directement les besoins du développement social, en partie de satisfaire les besoins intellectuels des membres de la classe dirigeante. »

Voyons ce que signifie la culture pour le syndicat. Dans un document qui a été passé à tous les cotisants syndicaux, il est écrit : »Les enseignantes et enseignants sont traditionnellement des « passeurs » de culture puisqu’ils ont pour mission de transmettre les connaissances et les valeurs que la société a choisi de privilégier ».

L’expression « que la société a choisi de privilégier », ça me fait rire mais c’est pas drôle.

En considérant tout le monde comme des citoyens, le syndicat veut nous faire croire que les valeurs « communes » tels la course au profit, la mise de l’avant de l’individualisme, la culture de l’ego, le nationalisme canadien ou québécois, la consommation suscitée par la publicité, l’entrepreneurship, la hiérarchie dans des institutions établies comme les syndicats, ont été choisies par la société. La société est divisée en classes sociales et l’une de ces classes, la bourgeoisie, nous impose ses valeurs qu’elle tente de faire passer grâce à ses médias et aussi avec l’aide des syndicats comme des valeurs communes.

Je défie n’importe qui de trouver une émission de télé qui ne valorise pas au moins une des valeurs décrites ci-dessus.

Et plus loin « …les centres de formation professionnelle dont la culture s’exprime par la maîtrise du geste. » Quelle langue de bois…les centres de formation professionnelle préparent les élèves en fonction des besoins quantitatifs et qualitatifs des entreprises ce que les économistes bourgeois appellent le marché du travail et les marxistes la vente de la force de travail de la classe ouvrière.

Et encore « Le clivage socio-économique est particulièrement frappant quand se côtoient aussi étroitement la richesse et la pauvreté extrêmes. On assiste, en ville- et en particulier dans les écoles- à un choc des cultures entre classes sociales ;… ». Enfin, très pudiquement on y arrive et le terme classes sociales est lâché. Difficile de se cacher de la réalité quand on l’a tous les jours dans la face. Mais est-ce que le syndicat aborde les classes sociales pour parler de luttes, de la culture des luttes et son histoire qu’on cache aux fils et filles d’ouvriers quotidiennement à l’école. Ben non ! Le syndicat nous répond : « …[le] choc des cultures entre classes sociales ; … qui provoque une dynamique de déséquilibre constant dans laquelle les profs doivent jouer un rôle de médiation. » Alors là c’est clair pour une fois, le syndicat, cet organisme de vente des conditions de travail des profs constate que les profs ont comme travail d’essayer de concilier des intérêts de classe complètement différents. Cette médiation est surtout faite par les programmes et réformes scolaire qu’ impose le Ministère du l’Éducation, du loisir et du sport. Préparer la classe ouvrière en particulier à travailler, à être compétente c’est-à-dire être rentable pour les hommes et femmes d’affaires et cela dans un cadre légal tel est un autre but de la culture à l’école.

Comme il faut tenir compte du « choc des cultures entre classes sociales », le syndicat et les cours donnés par les profs favoriseront l’éducation à la citoyenneté afin de nier la lutte acharnée qu’il y a dans la réalité entre les classes sociales. Le syndicat fait d’ailleurs la même chose quotidiennement avec ses syndiqués.

Ainsi cet été, l’Alliance envoyait, en se soumettant avec zèle à la loi 142, une directive aux profs aux adultes et au secteur professionnel pour qu’il n’y ait aucun soutien aux élèves d’une école de formation professionnelle qui étaient sortis dans la rue pendant les heures de classe pour manifester contre les nouveaux horaires qui entreront en vigueur dès la session d’été tant en formation professionnelle qu’en éducation des adultes. Quel bon citoyen corporatif !

Un dernier point et non le moindre, au Québec, les syndicats, les mass médias et les partis politiques font souvent l’adéquation entre culture commune et langue commune. Prenons un cas concret pour démontrer cette fausseté. Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder, tous des propriétaires de journaux, de postes de télévision et de maison de production sans parler de multiples imprimeries et journaux en dehors du Québec sont des représentants de la bourgeoisie québécoise francophone. Concernant l’industrie capitaliste de la musique, Jean Leclair (feu Jean Leloup) mentionne clairement qu’il « vomit sur l’industrie de la musique québécoise et son gang de mononcles…Quand je pense qu’il y a du monde qui pense que je suis au cash ! Cette industrie m’a nourri ? Ben ça doit être pour ça que j’ai toujours faim! »

La langue française est le véhicule qui permet aux capitalistes québécois de mettre de l’avant la course au profit, la mise de l’avant de l’individualisme, la culture de l’ego, le nationalisme québécois, la consommation suscitée par la publicité, etc. Ce ne sont pas des valeurs communes aux travailleuses et aux travailleurs, ces valeurs nous sont imposées et non choisies.

Seule l’expropriation des moyens de production et le contrôle par les travailleuses et les travailleurs pourront mettre un terme à cette culture imposée. Pourquoi l’expropriation ? Parce que ces bourgeois contrôlent à 100% les moyens pour répandre leur culture. De plus, l’État est à leur service et répand aussi leur culture par ses institutions dont l’école. Par exemple le contenu des programmes scolaires relève du Ministère du l’Éducation, du loisir et du sport.
11 octobre 2006



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