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Le "modèle Gildan" fait des ravagesEric Smith, Sunday, October 8, 2006 - 20:53
Arsenal-express
Le 27 septembre dernier, la compagnie Gildan annonçait la fermeture de son usine de Salaberry-de-Valleyfield, en Montérégie, et d'une de ses deux usines toujours en opération à Montréal. Parallèlement, elle décrétait d'importantes réductions d'effectifs dans le secteur de la chaussette à Mount Airy, en Caroline du Nord, et à Hillsville, dans l'État de la Virginie. Au total, ce sont pas moins de 545 travailleurs et travailleuses qui perdront leur emploi, d'ici la fin de l'année. Véritable fleuron du "modèle québécois", Gildan en est venue à développer un véritable empire, sur le dos de ses travailleurs et travailleuses qui ont eu à subir l'impitoyable politique de "flexibilité" qui caractérise l'entreprise. Celle-ci occupe désormais le premier rang parmi les fabricants de t-shirts, de polos de golf et de chandails en coton ouaté en Amérique du Nord. L'usine de finition et de séchage de Valleyfield compte présentement quelque 155 employéEs, dont une vingtaine de cadres, qui perdront tous et toutes leur emploi. Cela s'ajoute aux 45 autres travailleurs et travailleuses ayant déjà été licenciéEs en juillet dernier. À Montréal, l'usine de tricot de Gildan verra quant à elle l'abolition d'une cinquantaine de postes; en outre, les activités de son centre de distribution seront désormais confiées à un sous-traitant, ce qui créera six chômeurs de plus. La production jusqu'ici assumée à Valleyfield et Montréal sera transférée au Honduras et en République dominicaine, où Gildan est déjà bien installée. De fait, une fois les coupes terminées, Gildan ne comptera plus que 1 400 employéEs en Amérique du Nord, sur un total de 13 000. Alors que le salaire horaire moyen à l'usine de Valleyfield (incluant celui des cadres) se chiffre aux alentours de 17,50$, celui des ouvrières et ouvriers de Gildan en République dominicaine atteint tout juste 1,75$... Il ne faut pas croire pour autant qu'en transférant son activité du Canada vers le Honduras et la République dominicaine, Gildan fait une fleur aux travailleurs et aux travailleuses de ces pays. Comme nous l'avons rapporté dans notre édition du 2 janvier 2005 (n° 32), Gildan n'a pas hésité, par le passé (c'était en juillet 2004) à fermer une usine qu'elle opérait dans une maquiladora au Honduras, en invoquant l'inefficacité de la main-d'œuvre et les coûts de production "trop élevés", causant ainsi quelque 1 800 mises à pied. C'est que voyez-vous, un groupe de travailleurs et de travailleuses avaient eu l'audace de mettre sur pied un syndicat... Une fois l'usine fermée, Gildan en a tout bonnement construit une autre, ailleurs au pays, en prenant bien soin de ne réembaucher que les seuls travailleurs et travailleuses qui adhéraient aux "valeurs" de l'entreprise... C'est cette nouvelle usine -- pour l'instant, du moins -- qui bénéficiera du transfert d'une partie de la production qui se fait à Montréal et à Valleyfield. Dans le document qui circule actuellement en préparation du Congrès révolutionnaire canadien (CRC) qui aura lieu en novembre (voir l'annonce qui apparaît plus bas), Gildan est justement citée pour illustrer le mouvement de déplacement de la production de plus-value industrielle et manufacturière auquel on assiste depuis quelques années, et qui a pour effet d'accentuer l'exploitation du prolétariat à l'échelle internationale. Ce mouvement, écrivent les auteurEs du document, laisse voir de plus en plus clairement que la classe bourgeoise est une véritable fraternité agissante de voleurs, pour reprendre l'expression utilisée par Karl Marx. Comme l'a souligné le délégué en chef du syndicat des TUAC à l'usine de Valleyfield, Gildan est "une compagnie qui n'a pas de respect pour le côté humain des travailleurs". En cela, elle ne se distingue aucunement de ses concurrentes! Il faut bien voir que cette caractéristique, qu'elle affiche sans fard, découle de la nature même du système capitaliste dans lequel nous vivons, qui exige continuellement la valorisation du capital, au détriment des intérêts des travailleurs et travailleuses. Pour les syndicats comme celui des TUAC, qui situent leur action à l'intérieur du cadre autorisé par l'État bourgeois, il est difficile d'envisager autre chose qu'une dénonciation verbale, sinon la mise sur pied d'un "comité de reclassement patronal-syndical" dont on espère qu'il pourra aider les travailleurs et travailleuses de Gildan (dont la moyenne d'âge est de 43 ans à Valleyfield) à se trouver un autre emploi ailleurs (mais à quelles conditions?). Sauf que les "solutions" de ce genre apparaissent de plus en plus insuffisantes, voire futiles, au vu des exigences et du développement du capitalisme à l'échelle mondiale. Pourtant, au Canada, les travailleurs et travailleuses exploitéEs dans l'industrie, les ressources naturelles, l'agriculture, les transports, les services publics, le commerce, constituent une classe nombreuse, qui forme les deux tiers de la population. Ils et elles pourraient, par l'action révolutionnaire, relancer la lutte pour liquider la bourgeoisie réactionnaire et ainsi ouvrir la voie à un avenir dans lequel ce ne seront plus les intérêts privés d'une minorité qui feront la loi, mais les intérêts communs de l'immense majorité de la population. C'est à cet objectif que se vouent les prolétaires et les militantes et militants qui participeront au Congrès révolutionnaire canadien et qui soutiendront la création du nouveau parti communiste révolutionnaire de la classe ouvrière canadienne. _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 114, le 8 octobre 2006. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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