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La révolte ouvrière de Coton 1946Eric Smith, Wednesday, September 13, 2006 - 13:06
PCR(co), Comité du Suroît
(Le 12 septembre 2006) La semaine passée, les journaux ont rappelé la formidable bataille du 13 août 1946 à la Montreal Cotton. Plus qu’un événement à ranger au musée de l’histoire, plus qu’un haut fait syndical qu’il convient de rappeler, il faut surtout souligner l’impact politique de cette bataille. Il faut le rappeler, les organisateurs et les ouvriers qui ont remporté cette victoire, l’ont remportée contre des ennemis puissants. Ils ont d’abord su se libérer des bureaucrates syndicaux américains puis des tenants du syndicalisme catholique de collaboration qui, soumis à l’intervention du Cardinal Villeneuve, avaient échoué en 1937. En 1946, c’est une grève longuement préparée et extrêmement dure qui oppose les ouvriers, au patron de la puissante multinationale Dominion Textile, à l’évêché qui appuie sans réserve la compagnie et au gouvernement Duplessis qui combat violemment les organisateurs de syndicats et l’influence des communistes partout en province. Ce véritable régime de peur de Duplessis alliant l’État, les grosses compagnies et l’Église, on l’a appelé la Grande Noirceur au Québec. Maintenue dans l’obéissance et la misère, la classe ouvrière est réprimée durement chaque fois qu’elle ose résister à cette oppression. À Valleyfield, avant 1946, les ouvriers avaient, pendant plus de 50 ans, tenté d’obtenir le droit de négocier des améliorations aux conditions de travail épouvantables, mais les patrons, ayant recours à la police et même à l’armée en octobre 1900, avaient réussi à les mater. Ces gens ordinaires, nos grands-pères, nos grands-mères, vont réussir ce jour-là l’impossible en osant aller à contre-courant. Ils vont battre la police provinciale de Duplessis, la gang de fiers-à-bras de la compagnie et ses briseurs de grève épaulés par l’évêché. C’est en osant lutter pour vaincre leurs adversaires, en s’organisant pour gagner qu’ils ont remporté cette victoire. Les 11, 12 et 13 août, 400 briseurs de grève sont recrutés dans quatre églises de Valleyfield. Le 13 août, escortés par une gang de fiers-à-bras dirigée par l’ancien chef de police de Valleyfield, ils réussissent à briser la ligne de piquetage et entrent de force dans la filature sous les yeux bienveillants de la police provinciale, dont le contingent a été renforcé pour casser la résistance au plus gros moulin textile du Canada, avec ses 3 000 employés. La défaite ouvrière semble inévitable. Mais les dirigeants de la grève appellent tous leurs réseaux, toutes les forces disponibles de la population à se rassembler pour 11 heures, aux portes de l’usine Gault pour livrer bataille; c’est l’heure de la sortie des briseurs de grève. En deux heures, la foule passe à 5 000 personnes. La police tente de frayer un passage aux briseurs de grève. Plus de deux heures de combat, entrecoupé de tirs de bombes lacrymogènes par la police sur les ouvriers et la foule, auxquels on répond aussitôt de façon disciplinée, une fois, deux fois par des volées de roches. Enfumée par le retour des bombes à l’étage de l’usine, deux fois la police lève le drapeau blanc et bat en retraite. Finalement, elle accepte de négocier la sortie définitive des briseurs de grève et des fiers-à-bras qui sont expulsés de la ville et escortés par des grévistes jusqu’à St-Timothée. Il s’est produit l’impensable: méprisés par les capitalistes, leurs alliés et par les bureaucrates syndicaux de Washington, eux aussi contre cette grève, les gens ordinaires de Valleyfield et de la région, ont fait plier pour la première fois le régime de peur de Duplessis! Cette bataille du 13 août fut le point tournant dans cette grève de trois mois Elle aura été le premier chapitre d’une longue guerre menée en grande partie par la classe ouvrière et qui va mener à la fin du régime Duplessis. Cette victoire a fait le tour du Québec et du pays. Elle a donné un coup de confiance à la classe ouvrière, contribuant à d’autres luttes courageuses qui ont suivi dans le textile, puis à Asbestos, Murdochville, Dupuis Frères et bien d’autres. Aujourd’hui en 2006, les choses ont-elles réellement changé? Malgré des années d’espoirs et de lutte, nous vivons, en ce moment dans une autre crise et elle s’approfondit. La grande noirceur est encore là et nous devons encore aller à contre-courant, oser lutter, oser vaincre. À Valleyfield, Beauharnois, Huntingdon et ailleurs, la classe ouvrière est dépossédée, frappée par les patrons. Ce qu’eux appellent la prospérité, la nouvelle économie, c’est pour nous la misère et de plus en plus l’insécurité. Parmi les usines de la région, Gildan est un bon exemple de cette nouvelle économie qui nous demande d’être flexibles. Soixante-sept (67) mises à pied à Valleyfield, cet été. Pourtant, cette compagnie, véritable fleuron du Québec Inc. nouvelle vague, réalise des profits incroyables. Elle utilise surtout une recette qui a fait ses preuves: faire des profits sur le dos des travailleurs avec la bénédiction de l’État et des grands syndicats et surtout, toujours aller là où c’est moins cher. Ça va mal pour les travailleuses et les travailleurs, mais ça va bien pour les patrons qui font des profits records. Le pire là-dedans, c’est que Gildan, comme la Cleyn à Huntingdon, a bénéficié de l’investissement du Fonds de solidarité de la FTQ. Les ouvrières et les ouvriers du Québec ont remis leurs petites économies amassées de peine et de misère à des requins qui les méprisent en retour et les exploitent sans vergogne! Voilà un bel exemple du système d’exploitation qui règne ici 60 ans après l’émeute de Valleyfield. Voilà ce contre quoi il faut résister et se battre. Le souvenir de 1946 doit nous mobiliser, ce doit être beaucoup plus que des statues. Nous devons résister et mener le combat, aller à contre-courant, oser lutter et oser vaincre. Aller à contre-courant, pour nous, c’est dénoncer la collusion nationaliste syndicalo-péquiste qui ose parler au nom des travailleuses et travailleurs du Québec, malgré sa complète intégration au système capitaliste d’exploitation. Aller à contre-courant c’est dire que ce système à fait son temps et oser aller plus loin que des réformes condamnées à l’avance; oser appeler un chat un chat et dire que la seule alternative au capitalisme, c’est le communisme, une société sans classe, et qu’on doit se battre pour le réaliser. Aller à contre-courant, c’est dénoncer la mascarade électorale et les partis qui en font le seul horizon de lutte et qui sont prêts à toutes les compromissions pour un siège de député complètement inutile. Pour la classe ouvrière, le Parti québécois et son SPQ-libre, le Bloc, le Parti libéral, Québec solidaire, l’Action démocratique, les grandes centrales syndicales qui prônent la collaboration de classes, sont toutes des facettes de la même exploitation. Des forces qui ne travaillent pas à notre libération, mais au soutien et au renforcement du capitalisme. Or, le prolétariat et les couches les plus exploitées, ont besoin d’un tout autre programme pour mettre fin à l’exploitation capitaliste et transformer la société afin qu’elle réponde enfin aux aspirations de l’immense majorité. Ils ont besoin d’une stratégie révolutionnaire, et non d’une nouvelle recette pour gagner des élections bidon. Pour le renversement du pouvoir, le prolétariat doit se donner un instrument politique, c’est-à-dire son propre parti, d’un genre nouveau, un parti maoïste, le Parti communiste révolutionnaire -- un instrument de combat, au service de la révolution socialiste! Le PCR(co)
Site Web du PCR(co).
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