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La résistance alternative

RUBY BIRD, Monday, August 21, 2006 - 07:37

RUBY BIRD, Journaliste indépendante

A travers trois littératures : l’Atlas alternatif ; Altermondialistes, chronique d’une révolution en marche ; l’Impossible neutralité, autobiographie d’un historien et militant ; nous avons des pistes de ce qui se fait en matière de résistance dans le monde occidental. Les citoyens ne sont pas si dupes comme on veut bien le faire penser. Les résistances sont encore à l’état de phénomènes non vraiment visibles mais elles existent néanmoins et font bouger les choses. L’imperceptibilité par les médias de mouvements ponctuels ou réguliers fait que cette force existe et se développe malgré « l’arme de destruction massive » bien huilée qui règne à l’heure actuelle.

------------ATLAS ALTERNATIF
Le monde à l’heure de la globalisation impériale
Coordonné par Frédéric Delorca (Editions Le Temps des Cerises)

Livre extrêmement riche et instructif dans lequel fleurissent toutes sortes d'informations. La préface est plutôt passionnante et est l’œuvre de Jean Bricmont. Quelques courts extraits :

« L ‘Atlas alternatif que publie Le Temps des Cerises,…….est un livre important…..montrant ainsi que la pensée anti-impérialiste est aujourd’hui diverse et active, et qu’elle peut même, avec des moyens moindres, se mesurer aux universités ou aux grands instituts d’études stratégiques contrôlés par les pouvoirs politiques et économiques. »

Grâce au mouvement altermondialiste en cours, on voit réapparaître des termes comme impérialisme, qui avait disparu depuis la décolonisation.

« Le droit d’ingérence (humanitaire) est non seulement très généralement admis, mais il est souvent devenu un « devoir d’ingérence »……Le monde est supposé être devenu un village global et rien de ce qui s’y passe ne doit nous laisser indifférent. »

« La morale n’est pas qu’une question de principes : dans les relations humaines, comme dans les discours politiques, l’invocation de principes peut très bien être le propre de l’hypocrisie et le fait de se mortifier par des crimes dont on l’est……Un certain esprit du temps, prônant une ingérence tous azimuts, et qui domine dans les médias et les intellectuels qui leur sont associés, ainsi que dans pas mal d’ONG ou de mouvements politiques. Cet esprit du temps inhibe l’opposition aux guerres impériales et affaiblit ceux qui veulent construire un véritable mouvement international d’opposition au système existant. »

« ……les Etats-Unis se sont efficacement opposés à toute tentative de développement autonome (y compris sous des formes réformistes et démocratiques) dans le tiers-monde : Arbenz au Guatemala, Lumumba au Congo, les Sandinistes au Nicaragua, Goulart au Brésil, Mossadegh en Iran, ou aujourd’hui Chavez au Venezuela. »

« Les partisans de l’ingérence se présentent parfois comme des continuateurs de l’internationalisme classique dans la gauche, mais ayant dépassé les « aveuglements » des communistes d’autrefois à l’égard de l’URSS, de la Chine, de Cuba…..La gauche ne peut pas avoir grand chose de commun avec des nationalistes extrêmes, des mystiques ou des défenseurs acharnés des Etats-Unis ou de la colonisation israélienne……Un des effets les plus pervers de l’idéologie de l’ingérence est de culpabiliser constamment les opposants aux guerres récentes. »

« D’abord, dans toutes les guerres récentes, il y a un agresseur et un agressé : ce n’est ni l’Irak ni la Yougoslavie qui se sont mis à bombarder les Etats-Unis. Pour mettre les deux sur le même pied, il faut avoir abandonné toute notion de souveraineté nationale….Ce sont les Etats-Unis et leur puissance militaire qui sont les piliers de l’ordre mondial extrêmement injuste dans lequel nous vivons. »

« Finalement, et c’est là l’argument principal contre le « ni ni », il fait comme si nous étions situés au-dessus de la mêlée, en dehors de l’espace et du temps, alors que nous vivons, travaillons et payons nos impôts dans les pays agresseurs ou leurs alliés. Une réaction morale, élémentaire consisterait à s’opposer en premier lieu aux agressions dont nos gouvernements sont responsables (ou alors, à les approuver franchement) avant même de discuter de la responsabilité des autres. »

« Nous devons cesser de faire comme si nous étions capables de résoudre tous les problèmes, nous ne le sommes pas. Le colonialisme, qui pouvait entretenir cette illusion, a échoué et disparu et, conséquence importante de ce fait, nous ne devons pas nous sentir responsables de tout ce qui se passe dans le monde. »

« D’abord, il y a tout l’aspect économique des relations Nord-Sud : la dette, les prix des Matières Première, l’accès aux médicaments bon marché. Si nous avons tant d’argent à dépenser dans des « guerres humanitaires » alors pourquoi n’y en a-t-il pas pour des actions dont le caractère humanitaire ne serait pas ambigu ? »

« L’Occident absorbe une part démesurée des ressources naturelles de la planète, tout en promouvant son mode de vie comme exemple à suivre. Nous sommes dans une situation de gens qui montent sur une échelle et qui, arrivés au sommet, disent à d’autres de les suivre tout en jetant l’échelle. »

« Combien de gens souhaiteraient connaître l’avis de citoyens arabes « ordinaires » lors de la première Guerre du Golfe, ou même de la Seconde ? Combien étaient prêts ne fût-ce qu’à écouter le point de vue de Serbes ou de Grecs lors de la guerre du Kosovo ? Combien sont prêts à discuter ouvertement et franchement avec les intellectuels qui sont traités aujourd’hui « d’islamistes » ? Pourquoi a-t-il fallu attendre les travaux des nouveaux historiens israéliens pour que des choses connues de tous dans le monde arabe (ce qui s’est passé en Palestine en 1948) soient prises en considération ?….. »

Bref extraits de l’introduction de Frédéric Delorca
« Au cours des quinze dernières années la violence de l’exploitation capitaliste n’a cessé de se développer de par le monde, encouragée par des structures étatiques nationales ou multinationales (FMI, Banque Mondiale) »
96% des sièges des 200 plus grandes multinationales sont aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest qui, à eux deux, possèdent 2/3 des richesses produites. De nos jours, la violence et le néocolonialisme sont généralisés. Les médias parlent de défense des droits de l’homme comme cela l’hégémonisme augmente dans les zones qui échappaient avant à leur domination.

« L’offensive a été relayée dans les pays occidentaux par un intelligentsia influencée par les pouvoirs dominants, toujours prête à légitimer les pires situations d’oppression et d’injustice pourvu que l’Occident et ses alliés locaux en soient bénéficiaires. En face, des pans entiers de forces progressistes, dans les pays du Nord et dans le tiers-Monde se sont effondrés, cédant de plus en plus à la rhétorique imposée par les gouvernements des pays riches. » On façonne l’opinion publique de façon unilatérale, les grands groupes médiatiques s’y sont mis.

L’ouvrage est la compilation du travail de 42 intervenants (journalistes, universitaires, activistes) issus d’horizons variés.
« L’approche que nous avons choisie s’inspire de valeurs résolument de gauche : esprit critique, rationalisme, solidarité internationale, égalité, laïcité, liberté de conscience, antiracisme, antifascisme, antisexisme, progrès social. Elle n’entre pas dans une démarche de coopération « transidéologique » avec des courants de droite ou d’extrême-droite, et aucun des auteurs du présent ouvrage ne se rattache à ces tendances. »

« Par impérialisme, on entend des rapports de domination et d’exploitation des faibles par les forts à l’échelle planétaire, avec toutes les dimensions d’asservissements économique, politique, militaire et idéologique que cela implique…..Il convient de rappeler aussi que la notion d’impérialisme n’implique pas nécessairement, comme le laissent entendre souvent ses détracteurs, la croyance en l’existence d’un « complot » conscient des dominants pour conserver ou accroître leurs privilèges. Elle prend seulement acte de la concentration des pouvoirs en certains lieux géographiques, entre les mains de certaines classes, et des mécanismes spontanés (souvent inconscients ou semi-conscients) de négation de la liberté des dominés que cet état de fait engendre. »

Les analyses sont faites par zones géographiques à travers différents articles et aussi mise en évidence de mouvements de résistance. J’ai retenu de façon assez brève des exemples pour avoir une petite idée des sujets traités, qui sont assez nombreux et riches en informations.

= ) La doctrine Bush
« Le 17 septembre 2002, la Maison Blanche a adressé au Congrès des Etats-Unis un mémoire intitulé LA stratégie nationale de sécurité des Etats-Unis d’Amérique. Avec effronterie, l’administration Bush y explique : « Les Etats-Unis possèdent une force et une influence sans précédent - et sans égales – dans le monde. » Il en résulte que « nos forces doivent être assez fortes pour dissuader nos adversaires potentiels de poursuivre la construction d’une force militaire dans l’espoir de surpasser ou d’égaler la puissance des Etats-Unis. ». Le gouvernement des Etats-Unis, expose la doctrine Bush, domine les affaires du monde et fera tout son possible pour maintenir cette position stratégique de domination. »

= ) Le Pakistan, Etat de la ligne de front
« Un des principaux Etats de la ligne de front impérialiste est le Pakistan. Le général Perez Musharaf est aujourd’hui et depuis plus de 25 ans le dictateur militaire le plus populaire auprès de la soi-disant communauté internationale. Les Etats-Unis n’ont cessé de faire l’éloge du rôle de Musharaf dans sa guerre contre la terreur et l’ont élevé au rang de proche allié des Etats-Unis. Déjà dans les années 80, les Etats-Unis avaient largement soutenu le général Zia Ul-Haq, un autre dictateur qui était arrivé au pouvoir après avoir renversé un gouvernement démocratique élu en 1977. C’est lui qui avait créé les moudjahidines afghans avec le soutien de la CIA. »

= ) L’impérialisme occidental en Chine
« L’histoire de la Chine comme Etat unifié s’étend sur plus de deux millénaires…..Les Britanniques au 19ème siècle sont entrés en guerre pour imposer le commerce des stupéfiants à un Etat chinois qui se montrait récalcitrant. La Chine perdit la guerre et Hong Kong devint colonie britannique. Le traité de Nankin fut le premier d’une série de traités dits « inégaux » qui furent imposés à la Chine…..Le Portugal sut saisir l’occasion d’imposer un traité inégal de Commerce et d’amitié à la Chine et de lui dérober Macao. La France, l’Allemagne, le Japon et la Russie accumulèrent à leur tour les humiliations sur le dos de la Chine. Le chroniqueur Peter Mitchell a écrit à ce propos, « l’histoire moderne chinoise des années 1840 à 1949 est une succession ininterrompue de blessures traumatisantes infligées par l’impérialisme étranger. »

= ) Le Maghreb dans la dépendance de l’Occident
« Cinq Etats, - Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye -, traitent le sort du 6ème, le Sahara Occidental (RASD), envahi et colonisé de fait par le royaume chérifien, entendaient créer leur zone de libre échange, puis une union douanière et un marché commun, voire plus loin, une coordination budgétaire. Tous ces Etats, y compris, semble-t-il aujourd’hui, la Libye, seule à ne pas subir ou avoir subi la pression de la dette, sont liés, depuis plus ou moins longtemps, soit aux Etats-Unis, soit à l’Union Européenne ou à l’un de ses membres, ou aux deux, à travers des relations variées…..Depuis l’automne 2003, on sait que le gouvernement Etats-unien en place considère cet occident arabe comme partie du « Grand Moyen Orient », inscrit par G.W. Bush, des frontières de la Chine et du sud de la Sibérie russe à l’Atlantique comme un espace à dominer, tant pour ses richesses – et d’abord en hydrocarbures – que pour sa position stratégique face aux deux pays les plus peuplés du monde en pleine croissance. »

= ) L’Afrique occidentale
« En avril 2004 le Bureau des affaires africaines du Département d’Etat américain annonçait que l’Afrique restait une priorité « dans la politique étrangère de la Maison Blanche…..Souvent en marge de l’agenda médiatique, le Golfe de Guinée suscite néanmoins une attention croissante de la part des puissances occidentales, les unes en quête d’une nouvelle position de force dans la région, les autres, celles présentes depuis l’époque des colonies, cherchant à préserver un pouvoir d’influence hérité de l’Histoire, mais en perte de vitesse. »

------------ALTERMONDIALISTES
Chronique d’une révolution en marche
Textes de Loïc Abrassart et Cédric Durand
Photographies de Hervé Lequeux et Alexandre Girod (Editions Alternatives)

A lire impérativement si on veut avoir plus de détails sur les divers évènements depuis Seattle de 1999 et les photos sont très démonstratives.

« Répétitions à l’identique, débats en vase clos, absence de propositions concrètes, meeting permanent sans prise sur les luttes réelles…..Eau, dette, droits humains, guerre, commerce équitable……et tsunami…..Avec 2 000 réunions et 150 000 participants, le FSM réussit son retour dans la capitale du Rio Grande do Sul ». Le FSM (Forum Social Mondial) conclu par un « mur des propositions ». 352 points issus des ateliers et séminaires.

Parallèlement au FSM il y a le « Manifeste de Porto Alegre » avec 19 personnalités pour 12 revendications : annulation de la dette, mise en place d’une taxe internationale, droit à la souveraineté et à la sécurités alimentaires, la réforme et la démocratisation des institutions internationales….
Cette initiative fut vite critiquée car met plutôt en avant des « leaders » qui ne sont pas forcément reconnus comme symboles des luttes sociales. On leur reproche de mettre en œuvre un « programme altermondialiste ».

On en convient quand même que cela montre que les choses évoluent, des priorités de réformes ont été établies. Depuis Seattle, des milliers de débats et conférences ont été tenus. Ils ont eu une influence indéniable sur les discussions au sein de la Banque Mondiale, le FMI et le G8. « Pour la seule année 2005, on compte des dizaines d’initiatives ou de déclinaisons à travers le monde : forum social panamazonien, des migrations, de la santé, forum alternatif mondial de l’eau, forum international du logiciel libre, sans compter les éditions locales, régionales, nationales sur tous les continents. »

= ) La Fondation Copernic « Appel des 200 » est une mobilisation contre la Constitution Européenne.
« ….cet appel, qui permet la convergence des structures syndicales, politiques et associatives de gauche, explicite le lien entre le combat conte la mondialisation capitaliste et le référendum. ». Plus de 900 collectifs sont créés au niveau local. Victoire du NON le 29 mai 2005. Ils avaient focalisé le refus de la Constitution : le principe de concurrence constitutionnalisé, l’orientation libérale de l’économie, le manque de garanties en matière social et sur le maintien des services publics. De plus en plus l’intégration à l’OTAN et l’orientation productiviste.

= ) Le 2 juillet 2005 « Make Poverty History » est une marche organisée en Ecosse, 200 000 personnes vêtues de blanc dans les rues d’Édimbourg. 10 concerts géants sont organisés en Grande-Bretagne, Canada, Paris, Tokyo, Berlin, Philadelphie, Rome, Moscou, Johannesburg, retransmis et regardés par trois milliards de personnes. Souvent, il y a une disproportion effarante entre les forces de l’ordre et les activistes.

= ) Manifestation anti-G8 contre la Réunion G8 à Gleneagles, petite ville en Ecosse. Le 8 juillet 2005, il y a une répression sévère, plus de 700 personnes sont arrêtées, restant pour certains jusqu’à une semaine en prison et éventualité de poursuites ultérieures.
« L’éclatement géographique et temporel des initiatives a conduit à une relative marginalisation des plus radicaux et a mis à mal la continuité politique implicite entre les différentes franges du mouvement, qui fait traditionnellement la force de l’altermondialisation. ». A cause de la récupération par le Charity Business, en cette année de campagne globale conter la pauvreté, met le G8 comme « le véritable directoire du monde. »

= ) Le 4 & 5 novembre 2005 : Echec à la ZLEA « Mais pour ce IV Sommet des Amériques, le contexte politique de l’Amérique latine a changé, et les Etats-Unis doivent faire face à l’opposition de plusieurs économies de poids du sous-continent : l’Argentine, dont le président Kirchner tient tête au FMI sur la question de la dette argentine ; le Brésil de Lula qui souhaite obtenir des Etats-Unis des concessions importantes lors du prochain sommet de l’OMC et privilégie une intégration latino-américaine dans laquelle il pèserait d’un poids important ; le Venezuela de Chavez, qui lance son alternative bolivienne pour les Amériques et soutient le IIIème Sommet des Peuples qui se tient en marge du Sommet officiel et devant lequel il prononce un discours fleuve. »

L’OMC se focalise principalement sur l’agriculture. Jusqu’à présent les décisions étaient prises en faveur de l’Union Européenne et des Etats-Unis. La France et les Etats-Unis veulent à tout prix continuer à octroyer de larges subventions à leur industrie agroalimentaire. Le Brésil veut mettre fin à toutes les subventions et les pays pauvres veulent que leur agriculture soit protégée ainsi que la sécurité alimentaire de leur population. Diverses gesticulations sont entamées de la part de l’Union Européenne et des Etats-Unis dans ce domaine car leur but est l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services) afin d’obtenir l’ouverture des marchés des pays du Sud à leurs produits manufacturés et leurs multinationales de services.

= ) En 2006, c’était la sixième Edition. Cette fois-ci sur trois continents : Afrique avec Bamako, Amérique Latine avec Caracas, Asie avec Karachi. L’édition 2007 devrait se produire à Nairobi au Kenya.
« A Bamako, après les évènements tragiques des migrants refoulés à la frontière marocaine, la thématique des décisions Nord-Sud et celle de l’accaparement des richesses du Continent par les anciens pays colonisateurs occupe une large place. A Caracas, la « proximité » de la « révolution bolivienne » pose avec plus d’acuité la recherche de solutions alternatives à l’hégémonie étasunienne et au modèle capitaliste néolibéral. A Karachi, l’état de tension permanent entre l’Inde et le Pakistan, la guerre en Afghanistan et en Irak, tout comme les séquelles du tremblement de terre qui a ravagé le pays il y a quelques mois posent de façon pressante la question de la solidarité internationale et de la résistance aux dynamiques de guerre. »

Les auteurs estiment qu’il y a eu plusieurs succès dans la lutte altermondialiste, je résume certains :
- Le système capitaliste n’est pas la solution unique. Des alternatives existent.
- Le mouvement a gagné en audience en très peu de temps
- On pense de plus en plus que « les Droits économiques, sociaux, politiques et la préservation de l’environnement et de la diversité biologique doivent passer avant les profits, la croissance et le pouvoir des multinationales.
- A été imposé qu’il y avait urgence de changer le mode de gouvernance de la planète.
- Mouvement très diversifié avec des organisations d’horizons et d’idées très variés. « En quelques années, le monde est passé de la défaite des anciens modèles (celui de mouvements structurés hiérarchiquement, autour d’une parti ou d’une idéologie) à l’émergence de modes d’expression horizontaux, croisés, imbriqués. »
- A imposé une image et une envie d’unité mondiale. Une opinion publique mondiale. Les auteurs l’ont appelé « l’internationale rebelle ».

Les auteurs soulèvent le problème à faire un lien entre le local et le global. « L’aspect le plus spectaculaire est sans doute le refus de se cantonner aux cadres policés de revendications et le recours massif à la désobéissance civile non-violente à travers les blocages d’infrastructures de transport ou d’objectifs économiques. »……A suivre

------------HOWARD ZINN - L’IMPOSSIBLE NEUTRALITE
Autobiographie d’un historien et militant
Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton
Editions Agone – Mémoires sociales

Autobiographie à lire impérativement. Personnage passionnant……..

Howard Zinn est connu pour ses positions contre le racisme et la guerre du Vietnam. Il est pour la désobéissance civile. Professeur blanc dans une Université noire, il enseigne ce que fut la désobéissance civile dans l’histoire du pays. C’est un farouche pacifiste. Jusqu’à aujourd’hui, il dénonce l’impérialisme des Etats-Unis. Cet homme a la conviction que les victoires commencent toujours sous l’impulsion d’une poignée d’être humains militants pour une cause qu’ils estiment être justes et qui finit par mobiliser des millions de personnes. «A partir des plus légers mouvements d’indignation, des échos assourdis de la protestation et au milieu des signes diffus de résistance, les présages de l’exaltation du changement. »

Le livre est l’autobiographie en une dizaine de textes de Howard Zinn, elle fut d’abord publiée en anglais dans les années 1990, juste après qu’il eut quitté l’enseignement. Depuis, il continue à intervenir à travers des conférences, des ouvrages historiques et des articles de presse traitant de l’actualité politique nationale et internationale. Il est surtout connu littérairement et intellectuellement pour la publication de « Une histoire populaire des Etats-Unis ».Il revient à la mode par l’intérêt suscité de la part de la nouvelle génération de militants et d’artistes.

En 2004, lors des dernières élections présidentielles américaines, il fut l’objet d’un documentaire. « Si l’un des deux principaux axes du militantisme de Howard Zinn est la défense d’une société sans classes où le racisme ne serait plus qu’un mauvais souvenir, l’autre est sans contexte un pacifisme nourri de son expérience de combattant de la Seconde Guerre mondiale…….multipliant les attaques contre la politique du président George W. Bush……Quelle que soit la lutte dans laquelle il s’engage, Howard Zinn reste l’inlassable défenseur de la désobéissance civile et de l’action directe non violente. »

Pendant l’année 2004, il a parcouru inlassablement les campus universitaires, dénonçant la guerre en Irak, c’était à chaque fois un triomphe auprès de milliers d’étudiants. Il a aussi participé au début d’une nouvelle forme de mouvement social, débouchant aux manifestations de Seattle en 1999. « Un tournant essentiel dans l’histoire des mouvements de revendication des dernières années : une rupture avec les revendications focalisées sur une unique demande. », telle fut son impression à ce moment-là. C’est comme cela qu’il participe aux évènements et évolutions majeurs dans la société américaine depuis les années 1930.

Cependant il reste « un intellectuel aussi populaire dans le monde militant que controversé dans l’univers académique américain. Rejetant la tradition de la « neutralité » du savant, il fait reposer sur l’honnêteté, valeur cardinale dans la recherche et l’exposition des faits, nos seules chances d’approcher une objectivité que menace leur dissimulation. »

Je vais retranscrire quelques courts extraits d’un texte écrit en août 2004 intitulé « vingt-sept mois d’occupation américaine,. Que faisons-nous en Irak ? »

« L’Irak n’est pas un pays libéré, mais un pays occupé. Cela est une évidence. L’expression « pays occupé » nous est devenue familière lors de la Seconde Guerre mondiale. Nous parlions alors de « France occupée par les Allemands », « d’Europe sous occupation allemande ». Après guerre, nous avons parlé de Hongrie, de Tchécoslovaquie et d’Europe de l’Est occupées par les Soviétiques. Les nazis et les Soviétiques ont occupé beaucoup de pays. Nous les avons libérés de ces occupations. Désormais, les occupants, c’est nous. »

« Dès le 7 août 2003, le New York Times rapportait qu’à Bagdad le général américain Ricardo Sanchez « s’inquiétait » de la réaction irakienne face à l’occupation. Les dirigeants irakiens pro-américains lui ont fait part d’un message qu’il nous retransmit : « Quand vous arrêtez un père en présence de sa famille, lui recouvrez la tête d’un sac et le faites s’agenouiller, vous portez, aux yeux de sa famille, une lourde atteinte à sa dignité et à son respect. Remarque particulièrement perspicace. »

« Les soldats expédiés dans ce pays – dont on leur avait prédit que ses habitants les accueilleraient en libérateurs, et qui se retrouvent entourés par une population hostile – sont devenus craintifs ; ils sont déprimés et ont la détente facile, comme on l’a vu lors de la libération à Bagdad de la journaliste italienne Giuliana Sgrena, le 4 mars 2005, lorsque l’officier italien des services de renseignements Nicola Calipari fut abattu à un barrage par des soldats américains nerveux et apeurés. »

« De tels sentiments, ainsi que ceux des nombreux déserteurs qui refusent de retourner dans l’enfer de l’Irak après une permission passée à la maison, sont maintenant connus du public américain……Et il me paraît intéressant de noter que les sondages réalisés parmi la population afro-américaine ont constamment révélé une opposition de 60% à la guerre en Irak.. Mais il existe une occupation d’encore plus mauvais augure que celle d’Irak, c’est l’occupation des Etats-Unis…….en revanche, le groupuscule d’individus qui ont pris le pouvoir à Washington (George W. Bush, Richard Cheney, Donald Rumsfeld et le reste de la camarilla), alors oui, eux sont des étrangers. »

« Nombre d’Américains se prennent à penser, à l’instar de nos soldats en Irak, que quelque chose ne tourne pas rond, que ce pays ne ressemble pas à l’image que nous nous en faisons. Chaque jour apporte son lot de mensonges sur la place publique. Le plus monstrueux de ces mensonges étant que tout acte commis par les Etats-Unis doit être pardonné parce que nous sommes engagés dans une « guerre contre le terrorisme ». »

« Dans son rapport 2005 sur les violations des droits humains dans le monde, rendu public le 25 mai 2005, Amnesty International n’a pas hésité à affirmer que « le centre de détention de Guantanamo est devenu le goulag de notre époque ». La secrétaire générale de cette organisation, Mme Irene Khan, a ajouté : « Lorsque le pays le plus puissant de la planète foule aux pieds la primauté de la loi et des droits humains, il autorise les autres à enfreindre les règles sans vergogne, convaincus de rester impunis. Mme Khan a également dénoncé les tentatives des Etats-Unis de banaliser la torture,. Les Américains, a-t-elle souligné, essaient de retirer son caractère absolu à l’interdiction de la torture en la « redéfinissant » et en « l’édulcorant ». »

« L’administration dit à qui veut l’entendre qu’on s’en tirera à bon compte avec cette guerre parce que, contrairement au Vietnam, il y a relativement « peu » de victimes américaines. »

« Le reste du monde nous soutient. L’administration des Etats-Unis ne peut ignorer indéfiniment les dix millions de personnes qui ont protesté, dans le monde entier, le 15 février 2003. La puissance d’un gouvernement – quelles que soient les armes qu’il possède, ou la monnaie dont il dispose – est fragile. Lorsqu’il perd sa légitimité aux yeux de son peuple, ses jours sont comptés. »…….A suivre



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