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OTAGE • Gilad, te souviendras-tu de nous ?

Anonyme, Monday, July 17, 2006 - 15:19

Le message envoyé par un journaliste palestinien au caporal israélien capturé et gardé en otage à Gaza.

Souris, Gilad Shalit, tu es à Gaza. Regarde, nous avons une mer bleue et du pain chaud. Il nous reste aussi quelques enfants que vos balles n’ont pas abattus, mais qui souffrent de la faim que vous leur imposez. Mais ne t’inquiète pas. Nous soignerons tes blessures et nous n’hésiterons nullement à prélever sur nos maigres stocks les médicaments dont tu auras besoin. Rassure-toi, Gilad Shalit, nous ne te ferons aucun mal. Tu te rétabliras. Et demain, lorsque tu rentreras chez toi, tu parleras de nous. Tu écriras tes mémoires au calme, tu verras vivre ton village prospère, aux rues animées embaumant la fleur d’oranger. Et si te reviennent des images d’arbres abattus, de maisons détruites, de cimetières d’adolescents, de ruelles encombrées de ruines et défoncées de cratères, tu te souviendras que tout cela est de votre fait.

Ici, tu es notre invité, Gilad Shalit. Malgré ton uniforme militaire. Malgré les ordres que tu exécutes et qui te commandent de nous arroser de plomb et de feu. Ta seule préoccupation de bon soldat est d’obéir aux ordres et de toucher ta solde à la fin de chaque mois. Sais-tu, Gilad Shalit, que, moi, ça fait quatre mois que mon salaire ne m’a pas été versé ?

Avec ta permission, Gilad Shalit, nous allons te garder quelque temps parmi nous. Pour que tu viennes chez moi et que tu rencontres mes enfants. Tu leur demanderas toi-même de quoi ils ont envie en ce moment ; de t’expliquer pourquoi ils ne peuvent aller passer les vacances dans la famille lointaine, qui n’a pas le droit de venir nous rendre visite. Tu demanderas à mon petit dernier pourquoi son papa est si dur avec lui et ses frères, ces jours-ci. Tu le prendras à part, car il n’osera peut-être pas te dire en ma présence qu’il ne reçoit plus d’argent de poche. Tiens, tu entreras dans la cuisine et ouvriras le frigo. Ne sois pas étonné : il est vide !

Tu feras connaissance avec la voisine. Elle est souvent chez nous. Elle ne se remet pas d’avoir perdu son mari, mort bêtement alors qu’il rapportait chez lui la robe qu’il avait achetée ce jour-là et qu’il avait hâte d’offrir à sa femme pour fêter leur premier anniversaire de mariage. Il a eu le malheur de passer rue El-Cheikh-Radwane [à Gaza] juste au moment où explosait une voiture prise pour cible par ton aviation ! La voisine restera avec la perte de son homme aimé, alors que toi, Gilad Shalit, tu prendras bientôt ta fiancée dans tes bras, tu l’emmèneras danser. Et tu oublieras complètement que tes mains ont versé ici le sang d’une innocente, abattu là un arbre ou écrasé le toit d’une maison sur ses habitants.

N’aie crainte, Gilad Shalit, nous te nourrirons avec ce que nous avons de meilleur… Certes, nous sommes bien conscients que le peu que nous avons n’est pas digne d’un soldat comme toi, habitué à trois repas équilibrés par jour, accompagnés de cette agréable boisson américaine et suivis d’un bon dessert. Mais sois indulgent. Car nous, nous ne savons pas faire comme vous. Vous qui nous avez beaucoup opprimés, qui avez beaucoup usurpé nos droits et qui insistez pour semer parmi nous la mort.

Gilad Shalit, je sais que la puissance de ton armée te donne un sentiment d’invulnérabilité, que ton Assemblée est mobilisée à l’extrême par ton cas et que vos agents et amis s’activent pour parvenir à te rendre à ta mère, qui pleurera de joie lorsqu’elle te serrera dans ses bras, et à ton frère, qui t’offrira un beau cadeau pour alléger tes souffrances et te faire oublier l’épreuve que tu as traversée. Peut-être même que l’on t’offrira un voyage lointain pour t’aider à oublier ton séjour parmi nous. Sauf que nous, nous ne souhaitons pas que tu nous oublies, comme tes dirigeants oublient la douleur que vous infligez à nos mères et à nos enfants. Nous ne voulons pas que tu oublies les maisons détruites, les rues défoncées, les arbres arrachés ni les prisonniers qui croupissent dans vos geôles et emplissent de douleur le cœur des leurs. Nous ne voulons pas que tu oublies les cimetières toujours plus grands où sont enterrés nos adolescents. Nous ne voulons pas que tu oublies les conséquences de votre blocus sur nos stocks de médicaments ou de farine.

Et souviens-toi, Gilad Shalit, que nous ne t’avons pas amené ici pour te tuer, ni pour t’inquiéter, mais pour que tes dirigeants sachent qu’ils ne pourront rien contre nous qu’ils n’aient déjà essayé et que l’injustice développe chez nous la force de déplacer les montagnes.

Nasser Atallah
Al-Falastiniya



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