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Une affection bâclée : Dupuis-Déri et les blacks blocs.

Anonyme, Wednesday, May 31, 2006 - 10:38

Titusdenfer

La notoriété récente des blacks blocs, leur présence spectaculaire à chaque manifestation d’une certaine ampleur des opposants à la mondialisation (Gènes, Québec, Seattle, Prague) les interrogations sur leurs motivations ainsi que la complaisance intéressée des médias devaient nécessairement déboucher sur des livres. Au Québec un politologue universitaire s’en est chargé il y a quelques années (Les blacks blocs, la liberté et l’égalité se manifestent, Dupuis-Déri, Francis, Lux, Montréal, 2003). Entre analyse sociologique et survol politique, l’auteur explorait la stratégie et les principes anarchistes des blacks blocs. Il est pertinent de revenir sur son analyse, même avec quelques années de décalage, car ce petit livre illustre parfaitement l’ignorance, la confusion et la prétention d’une pensée sociale qui ne s’embarrasse ni des apports de l’histoire ni de possibles effets retours sur tous ceux qui seraient séduits par les blacks blocs. Il est regrettable que cet opuscule ait été écrit par un universitaire qui par ailleurs donne un cours sur l’éthique alors que ces thèses en sont si totalement dépourvues. Il est tout aussi regrettable que cette analyse puise passer pour une lecture radicale ou révolutionnaire d’un moment historique particulier. Cette lecture parasite n’a, au contraire rien de radicale, elle est l’expression d’une pensée morte dont l’expression embrouillée est un moment nécessaire à la récupération de tous les combats et de toutes les formes de résistance qui sont liés à ces luttes . De cette façon, l’aliénation se perpétue sans mal : ceux qui se réclament maintenant de l’anarchisme (cette idéologie qui a échouée en Espagne au siècle dernier) ne propageant plus que des idées fausses.

Les blacks blocs sont nés d’une forte mobilisation d’individus inorganisés autour des squats autonomes de Berlin ouest dans les années 80. Pour défendre des expulsions les squats du quartier de Kreutzberg, ils utilisaient alors une tactique et une stratégie de convergence rapide sur les lieux de l’affrontement mêlant solidarité active dans l’action (priorité à la libération des arrêtés, premiers soins, regroupements rapides et harcèlement) et résistance afin de lutter efficacement contre les groupes tactiques policiers. Cette mini guérilla urbaine était adaptée à un quartier de Berlin où les autonomes allemands étaient majoritaires, remarquablement motivés et parfois protégés par les habitants, eux-mêmes notamment les immigrés (majoritairement turcs) et une frange importante des marginaux (artistes, chômeurs) de la société berlinoise.
Les groupes autonomes en RFA, en Italie et en France, le mouvement punk en Angleterre, certains groupes à Madrid et à Barcelone vont généraliser ces types d’actions offensives et coordonnées et, parallèlement, leurs critères de groupe et d’identification vont évoluer vers des modes vestimentaires où le noir et le port des masques vont se généraliser dans les manifestations pour tenter de générer un certain anonymat des manifestants.
La tentation de la violence incarnée dans la rage et la haine ou dans le geste de révolte spontané (casse de vitrines, incendies ciblés de banques, jets de pierres, pillage) va devenir la marque distinctive de ces groupes.
À ce sujet, il aurait été nécessaire que l’auteur indique le contexte révolutionnaire et social dans lequel sont nés ces groupes autonomes et l’influence de ces conditions d’émergence sur leur pratique et leur théorie. Il aurait alors compris combien la tentation du terrorisme (souvent en arrière plan lorsqu’on prône la violence sociale) de la pratique comme culte, était considérable dans les années 70/80 en Europe. Elle ne fut écartée qu’en partie en France (Action Directe) et après des débats difficiles parmi les organisations les plus radicales alors qu’en Italie et en RFA le terrorisme recouvrait peu à peu toutes les perspectives de la lutte comme de la critique. Manipulés, infiltrés, détournés de leurs objectifs révolutionnaires, les activistes des Brigades rouges, de Prima Linea, de la RAF, et de tant d’autres groupes enfermés dans une logique clandestine ont servi à atomiser considérablement un mouvement social alors d’une certaine ampleur. Sur le continent américain, les Weatherman ont joué le même rôle tragique d’une façon encore plus isolée. Le militant américain Michael Albert a raison de souligner, dans sa contribution à ce livre, que se sont souvent les meilleurs parmi nos camarades qui avaient choisis la lutte armée, nous rajouterons que par rejet viscéral de la théorie ils ont voué leurs vies à l’apologie désespérée de la “ pratique



Subject: 
+1 bémol
Author: 
patc
Date: 
Wed, 2006-05-31 13:18

J'ai voté en faveur de la publication de ce texte parce que son propos est intelligent et stimulant. Par contre je m'interroge sur le choix de mots pour qualifier l'auteur des Black Blocs, notamment dans le dernier paragraphe.

Le critique gagne-t-il vraiment en légitimité par l'insulte et l'insolence gratuite?

Pourquoi ce ton agressif, voire diffamatoire, à l'égard de Dupuis-Déri? Quelle motivation se cache derrière ce barrage de mots durs et peu courtois?

Je ne peux m'empêcher de percevoir en germe dans cette attitude le même anti-intellectualisme dénoncé par le critique.

Je n'ai pas la prétention de m'identifier à l'auto-proclamée avant-garde radicale mais, a priori, j'ai du mal à prêter mes sympathies à un commentateur qui se sent obligé de dénigrer ses contemporains pour faire paraître plus frais le fruit de sa propre réflexion. Ça fait vieux-jeu.

C'est bien beau la théorie, mais encore faut-il ne pas perdre de vue que la condition sine qua none du progrès culturel - que l'on souhaite pour l'idéal révolutionnaire - est la coopération. Pas le blastage de marde.

Pat Cadorette


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Subject: 
basher pour basher ?
Author: 
anonymes_notoires
Date: 
Wed, 2006-05-31 19:50

en 2003, lorsque Dupuis-Déri a publié son bouquin, le phénomène black bloc était déjà largement disparu au Québec.

je trouvais déjà questionnable la pertinence de ce livre (se porter à la défense d'un phénomène cliniquement mort), mais là, avec cette critique qui arrive trois ans après le bouquin, on croirait assister à une surrenchère de l'impertinence.

sûrement que l'envie de basher un "universitaire", qui plus est un ex-commentateur de RDI, fut trop tentante pour l'auteur...


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Subject: 
basher pour basher ?
Author: 
anonymes_notoires
Date: 
Wed, 2006-05-31 19:52

en 2003, lorsque Dupuis-Déri a publié son bouquin, le phénomène black bloc était déjà largement disparu au Québec.

je trouvais déjà questionnable la pertinence de ce livre (se porter à la défense d'un phénomène cliniquement mort), mais là, avec cette critique qui arrive trois ans après le bouquin, on croirait assister à une surrenchère de l'impertinence.

sûrement que l'envie de basher un "universitaire", qui plus est un ex-commentateur de RDI, fut trop tentante pour l'auteur...


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Subject: 
De l'affection bâclée à un discours vide ?
Author: 
gnomecommuniste
Date: 
Fri, 2006-06-02 21:07

Sans doute, le livre de FDD n'apporte pas grand chose et n'élabore pas nécessairement une pensée stratégique, tactique et organisationnelle efficiente (il est juste un livre de vulgarisation) mais le discours du titusdenfer666 à part un vague discours ronflant sur un soi-disant mouvement ouvrier unifié ou nécessairement unitaire sans démonstration de ses nécessités révolutionnaires et exemples de son actualisation est un discours profondément vide. Que proposes-tu ?


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