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Parti Québec Solidairemihelich, Saturday, May 6, 2006 - 21:44
mihelich
Éditorial de Notes Internationalistes de mars, commentant la fondation du nouveau parti apologiste du capitalisme. Fondation du PQS - Bien commun ou lieux communs Leur boutique est la forme politique la plus à jour de ce qu’on appelait, il y a peu, le tripartisme, i.e. l’union de l’État, des syndicats (n’oublions surtout pas le communautaire) et du patronat. Récemment, on a surtout appelé cela la concertation. Autrefois, l’équivalent était le fameux corporatisme proposé par l’Église et une bonne partie de la classe dominante dans notre beau Québec catholique des années 30. La subsidiarité [2] promue par la transsubstantiation, ou si vous préférez, l’unité de l’argent et du goupillon…Le fondement politique du PQS aujourd’hui, sa filiation théorique moderne, c’est l’encyclique bien sûr laïcisée de Léon XIII, savamment préparée au goût du jour. «Patron, sois bon pour ton employé! Employé, respecte ton patron!» Il vise à masquer l’actualité de la lutte des classes et la crise réelle du capitalisme en susurrant des mantras anesthésiants aux travailleurs et aux travailleuses toujours plus affectés par la précarité, les conditions de travail difficiles et les salaires coupés, et cela, dans un monde marqué par la guerre et la destruction accélérée de notre environnement. Le rôle que s’est donné le PQS c’est d’assurer une certaine paix sociale, une collaboration de classe généralisée, par la dissémination de l’idée citoyenniste à l’effet que les travailleurs et les travailleuses ont leur place à l’intérieur de ce système d’esclavage salarié et qu’ils peuvent s’y épanouir. Bien sûr, le maître ne doit pas être trop dur, le capitaliste trop sauvage, mais le PQS sera justement là pour raisonner avec lui. Contrairement à ses prédécesseurs (Mouvement Socialiste, Parti de la Démocratie Socialiste, Rassemblement pour l’Alternative Socialiste), le nouveau parti a peut-être de l’avenir. Malgré les efforts d’une partie de son ancienne direction en vue d’une redéfinition «à gauche», le Parti Québécois s’est donné un chef qui ambitionne de gouverner sans ambages dans le sillon déjà bien creusé de ses «adversaires» libéraux. [3] Ce chef présente d’ailleurs un flanc extrêmement mou du fait de sa très relative probité. Avec un peu de chance, le PQS arrivera peut-être à asseoir certaines «personnalités» sur les banquettes de l’Assemblée Nationale. Il faut dire que les grands médias bourgeois leur font une place d’honneur sur toutes leurs tribunes et dans toutes les émissions d’affaires publiques. Il n’est peut-être pas encore totalement exclu non plus qu’il puisse y avoir une forme d’échange de services entre les deux partis «souverainistes» à la veille des prochaines élections, dans le but d’assurer un gouvernement majoritaire péquiste tout en permettant une représentation parlementaire à «la gauche». [4] Le millier de militantes et de militants réunis au congrès de fondation ont le «cœur à gauche», mais c’est d’une gauche très prudente et au pouls fort irrégulier. Même si, comme on l’a vu plus haut, la direction du parti accepte que certaines propositions de sa future plateforme «permettent de rêver», elle tient les rênes bien serrées sur le contenu de ce qui précisément peut être rêvé. Ainsi, la presse a badiné sur cette gauche qui s’est entre-déchirée et n’est pas même pas parvenue à s’entendre sur son logo. On a alors pu voir Françoise sourire en bonne matante si compréhensive… Cependant, malgré la présence et la complicité active (mais bien docile et soumise) d’une grande quantité de militants et de militantes des Socialistes Internationaux, de Gauche Socialiste, du Parti «Communiste» du Québec (Clarté), du Parti «Communiste» du Québec (Voix du Peuple) et un certain nombre de «libertaires» (tous des faux jetons!), une motion bien timide sur l’utilité de «s’inspirer des valeurs socialistes» fut tout simplement écartée des «délibérations». François et Françoise et les autres ex-staliniens de la direction du parti n’ont manifestement pas tout renié de leur ancien programme et surtout de ses méthodes. On nous objectera que le PQS est de la même souche que le Parti des Travailleurs (PT) de Lula au Brésil, du Mouvement vers le Socialisme (MAS) d’Evo Morales en Bolivie ou du bolivarien Hugo Chavez au Venezuela. Cela ne nous impressionne pas. La Gauche communiste dont nous faisons partie a fait le bilan du mouvement social au XXème siècle et on nous ne nous y reprendra plus. Après avoir porté aux nues pendant des décennies la Russie et la Chine stalinienne, après avoir soutenu des dizaines de régimes capitalistes d’État, pour la plupart maintenant déchus et discrédités, la Gauche capitaliste cherche de nouveau à nous ramener dans les ornières mensongères d’un capitalisme humanisé, d’un étatisme au-dessus de la mêlée; bref d’une justice atteignable la semaine des quatre jeudis. La «souche» du PQS est pourrie jusqu’à sa moelle. L’exercice du pouvoir par le PT l’a déjà largement discrédité auprès des travailleurs et des travailleuses qu’il prétend représenter. Le MAS, tout fraîchement élu, vient d’annoncer un train de mesures réactionnaires qui ne devrait surprendre personne car il avait depuis longtemps annoncé que son objectif programmatique était la «construction d’un capitalisme andin et amazonien». Quant au lieutenant-colonel putschiste et bonapartiste Chavez, et sa «démocratie populaire et participative», nous les laissons volontiers aux fanatiques du kaki, du passe-montagne, du bandana et aux nostalgiques de Peron. L’histoire nous a enseigné il y a longtemps où mène le socialisme de caserne. En fait, le PQS comme tous ces autres partis qui prétendent travailler au bien commun au-dessus ou en ignorant la réalité de la société de classes nous mènent dans un cul-de-sac. À un moment de l’histoire où l’humanité doit directement et impérativement se saisir de ses responsabilités sociales et environnementales, les militants et les militantes du PQS nous invitent à procrastiner et à nous enfouir la tête dans le sable. Les mécanismes de l’exploitation capitaliste sont incontournables. Son cycle historique est démontré. Il passe d’une phase d’accumulation à une phase de crise. Tous les indicateurs économiques considérés à l’échelle mondiale confirment que nous sommes entrés dans cette phase de crise il y a plus de trente ans et que celle-ci s’approfondit constamment. La médecine de cheval que la classe dominante applique pour pallier sa crise est connue ou devrait l’être: augmentation des cadences, réduction des salaires, mises à pieds et fermeture d’usines, coupures dans les programmes sociaux et finalement, cours général vers la guerre. Cette courte énumération constitue la réalité de notre époque et le contenu de nos existences. Et ce ne sont pas les sourires entendus et les lieux communs de matante Françoise et de mononcle François qui y changeront grand-chose. Ils auront eu et auront encore sans doute leurs moments d’éminence. Tandis qu’ils en profitent, il y a une classe qui profite encore… Mais comme Marx, nous pensons que: «Sur un terrain plat, de simples buttes font l’effet de collines; aussi peut-on mesurer l’aplatissement de la bourgeoisie contemporaine d’après le calibre de ses esprits forts». [5] On ne se concerte pas avec une classe barbare, on la combat. On ne tente pas de raisonner un monstre en furie, on l’abat. Face aux accommodantes et insuffisantes «préoccupations» écologistes du PQS, les vrais communistes croient qu’un environnement sain passe par la nécessité absolue du combat pour un système social fondé sur la production pour l’usage social plutôt que pour le profit. Contre les appels de sirènes du PQS à un dialogue respectueux avec nos patrons affameurs, les vrais communistes appellent à mener une lutte des classes frontale et intransigeante contre toutes les formes de concession et de concertation. En butte à un monde à la dérive, les communistes internationalistes ne se confinent pas à évoquer abstraitement qu’un autre monde est possible, mais affirment que ce monde ne peut exister que par le renversement du système de profit lui-même, et que ce renversement ne peut s’opérer que suite à la défaite politique des meneurs de bétail, des jaunes, que sont les apologistes, même critiques, du capital. Le Groupe Internationaliste Ouvrier [1] Voir l’article de fond publié sur cette perspective dans Notes Internationalistes, nouvelle série, numéro 5.
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