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Pourquoi ne pas exiger le retrait des troupes canadiennes ?

dei pax, Thursday, March 23, 2006 - 11:54

Pierre Mouterde

Quelle pourrait être la position d’une organisation de gauche du Québec vis-à-vis de la présence de troupes canadiennes en Afghanistan ? Et surtout à partir de quelle argumentation lui faudrait-il définir son point de vue ? Tout d’abord —c’est ce qui semble aller de soi—, elle devrait rappeler son opposition à la guerre, et c’est sur quoi Québec solidaire s’est prononcé avec beaucoup de force. »

Québec solidaire et la guerre en Afghanistan
Pourquoi ne pas exiger le retrait des troupes canadiennes ?
lundi 20 mars 2006, par Pierre Mouterde

AUTEUR
Pierre Mouterde

Membre du comité de rédaction de Presse toi à gauche
Professeur de philosophie au collège de Limoilou (Québec). Auteur de "Repenser l’action politique de gauche, Essai sur l’Éthique, la politique et l’histoire (Écosociété 2005) de "Les mouvements sociaux au Chili (1973-1993), (L’harmattan, 95 ; avec Patrick Guillaudat) et de "Apre bal banbou lou, 5 ans de duplicité en Haïti (1991-1996), (Austral, 96 ; avec Christophe Wargny)

Quelle pourrait être la position d’une organisation de gauche du Québec vis-à-vis de la présence de troupes canadiennes en Afghanistan ? Et surtout à partir de quelle argumentation lui faudrait-il définir son point de vue ? Tout d’abord —c’est ce qui semble aller de soi—, elle devrait rappeler son opposition à la guerre, et c’est sur quoi Québec solidaire s’est prononcé avec beaucoup de force. »
C’est notamment par le biais d’un article paru dans Le Devoir du samedi 19 mars 2006 et intitulé « Nous ne voulons pas faire la guerre que Québec solidaire a fait connaître sa position. Mais ensuite... comment défendre cette louable intention, la traduire en gestes et en décisions politiques concrètes ?
Changement de mission ?
Dans cet article, on part du raisonnement que les forces canadiennes ne sont pas pour de « bonnes raisons en Afghanistan (...), qu’il ne s’agit pas de maintien de la paix ou de reconstruction d’un pays dévasté », mais qu’il y a eu « transformation des missions de l’armée canadienne » tournées vers « de plus en plus d’actions offensives et guerrières ».
Et ils en concluent -en exigeant « un débat démocratique au parlement sur le rôle du Canada dans les conflits armés »- que le Canada devrait travailler dans le sens des besoins réels des Afghanes et des Afghans, ceux « d’écoles, d’hôpitaux, et d’aide au développement ». Mais est-ce suffisant ?
Un parti politique de gauche ne pourrait-il pas -notamment comme l’organisation pacifiste Echec à la guerre - aller plus loin, être encore plus clair ? Québec solidaire y perdrait-il toute crédibilité ?
Un tout autre contexte
C’est comme si ce raisonnement oubliait que dans cette région du monde les choses avaient radicalement changé depuis le 11 septembre 2001. Faut-il le rappeler, les troupes canadiennes ne sont pas aujourd’hui en Afghanistan sous l’égide de l’ONU et dans le cadre d’une noble mission humanitaire. Elles sont sous commandement américain.
Plus encore, leur présence a été, à l’époque, monnayée avec le président Bush lors du déclenchement de la guerre en Irak pour permettre aux troupes états-uniennes de ne pas être occupées « à battre deux fers en même temps », tout en laissant au gouvernement libéral de Jean Chrétien des marges de manoeuvre vis-à-vis de son opinion publique traditionnellement pacifiste.
Aussi, comme le rappellent judicieusement les auteurs de cet article, leur rôle s’inscrit désormais dans le cadre de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement conservateur qui a fait du thème du rapprochement diplomatique avec les USA et de l’accroissement des dépenses militaires (projet d’accroissement du budget de 5,3 milliards de dollars) un thème clef de sa politique.
Que dire enfin du gouvernement Amin Karzai d’Afghanistan auquel les troupes canadiennes prêtent maintenant main-forte dans la région de Kandahar ? Pierre Dubuc de L’Aut’Journal rappelle avec raison que ce dernier -s’il a été élu démocratiquement- n’en a pas moins été dès le départ « l’homme des Américains », le candidat qu’ils ont soutenu par tous les moyens, et cela parce qu’en tant que représentant de la compagnie pétrolière Unilocal (cherchant à construire un pipeline en Afghanistan), il travaillait dans le sens des intérêts économiques US.
Sans parler même -en termes de promesses de développement (c’est là la tarte à la crème de tous les partisans de la présence canadienne)- de la présence actuelle d’un monumental trafic de drogue (la culture du pavot) dont depuis son arrivée au pouvoir la production a fait un terrible bond, atteignant aujourd’hui les 185 tonnes par an.
Oser le dire clairement !
Tout montre donc que, dans le contexte actuel, il est tout bonnement irréaliste d’imaginer changer -par on ne sait quel coup de baguette magique- le rôle des troupes canadiennes en Afghanistan.
Enfermées dans une inéluctable logique de guerre, prises dans les mailles de la lutte au terrorisme made in US, mises en tutelle par l’idéologie conservatrice Bush\Harper elles ne pourront aucunement apporter ce dont, il est vrai, a tant besoin le peuple afghan : le développement, la paix, la démocratie participative et la tolérance laïque.
Pourquoi alors ne pas en tirer la conclusion inéluctable : il faut appeler au retrait des troupes canadiennes d’Afghanistan ! Et le dire clairement ! Si ce n’est pas Québec solidaire, qui le dira ? Le Bloc ou le PQ oseront-ils se prononcer dans ce sens ? Difficile de l’imaginer !
Québec solidaire ne devrait-il pas ici prendre exemple sur Echec à la guerre, cette organisation pacifiste qui a joué un rôle si central dans l’organisation des manifestations anti-guerre dans le passé et qui, elle, appelle au retrait des troupes ? N’est-ce pas ainsi que Québec solidaire deviendra un parti autant des urnes que de la rue ?

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