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Nous devons instituer la véritéAnonyme, Friday, March 10, 2006 - 12:06 L’homme de ce temps vit devant ce qui arrive dans le monde entier. Et il le fait à travers le regard des journalistes; ils sont les témoins, ceux qui nous racontent les évènements. D’eux dépend l’aspect duquel nous interprétons les faits, le parti que nous assumons face à ce qu’ils nous transmettent comme humanité. La Insignia Nous devons instituer la vérité Ernesto Sabado Traduit de l’espagnol par : L’homme de ce temps vit devant ce qui arrive dans le monde entier. Et il le fait à travers le regard des journalistes; ils sont les témoins, ceux qui nous racontent les évènements. D’eux dépend l’aspect duquel nous interprétons les faits, le parti que nous assumons face à ce qu’ils nous transmettent comme humanité. Le journaliste aura à transmettre sa propre vision des choses afin de s’ouvrir à ce qui arrive, comprenant que ce sont ses yeux et ses paroles qui transporteront aux autres hommes la réalité à laquelle ils ont part. Le journaliste est ainsi témoin, médiateur et interprète. Sa tâche en est une de suprême responsabilité. Au long des années dans lesquelles mon œuvre essayiste et littéraire était en gestation, j’ai moi-même collaboré avec les journaux de mon pays, et avec d’importants médias imagés de par le monde. Depuis plus d’un demi-siècle, cette profession a été intimement liée à ma destinée comme écrivain, et les deux m’ont permis d’exprimer les incertitudes de ma pensée, lorsqu’il s’agissait de trouver des réponses aux doutes qui tant m’assaillaient. J’ai réalisé des travaux journalistiques chaque fois que des situations sociales l’exigeaient. Il peut paraître contradictoire qu’un homme habitué au silence, et au délai qu’exigent l’essai et la littérature, sente la nécessité, à certains moments, de s’exprimer à travers cette parole immédiate, de l’instant, qui caractérise l’écriture journalistique. Ainsi l’ont fait Ortega, et d’autres génies de la taille de Camus, Hemingway, Malraux, Sartre, Simone Weill, et même Gandhi qui, depuis les colonnes d’un humble et précaire journal, encouragea sa révolution spirituelle, le véritable réveil de l’âme d’un peuple soumis. Il arrive que, devant des évènements déterminés, tout intellectuel authentique doive ajourner son œuvre personnelle en faveur de l’œuvre commune, mettant sa voix au service des hommes, afin de les aider à construire une nouvelle foi, une faible mais authentique espérance. Alors, dans la vertigineuse succession des évènements, la parole qui surgit en réponse permet d’éluder son destin fugace et périssable. En ce sens, ceux qui travaillent avec les mots, les écrivains, les philosophes, les journalistes, les penseurs, et ceux qui à travers leur image font entendre la clameur de tant de voix silencieuses, tous ceux-là, dis-je, plus qu’une fonction pédagogique, ont un devoir éthique dans les sociétés. Nous devons restaurer le sens des grandes paroles détériorées par ceux qui tentent d’imposer un discours unique et irrévocable. Le journalisme est formateur d’opinion publique, qui donne un sens critique aux faits de la vie. Cette importante tradition, créé en Espagne par Feijoo au XVIII è siècle, fut par la suite poursuivie par Larra, Machado et Unamuno. Il suffit de rejoindre quelconque écrit qu’ils nous laissèrent pour constater leur croyance dans l’acte d’instituer la vérité. Aujourd’hui, le journalisme doit se réconcilier avec ses meilleurs signes d’identité historiques, d’où respirent la liberté d’opinion et la capacité imaginative des ses intellectuels. La presse, dans ces dernières années, a acquis une notable expansion sociale et politique, hiérarchisée par son travail dans les aires d’investigation et de la culture. Ceux qui ont en leur pouvoir le fonctionnement des grands médias, ont à prendre conscience, de façon permanente, de la grande transformation à laquelle ils peuvent contribuer. Formés comme ils sont, afin d’intervenir dans les graves nécessités que nous affrontons en ces temps. Les révolutionnaires avancées technologiques ont accru l’énorme influence que le journalisme, et les médias de communication en général, possèdent sur la conscience des gens. Sans doute, ce sont les principaux formateurs. Par la magnitude de leur portée, ce pouvoir est souvent utilisé par ceux qui prétendent perpétuer l’hégémonie d’un modèle unique, sans alternative. Nous imposant le joug d’une obscène globalisation qui justifie la souffrance de millions d’hommes et de femmes, ils nous relèguent avec une sensation d’impuissance perpétuelle et inévitable à la fois. La société est à ce point frappée par l’injustice et la douleur; son esprit a été corrodé si souvent par l’impunité, que devient presque impossible la transmission de valeurs aux nouvelles générations. Cependant, l’énorme possibilité de modifier la funeste direction que nous leur voyons prendre se trouve présente dans la portée illimitée que les médias de communication possèdent sur la formation de la conscience des enfants, des hommes et des femmes. C’est une grande mission que peut réaliser le véritable journalisme, comme il a été démontré chaque fois que le danger et les situations de précarité nous ont rapprochés par ce qui arrive dans le monde. Dans toutes ces manifestations, l’activité journalistique doit se consacrer dans un compromis éthique qui réponde aux déchirement de milliers d’hommes et de femmes dont les vies ont été réduites au silence à travers les armes, la violence et l’exclusion sociale. A tous ceux-là, à partir de ma condition d’écrivain, je veux leur exprimer ma reconnaissance d’avoir contribué à mettre en évidence le sacrifice, la douleur, l’incertitude, mais aussi l’espérance et le courage d’une humanité qui résiste à disparaître. Cercle des Beaux-Arts (Madrid) Traduit de l’espagnol par : Pierre Trottier, août 2004 Source : www.lainsignia.org
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