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L'ENGAGEMENT DU CANADA EN AFGHANISTAN ET LES ÉVÊQUES CANADIENS

Anonyme, Tuesday, March 7, 2006 - 11:23

OSCAR FORTIN

UNE INVITATION EST FAITE À L'ÉPISCOPAT CANADIEN DE S'IMPLIQUER DANS LE DÉBAT SUR L'ENGAGEMENT DU CANADA DANS LA GUERRE EN IRAK. SI LA QUESTION DE LA DÉFINITION DU MARIAGE A SU LES MOBILISER, À PLUS FORTE RAISON CETTE GUERRE DEVRAIT-ELLE LES INTERPELLER.

L’an dernier, à la même période, nous étions en plein débat sur la définition à donner au mariage. L’ancienne définition qui se retrouvait inscrite dans la loi canadienne faisait du mariage «l’union d’un homme et d’une femme» alors que celle soumise au législateur visait à en faire «l’union de deux personnes» sans égard au sexe. Les opposants à cette modification de la loi ne tardèrent pas à se mobiliser et à faire entendre leur voix.

La Conférence Canadienne des Évêques Catholiques (CCEC) avec, à sa tête, le cardinal Ouellet, a été une des première à monter aux barricades et à diriger une offensive sans merci contre ce projet de loi. Toutes les tribunes étaient bonnes pour se faire entendre. Nous nous souviendrons des déclarations dans les journaux, des débats à la télévision, des sermons dans les églises, et des multiples rencontres avec les divers lobbys susceptibles d’influencer les parlementaires. La rencontre du cardinal Ouellet avec les Sénateurs fut l’une des plus couvertes par les médias. Il fallait empêcher une modification du texte de loi sur le mariage ayant pour effet de le rendre accessible aux personnes de même sexe.

Aujourd’hui un autre débat s’amorce : l’engagement du Canada dans la guerre en Afghanistan et les milliards de dollars investis en dépenses militaires. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont interpelléEs par ces deux questions qui doivent, en toute démocratie, se fonder d’abord et avant tout sur leur volonté et non sur celle d’autres intervenants extérieurs, si puissants puissent-ils être. Elles ne sont pas sans interpeller également les Églises et de façon particulière la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) pour qui les questions d’armement et de guerre vont à l’encontre du message de paix et de non violence des Évangiles. Encore tout récemment Benoît XVI, à l’occasion de la journée mondiale pour la paix, en janvier dernier, ne déclarait-il pas :

«La vérité de la paix appelle tous les hommes à entretenir des relations fécondes et sincères; elle les encourage à rechercher et à parcourir les voies du pardon et de la réconciliation, à être transparents dans les discussions et fidèles à la parole donnée.»

Le Canada s’engage actuellement dans une guerre offensive en Afghanistan. On place cet engagement dans le cadre de la «lutte contre le terrorisme» comme s’il suffisait d’utiliser ce vocable pour justifier toute guerre. N’y a-t-il pas un certain parallèle à faire avec ces nombreux conflits entretenus, particulièrement en Amérique Latine, sous le vocable de la «lutte contre le communisme». Aujourd’hui, nous savons que des milliers et des centaines de milliers de personnes innocentes ont été arrêtées, torturées, tuées. «Un massacre inutile» tout comme le disait Benoît XV au sujet de la Première guerre mondiale. Avec cet engagement en Afghanistan, le Canada n’est-il pas placé dans l’engrenage d’un processus qui en fera un artisan de guerre et un délinquant du droit international?

Je pense que l’Épiscopat canadien et l’ensemble de ceux et celles qui se réclament de la foi en Jésus de Nazareth ont le devoir d’intervenir de manière à éclairer les canadiens. Leur situation d’indépendance et de liberté face aux forces politiques et économiques, c’est du moins ce qu’il faut espérer, leur donne l’autorité nécessaire pour apporter une réflexion consistante sur les multiples visages du terrorisme qui va de celui du délinquant à celui de l’État en passant par ces multiples groupes organisés clandestinement pour renverser des pouvoirs en place ou encore exiger de leur part le respect de certains droits ou privilèges.

Certains discours peuvent laisser entendre qu’il y aurait deux manières de tuer : une qui serait humaine et une autre qui serait inhumaine. La première serait bonne et la seconde à proscrire. Je ne pense pas qu’il y ait une manière humaine de tuer. Lorsque Benoît XVI, citant Jean-Paul II, déclare que «celui qui tue par des actes terroristes nourrit des sentiments de mépris envers l'humanité, faisant preuve de désespérance face à la vie et à l'avenir: dans cette perspective, tout peut être haï et détruit»(9) il peut laisser entendre qu’il y aurait une manière humaine de tuer qui serait celle réalisée par des armées régulières… Une telle interprétation aurait de quoi alimenter bien des débats et forcer à une réflexion de vérité.

J’espère que nos évêques mettront autant, sinon plus, d’énergie à s’impliquer dans ce nouveau débat qu’ils en ont mis à défendre la définition traditionnelle du mariage. Leur intervention pourrait être inspirée par ces propos de Jean-Paul II, repris par Benoît XVI :

«Prétendre imposer à d'autres par la violence ce que l'on considère comme la vérité signifie violer la dignité de l'être humain et, en définitive, outrager Dieu dont il est l'image».(10)

Ces propos, adressés initialement aux fondamentalistes, pourraient éventuellement s’appliquer aux canadiens qui cautionneraient une guerre dont l’objectif serait d’imposer par la force une façon de voir la vie en société. Cette guerre les transformerait vite en fondamentalistes et en terroristes opérant à visage découvert.

Le dialogue dans la vérité et non dans sa manipulation pourra seul conduire à humaniser les relations entre les peuples et les États. Il est la voie incontournable de la paix. Dommage que l’offre récente de trêve faite par Ben Laden dans l’escalade de la violence n’ait pas été entendue. Ç’eût été une occasion d’amorcer ce dialogue dont parlait Benoît XVI dans son message de Paix et de faire l’économie de milliards de dollars à consacrer à des causes humanitaires.

Je me porte volontaire pour participer avec nos Évêques à cette offensive contre la guerre et la course aux armements et pour une paix fondée sur le dialogue de vérité et de respect.

Oscar Fortin
7 mars, 2006

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