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France, loi sur la recherche: demande de report du vote parlementaire du 7 MarsAnonyme, Monday, March 6, 2006 - 07:01
Indépendance des Chercheurs (France)
France: Le même jour où la loi sur la recherche doit être votée par l'Assemblée Nationale, il est prévu d'auditionner (à 17h 30) l'expert du procès d'Outreau, professeur des Universités et directeur de laboratoire qui, pour justifier la déroute des expertises, s'est plaint d'être payé comme une femme de ménage. Pourquoi n'a-t-on pas attendu cette audition, ainsi qu'une enquête sur le problème des faux résultats scientifiques à l'échelle internationale, ou encore sur la crise récente de la direction du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), avant de voter une loi sur la recherche ? Peut-être, tout simplement, parce qu'il y a des conclusions qui s'imposent mais qu'on n'a pas envie de tirer, notamment sur la crise d'un certain type de "modèle" importé que l'on oppose au système français de recherche de l'après-guerre... http://www.geocities.com/indep_chercheurs/DeclIndep050306.doc NOUS DEMANDONS LE REPORT DU VOTE PARLEMENTAIRE Déclaration de la Plateforme « Indépendance des Chercheurs », 5 Mars 2006 Dans l’état actuel du projet de loi en cours sur la recherche française, nous ne pouvons que confirmer notre dernière déclaration, http://www.geocities.com/indep_chercheurs/DeclIndep250206.doc , Le projet de loi a été présenté au moment même où : a) une crise sérieuse des instances dirigeantes du CNRS a conduit à la démission de son Président, à un changement de Directeur Général et à la fin des fonctions d’un Directeur Scientifique Général dont les missions sont reprises par le nouveau Directeur Général; b) le jugement en appel a mis en évidence la déroute des experts du procès d’Outreau, parmi lesquels se trouve notamment un professeur des Universités directeur de laboratoire et responsable pédagogique d’un important diplôme universitaire ; c) l’opinion publique a pu découvrir l’affaire « coréenne », mais en réalité internationale, des résultats falsifiés sur les cellules souches humaines que la revue américaine Science avait publiés à deux reprises et, en même temps, d’autres affaires de falsification de résultats scientifiques publiés dans des revues britanniques et américaines et impliquant des équipes de plusieurs pays bénéficiant de financements divers. Ces faits, et bien d’autres, dévoilent un sérieux problème de fond que le Parlement n’a, ni constaté, ni analysé. Les affaires de falsifications de résultats ne mettent pas en cause des chercheurs « de base » ou indépendants, mais des personnes influentes et cotées. L’affaire « coréenne » semble avoir dévoilé également des pratiques contraires à l’éthique, jusqu’à l’obtention par des pressions d’ovocytes de personnels de l’équipe ou des dons au monde politique pris sur un budget de recherche dont l’usage n’aurait pas été entièrement expliqué ( http://www.newscientist.com/channel/sex/dn8682.html ). Pire encore, avant que d’autres groupes de chercheurs dans le monde aient pu les confirmer, le site français de la Cité des Sciences s’est empressé de faire publiquement l’apologie des résultats, avérés faux par la suite, de l’équipe de l’Université de Séoul, voir l’article du 24 mai dernier : http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesac... qui contient l’intitulé « La Corée : pays roi du clonage humain » où un directeur de laboratoire français très connu estimait que : « les résultats de l'équipe coréenne démontrent que la technique de base est désormais accessible ». Le responsable de l’équipe coréenne à présent mise en cause devait tenir, le 24 novembre à Paris, une conférence de presse conjointe avec ce même directeur de laboratoire (Le Monde, 23/11/2005) et se voir décerner par les Victoires de la Médecine, dans une cérémonie aux Folies-Bergère, le prix de « l'homme de l'année 2005 ». Presque en même temps, Scientific American qualifiait le professeur coréen de « Research leader of the year ». Force est de constater également que l’expert du procès d’Outreau qui s’est récemment plaint d’être rémunéré « comme une femme de ménage » pour justifier les erreurs des expertises est un professeur de psychopathologie et directeur de laboratoire, responsable pédagogique d'un Diplôme Universitaire « Psychologie et sociologie du crime » qu’un important centre de recherches rattaché à la fois au CNRS et au Ministère de la Justice a organisé en 2004-2005 en partenariat avec son université et l'Ecole Nationale de la Magistrature. On trouve aussi parmi ces experts un chef de service hospitalier et une spécialiste apparemment sans diplôme qui semble avoir bénéficié de la confiance d’un Conseil Général. C’est une affaire très grave où un « savoir faire » en Psychologie sur la base duquel on forme même des magistrats et des officiers de police judiciaire échoue « au sommet » au vu de tous, avec des conséquences irréparables, confronté à des questions pratiques de la plus haute importance. Aucune conséquence ne semble avoir été tirée, non plus, de la crise récente de la direction du CNRS qui n’a été qu’un résultat « visible » et public de la spirale de bureaucratisation subie par la recherche française depuis une vingtaine d’années, avec un fort développement d’administrations, structures de gestion, directions, « coordinations », moyens d’embrigadement divers… au détriment du travail de recherche réel, de la liberté d’initiative et de la création scientifique originale. Une évolution en soi démobilisatrice que nous avions dénoncée depuis la formation de notre collectif en 2001. Rappelons aussi que l’affaire du Laboratoire de Physique Corpusculaire du Collège de France des années 1990 a vu notamment la dissolution d’un groupe de chercheurs très actif qui avait osé critiquer le projet d’ « amplificateur d’énergie » nucléaire défendu par un puissant lobby. Des essais réalisés plus tard en Suisse ont pourtant montré la justesse des résultats et prédictions de ce groupe qui ne comptait aucun directeur de recherche, ni n’était « bien vu ». Voir : http://cui.unige.ch/isi/sscr/phys/Rubbiatron.html (novembre 2003) dont l’auteur écrit à la fin : « Néanmoins, on peut se féliciter que certaines soupapes aient fonctionné, par exemple… le courage de certains scientifiques isolés qui ont pris sur eux de tenir tête à un Prix Nobel » . Un diagnostic que l’on peut rapprocher de celui émis en janvier 2006 par une commission de l’Université de Séoul à propos de l’affaire des faux résultats sur les cellules souches humaines et des auteurs des premières critiques en Corée : « The young scientists who courageously pointed out the fallacy and precipitated the initiation of this investigation are our hope for the future. » ( http://www.useoul.edu/sk_board/boards/sk_news_read.jsp?board=11769&id=26... ). A nouveau, ce n’est pas aux chercheurs « de base » ou indépendants, pas plus qu’à la loi d’orientation et programmation de la recherche existante en France, qu’il faut reprocher les naufrages d’expertises, à Outreau ou ailleurs, ici comme à l’étranger (y compris aux USA et en Grande-Bretagne, où ce problème est bien connu). Il ne s’agit pas d’un problème « français », ni lié au « système français » de recherche, mais d’une avalanche de défaillances du système scientifique dominant au niveau mondial. On a affaire, en réalité, à une véritable crise du système qui prévaut dans la plupart des autres pays (USA, Grande Bretagne…), que les hiérarchies scientifiques françaises ont voulu imiter au cours des deux dernières décennies et dont l’actuel projet de loi cherche à prendre exemple. Non seulement le développement croissant d’un pouvoir discrétionnaire des hiérarchies, la disparition dans la pratique de contrôles et « contre-pouvoirs » de la « base », le renforcement du lobbying international de personnalités influentes… ont conduit à une spirale de catastrophes scientifiques, mais il paraît évident que dans le système dit « anglo-saxon » dont la Corée du Sud a pris exemple les personnels de la recherche sont insuffisamment protégés. Pourtant, au cours des deux dernières décennies la coupole scientifique française avait fait preuve d’un suivisme de plus en plus évident à l’égard de ce système prétendument « moderne », en réalité fort ancien et actuellement en crise. Aucun système de recherche scientifique ne peut se développer correctement sans laisser une place importante à la critique qui « ne plaît pas », aux prétendus « marginaux » qui finissent par avoir raison, à la dissidence, à l’initiative individuelle sans « protecteurs », à la création libre... C’est un vieux principe, mais qui ne plaît pas à un certain nombre d’ « élites ». L’actuel projet de loi sur la recherche ne comporte aucune réflexion à ce sujet alors qu’il pousse à la concentration du pouvoir, des moyens et des structures dans la recherche, à un développement encore plus fort des pouvoirs discrétionnaires, à l’intervention plus puissante d’intérêts privés… avec le risque d’aboutir à une mauvaise copie d’un système d’autres pays plus ancien que le système français et déjà en difficulté au niveau mondial. En ce qui concerne le statut des personnels, nous ne pouvons que confirmer l’appréciation déjà exprimée (notre site) : la loi d’orientation et de programmation en vigueur est bien préférable, y compris pour les doctorants qui n’ont jamais pu bénéficier d’une réelle application des lois de 1982 et 1984 reconnaissant que la préparation d’un doctorat constitue un travail. C’est une application conséquente, par décret, de ces lois qui fait défaut depuis vingt ans. NOUS DEMANDONS DONC LE REPORT DU VOTE SUR LE PRESENT PROJET DE LOI DE PROGRAMME ET LA MISE EN PLACE D’UNE REFLEXION ACTUALISEE, PLUS OUVERTE, SUR LES PROBLEMES DE LA RECHERCHE. Indépendance des Chercheurs (attn. Luis Gonzalez-Mestres) 17 rue Albert Bayet, appt 1105 , 75013 Paris |
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