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LES SYNDICATS CONTRE LA RÉVOLUTION

gnomecommuniste, Tuesday, December 13, 2005 - 15:12

G. Munis et Benjamin Péret

(La publication de ce texte aujopurd'hui est dédiée à la NEFAC)

I. - LES ANTÉCÉDENTS

Toutes les sociétés qui se sont succédé jusqu’à nos jours ont connu des luttes intestines menées par les couches déshéritées contre les classes ou les castes qui les maintenaient sous leur domination. Ces luttes n’ont pu prendre une certaine envergure qu’à partir du moment où les opprimés, reconnaissant leur intérêt commun, ont réussi à s’associer, soit dans le but d’améliorer leurs conditions d’existence, soit en vue de la subversion totale de la société. Au cours des siècles passés, les travailleurs, face aux corporations comprenant patrons et ouvriers d’un même métier (où les premiers faisaient la pluie et le beau temps sous la protection ouverte des pouvoirs publics), les associations de compagnonnage ne groupant que les ouvriers ont représenté, entre autres choses, les premiers organismes permanents de lutte de classe.

Antérieurement encore, vers le Xe siècle, avaient déjà existé des « confréries ». C’étaient des groupements qui ont dû se trouver en lutte contre les couches supérieures de la société puisque des jugements ont ordonné, à plusieurs reprises, leur dissolution. On ne connaît toutefois aucun document susceptible de nous éclairer sur leur constitution et les buts qu’elles se proposaient.

L’objectif des organisations de compagnonnage n’était pas, comme en témoignent les nombreux jugements des tribunaux qui les condamnent systématiquement du XVIe siècle au XIXe siècle, d’aboutir à une transformation de la société, d’ailleurs inconcevable à l’époque, mais d’améliorer le salaire de leurs membres, les conditions d’apprentissage et, par là, d’élever le niveau de vie de la classe ouvrière tout entière.

Leur vitalité, malgré toutes les persécutions dont elles ont sans cesse été l’objet, leur résurrection, consécutive à de nombreuses dissolutions prononcées par les tribunaux, montrent qu’elles correspondaient à un besoin pressant des travailleurs de ces époques. En même temps, le fait que leur structure ne semble pas avoir subi de modifications importantes pendant plusieurs siècles, indique que leur forme et leurs méthodes de lutte correspondaient réellement aux possibilités du moment. Notons en passant que les premières grèves dont l’histoire fasse mention sont à leur actif dès le XVIe siècle. Plus tard, elles recourront aussi au boycott.

Pendant toute cette période, qui va du XVIe siècle où les associations de compagnonnage apparaissent dans l’histoire déjà toutes constituées (ce qui indique qu’elles devaient exister depuis longtemps déjà) jusqu’au milieu du XIXe siècle (où la grande industrie naissante fait surgir les syndicats), les associations de compagnonnage contribuent puissamment à maintenir la cohésion entre les travailleurs, en face de leurs exploiteurs. On leur doit la formation d’une conscience de classe encore embryonnaire, mais appelée à prendre son plein développement à l’étape suivante, avec les organismes de lutte de classe qui vont leur succéder. Ces derniers - les syndicats - ont hérité d’elles leur fonction revendicative, réduisant ainsi les associations de compagnonnage à un rôle secondaire qui n’a pas cessé de s’amenuiser depuis lors. Il serait vain cependant d’imaginer qu’ils auraient pu exister plus tôt. Les associations de compagnonnage ont correspondu à une époque de stricte production artisanale antérieure à la Révolution française et se prolongeant pendant les vingt ou trente premières années du XIXe siècle, les syndicats constituent le prolongement dans l’époque suivante (celle du capitalisme ascendant, où les travailleurs ont encore besoin de se rassembler par corps de métiers), des organisations de compagnonnage dépouillées du secret qui les entourait et orientées vers la seule revendication économique, vers la défense des travailleurs, les autres objectifs passant au second plan et finissant par disparaître.

Par ailleurs, les associations de compagnonnage, du fait de la société féodale qui ne leur accordait pas le droit à l’existence, avaient un caractère de sociétés secrètes, avec tout l’appareil des rites para-religieux que comportent de telles sociétés, tandis que l’époque postérieure - surtout après 1830 - où les associations ouvrières se voient accorder un minimum de droits à l’existence, permet l’apparition au grand jour des groupements de compagnonnage et met aussitôt en évidence leur incapacité à mener contre le patronat la lutte énergique qui s’impose. Leur caractère restrictif (ne peuvent en faire partie que des ouvriers qualifiés) ne leur permet pas de réunir la totalité, ni même la majorité des travailleurs, but que se proposent les syndicats dès leur naissance.

Cependant, la classe ouvrière ne passe pas directement des associations de compagnonnage aux syndicats, d’ailleurs interdits sous quelque forme que ce soit pendant les premières décades du capitalisme moderne. Elle cherche intuitivement sa voie. Les sociétés de secours mutuels, nées peu avant la Révolution de 1789, marquent le premier pas dans la voie du rassemblement de tous les ouvriers d’un même corps de métier. Elles se proposaient de secourir leurs adhérents malades ou en chômage, mais lorsque la grève s’imposera comme la meilleure méthode de lutte contre le patronat, les mutuelles ouvrières apporteront parfois leur aide aux grévistes, abolissant toute distinction entre le chômage imposé et le chômage provoqué.

Ces « Mutuelles », peu nombreuses, ne rassemblaient guère que des ouvriers d’élite, relativement bien payés, car les cotisations qu’elles exigeaient de leurs membres étaient lourdes. Elles étaient donc inadéquates aux conditions de la grande industrie naissante, qui avait appelé à l’usine de grandes masses de travailleurs non qualifiés, émigrés des campagnes. Ce prolétariat en formation était alors dans une situation tragique qui exigeait impérieusement une amélioration sensible, même pour que le capitalisme pût continuer à se développer.

Les sociétés de « résistance », dont le nom indique clairement les buts qu’elles visaient, viennent alors assurer la relève des « Mutuelles ». Ce sont déjà des groupements de combat, mais conçus sur le plan défensif. Ils se proposent de maintenir le niveau de vie des travailleurs en s’opposant aux diminutions de salaires que le patronat pourrait tenter d’imposer et ce sont, en général, ces diminutions de salaires qui les font naître. Il va sans dire que, de la défense, on passe bientôt à l’attaque et la revendication ouvrière voit le jour. Cependant, bien qu’après 1840, à la faveur de la diffusion des idées socialistes, apparaissent dans la classe ouvrière les premières revendications politiques, les « Résistances », et les « Associations ouvrières » gardent avant tout un caractère d’organisation de combat sur le plan économique. Elles ne visent qu’accessoirement, et sous l’impulsion d’éléments politisés, à la subversion de l’ordre existant. En fait, leur but essentiel est d’ordre purement économique. Si le prolétariat prend alors conscience de sa force, il ne songe guère qu’à l’employer à la satisfaction de revendications immédiates.

site du collectif anarchiste Anarkhia
anarkhia.org


Subject: 
classe moyenne
Author: 
pifpaf
Date: 
Mon, 2006-01-02 18:21

Merci pour l'historique.

Il faudrait rajouter que tous les événements récents ne peuvent être compris que si l'on a à l'esprit que ce n'est plus aujourd'hui comme au 19ème siécle, la bourgeoisie qui détient le pouvoir mais des gens issus de la classe moyenne.

Ce phénomène est plus ancien aux USA qu'en Europe. Des familles comme les Roquefeller et les Bush sont en effet issue de la classe moyenne, même si elles l'on oublié aussi vite qu'elles gravissaient l'échelle sociale.

En Europe, il fallu attendre les années 1960-70 pour voir ce processus de prise de pouvoir de la classe moyenne. Aujourd'hui, beaucoup de dirigeants d'entreprises et de politiciens sont issus de la classe moyenne.

Comme les sindicats représentent avant tout cette classe moyenne, il n'est dés lors pas étonnant de les voir s'acoquiner avec le pouvoir des riches. Il en est de même des partis politique dit de gauche, dont les dirigeants aspirent plus à garantir les bénéfices des grandes entreprises qu'ils courtoisent que ceux du peuple qu'ils prétendent représenter.

Il faut dés lors rajouter à l'aliénation du travail de la classe moyenne une autre forme d'aliénation encore plus pernicieuse.

En effet, pour pouvoir dominer un autre être humain, il est nécessaire d'avoir recourt à une idéologie raciste qui permet de rabaisser son semblable pour pouvoir exercer cette domination. Que dire alors d'une classe moyenne qui ne fait que renforcer la domination de sa propre classe sociale?

Je ne vois qu'une réponse possible. Cette classe moyenne est en état de décadence morale quasi total! Et elle ne peut que s'en prendre qu'à elle-même si elle se retrouve aujourd'hui au pied du mur, prisonnière d'un système économique inhumain, et soumise aux caprices d'un envirronement pillé et pollué qui cherche à retrouver son équilibre, équilibre qu'il retrouvera avec ou sans nous!

Il y a deux visions de la démocratie. Une où les ordres viennent d'en-haut. C'est celle que l'Occident à retenu dés son origine lors de la révolution française.

L'autre est une démocratie où les politiciens ne sont que de simples gestionnaires des décisions prisent par ceux qui sont concernés par leurs conséquences. C'est la voie de l'avenir.


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