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WARREN KINSELLA: Portrait d'un caméléon accompli

Anonyme, Monday, December 12, 2005 - 14:27

Bureau des Affaires Louches

Portrait de Warren Kinsella, ex-adjoint spécial de Jean Chrétien et porte-parole autoproclamé de la contr-culture punk.

Avocat, stratège libéral, lobbyiste et… punk (!)

WARREN KINSELLA :

PORTRAIT D’UN CAMÉLÉON ACCOMPLI

Par le Bureau des Affaires Louches *

Encore un autre qui a mal viré !

En 1980, Warren Kinsella jouait de la basse dans un groupe punk de Calgary, The Hot Nasties.

Dix ans plus tard, le même Warren Kinsella écrivait des discours pour Jean Chrétien.

On savait abondamment que de nombreux anciens militants d’extrême-gauche actifs durant les années ’70 s’étaient recyclés dans la politique bourgeoise au tournant des années ’80. Mais on n’avait jamais entendu parler jusqu’alors que d’anciens punks avaient eux aussi trahis leurs idéaux de jeunesse de façon aussi crapuleuse.

Même s’il continue, encore aujourd’hui, à défendre sur toutes les tribunes, avec becs et ongles, son ancien boss, l’ex-premier ministre Jean Chrétien, un peu comme l’adepte d’une secte aveuglé par l’aura de son gourou illuminé, il n’en reste pas moins que M. Kinsella est sans doute le dernier à ne pas se percevoir comme un vendu.

Ainsi, durant la soirée du 20 septembre dernier, M. Kinsella procédait au lancement de son nouveau livre : « Fury's Hour: A (sort-of) Punk Manifesto » (2005, Random House). Oui, vous avez bien lu, il s’agit d’un bouquin qui se veut un « genre de » manifeste de la contre-culture punk écrit par un vétéran stratège libéral. Mais ce n’est pas tout. Lors de la même soirée, Warren Kinsella offrait une performance avec son nouveau groupe punk, Shit From Hell (!), dans lequel il est bassiste.

Et si ce n’était pas assez insolite à votre goût, la station de radio CFJO révélait récemment que deux autres membres de ce quatuor ont eux aussi un passé libéral : le chanteur, M. Kiriakos Angelakos, est un ancien employé de Jean Chrétien, et le guitariste, M. Derek Raymaker, a aussi travaillé pour les libéraux fédéraux. (1)

Les gens raisonnables s’entendront pour dire que si M. Kinsella est un punk, alors le pape Benoît XVI est un transsexuel toxicomane séropositif. Pourtant, Warren Kinsella semble refuser obstinément de se rendre à l’évidence. Plus que jamais, il insiste pour être perçu comme un authentique punk rocker.

D’ailleurs, il n’y a pas que M. Kinsella qui se la joue punk. Dernièrement, Tony Blair, premier ministre de Grande-Bretagne depuis 1997, s’est permis lui aussi de piger dans le même registre contre-culturel à l’occasion de la plus récente édition de la conférence du Parti travailliste britannique, à Brighton. La tradition reliée à cet événement annuel veut que l’entrée du leader travailliste sur la scène soit accompagnée d’une chanson populaire de son choix.

Ainsi, le 27 septembre dernier, M. Blair fit son entrée alors que les haut-parleurs crachaient « If the Kids are United », un classique punk de la légendaire formation Sham 69 ! Ce choix musical ne passa pas inaperçu de l’autre côté de l’Atlantique. Plusieurs s’interrogèrent sur le fait d’avoir choisi une pièce célébrant l’unité des forces vives de la jeunesse rebelle alors que le Parti travailliste est en proie à des dissensions internes et que le leadership même de M. Blair fait de moins en moins l’unanimité. (2)

À l’instar de Kinsella, M. Blair a aussi un passé rock’n’roll. Il y a trois ans, la presse britannique révélait qu’il avait chanté dans un groupe rock appelé « Ugly Rumors » sous le pseudonyme de « Tony Yeah » durant les années ’70. (Tony Blair chantant des « rumeurs hideuses » ??? Et pourquoi pas ? Après tout, M. Blair ne fut-il pas l’un des principaux leaders politiques européens à soutenir inconditionnellement le président Bush Jr. dans sa quête-bidon d’armes de destruction massive irakiennes introuvables ! ) (3)

« Punk is dead ». C’est ce chantait déjà l’incontournable groupe Crass, en 1979. Plus de vingt-cinq ans plus tard, dire que le punk est mort, ça serait bien peu dire. Non seulement l’esprit original de la contre-culture punk semble-t-il bel et bien cliniquement mort, mais en plus, les opportunistes de tout acabit font la file pour violer son cadavre !

Il est vrai qu’à une époque où une ancienne animatrice de télévision nie ses sympathies souverainistes passées après être devenue gouverneure générale du Canada, où un ancien profiteur qui s’est enrichi avec le programme des commandites est « condamné » par la justice à livrer des conférences sur le sens de l’éthique dans des universités, et où un ancien ministre péquiste grimpe en popularité dans les sondages après avoir admis avoir consommé de la coke, peut-être qu’on a plus à s’étonner de rien. Toutefois, à défaut de s’étonner, il ne faut jamais cesser de critiquer ceux qui essaient de se prendre pour d’autres.

Qui est donc ce Warren Kinsella ? Se prend-il vraiment au sérieux, ou est-t-il atteint de profonds troubles de personnalité ?

Une simple recherche sur Google nous permettra d’obtenir plus de 180 000 résultats. Et ça augmente un petit peu plus à chaque jour. Voilà, n’est-ce pas, un monsieur qui a le tour de faire parler de lui.

On dit de lui qu’il est un des commentateurs de l’actualité politique les plus controversés au Canada. (Et ça, c’est quand il ne fait pas lui-même l’actualité.) Ses adeptes—car ils existent—peuvent lire ses commentaires qu’il publie sur une base quasi-quotidienne sur son blog (www.warrenkinsella.com/musings.htm).

Certains disent de lui qu’il est le « Karl Rove de la politique canadienne », en référence au fameux stratège politique américain aujourd’hui chef de personnel à la Maison Blanche. Plusieurs le surnomment même le « Prince des ténèbres » depuis qu’il a publié son livre, “Kicking Ass in Canadian Politics



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