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Népal: Entente entre les maoïstes et les partis d'oppositionAnonyme, Saturday, December 10, 2005 - 09:33
A World to Win News Service
Le 5 décembre 2005. Service de nouvelles d'A World to Win. Au cours des dernières semaines, des changements dramatiques sont intervenus dans le paysage politique du Népal. Le 21 novembre, on annonçait la conclusion d'une entente entre le Parti communiste du Népal (maoïste), qui dirige la guerre populaire qui se déroule depuis 10 ans dans ce pays, et les sept principaux partis opposés au roi Gyanendra. Ces partis étaient représentés au sein du parlement qui a été dissous par Gyanendra en février dernier; la plupart d'entre eux ont également participé, à un titre ou un autre, aux divers gouvernements qui se sont succédés depuis 1990. Le 3 décembre, Katmandou, la capitale du pays, fut témoin de la plus grande manifestation à s'y tenir depuis 15 ans, alors que des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exiger l'abolition de la monarchie. Enfin, le cessez-le-feu de trois mois que le PCN(M) avait déclaré en septembre (mais que l'Armée royale réactionnaire n'a toutefois jamais respecté) vient d'être prolongé d'un mois additionnel. Le parlement du Népal avait été établi en 1990 après qu'un large mouvement populaire eut renversé l'ancien système politique, dans lequel aucun parti n'était autorisé. Les différentes factions de la classe dominante du Népal étaient représentées au parlement par des partis variés, incluant de faux partis communistes (révisionnistes) qui, à certains moments, ont même occupé d'importantes fonctions gouvernementales, et aussi par le Parti du congrès du Népal, qui possède une longue histoire d'asservissement à la classe dominante de l'Inde voisine. Ces partis ont été des adversaires brutaux de la guerre populaire et ont ouvertement soutenu l'Armée royale du Népal, dans le but d'écraser la révolution. Ainsi donc, l'entente de principe entre les maoïstes et les partis parlementaires, qui formalise leur opposition commune au roi, représente un tournant politique majeur dans ce pays. Malgré le fait que les partis parlementaires étaient unis dans leur opposition à la révolution, les divisions qui persistaient au parlement et les quelques droits qui restaient en vigueur au Népal faisaient obstacle à ce que les classes réactionnaires puissent déployer leurs forces de manière optimale, dans leur combat à finir contre les maoïstes. C'est pourquoi en février 2005, le roi Gyanendra a déclaré l'état d'urgence et supprimé le parlement, en s'accaparant tous les pouvoirs. Alors que les USA, les impérialistes britanniques et l'État indien déploraient publiquement, bien qu'à voix basse, la disparition de la démocratie au Népal, ceux-ci espéraient en fait que le palais et l'armée du roi allaient enfin réussir à porter le coup de grâce à la révolution. Cependant, l'Armée populaire de libération (APL), dirigée par les maoïstes, a su résister aux attaques de l'Armée royale, allant même jusqu'à remporter d'impressionnantes victoires après que l'état d'urgence eut été proclamé. Parmi elles, la plus spectaculaire fut sans doute la capture et la destruction, au mois d'août, d'une importante base militaire installée près du village de Pili, dans le district de Kalikot, situé dans l'ouest du pays. L'incapacité du roi de réaliser sa promesse d'une victoire militaire rapide contre la révolution a eu pour effet d'approfondir les divisions qui existaient déjà parmi les classes dominantes du Népal, y compris au sein des partis parlementaires qui lui étaient jusqu'alors soumis. De plus, l'élimination des quelques droits démocratiques qui existaient encore a amené de larges sections des masses en milieu urbain à s'opposer encore plus fermement à la monarchie. Dans quelque processus révolutionnaire que ce soit, la question fondamentale demeure toujours celle du pouvoir d'État : plus spécifiquement, quelle classe ou alliance de classes dirige l'État? Au Népal, la guerre qui se déroule actuellement est essentiellement une guerre entre deux pouvoirs d'État: l'ancien régime féodal, comprador et bureaucratique dirigé par le roi et soutenu par son armée, d'une part; et le nouveau pouvoir naissant des masses populaires dirigé par un parti prolétarien, le PCN (maoïste), et appuyé par les forces de l'Armée populaire de libération, d'autre part. En dernière analyse, la victoire de l'un ou l'autre camp sera déterminée par la capacité d'un de ces États de détruire l'autre. Cette vérité, les ennemis de la révolution ne la perdent jamais de vue. Voilà pourquoi l'ambassadeur des USA au Népal a récemment déclaré que les maoïstes se devaient "d'entreprendre des négociations de paix de bonne foi avec le gouvernement, de rendre les armes, et de s'intégrer au courant dominant de la vie politique népalaise. Tant qu'ils n'auront pas franchi ces étapes, on ne pourra considérer les maoïstes comme un parti politique légitime." Le PCN (maoïste) sait très bien que c'est la force de la révolution elle-même, et uniquement elle, qui a amené les partis parlementaires à s'opposer ouvertement à la monarchie autocratique. Contrairement à ce qu'on a pu lire dans certains reportages et à ce que peuvent penser les partis parlementaires eux-mêmes qui prennent leurs rêves pour la réalité, l'entente de principe ne contient aucun engagement, de la part des maoïstes, à rendre les armes. Comme Mao Zedong l'a si bien résumé, "sans armée populaire, le peuple n'a rien". Les manœuvres politiques qui se déroulent actuellement à une vitesse accélérée, doivent être vues et comprises, précisément, à la lumière de la guerre populaire. Les deux camps - celui des maoïstes et celui des classes dominantes réactionnaires - s'agitent autant sur les terrains politique, diplomatique et militaire. Chacun cherche à diviser le camp adverse et à rallier les forces qui hésitent entre les deux. Les maoïstes souhaitent rallier les supporters des partis parlementaires à la cause de la révolution. De leur côté, les ennemis de la révolution souhaitent que les manœuvres politiques actuelles auront pour résultat de diviser les maoïstes et leurs partisanEs et de les isoler des classes moyennes, spécialement à Katmandou. Même si ses signataires appellent conjointement à la formation d'une assemblée constituante et se prononcent pour la fin de la "monarchie autocratique", l'entente en douze points n'a pas permis aux maoïstes et aux partis parlementaires de surmonter les divergences fondamentales qui les traversent. Elle témoigne certes d'une convergence tactique contre le régime actuel de Gyanendra; mais on peut également la considérer comme le premier acte de ce qui sera certainement une lutte complexe et difficile portant sur la nature et la forme de l'État qui sera appelé à remplacer le régime de Gyanendra. Ainsi, l'utilisation de l'expression "monarchie autocratique" laisse la porte ouverte à l'établissement d'une monarchie constitutionnelle, qui demeure la solution privilégiée par une bonne partie de la classe dominante du Népal et par ceux qui la soutiennent à l'étranger; quant à lui, le PCN (maoïste) a toujours appelé à la formation d'une république démocratique et populaire. De même, les partis parlementaires s'y prononcent pour la restauration du parlement préalablement à la convocation d'une assemblée constituante, tandis que le PCN(M) y réaffirme sa position de toujours, qui favorise plutôt la formation d'un gouvernement intérimaire. L'entente de principe fait également référence à des concepts comme "la démocratie absolue", "la primauté du droit", "un système de gouvernement multipartite et compétitif" et l'établissement de la paix à travers une "vision politique porteuse d'avenir". Encore là, on peut s'attendre à ce que ces concepts soient interprétés de manière bien différente par les signataires de l'entente. Le marxisme nous enseigne que l'État, quelque il soit, représente toujours la dictature d'une classe sur une autre, même lorsque le gouvernement adopte une forme apparemment démocratique. Le système parlementaire qui existait au Népal jusqu'en février dernier nous donne un bon exemple de ce phénomène: tandis que la démocratie existait pour les classes exploiteuses, qui avaient tout le loisir de discuter entre elles au parlement et d'orienter le gouvernement de telle ou telle manière, l'État imposait une dictature féroce sur les ouvrières, les ouvriers et les paysanNEs pauvres, par la contre-révolution sanglante et les massacres commis par l'Armée royale. Tandis que les partis parlementaires pourraient fort bien chercher à reconstituer simplement une démocratie de ce genre, avec ou sans roi, le problème reste posé pour les forces révolutionnaires à savoir comment mettre en place un État basé sur la vaste majorité de la population et qui implique l'ensemble des forces progressistes, sous la direction du parti maoïste. Les impérialistes et les régimes réactionnaires de l'Inde et de la Chine suivent également avec beaucoup d'attention les développements qui se produisent actuellement au Népal et cherchent à faire jouer leur influence. Les USA et la Grande-Bretagne voudraient que les partis parlementaires s'unissent avec le roi pour contrer la révolution. L'Inde, quant à elle, joue un double jeu. Selon certains médias, l'État indien, qui influence grandement certaines forces parlementaires népalaises, aurait autorisé la tenue, sur son territoire, des réunions entre les maoïstes et les partis d'opposition qui ont donné lieu à la conclusion de l'entente de principe; cela, alors qu'il persiste en même temps à détenir plusieurs dirigeants importants du PCN(M) et à fournir une aide économique et militaire à l'Armée royale. De son côté, le régime réactionnaire de Chine a récemment accepté de vendre des armes à l'Armée royale. Une chose est sûre, c'est que dans les mois qui viennent, la lutte de classes deviendra de plus en plus complexe et féroce au Népal, au fur et à mesure où la révolution resserrera son étau sur un régime chancelant et en décrépitude. Dans ce contexte, la question de l'État se posera certes avec de plus en plus d'acuité.
Service de nouvelles du magazine A World to Win
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