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RÉPLIQUE : - Les mensonges d’Alain Cousineau et de Loto-QuébecAlain Dubois, Sunday, November 27, 2005 - 04:01
Alain Dubois
Il y a de gros intérêts économiques derrière le projet de déménagement du casino à Pointe St-Charles... Le président de Loto-Québec et ex président de SECOR, Alain Cousineau, a été aussi le principal organisateur libéral responsable de l'élection de Jean Charest. Aujourd'hui, son mandat est de développer encore davantage l'offre pour le gambling, une taxe régressive arrivée en même temps que le libre échange, la TVQ (etc.), et qui rapporte plus de 1 milliard 1/2 à l'État Québécois. Ce billet est une réponse aux nombreuses interventions médiatiques des dernières semaines du très «pro actif» grand patron de l’industrie Québécoise du gambling. Après avoir congédié Benoît Gignac, son lobbyiste à Pointe St-Charles, Loto-Québec (L-Q) a décidé de prendre elle-même en main la vente (sous pression) de son projet de déménagement du casino de Montréal. Pour ce faire, L-Q utilise une habile stratégie de communication basée entre autres sur des sondages biaisés et la présence dans les médias du président de Loto-Québec, Alain Cousineau. Cet ex organisateur libéral qui a œuvré à l’élection de Jean Charest fait actuellement une vaste tournée des salles de nouvelles afin de transmettre son «speech» de vente. De voir ainsi le président de loto-Québec jouer au «peddler» de service en dit long sur le désarroi de la société d’État qui n’arrive pas à convaincre les Montréalais de la pertinence de son projet. Sondages biaisés Il y a quelques semaines, Loto-Québec dévoilait un premier sondage. Celui-ci était d’ailleurs plus intéressant par ce qu’il ne disait pas que pour ses résultats. 57% des Québécois s’étaient montrés favorables au déménagement, ce qui est très peu puisque que les populations de Natasquan ou de Rivière-du Loup, par exemple, ne sont évidemment pas aussi concernées par ce projet que celle de Montréal! De plus, le sondage ne révèle pas les chiffres pour Montréal… Il est bien évident que si ceux-ci auraient été égaux ou supérieurs Loto-Québec se serait empressée de les rendre public… On peut donc présumer qu’ils étaient nettement moins bons et que probablement ceux-ci témoignaient au contraire qu’une majorité de Montréalais était en défaveur de l’implantation d’un casino à Pointe St-Charles. Cette semaine un nouveau sondage Loto-Québec/Cirque du Soleil nous dévoilait que … 57% de la population du sud-ouest est en faveur du projet! Mais encore là, le sondage était complètement biaisé. La question principal n’était pas comme elle aurait du l’être «Êtes-vous pour où contre un casino dans le quartier Pointe St-Charles?» mais elle se lisait comme suit: «Le projet récréotouristique annoncé par Loto-Québec consiste à créer, en association avec le Cirque du Soleil, un centre de divertissement de calibre international. Ce centre de divertissement comprendra une scène, une salle de spectacle de 2500 places, un spa, des espaces de création pour les artistes et un hôtel de 300 chambres. Le Casino de Montréal y serait intégré sans augmenter l'offre de jeu. Globalement, êtes-vous favorable à ce projet?» La question est astucieuse, mais les résultats ne peuvent être que biaisés, car elle inclut des motifs de réponses favorables au projet. Deuxièmement, elle contient un grossier mensonge, puisque Loto-Québec ne peut absolument pas affirmer qu’il n’y aura pas augmentation de l’offre pour le «gambling» dans le sud-ouest. On retrouvera dans ce casino ouvert 24 h sur 24 des milliers de machines à sous et des dizaines de tables de jeu, et ce, à quelques minutes des résidences. N‘importe quel expert indépendant conviendra qu’il y a là une réelle augmentation de l’offre de «jeu» pour cette population. De fausses informations ont été aussi présentées dans le sondage. Ainsi, une question se lisait ainsi: «La résidence la plus près du site est située à environ 10 minutes de marche et des éléments comme une autoroute et une voie ferrée en rendent l'accès à pied plus difficile. Sachant cela, êtes-vous d'accord avec l'emplacement choisi pour implanter le projet?» Or, la première résidence se trouve à cinq minutes de l’éventuel casino. De plus, il ne faut pas traverser d'autoroute pour accéder au site projeté et la voie ferrée se traverse sans aucun problème. On remarquera aussi que depuis quelques semaines Loto-Québec n’essaie plus de vendre le casino, mais l'implantation d'un méga projet «récréotouristique». Pas de solution de rechange… Alain Cousineau mentionnait cette semaine qu’il n'y a pas de solution de rechange au projet de déménagement du Casino de Montréal au bassin Peel et ce, même si le gouvernement lui avait demandé de se soumettre à un tel exercice. Voilà qui est intéressant car cela sous-entend que l’avenir de l’actuel P.D.G. de Loto-Québec est lié à la réalisation de ce projet. Par contre, il est faux de prétendre qu’il n’y a pas de solution de rechange: 1) Loto-Québec pourrait très bien conserver le casino existant et optimiser l’achalandage de celui-ci en réduisant substantiellement le nombre des machines à sous (de type loterie-vidéo) que l’on retrouve à Montréal et dans la région. Celles-ci (avec le temps) cannibalisent l’offre de jeu offert par le casino de Montréal. Loto-Québec devrait aussi renoncer à la création des 5 casinos régionaux privés qui seront attenants aux hippodromes et qui risquent eux aussi de gruger des parts de marché aux actuels casinos sous gestion étatique, dont celui de Montréal. 2) Loto-Québec pourrait tout simplement détruire le casino existant et ne pas le remplacer. Montréal rejoindrait ainsi les grandes villes telles que New-York, Paris et Berlin qui n’ont pas de casino. Montréal pourrait ainsi renouer avec son statut de grande ville du monde, qui toutes ne font pas reposer leur développement économique sur l’industrie du gambling. Une industrie qui, est-il nécessaire de le préciser, repose sur une arnaque légalisée… une taxe régressive déguisée en jeu qui appauvrit des centaines de milliers de Québécois mais qui a le mérite de faire empocher des centaines de millions de dollars au gouvernement. 3) Loto-Québec pourrait démolir le casino et le reconstruire loin des zones urbaines. Par exemple, il est probablement possible de construire celui-ci sur les terrains de l’aéroport de Mirabel où on retrouve déjà un hôtel vacant. Des avions gros-porteurs pourraient y atterrir afin d’y déposer de riches «gros joueurs». Loto-Québec pourrait même construire un monorail entre les 2 aéroports afin de faciliter l’accès des touristes étrangers au casino. Cependant, Alain Cousineau voit juste lorsqu’il mentionne que «Le consensus qui a prévalu quand l'État a mis sur pied le premier casino s'effrite.» C’est une bonne chose, car cela signifie que les citoyens sont plus sensibles et avisés qu’auparavant face aux dérives éthiques de leur société d’État qui est experte pour dire une chose et faire le contraire dans un même temps. Aujourd’hui, on connaît mieux les graves impacts sociaux qui sont reliés à l’industrie du gambling. Presque tous les Québécois connaissent maintenant une personne de leur entourage qui a un problème de gambling. Il faut donc axer nos efforts, non pas à développer ce que Loto-Québec nomme le « jeu responsable» mais une gestion responsable et éthique de cette industrie. Il est impossible d’oublier qu’au Québec le pourcentage de toxicomanes du jeu (joueurs compulsifs) se situe, selon les études, entre 2.1% et 5% alors qu’il n’y a que 0.9% de toxicomanes (drogues illicites) et 1.9% d’alcooliques. Le dernier plan de développement de Loto-Québec implique (même si L-Q prétend le contraire) une augmentation de l’offre du jeu tout aussi significative que lors de la légalisation des machines à sous de type ALV et de casinos. Cette augmentation est éthiquement inacceptable et complètement déconnectée de toute politique de santé publique. À ce sujet, je suis persuadé qu’aucune étude de santé publique sérieuse ne pourra prétendre que le déménagement du casino à la Pointe St-Charles est sans danger… Une fleur dans le désert Guy Laliberté aime utiliser une belle métaphore pour décrire l’influence du Cirque du Soleil à Las-Végas. Pour lui, l’impact que le Cirque du Soleil a eu à Las-Végas se compare à une fleur qui a été plantée dans le désert. Un lieu exclusivement consacré au gambling est devenu la capitale mondiale de l’«entertainment». Guy Laliberté entend donc répéter l’expérience à Pointe St-Charles. Alain Cousineau reprend à son compte ce type d’argument lorsqu’il prétend que le gambling doit devenir un levier pour que la société d'État étende ses tentacules du côté du divertissement: «c'est la voie de l'avenir». Selon lui, il y a quelques années, le gambling représentait 100 % des bénéfices à Vegas (ce qui est faux). Aujourd'hui, explique-t-il, un tiers des bénéfices provient du gambling. C’est bien beau, mais cette analyse poétique de l’influence du Cirque du Soleil sur Las-Végas ou éventuellement sur l’actuel projet de déménagement du casino est très incomplète. Tout d’abord, indépendamment que l’on considère Las-Vegas comme un modèle de développement économique souhaitable ou pas pour Montréal, il n’y a rien (aucun précédent) qui permet de prétendre que l’unique casino d’une ville comme Montréal pourrait amener une synergie économique et culturelle comparable à la centaine de casinos que l’on retrouve à Las-Vegas. Il faut être prétentieux ou complètement crédule pour prétende que le Casino de Montréal associé au Cirque du Soleil fera de celui-ci le pôle d’un développement touristique important et/ou qu’il attirera davantage les gros joueurs (autre que des joueurs compulsifs) et les touristes étrangers. Sur quoi s’appuie Loto-Québec pour affirmer de pareilles sornettes? En second lieu, les pourcentages évoqués par le P.D.G. de loto-Québec ne signifient pas grand-chose puisque ceux-ci ne traduisent pas les impacts qu’ont eus ces changements sur les profits bruts provenant des «jeux» offerts dans les casinos. En fait, l’offre de jeu à Las-Végas a, tout comme le nombre de visiteurs, augmentée de façon exponentielle et les profits que les casinotiers tirent des «jeux» ont suivi la même courbe. Le Cirque du Soleil a TOUT SIMPLEMENT donné un second souffle à Las-Végas et à ses casinos. Guy Laliberté a donc contribué à sauver une industrie qui ne le méritait pas. Que l’on soit pour ou contre la légalisation du gambling, celle-ci ne sera jamais (tout comme la consommation de drogue) une activité saine. En guise de conclusion, pour moi et mes collègues de la coalition EmJEU (Éthique pour une modération du «jeu»), ce n’est assurément pas le rôle de l’État de faire de l’argent avec le gambling, le tabagisme ou des drogues tel la cocaïne ou l’héroïne. La légalisation du gambling ou d’une drogue même relativement inoffensive comme le cannabis doit avant tout obéir à des motifs de santé publique. On doit donc cesser dès maintenant d’augmenter l’offre pour le jeu et appliquer un moratoire sur tout nouveau projet de casino. Face aux millions que Loto-Québec dépense pour vendre le projet de casino, la population de Pointe St-Charles n’a que sa détermination. Il est de notre devoir de leur apporté notre soutien. Alain Dubois -Travailleur psychosocial auprès des toxicomanes et joueurs compulsifs. Le site portail du jeu pathologique: JEU COMPULSIF INFO Le site portail des toxicomanies: TOXICO INFO
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