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Dossier Colombieléniniste-trotskyste, Monday, November 21, 2005 - 19:29 La lutte contre le régime fasciste d'Uribe Velez, au service de l'impérialisme américain, en Colombie est plus que jamais à l'ordre du jour. DOSSIER COLOMBIE : L'enlèvement du commandant Simón Trinidad des FARC-EP Le commandant Simón Trinidad était porte-parole des FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple) aux négociations de paix avec le gouvernement d'extrême-droite de la Colombie. Il a pourtant été arrêté le 2 janvier 2004, en Équateur par des agents états-uniens, colombiens et équatoriens. Il a été remis au gouvernement colombien, qui l'a extradé aux États-Unis le 31 décembre 2004. Cet acte du gouvernement fasciste du président Uribe de Colombie constitue une autre infamie. Entrevue avec le commandant Simón Trinidad des FARC-EP «Je suis révolutionnaire, je n'ai pas de frustrations» Cette entrevue a été menée par Carlos A. Lozano Guillén, directeur de l'hebdomadaire «Voz» (Parti communiste de Colombie). Elle a été publié dans l'hebdomadaire «Siglo» (Parti communiste du Chili). La traduction en français est du journal «Clarté». (Extraits) [...] Votre incarcération survient à un moment crucial pour le processus politique colombien. Quelles pourraient en être les conséquences? «Les FARC ne sont ni une horde ni l'organisation dirigée par un seul homme, un seul chef. Notre organisation a une structure organisationnelle et hiérarchisée, des plans politiques et militaires élaborés et mis en oeuvre par différents niveaux de commandement et de responsabilité. Tout ce que les FARC font ou ne font pas repose sur des organismes à direction collégiale. Notre organisation dispose d'un nombre important de cadres capables et expérimentés, qui analysent la situation nationale et mondiale et en discutent sur une base régulière. De plus, le parti clandestin et le Mouvement bolivarien forment toujours de nouveaux révolutionnaires et de nouveaux combattants. D'autre part l'adoption et l'application des tâches d'organisation, d'éducation, de mobilisation et de lutte dans les secteurs ouvriers, paysans, indigènes, étudiants, populaires stimulent la formation de nouveaux leaders ayant de nouvelles expériences. Finalement d'autres organisations révolutionnaires, populaires et démocratiques se développent également. Des milliers et des millions de Colombiens luttent ainsi pour la victoire d'une Colombie démocratique et pour l'instauration de la justice sociale et de la souveraineté nationale dans notre pays. Étant donné que vous, du journal «Voz», informez chaque semaine vos lecteurs des activités de ces organisations, de leurs dirigeants et des masses, je ne m'étendrai pas sur ce sujet. Ma lutte personnelle se déroule en fait dans le cadre de la lutte sociale à laquelle participent des milliers de personnes. Leur nombre atteindra des millions, qui seront engagés dans la lutte pour la prise du pouvoir. Je suis allé de Quito contacter directement les Nations Unies afin de redonner de l'énergie à l'échange de prisonniers. Ils m'ont capturé. Le Secrétariat a nommé le camarade Felipe Rincón pour me remplacer. C'est que se fait la relève, sans grands traumatismes. Les FARC ne cesseront pas leurs activités pour cela.» Comment avez-vous été arrêté à Quito? «Des agents états-uniens et colombiens ont mené l'opération. Ils m'ont suivi, capturé et remis à la police équatorienne, qui a inventé l'histoire que j'avais été arrêté au cours d'une opération de routine, de façon inattendue.» Comment voyez-vous le «Plan patriote», que les autorités nationales et étrangères louent tellement? «J'ai lu une déclaration du général Ospina, commandant des forces armées. Il disait qu'on ne peut mesurer les résultats du «Plan patriote» à cause du nombre élévé de morts. Il parlait en fait des morts au sein de ses propres troupes. Cela montre que le «Plan patriote» est un échec pour Uribe Vélez (président de la Colombie). Les preuves de l'échec du Plan sont nombreuses : les démarches désespérées faites par Moreno, ambassadeur de Colombie à Washington, pour obtenir d'autres millions de dollars pour le Plan; les visites constantes au Sud du pays, réalisées par l'ancien commandant et par le nouveau commandant du Commandement Sud des États-Unis pour hausser le moral des soldats colombiens; les voyages répétés d'Uribe Vélez aux États-Unis pour réclamer la poursuite de l'aide en argent et en "conseillers militaires"; l'augmentation du nombre de soldats et de mercenaires, nommées «entrepreneurs militaires et civils» par euphémisme, augmentation respectives de 100% et de 50%, les effectifs atteignant un total de 800 et de 600 unités respectivement. Ces exemples montrent que le «Plan patriote» est un échec. Un major est venu dans ma cellule, car maintenant, en raison d'un prétendu plan d'évasion, ils passent en revue les prisonniers tous les jours. Il m'a dit : «Nous sommes convaincus que nous ne pourrons jamais vaincre la guérilla». Comment envisagez-vous la décision de vous extrader? «Avec la tranquillité et la dignité d'un combattant révolutionnaire. J'ai toujours été convaincu que la Cour suprême de justice serait favorable aux intérêts des politiques, et que Uribe Vélez n'hésiterait pas à ordonner l'extradition pour se venger en quelque sorte des FARC.» Pourquoi? Le président de la Cour, Herman Galán, a affirmé publiquement qu'il n'est pas d'accord avec le mécanisme actuel d'autorisation des extraditions des Colombiens. Dans l'un de ces étranges moments de sincérité, il a dit que la Cour agit actuellement comme simple notaire, ou, mieux encore, ce ne sont que des béni-oui-oui, rien de plus.» Sur quels motifs est basée l'extradition? «Les procureurs états-uniens, s'appuyant sur les déclarations mensongères des agents, l'un de la DEA (Administration des lois sur les drogues) et l'autre du FBI, ont inventé des accusations, des données sur des voyages, des dates, des témoins, et rien n'a pu être prouvé à la Cour. Le gouvernement des États-Unis a inventé l'existence d'armes de destruction massive en Irak pour envahir ce pays et s'approprier son pétrole, et pour cela il a menti au monde entier. Alors qu'est-ce qu'il n'est pas capable d'inventer contre un guérillero ou contre une organisation comme les FARC, qui, dès leur fondation, ont combattu l'impérialisme états-unien? Le gouvernement colombien ment quand il affirme, dans un rapport des services d'intelligence, que je suis membre de l'État major central. Et c'est sur la base de ce mensonge que le DAS (Département administratif de la sûreté), la DIJIN (Direction de la police judiciaire de la police nationale) et le CTI (Corps technique d'enquêtes) s'acharnent, comme les deux procureurs de Washington, à me signaler comme décideur de la «prise d'otages». L'agent de la DEA ment quand il affirme que je suis allé à Vichada à des fins de trafic de drogues, pour exporter cinq kilos de cocaïne (!) alors qu'en fait j'étais dans le Sud du pays, d'abord pour exécuter des tâches propres au Comité thématique, puis comme porte-parole à la Table de négociation lors du processus de paix. Les autorités des États-Unis mentent également lorsqu'elles nient leur participation directe dans le conflit armé de la Colombie, et lorsqu'elles déclarent que trois de leurs prisonniers que nous détenons sont des entrepreneurs et des conseillers en informatique.» Avez-vous cru à l'offre d'Uribe Vélez de reporter votre extradition? «Uribe Vélez n'a jamais empêché une extradition décidée par la Cour. Le fait d'avoir dit que mon extradition dépendait de la libération de 63 prisonniers détenus par les FARC n'était qu'un chantage. À cause de la grossièreté de cette manœuvre, le gouvernement m'a converti en son otage. Aux États-Unis commencera une autre bataille qui ne sera pas seulement mienne mais aussi celle des FARC, de tous les Colombiens et de toutes les personnes qui, dans le monde, sont contre cette pratique impérialiste, aspect subsistant du colonialisme.» Voyez-vous des perspectives à l'échange de prisonniers ou échange humanitaire? «Oui. Non seulement il y a eu un échange humanitaire en 2001, mais, de plus, les FARC ont capturé, dans le cadre du conflit interne (guerre civile) qui fait rage dans le pays, une trentaine d'officiers et de sous-officiers de l'Armée et de la Police, pas exactement du genre à jouer à la marelle ou à faire voler des cerfs-volants, ayant, au contraire, été faits prisonniers dans des combats à divers endroits de la Colombie. Les FARC respectent leurs convictions politiques et religieuse, veillent à leur intégrité physique et leur prodiguent des soins, conformément à leur statut de prisonniers de guerre. De son côté l'État a également capturé des guérilleros au combat ou alors qui se livraient à leurs tâches révolutionnaires. C'est ainsi que les prisonniers d'un côté et ceux de l'autre peuvent être échangés en tant qu'égaux. Cela n'est plus un mystère, c'est la réalité, c'est la situation concrète. L'opinion du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) selon laquelle dans les conflits internes (guerres civiles) il n'y a pas de prisonniers de guerre est absurde. Aujourd'hui dans le monde, l'immense majorité des guerres n'opposent pas des pays mais des concitoyens. C'est pour cela que cette opinion du CICR et non seulement absurde, mais elle est également obsolète. Et c'est grâce à cette opinion que l'État colombien s'acharne, d'une part, à nous refuser à nous, guérilleros, le statut de prisonniers de guerre et, d'autre part, à refuser que ses soldats et ses policiers soient considérés comme des prisonniers de guerre mais à les présenter comme des victimes d'enlèvements. Il y a à ce sujet un débat mondial, y compris au sein du CICR. Le problème est que le CICR est surtout financé par les États-Unis et par les autres pays industrialisés, qui, entre autres aspects, ont déjà surmonté le problème des guerres fratricides. Si l'État colombien accepte l'échange de prisonniers de guerre, les deux tiers du problème des politiciens seraient réglés. Mais l'oligarchie et ses généraux se fichent de ces soldats sans grades. En obtenant plus d'argent, ils peuvent en acheter d'autres. Croyez-vous que la lutte révolutionnaire offre des perspectives? Oui, je crois en une solution politique du conflit et dans la révolution. Voici une citation : «Le droit à la révolution est le seul droit qui soit vraiment historique, le seul droit sur lequel tous les États modernes sans exception ont été fondés». Cette citation de Friedrich Engels elle est toujours valable, à l'ordre du jour, surtout pour nous tous et toutes qui luttons contre le capitalisme, système responsable de tous les fléaux qui affligent l'humanité, multipliés plusieurs fois par l'empire des transnationales. C'est ce qui explique la pauvreté et la misère de 2 milliards huit cent mille être humains, alors que les dépenses militaires s'élèvent à 950 milliards de dollars par an. À cause du capitalisme 270 millions d'enfants n'ont pas de soins médicaux et 140 millions d'enfants n'ont pas d'éducation scolaire. À cause du capitalisme le chômage augmente dans le monde, le SIDA se propage et l'exploitation de 180 millions d'enfants est tolérée. Le capitalisme est le principal responsable du terrorisme d'État et du trafic mondial de drogues, assurant des profits incroyables au secteur financier, le plus grand bénéficiaire. Et tout cela et beaucoup plus, appuyé sur la propriété privée des moyens de production modernes et l'exploitation des humains par les humains, ce qui rend la lutte révolutionnaire plus actuelle que jamais. Et en Colombie, cela a sa réplique. L'oligarchie, par sa voracité à l'égard des profits et du pouvoir politique, a plongé 29 millions de Colombiens dans la pauvreté, et plus de 50% de la main-d'œuvre dans le chômage et le sous-emploi; elle a monopolisé les banques, les industries, la terre et a remis au capital transnational le pétrole, le charbon, le nickel, le gaz naturel, les télécommunications; la corruption est le lot quotidien des entreprises et des organismes d'État, et est portée aux nues par les entrepreneurs privés qui sont aussi corrompus. L'oligarchie a toujours choisi la violence, la terreur et la guerre, et s'est dans ce but alliée étroitement aux gouvernements successifs des États-Unis.» Vous sentez-vous frustré ou responsable de ces événements? Un révolutionnaire ne peut se sentir frustré s'il a lutté quand il était libre et encore moins s'il n'est plus libre physiquement. La prison n'enlève pas nos conceptions philosophiques et politiques mais au contraire les renforce. La prison forge le caractère des rebelles, des révolutionnaires, des communistes, des continuateurs des idées de Simón Bolívar. Il suffit, pour le constater, de lire la correspondance que nous, guérilleras et guérilleros prisonniers de guerres, nous nous échangeons. Les lettres de Yesid Arteta, d'une guérillera de la base ou d'un jeune guérillero sont une source de valeurs révolutionnaires, de dignité, de courage et d'engagement. Il y a également la solidarité d'un nombre considérable de personnes en Colombie et dans le monde entier.» Quel serait votre message avant l'extradition? «L'oligarchie a défini très clairement ses positions : défendre la démocratie des riches et restreindre les droits politiques du peuple; orienter l'économie vers le néolibéralisme et le capitalisme sauvage pour s'enrichir davantage et appauvrir encore plus les travailleurs; soumettre la Colombie au Traité du libre échange comme première étape pour en arriver à la Zone de libre échange des Amériques (ZLÉA) et satisfaire les intérêts des transnationales et des monopoles nationaux. L'oligarchie nationale dirige soi-disant le pays, mais a, en fait, pour fonction de livrer le pays aux intérêts étrangers, de liquider à prix dérisoire les ressources naturelles et humaines du pays, de continuer à pratiquer le terrorisme d'État sous prétexte de veiller à la sécurité, de mener la guerre sous prétexte qu'elle va vaincre la guérilla et étouffer les luttes populaires. L'oligarchie livre peu à peu ce qui reste de la souveraineté aux intérêts des États-Unis. C'est son seul moyen de se maintenir formellement au pouvoir. Alors nous avons un message pour le peuple : organiser des luttes populaires, établir des alliances avec les secteurs démocratiques et progressistes, appuyer le mouvement de guérilla. Unité, unité, unité populaire, démocratique et révolutionnaire. C'est de cette façon que le peuple triomphera et construira la nouvelle Colombie.» |
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