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Peretz n'est pas Peresléniniste-trotskyste, Sunday, November 20, 2005 - 11:33 Peretz n’est pas Peres Uri Avnery Nous voyons et lisons chaque jour comment le parti travailliste permet à Sharon de réaliser son projet - annexion à Israël de 58% de la Cisjordanie, transformation du reste en enclaves coupées les unes des autres et construction du Mur de séparation qui annexe de grandes surfaces de terres cultivées de Cisjordanie à Israël. Mais le nombre des forfaits du parti depuis la guerre des Six-Jours de 1967 dépasse trois ou quatre. Ils pourraient remplir plusieurs chapitres du livre du prophète venant de Tekoa. En voici une liste non exhaustive : Juste après la guerre de 1967, le Premier ministre travailliste Levy Eshkol a raté l’occasion historique d’offrir aux Palestiniens la possibilité d’établir leur Etat et de faire la paix pour les générations futures (comme je le lui avais suggéré à l’époque dans une conversation privée et dans une lettre ouverte). Le territoire était plus important pour lui que la paix. En 1974, Shimon Peres a établi la première colonie au cœur de la Cisjordanie - Kedumim, qui n’a pas cessé de terroriser ses voisins palestiniens jusqu’à ce jour. Au début des années 70, le Premier ministre travailliste Golda Meir a ignoré les ouvertures de paix du Président égyptien Anouar el-Sadate. Deux mille jeunes Israéliens l’ont payé de leur vie, ainsi que des milliers d’Egyptiens. C’est elle qui a déclaré : « Il n’existe pas de peuple palestinien. » En 1982, tant Peres que Rabin ont soutenu l’attaque de Menahen Begin et Ariel Sharon contre le Liban, et, un an plus tard, ils ont soutenu la stupide décision d’établir la « zone de sécurité », ce qui a prolongé la guerre de 27 ans. En même temps, l’occupation des territoires palestiniens est devenue plus brutale et le nombre des colonies a augmenté, conduisant au déclenchement de la première intifada. Après que Rabin et Peres eurent enfin tiré les leçons de l’intifada, reconnu l’Organisation de libération de la Palestine et accepté les accords d’Oslo de 1993, ils ont rapidement violé ces derniers en n’ouvrant pas « les passages sécurisés » entre la bande de Gaza et la Cisjordanie et en n’effectuant pas le troisième et principal retrait. L’installation de nouvelles colonies a continué. Pour assurer son élection après l’assassinat de Rabin, Peres a commencé une petite guerre au Liban en 1996, laquelle s’est terminée par le massacre de dizaines de réfugiés à Kana. Il a également approuvé l’assassinat de « l’ingénieur » Yikhye Ayache. Comme on aurait pu le prévoir, le résultat a été une série d’attentats-suicides et la défaite électorale de Peres. Après que Yasser Arafat eut refusé les propositions en forme d’ultimatum du Premier ministre travailliste Ehoud Barak au sommet de Camp David en 2000, Barak a déclaré que les Palestiniens voulaient détruire Israël et qu’« il n’y a personne à qui parler ». Le résultat a été l’effondrement du camp de la paix, la déroute du parti travailliste et l’accession au pouvoir de Sharon. Pendant tout ce temps, le parti a mené une politique économique qui a creusé l’abîme entre riches et pauvres, qui a presque détruit la fédération syndicale Histadrout et qui a créé une bombe à retardement sociale pouvant exploser à tout moment. Le principal représentant de cette politique a été Shimon Peres, dont l’esprit a dominé le parti pendant des décennies. Cette semaine, il veut être réélu président du parti. Le seul vrai candidat susceptible de l’en empêcher est le dirigeant de l’Histadrout Amir Peretz. Un des principaux avantages de Peretz est la dernière lettre de son nom (en hébreu) : Peretz n’est pas Peres. On dit que le parti travailliste est en état de stagnation. C’est une litote. Il est dans un état avancé de décomposition. On peut bien sûr se demander : qu’est-ce que cela peut faire à une personne comme moi, qui n’a jamais été - et ne sera jamais - membre du parti travailliste ? Cela me concerne beaucoup. Parce que les deux grands partis - le parti travailliste et le Likoud - sont les piliers de notre système parlementaire, la base de la démocratie israélienne. La dislocation de l’un d’eux, pour ne pas dire des deux, sans alternative viable, sape les fondements de notre démocratie. Cela nous ramène au terrible souvenir de la chute de la République de Weimar en Allemagne. Pendant presque cinq ans maintenant, le parti travailliste a été l’otage de Shimon Peres. Sous sa direction, il a perdu toute vision indépendante, que ce soit sur les questions nationales ou les questions sociales. Quand Sharon est arrivé au pouvoir, Peres est devenu son chargé de communication et son porte-parole. Jusqu’alors l’opinion mondiale associait Sharon au massacre de Kybia en 1953, à l’attaque contre le Liban en 1982 et au massacre de Sabra et Chatila. C’est Shimon Peres, le lauréat du Prix Nobel de la Paix, qui l’a fait accepter aux yeux du monde comme un homme d’Etat respectable. Après l’intermède presque comique de départ du gouvernement pour des raisons électorales, Peres a de nouveau livré son parti au deuxième gouvernement Sharon, où il est devenu le principal soutien du « désengagement ». Il n’y a pas mis la moindre condition, ni que le retrait soit effectué en accord avec les Palestiniens, ni que le territoire soit réellement libéré, ni que l’opération conduise à des négociations pour le retrait de Cisjordanie. Nous en voyons les résultats aujourd’hui : la bande de Gaza s’est transformée en une grande prison, l’occupation continue par d’autres moyens (isolement de la Cisjordanie et du monde entier), les conditions de vie sont devenues encore pires. (Qui aurait cru cela possible ?) Résultat : l’effusion de sang continue, et deviendra encore plus terrible. Nous voyons et lisons chaque jour comment le parti travailliste permet à Sharon de réaliser son projet - annexion à Israël de 58% de la Cisjordanie, transformation du reste en enclaves coupées les unes des autres et construction du Mur de séparation dont l’idée de départ vient du parti travailliste et qui annexe de grandes surfaces de terres cultivées de Cisjordanie à Israël. Les barrages. L’agrandissement des colonies à un rythme effréné. Il n’est même pas question du démantèlement des « avant-postes ». Les assassinats et les arrestations continuent même après la déclaration par les Palestiniens du cessez-le-feu auquel Sharon a refusé de s’associer. Il n’y a aucune négociation de paix et le ministre de la Défense a affirmé que la paix devra attendre « la prochaine génération ». En l’absence du moindre résultat politique, la position de Mahmoud Abbas est minée, créant de nouveau la situation voulue qu’« il n’y a personne à qui parler ». Sur le plan social, le gouvernement, avec le soutien du parti travailliste, accroît les inégalités salariales et augmente la pauvreté. En ce qui concerne cette politique tchatchérienne, il n’y a aucune différence réelle entre Sharon, Netanyahou et Peres, sinon des slogans sans contenu. Il ne faut pas s’étonner que, dans cette situation, le parti dégénère. Les gens en ont assez, non seulement de Peres, mais de toute la bande de politiciens qui l’entourent - et même du système démocratique dans son ensemble. Il n’y a pas de vie dans le parti, pas de débat ni aucune activité. La démocratie israélienne a besoin d’un parti d’opposition qui ait une vision du monde alternative et une politique correspondante. Ce ne sera pas le parti travailliste tant que Peres & Co l’étoufferont. Donc le remplacement de Peres à la direction du parti est une condition préalable à tout renouveau. Il semble que, dans les circonstances présentes, seul Amir Peretz peut le permettre. Je ne connais pas bien Peretz et je ne peux pas juger s’il a la capacité de diriger le parti et la nation. Mais il a plusieurs atouts politiques qu’aucun autre dirigeant de parti ne possède : il a un programme social clair, il a toujours été cohérent dans son soutien à la paix avec les Palestiniens, il est représentatif des Juifs orientaux sans être un homme politique « ethnique ». Il déborde d’activité, il a un bon contact avec les gens et il a prouvé sa compétence comme dirigeant de l’Histadrout. Maintenant il faut lui donner une chance de faire ses preuves comme chef de parti et comme dirigeant national. J’espère qu’il réussira. Mais même s’il devait s’avérer décevant comme dirigeant du parti travailliste, sa victoire aux primaires du parti serait une bénédiction. Une période intérimaire sous Peretz débarrasserait le terrain des vieux politiciens qui ont échoué, ouvrirait les portes à de nouvelles forces plus jeunes et rendrait au parti la possibilité d’agir comme opposition combative. En hébreu, il se trouve que Peretz signifie « percée ». Article publié en hébreu et en anglais sur le site de Gush Shalom le 6 novembre 2005 - Traduit de l’anglais « Peretz is not Peres » : RM/SW |
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