Jeune mère de
famille, elle ne s'est pas offusquée quand des maternelles ont brûlé :
«C'est peut-être l'occasion d'en reconstruire des plus belles...»
Banlieues
La rage des cités déclinée au féminin
Au coeur des quartiers déshérités, de nombreuses jeunes femmes soutiennent
les émeutes. A Montfermeil, elles racontent leur galère au quotidien.
Par Marie-Joëlle GROS
vendredi 11 novembre 2005
Quand les CRS étaient dans la cité, j'avais trop envie de descendre, d'y
aller moi aussi. Mais ma mère ne voulait pas. J'étais par la fenêtre, je
voyais tout sans pouvoir rien faire, comment j'étais révoltée !» Sabrina,
«dix-sept ans et demi», habite les Bosquets à Montfermeil
(Seine-Saint-Denis), une cité toute proche de celles de Clichy-sous-Bois.
La lycéenne jouait parfois au foot avec l'un des deux jeunes morts
électrocutés de cette commune voisine, jeudi 27 octobre. Depuis cet
événement, qui a déclenché les émeutes, les affrontements ont été
violents, ici, entre jeunes et policiers. Si le calme semble revenu, les
adolescents sont toujours à cran.
Peu entendues jusque-là, les filles de la cité des Bosquets ont le débit
rapide de celles qui ont beaucoup à dire. Pas pour enfoncer ceux qui ont
«mis le feu, comme on dit». Bien au contraire. Pas question aujourd'hui
d'évoquer les tensions entre filles et garçons, les jeunes de la cité font
bloc. «C'était comme une boule, on savait que ça allait péter, résume
l'une d'elles, rencontrée au centre social. D'ailleurs, ça bouge là-haut.
Ca veut bien dire qu'il fallait que ça éclate.» Les éducateurs, qui les
poussent à prendre la parole ces jours-ci, témoignent : «Le sentiment de
révolte des filles vaut celui des garçons. Mais elles ne sont pas dans le
passage à l'acte.»
Contrôles intempestifs
Dans la cité, les filles sont moins visibles que les gars qui «tiennent
les murs». Avec une pointe de défi, elles assurent ne pas avoir peur de
vivre ici et «dormir les yeux fermés». Mais elles se plaignent d'un
quotidien ponctué, pour elles aussi, de contrôles de police pour un oui,
pour un non. «La police, elle est pas là pour nous protéger, dit Sabrina.
Elle nous provoque tout le temps. On se fait traiter de bâtards, de
bougnoules. C'est normal que les jeunes, ils ont la haine. Les filles
comme les garçons.» Un élève de sa classe de terminale comptabilité a
proposé de faire un exposé sur les événements. «La prof a refusé. Mais
elle a accepté qu'on dise ce qu'on a sur le coeur. Moi, j'ai dit tous mes
sentiments. C'étaient les mêmes que ceux des garçons.»
Cécile, 26 ans, qui a «pourtant un nom français», raconte : «L'autre jour,
on fêtait l'anniversaire des enfants avec une copine, on traversait la
cité avec eux, les flics nous sont tombés dessus. Ils passent leur temps à
nous surveiller. Ils tournent avec leurs voitures, stoppent, redémarrent.
C'est insupportable.» Elle vit avec son fils de 3 ans dans l'appartement
de sa mère : «On est six dans un F3. J'ai fait une demande de logement.
J'ai un CDI à l'hôpital psychiatrique, je suis agent d'accueil. Mais on me
répond que, comme il y a plein d'appartements squattés, il n'y a pas de
place pour moi.» Elle n'envisage pas de quitter la cité des Bosquets où
elle a déjà passé vingt ans. «J'aime ma cité, c'est juste qu'il manque des
trucs autour. Si un jour je pars, ce sera pour l'éducation de mon fils.»
Le petit garçon tournicote autour d'elle. «J'ai quitté l'école à 14 ans,
poursuit Cécile. Tout le monde quitte l'école tôt ici. Les parents n'ont
pas d'argent, on a envie de vite gagner sa vie. Surtout quand on voit
qu'il y en a qui s'achètent des vêtements, font des activités.»
Sanaa, 20 ans, ne va plus en cours depuis longtemps. Elle voulait se
lancer dans des études d'esthéticienne, des enseignants l'en ont
dissuadée. «On m'a dit : "T'habites dans une cité chaude, tu parles
racaille, vaut mieux faire du secrétariat." J'ai jamais compris pourquoi.
De toute façon, pour moi, ça s'est toujours mal passé à l'école.» Elle
s'occupe de sa petite nièce. «Je voudrais qu'elle parte loin à l'école,
dit Sanaa. Je veux dire, loin du quartier. Ici, les programmes, ils sont
en retard. C'est juste l'alphabet. Il faut que les gosses sachent lire et
écrire et c'est tout.» Sahra, 24 ans, attrape la conversation au vol :
«Moi, j'ai promis à ma petite cousine que je lui payerai l'école privée.
Ils sont 26 dans sa classe, il y en a 23 qui parlent pas français. Dans
d'autres contrées, on apprend l'anglais, tout ça. Ici, c'est juste le
minimum. Il faut expatrier nos enfants en dehors de la cité.»
Mais les contacts avec l'extérieur ne sont pas évidents. En trois ans de
recherche d'emploi, Sanaa n'a trouvé qu'un seul CDD de remplacement d'un
mois. Elle préparait des plateaux-repas pour l'aéroport de Roissy. Sahra,
elle, a lâché son BTS vente en cours de route. Jolie fille, tempérament de
feu, elle se décrit comme «jeune entrepreneur». D'origine algérienne, sa
mère est seule pour élever ses trois enfants. «Je la respecte grave. Elle
a deux emplois [dans une cantine et dans une entreprise comme agent
d'entretien], tout ça pour 8 000 balles par mois.» Sahra a tenté d'ouvrir
une boutique de prêt-à-porter en ville, ça n'a pas fonctionné. Elle se
tourne vers les marchés. «Les gens sont souvent mal à l'aise avec nous,
notre façon de parler, de se tenir. Mais faut arrêter de se prendre pour
des victimes. C'est à nous aussi de faire un effort.»
«Vite repérés»
Mais elle n'avale pas le «coup» qu'on lui fait «souvent, dans les
restaurants». Quand elle sort à Paris, «on nous apporte l'addition à peine
on a commandé ! Comme si on allait partir sans payer ! Ou alors les
serveurs nous calculent pas, font comme si on n'était pas là. Moi, je leur
dis : "J'ai le même argent que la table d'à côté, alors tu prends la
commande !"» Elle fait rire Cécile : «C'est vrai qu'on est vite repérés.
On parle fort. Il y a des gens à côté, ils mangent avec leurs enfants, ils
se parlent pas, on n'entend rien !» Au travail aussi, Cécile essuie des
réflexions : «J'ai un vocabulaire un peu de cité. Dès que je dis un gros
mot, on me balance les voitures qui brûlent dans la cité.» Jeune mère de
famille, elle ne s'est pas offusquée quand des maternelles ont brûlé :
«C'est peut-être l'occasion d'en reconstruire des plus belles...»
Elles ne condamnent ni les feux ni les dégradations : «C'est que du
matériel, c'est pas grave, y a les assurances. La limite, c'est les
agressions physiques. Ça, c'est pas possible», tranche Sahra. Elle ajoute
: «Moi, si j'étais leader, c'est pas dans la cité que je mettrais le feu.
C'est à Neuilly ou au Raincy [la ville la plus huppée de Seine-Saint-Denis
où le maire Eric Raoult a pourtant décrété le couvre-feu].» Elles
détestent Nicolas Sarkozy qu'elles attendent de pied ferme, et Dominique
de Villepin : «Le gouvernement n'assume pas ce qu'il fait. Pourquoi il ne
dit pas : "C'est de notre faute, on est désolé." Une erreur humaine, on
comprendrait, ça peut arriver. Mais non, dès qu'il y a un problème avec la
police, ils disent toujours : "Après enquête, c'est de votre faute."»
Subject:
Manifestation contre l'Etat d'exception - Saint Denis
Manifestation contre l'Etat d'exception - Saint Denis
SANS JUSTICE SOCIALE, PAS DE PAIX ! NON AUX DISCRIMINATIONS ET A LA
RÉPRESSION !
La révolte des jeunes dans la plupart des quartiers populaires de
l'Hexagone depuis plus de deux semaines, est révélatrice d'une véritable
crise sociale attisée par les politiques répressives et sécuritaire et les
discrimination en tout genres
La mort des deux jeunes de Clichy-sous-Bois ayant voulu échapper à un
contrôle policier est une conséquence de l'escalade sécuritaire développée
Ministre de l'Intérieur et soutenue par Chirac et le gouvernement :
multiplication des contrôles au faciès et des arrestations arbitraires des
jeunes des quartiers défavorisés, expulsion de familles d'immeubles
parisiens dits insalubres, sans relogement, "rafles"et expulsion de sans
papiers dans les quartiers populaires (Belleville,
Barbès ...). Cette politique sécuritaire, à des fins populistes et
démagogiques, se double d'une politique anti-sociale : baisse des crédits
des associations de quartiers, fin des emplois jeunes, démantèlement des
services publics, hausse des loyers des HLM, accentuation de la précarité
avec les CNE (contrats nouvelle embauche) ...
Face à une situation sociale d'urgence, le Gouvernement et Chirac n'ont
comme seule réponseimmédiate la mise en place de l'état d'urgence (loi du
3 avril 1955) pour "museler la contestation sociale"et faire "régner
l'ordre public". 1800 jeunes arrêtés et l'expulsion des jeunes étrangers,
voilà les seuls résultats d'une telle politique. La réponse à cette crise
sociale ne passe ni par la répression,ni par la provocation.C'est bien
d'une autre politique sociale et économique, en rupture avec les
orientations libérales actuelles, que les jeunes et habitants de ces
quartiers défavorisés ont besoin.
Par conséquent, nous appelons la jeunesse (jeunes précaires, chômeurs,
étudiants, lycéens) à manifester mercredi 16 novembre pour exiger : la
vérité sur les circonstances de la mort de Ziad Benna et Bouna Traoré, et
que justice soit rendue.
l'arrêt des politiques de la criminalisation des populations défavorisées,
immigrées et des jeunes des quartiers populaires.
-L'arrêt des incarcérations en séries, les jugements injustes, expéditifs
et arbitraires et des expulsions et reconduites à la frontières.
- le rétablissement et l'augmentation massive des crédits destinés aux
associations de quartiers.
l'instauration d'un plan d'urgence pour permettre l'accès à l'éducation,
logement, emploi, santé, transports, culture, condition d'une véritable
justice sociale.
- le retrait immédiat de l'état d'urgence, la fin de la logique répressive
et de la surenchère policière.
Manifestation Mercredi 16 Novembre Départ à 14h devant la fac de
Saint-Denis Métro Saint-Denis Université (ligne 13)
Premiers signataires : Alternative Libertaire, CLEPS (Comité lycéen
Étudiant Paris Sud), CNT-STE (75, 92,93), NO PASARAN, Scalp-Reflex Paris,
SUD Étudiant, VAMOS ! ...
--
SCALP-Reflex, groupe parisien du Réseau No Pasaran!
21 ter rue Voltaire
75011 Paris
01.43.48.54.95.
06.30.91.89.48.
C'est que la coupe est pleine. L'humiliation, la
peur, le désespoir, le ressentiment, la haine, le
dégoût, la rage et la révolte débordent.
Des squatteur/ses de Grenoble rappellent
aujourd'hui opportunément cette phrase de Brecht :
"On dit d'un fleuve emportant tout qu'il est violent
Mais on ne dit jamais rien
De la violence des rives qui l'enserrent"
Aujourd'hui, la droite instaure le couvre-feu, et
la gauche ne montre aucune solidarité avec les
désespérés de l'ordre social qui risquent leur
vie à exprimer leur révolte et déboulent en
masse, comme jamais, dans les prisons de la
République... ni ne réagit beaucoup non plus aux
nouvelles lois d'exception...
Il semble tout de même qu'il n'y a pas "eux"
(ceux des banlieues) et "nous" (les middle-class
blanc(he)s) : ce sont bien "nous tous" qui sommes
concernés, même si c'est souvent de façon
différente, non ?
Idée d'une copine : est-ce que des manifs de
nuit, défiant ouvertement le couvre-feu, ne
seraient pas un bon moyen de se solidariser
contre la répression, contre l'enfermement dans
des catégories médiatiques stigmatisantes et de
proclamer concrètement qu'il ne s'agit pas "que"
d'un "problème de banlieues" ?
Quand la démocratie devient l'avenir du fascisme,
n'est-il pas temps de commencer à parler, non
plus de citoyenneté, mais de résistance ?
y.
[ ]
Subject:
Revoltes dans les banlieues : avec les exploites, toujours !
Revoltes dans les banlieues : avec les exploites, toujours !
Le bon vieux "classe laborieuse, classe dangereuse" a toujours fait
recette. Aujourd'hui encore, alors que des banlieues s'enflamment en
affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, cette équation est mise
en avant. Le contexte économique s'y prête : attaque sur le code du
travail, la sécu, les retraites, baisse du pouvoir d'achat, radiations et
contrôle accru des chômeurs et rmistes, licenciements,
délocalisations ...Cette politique de casse sociale porte ses fruits :
les grandes fortunes augmentent, les entreprises françaises ont fait 24%
de bénéfices net l'an dernier.
Mais il y a le revers de la médaille. A Clichy-sous-Bois, Montfermeil,
Drancy, Toulouse, Vaulx-en-Velin, Strasbourg, les jeunes des classes
populaires savent que l' insécurité c'est le chômage, la précarité,
l'incertitude de l'avenir et les pratiques d'une police chauffée à blanc
par un ministre oscillant entre populisme et relent d'extrême-droite.
Pendant que Guillaume Sarkozy, haut responsable du MEDEF, délocalise ses
usines de textiles, son frère Nicolas, ministre de l'intérieur, vient en
banlieue provoquer les jeunes laissés pour compte sous le feu des médias.
Les politiciens et le patronat savent bien ce qu'ils font lorsque tout
manque et que le désespoir grandit. C'est pourquoi des crédits
importants sont débloqués depuis des années pour l'embauche de
policiers, la construction de prisons...C'est une mécanique bien huilée.
Surveillés, exclus, râflés, contrôlés, enfermés, parce que pauvres, les
"jeunes" des banlieues trouvent à dire leur révolte et cherchent à être
entendus. Cette implosion de violence est l'expression d'un affrontement
contre un système capitaliste qui les marginalise.
La CNT dénonce l'incarcération de plusieurs centaines de jeunes, dont les
deux-tiers, mineurs, furent jugés à huit-clos en comparution
immédiate, principalement à Bobigny. Elle appelle les parents, les
enseignants, les sans-papiers, les chômeurs, les précaires et tous les
salariés à la grève. La grève, car c'est notre outil de lutte, celui des
exploités qui devront bien un jour s'unir, quelque soit leur mode
d'expression pour faire cesser l'injustice, le mépris et l'exploitation.
Paris, le 13 novembre 2005
Confédération Nationale du Travail
Bureau Confédéral
Secrétariat médias
med...@cnt-f.org
(expediteur/expeditrice )
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G20 Special
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