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L’encadrement syndical : voie d’intégration au pouvoir bourgeois

calvaire01, Monday, November 7, 2005 - 20:05

Calvaire

Ces syndicats, nous le voyons (et maints documents nous le démontrent d’une manière
plus dense, détaillée et argumentée que cet article beaucoup trop court) nous
encadrent, nous intègrent à la logique gestionnaire de concertation avec le pouvoir
bourgeois. Et la formule Rand en est une condition. Ainsi, la lutte révolutionnaire
devra s’effectuer contre eux également.

L’encadrement syndical : voie d’intégration au pouvoir bourgeois

On m’a chargé, suite à des débats nombreux sur la liste du comité de mobilisation de
l’UQAM, d’écrire un article contre la formule Rand (à laquelle s’ajoute ici une
critique du syndicalisme bureaucratique) pour l’Assaut alors que quelqu’un d’autre
allait écrire un article en sa faveur. Nous pensons de cette façon encourager la
poursuite de nos discussions sur le mouvement syndical. Les initiatives plurielles
en ce sens ne peuvent qu’être encouragées. Dans le cadre de ce débat, il serait
entre autres intéressant de lire l’article Le syndicalisme : Un mouvement neutralisé
par la bourgeoisie publié par le Drapeau rouge, la brochure du BIPR (Bureau
international pour un Parti révolutionnaire) Du syndicalisme critique à la critique
du syndicalisme, Capitalisme et syndicalisme : même combat du groupe Corale, Unions
against Revolution (textes de G. Munis et de John Zerzan) ou encore Les syndicats
contre la révolution de G. Munis et Benjamin Péret. Tous ces textes sont disponibles
à l’Index et le majeur, la bibliothèque révolutionnaire de l’UQAM, située au A-2480.

« Depuis sa première formulation en 1946 au Québec, ce que l’on appelle la «formule
Rand» alimente plusieurs controverses, autant au sein des milieux progressistes
qu’au sein des courants les plus conservateurs. Grosso modo, cette formule signifie
que dans une entreprise syndiquée, l’employeur est dans l’obligation de prélever à
partir des salaires une cotisation syndicale fixée par le syndicat lui-même, auprès
de l’ensemble des travailleuses et travailleurs, y compris des non-syndiqué-e-s, et
doit remettre la somme au syndicat au 10e jour de chaque mois. En contre-partie, le
syndicat doit s’accréditer et obtenir un membership d’une majorité absolue au sein
de l’entreprise, au risque de voir ses ressources matérielles gelées ou transférées
à une autre organisation reconnue légalement comme plus représentative. » (Yves
Dandurand)

La formule Rand institue en ce sens le pouvoir corporatiste de l’organisation
syndicale unique qui encadre en principe chaque travailleur/travailleuse d’une
entreprise particulière moyennant l’adhésion de la majorité des employéEs à ce
syndicat (50%+1 généralement). C’est pourquoi par maraudage, compétition,
propagande… les organisations syndicales se font la lutte pour le contrôle dans les
entreprises et particulièrement du contrôle des employéEs. Les syndicats défendent
la puissance de leur organisation locale et/ou nationale. Elles se font la lutte
pour grossir leurs effectifs et surtout leurs cotisations. Ces cotisations étant
prélevées pour elles à même la paie des employéEs par les entreprises. Dans ce
cadre, tout un dispositif bureaucratique hiérarchique s’est installé qui va du
délégué syndical jusqu’aux exécutifs nationaux des syndicats. C’est ce que certainEs
appellent la « machine syndicale ». Cette machine fonctionne par concertation des
syndicalistes avec le patronat.

Elle existe comme rapport gestionnaire quasiment au même titre que les
administrations capitalistes. Les uns se chargent de l’exploitation des
travailleurs/travailleuses, les autres se chargent d’encadrer ces derniers dans
leur existence exploitée, de gérer les conditions de leur exploitation et leur
amélioration dans certains cas. Ces syndicats doivent se légitimer en faisant la
promotion d’un rapport de force, d’un rapport dialectique dans le cadre de la lutte
des classes mais toujours dans un cadre légaliste et corporatiste, imbriqué dans la
gestion capitaliste.

Dans ce sens, les seuls intérêts que défendent les syndicats sont les intérêts
corporatistes de leurs centrales ainsi que ceux des secteurs de travail qu’ils
encadrent. Ils assurent la concertation des intérêts de la bourgeoisie et ceux des
travailleurs/travailleuses. Ce qui permet de mieux faire fonctionner le capitalisme
en permettant d’éviter l’accentuation des conflits, leur côté informel et
irrécupérable, qui peuvent aller jusqu’à la grève sauvage ou encore (mieux!) la
guerre sociale ou civile et la lutte révolutionnaire.

« Le double objectif de maximiser la productivité et d’étouffer le mouvement
ouvrier serait donc atteint, conduisant inévitablement à des gains patronaux à long
terme. En effet, comment des «activistes» pourraient bâtir un mouvement fort en
parlant de l’intérêt ouvrier s’il existe déjà une institution chargée de
représenter démocratiquement les ouvriers? » (Yves Dandurand)

Comme le disent les maoïstes dans leur article récent, le syndicalisme est un
mouvement neutralisé par la bourgeoisie.

Sortir des cadres de l’exploitation devra donc se faire en dépassant aussi les
logiques syndicales. Les syndicats contre la révolution, disaient G. Munis et
Benjamin Péret. La révolution contre les syndicats, ajouterais-je.

La même logique opère dans le milieu étudiant. Des associations locales aux
FEUQ/FECQ/ASSÉ… ces organisations, à l’image des syndicats de travail, se mènent une
lutte corporatiste pour le contrôle bureaucratique des étudiantEs. Les
administrations scolaires selon la même logique issue de la formule Rand perçoivent
les cotisations des étudiantES pour ces associations et centrales syndicales.
Celles-ci sont imbriquées dans la gestion scolaire. Cette fois-ci les organisations
syndicales concilient les intérêts des étudiantEs avec ceux des administrations
scolaires et des États. Ils sont tout aussi légalistes même quand ils prônent le
syndicalisme de combat (comme l’ASSÉ) et leurs revendications ne dépassent pas le
cadre de la gestion estudiantine[i] des écoles institutionnelles soumises aux
administrations scolaires, aux gouvernements ainsi que de plus en plus aux lois du
marché.

« Depuis les grandes réformes de la Révolution tranquille, deux courants réformistes
principaux s'affrontent dans l'objectif de prendre la direction du mouvement
étudiant national. (citation tirée de La Fronde #1, journal de la défunte ASÉ-UQAM)
»

« Le mouvement étudiant a trop longtemps été une reproduction des schèmes
autoritaires et marchands. Qu’il en finisse une fois pour toute ! Un changement
radical tel que nous le proposons serait porteur d’une tradition révolutionnaire
historique qui sommeille depuis trop longtemps. Nous ne voulons pas d’une autre
grève qui finit en repli stratégique. Parce que notre stratégie, c’est la révolution
sociale. » (citation tirée de Révolution et étudiantEs d’ On en a plein le cul !)

Ces syndicats, nous le voyons (et maints documents nous le démontrent d’une manière
plus dense, détaillée et argumentée que cet article beaucoup trop court) nous
encadrent, nous intègrent à la logique gestionnaire de concertation avec le pouvoir
bourgeois. Et la formule Rand en est une condition. Ainsi, la lutte révolutionnaire
devra s’effectuer contre eux également.

Il y en aurait encore très long à dire entre autres sur les stratégies de prise du
pouvoir dans un cadre non-syndical et sur les formes de la lutte révolutionnaire. Le
temps et l’espace nous manquent, mais vous pouvez vous informer de différentes
manières entre autres venir nous voir aux bibliothèques révolutionnaires : l’Index
et le majeur à l’UQAM ou encore au DIRA au 2035 St-Laurent.

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[i] Dans ce cadre, un article que j’ai écrit avec des camarades pour critiquer
l’institution scolaire et faire la promotion d’une éducation complètement autonome
et autogérée a été refusé par l’exécutif de l’ASSÉ lors de la parution du dernier
Ultimatum. Pour plus d’informations sur la critique de l’école institutionnelle,
vous pourrez lire entre autres cet article dans la prochaine édition du Bagou,
journal des étudiantEs du Cégep du Vieux-Montréal.



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