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Et la guerre est à peine commencéeAnonyme, Saturday, October 22, 2005 - 10:19 Texte d'organisation de la guerre civile contre l'Empire cette brochure est la retranscription d’un court-métrage. déjà, on perd beaucoup à passer de l’un à l’autre. encore plus quand on passe à une version sans images comme suit. préférez donc le .pdf Dans le grand corps social de l’Empire, dans le grand corps social de l’Empire qui a la consistance et l’inertie d’une méduse échouée, dans le grand corps social de l’Empire qui est comme une énorme méduse échouée de toute sa rondeur sur toute la rondeur de la Terre, sont plantées des électrodes, des centaines, des milliers d’électrodes, des nombres à peine croyable d’électrodes. Où sont les mots, où est la maison, où sont mes ancêtres, où sont mes amours, où sont mes amis ? Ici prévaut la règle du non-agir, qui s’exprime ainsi : la fécondité de l’action véritable réside à l’intérieur d’elle-même ; je pourrais dire cela autrement, je pourrais dire : l’action véritable n’est pas un projet que l’on accomplit, mais un processus auquel on s’abandonne. Il y a cette vielle notion, bolchevique, et un peu frigide certes, la construction du Parti. Je crois que notre guerre à présent, c’est de construire le Parti, ou plutôt, c’est de donner à cette fiction dépeuplée un contenu nouveau. Dans les derniers siècles de l’empire romain, tout était pareillement usé. Les corps étaient las, les dieux mourants et la présence en crise. Aux quatre coins d’un monde en exil, retentissait la grande supplique, qu’on en finisse. La fin d’une civilisation poussait à la recherche d’un autre commencement. L’errance venait apaiser le sentiment d’être partout en étranger. Et on peut dire que des premiers monastères naquit en peu de temps une civilisation plus détestable encore que celle qui l’avait précédée, mais enfin, elle naquit de là. Qui s’exile, exile ; l’étranger qui s’en va emporte avec lui la cité habitable. Les pères ont disparu d’abord. ils sont allé à l’usine, au bureau. Puis, à leur tour, les mères, elles sont allées à l’usine, au bureau. Et chaque fois, ce n’était pas les pères ou les mères qui disparaissaient, c’était un ordre symbolique, un monde. Le monde des pères s’est effacé d’abord, puis celui des mères, l’ordre symbolique de la mère, que rien jusque là n’était parvenu à ébranler. Et cette perte est si incalculable, et c’est un deuil si total que nul ne consent à le faire. L’Empire résume ce désir qu’un néo-matriarcat prenne mécaniquement la relève du patriarcat défunt. Et il n’y a de révolte plus absolue que celle qui défie cette domination bienveillante, ce pouvoir chalheureux, cette emprise maternelle. Les enfants perdus sont les orphelins de tous les ordres connus. Bienheureux les orphelins, le chaos du monde leur appartient. Il y a les Cathares, qui haissent les maris bien plus que les amants. Il y a les gnostiques, qui trouvent plus de charme à l’orgie qu’à l’accouplement solitaire. Il y a cet évêque du quinzième siècle en Italie qui soutient jusqu’à l’excommunication qu’une femme qui refuse son corps à un homme qui le lui demande par charité commet un péché. Il y a les Bégards et les Béguines, qui habitent dans des maisons collectives et dont l’extrême désoeuvrement passe à se rendre des visites. Il y a les spirituels, qui assurent que pour les parfaits, il n’y a plus de péché ; ils s’appellent frères et sœurs, et la saint valentin n’est pas encore la célébration du couple, mais le jour où la dame mariée peut aller avec qui bon lui semble . Bon,maintenant, il y a les métropoles, s’approprier l’inappropriable, feindre d’ignorer toute perdition, jouer à l’homme, à la femme, au mari, à l’amant, jouer au couple, s’occuper. S’établir le plus sérieusement du monde dans le plus pénible des infantilisme. Oublier, dans une débauche de sentiments, le cynisme auquel condamne la vie dans les métropoles, et parler d’amour encore et toujours, après tant de ruptures. Ceux qui disent qu’un autre monde est possible, et qui ne se font pas porteurs d’une autre éducation sentimentale que celle des romans et des téléfilms méritent qu’on leur crache à la gueule. Je ne connais pas d’état plus abject que l’état amoureux. Entre aimer et être amoureux, il y a toute la différence d’un destin qu’on assume et d’une condition que l’on subit. La question, c’est de savoir si le communisme, c’est la propriété collective ou l’absence de propriété ; et ensuite, il y a celle de savoir ce que c’est que l’absence de propriété. Nous, la façon dont on pratique le communisme, c’est le libre usage, c’est la mise en commun. On décide le libre usage d’un certain nombre de choses que l’on possède. L’orgie prouve seulement ceci, que la sexualité n’est rien, rien qu’un certain point de la distance entre les corps. Si je devais définir le vieux monde, je dirais, le vieux monde, c’est une certaine manière de lier les affects aux gestes, les affects aux paroles, c’est une certaine éducation sentimentale, et vraiment, celle-là, on n’en veut plus . Si je devais définir l’orgie, je dirais, l’orgie, c’est chaque fois que l’un ou l’autre se met à détraquer le lien qu’il y a entre les affects et les gestes, entre les affects et les paroles, et que d’autres le suivent. Nous essayons extraire de l’amour, toute possession, toute identification, pour devenir enfin capable d’aimer. Dans toute situation, il y a une certaine distance qui se donne entre les corps. Cette distance, c ’est pas une distance spatiale, c’est une distance éthique, c’est la différence entre les formes de vie. La notion d’amour, l’intimité, tout ça, ça a été inventé pour qu’on puisse plus l’assumer, pour qu’on puisse plus jouer avec, pour empêcher les corps de danser et d’élaborer un art des distances. Car toute distance est une proximité, et toute proximité est encore une distance . Une certaine idée du jeu, alliée à la certitude de construire le Parti, nous tient à égale distance du couple et du libéralisme sordide. Tu vois, le Parti, et c’est des corps, c’est des lieux, c’est des corps qui circulent. Souviens-toi, c’est au fond de la séparation que nous avons trouvé le communisme. Nous ne pouvions plus rien partager que nous ne voulions partager. Si tu veux, moi, je voudrais bien construire le Parti avec toi, enfin, si t’es libre ...
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