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Procès des accusés de Kanehsatake : la SQ confirme l'illégalité de l'opération, et la défense sort deux témoins que la co

Anonyme, Saturday, October 15, 2005 - 22:48

P. B.

Le 13 octobre fut une journée très révélatrice pour les spectateurs d'un procès où la vérité est malmenée depuis le début. La couronne n'a en effet jamais amené les preuves du crime organisé à Kanehsatake, pourtant essentielle à la légitimité de l'opération. Laissons faire la légalité. Si la poursuite était de bonne foi, elle aurait depuis longtemps sorti les témoins clefs de l'affaire, ceux qui ont vu les choses de près : les chefs alliés à James Gabriel et les "policiers" responsables de l'invasion. On a plutôt eu tendance à cacher ces gens et leurs intentions. La défense a enfin amené à la barre certains des artisans du raid, deux des chefs majoritaires au conseil en 2004, dont un qui a un passé criminel notoire. Un officier de la SQ qui a empêché son corps policier de collaborer avec le gâchis que promettait d'être l'invasion du 12 janvier, suscitant l'indignation de James Gabriel et du public, et menant visiblement au renvoi du ministre Jacques Chagnon, a aussi témoigné.

Jacques Beaupré

Jacques Beaupré est commandant de la SQ pour la région de Montréal, St-Jérôme, Lavaltrie et Laval. On lui a demandé l'appui de son corps policier pour l'invasion du 12 janvier le 21 octobre 2003. Dès le début, la SQ a rendu sa participation au raid conditionnelle à une enquête préalable, qui aurait identifié des suspects et leurs activités précises, et à un plan de gestion de risques, étant donné l'ampleur de l'opération. En bref, la situation risquait de se détériorer sans régression des soi-disant éléments criminels, ce qui est, selon Mr. Beaupré, contre la philosophie de la SQ.

Le 18 décembre 2003, aucune modification n'avait été apportée au plan original. Aucune enquête n'avait été menée quant à la nature du dit crime organisé, et aucun suspect n'était désigné. La SQ a alors confirmé qu'elle n'allait pas participer. Devant le refus, James Gabriel et ses amis (Clarence Simon, et le duo Larry et Terry, les deux flics en charge de l'invasion, très connus de la communauté) ont tenté de faire du chantage auprès de la SQ : une fois entré sur le territoire, la SQ n'aurait pas le choix, selon eux, de les assister.

Beaupré a qualifié l'opération d'illégale, de mal préparée, et de dangereuse. Quand il a appris, le 7 janvier, que le raid allait tout de même avoir lieu, Beaupré passa le dossier au Directeur des Mesures d'Urgence de la SQ. Il savait que ça allait être un gâchis, et que la SQ devrait probablement réparer les pots cassés après coup.

Depuis le début, la couronne tente de prouver que l'invasion n'était illégale que dans la tête des soi-disant membres du crime organisé qui étaient présent au poste de police. La juge Duval-Hesler semblait avoir gobé l'argument, à voir sa face de chihuahua grimaçant quand Beaupré est venu remettre les pendules à l'heure. Même le procureur avait l'air de ne plus croire à ses propres mensonges. Il se fit remettre à sa place lorsqu'il tenta de faire passer ses questions tordues pour la vérité. Plusieurs fois, il dit qu'il allait être "honnête", comme s'il tentait de conjurer ce que tout le monde voyait de toute façon : sa malhonnêteté dans toute cette affaire, sa volonté d'incriminer des innocents en connaissance de cause.

Doreen Canatonquin

Première des témoins que Brière avait cachée dans la garde-robe, celle qui répond "chief Doreen Canatonquin" quand on lui demande son nom (à cause de son allure déglinguée et de sa réputation, certains l'appellent depuis "cheap Doreen Canatonquin") est venue à la barre en fin d'avant-midi. Au début de l'interrogatoire, Doreen ne se souvenait de rien. Elle n'a jamais entendu parler des problèmes avec Tracy Cross, n'a pas eu d'information sur le raid que la résolution qu'elle a signée autorisait. Elle a tout de même signé! On pouvait lire sa volonté de sauver la peau de James et de son équipe derrière chaque réponse. Pour chaque question, même les questions au choix (oui ou non), Doreen pensait pendant au moins 30 secondes avant de répondre avec la plus grande assurance. Par rapport aux détails opérationnels, elle affirma que "si c'est à propos du côté opérationnel, on ne m'a rien dit", de la même façon qu'elle répéterait une directive que Me Brière ou James Gabriel lui aurait donnée.

Elle ne s'est jamais contredite directement, mais certaines de ses réponses ne marchaient tout simplement pas ensemble. Par exemple, elle affirme qu'elle savait seulement que Tracy Cross allait être renvoyé, mais qu'elle avait peur pour sa sécurité à cause de l'invasion. "I would have to put my fear aside to sign the resolution." Pourquoi avoir peur s'il est seulement question de renvoyer un chef de police qui ne fait pas sa job?

Parlant de la job du chef de police Tracy Cross, Doreen a mentionné que c'est parce que les raids ont cessé en 2001-2002 qu'elle le croyait inefficace. Rappelons que Tracy n'est devenu chef de police par intérim qu'au printemps 2003, qu'il n'y avait généralement pas de mandats pour les raids effectués jusqu'en 2001, et que presque aucun n'a mené à des poursuites criminelles. En septembre 2001, par exemple, la KMP a fouillé la maison de Robert Gabriel, soi-disant pour trouver de la drogue. Après avoir retenu sa voisine enceinte de 8 1/2 mois en otage pendant 20 minutes et fait exploser une grenade dans la maison de Robert, les policiers ont ramassé non pas de la drogue, mais tous ses dossiers sur la corruption au conseil de bande.

Le remplacement de Tracy Cross était donc la seule solution pour ramener ces raids terroristes sur la communauté, "mais aucune autre solution n'a été discutée". Le conseil n'est d'ailleurs pas supposé interférer dans les affaires de la police, et les discussions se sont déroulées en l'absence des trois chefs dits dissidents. Doreen a mentionné qu'elle était toute pour la démocratie, mais que la discussion avec l'opposition ne fait pas partie de processus démocratiques normaux. On comprend ici que de septembre 2003 à juin 2005, il n'y avait pas de démocratie mais une dictature des partisans de James dans la communauté.

Clarence Simon

Si Doreen prenait beaucoup de temps pour répondre à chaque question, Clarence lui avait beaucoup de peine à articuler chaque mot, qui se frayait un difficile chemin entre les séquelles laissées par la poudre. Clarence ne sait pas pourquoi il n'a jamais mentionné à la commission de police que Tracy Cross posait un problème. Clarence n'a pu même expliquer en quoi Tracy Cross posait un problème! Clarence ne savait pas non plus comment l'invasion allait se dérouler; il savait seulement que des policiers d'autres réserves allaient venir. En tant que chef qui détenait le port folio de la police depuis l'élection de Doreen en 2002, il croyait que Tracy Cross était chef de police depuis 2000!

Il détenait ses informations sur la présence de crime organisé à Kanehsatake de la source la plus fiable que l'on puisse imaginer : les journaux! Autrement dit, James se plaignait en conférence de presse du crime organisé sur son territoire, et Clarence, son bras droit, lisait les journaux le lendemain et croyait habiter au milieu du cartel de Pablo Escobar.

En fait, si Clarence avait vraiment à coeur la lutte au crime dans sa communauté, il se rendrait immédiatement à la police. D'abord, pour détournement de fonds : tandis que beaucoup de maisons sur le petit territoire moisissent littéralement parce que le financement alloué aux réparations disparaît sous sa supervision, la maison de Clarence a été rénovée à neuf à plusieurs reprises. Ensuite, et c'est beaucoup plus grave, il a abusé aux moins deux enfants avec qui il est entré en contact. Il ne s'agit pas ici de polémique, ni de rumeur, mais les lois empêchent de divulguer suffisamment d'information pour que l'identité des enfants soit révélée.

Le premier cas date de 1999, et le deuxième est plus récent. Dans le deuxième, l'affaire a été exposée suite à une plainte de la jeune fille de 6 ans à son professeur. Le tout s'est rendu aux services sociaux et sur le bureau du procureur, qui retira les accusations, "faute de preuve", même si le témoignage de l'enfant était suffisamment éloquent. Et qui était le procureur dans cette affaire? Mr. Brière, le même qui poursuit en ce moment les Mohawks qui ont protégé leur territoire les 12 et 13 janvier 2004. Il semble si préoccupé par sa vendetta personnelle contre les Warriors, ceux-là même qu'il n'a pu faire condamner après la crise de 1990 (sauf sur quelques points mineurs), qu'il est prêt à s'allier avec les gens les plus abjects, au risque de se rendre complice du viol d'une enfant.

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À venir
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Sonia Gagnié, commissaire de police au moment de l'invasion du 12 janvier.



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