Réponse à La déchéance parentale
deDenise Bombardier

http://www.ledevoir.com/2005/10/15/92669.html

Madame Bombardier,

Je viens de lire votre article "La déchéance parentale". J'ai le regret de vous dire que vous avez parfaitement raison sur tous les points. Je suis un intervenant de la santé depuis 18 ans. J'ai évalué et traité des enfants de tous âges. J'ai évalué et traité des pères et des mères de toutes conditions. La réalité est bien celle que vous décrivez. Beaucoup des parents incompétents restent dans la sphère éducative de l'enfant jusqu'au désastre. Pour favoriser ce lien délétère, la PJ et ses complices ballottent les jeunes victimes d'une famille d'accueil à l'autre. Ce manège est destructeur. En plus d'apprendre que leurs parents naturels ne répondent pas à leurs besoins affectifs et éducatifs de base, les enfants apprennent aussi que les figures adultes alternatives, que leur offrent les familles d'accueil, sont éphémères. Ils apprennent que tout amour aboutit à l'abandon. Cette réalité nous frappe de manière persistante et la seule raison que je trouve pour expliquer notre entêtement à persister dans ses stratégies en cul-de-sac est notre aveuglement idéologique.

Il est également vrai que nos stéréotypes sexuels nous conduisent à idéaliser les vertu maternelles. Ce déséquilibre à biens d'autres conséquences facheuses pour les enfants.

Il y a aussi un autre problème, à la PJ que vous n'abordez pas : Les formations scandaleusement insuffisantes du personnel. Certains bureaux de la PJ remplient par des techniciens en travail social et d'autres diplômes de CEGEP. Ils sont plein de bonne volonté, mais ils ne connaissent pas la psychologie du développement et sont mal équipé pour anticiper les conséquences des choix qu'ils font. Plus regrettables, certains travailleurs sociaux et certains cadres de la PJ ne sont pas mieux formés. À l'université le programme de formation des TS ne prévoit pas suffisamment des cours obligatoires en psychologie du développement. J'ai connu une cadre de la PJ, à Mont-Laurier, qui se vantait de n'avoir aucun diplôme lui donnait accès à un des postes de professionnels qu'elle avait le mandat de du superviser. Il existe au sein de la PJ une culture anti-intellectuelle qui me rappel un autre article que vous avez écrit sur le sujet et qui était malheureusement lui aussi parfaitement fondé.

Il faudra nous battre pour qu'aboutisse la réforme de la loi. Il faudra nous battre bec et ongles. Il faudra le faire pour que triomphe la vérité sur l'aveuglement. Surtout, il faudra le faire parce que nos devoirs vis-à-vis les enfants victimes de ce système sont des devoirs auquel nous ne pouvons nous soustraire.

Je suis très heureux qu'une personne comme vous, disposant d'une tribune, prenne le risque de se compromettre pour le bien de nos enfants. Dans 10 ans, nous parlerons des "orphelins de la DPJ" comme on parle aujourd'hui des orphelins de Duplessis. J'espère qu'on se souviendra de nous comme de ceux qui ont fait que les choses changent.

Merci!

Yves Bleuler