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Le renouveau réformiste et le nouveau parti de gauche de Françoise David

Anonyme, Friday, October 14, 2005 - 08:31

Steve

Il est déjà entendu que le futur parti sera de « centre-gauche » comme le reconnaît Résistance le journal des trotskistes de SI, qui pourtant, tout heureux de franchir le Rubicon pour une centième fois, sont disposés à soutenir l’initiative. La voie de la construction du parti est déjà toute tracée et ses jalons, inscrits au calendrier.

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Notes Internationalistes #5

Le renouveau réformiste et le nouveau parti de gauche de Françoise David

L’exercice du pouvoir par diverses administrations de « gauche » à travers le monde crée inévitablement beaucoup d’insatisfaction et de désaffection dans les rangs de ceux et de celles qui naguère encore les soutenaient de leurs espoirs et de leurs illusions. Cela coule de source, car pour qui la « gauche » n’est qu’un certain nombre de valeurs, une idée que l’on se fait du monde, indépendamment des rapports sociaux sur lequel ce monde se fonde, il peut sembler déroutant de voir les partis d’opposition progressistes d’hier, devenir des partis promouvant et imposant l’austérité et les coupures une fois au pouvoir. Cette désaffection crée les conditions d’une amorce de réflexion sur la nature véritable tant du réformisme que de la démocratie parlementaire, en tant qu’une des formes d’organisation politique qu’utilise le système capitaliste pour perpétuer son hégémonie. Dans de telles circonstances, la classe dominante favorise historiquement l’émergence de nouvelles « alternatives » de gauche afin de reconquérir et reconsolider l’adhésion des masses au processus électoral. Pour cette entreprise de récupération, la classe dominante peut toujours compter sur des éléments opportunistes et carriéristes, le plus souvent qu’autrement associés à une forme de « critique du régime ». Ces éléments peuvent se draper d’oripeaux différents, selon les besoins politiques du moment ou les exigences de l’ambition personnelle. Mais toujours, ces forces rénovatrices de l’illusion parlementaire retrouveront à leurs côtés (à leur suite serait probablement plus juste), des forces qui leur donneront un vernis de gauche plus dur et quelques fois un appareil déjà bien huilé, grâce auquel elles pourront se déployer plus rapidement. Nous parlons ici de différentes organisations trotskistes ou staliniennes, quand ce ne sont pas des groupes libertaires ou altermondialistes.

Ainsi, suite à la mise en œuvre de son programme Hartz IV sur la « réforme » du marché du travail, l’impopularité du gouvernement de coalition SPD-Verts en Allemagne, a mené à l’apparition de la Wahlalternative Arbeit und sociale Gerechtigkeit (WASG), i.e. : l’Alternative électorale pour l’emploi et la justice sociale. Le WASG fut fondé par des dissidents du SPD, des bureaucrates syndicaux, des éléments d’ATTAC et plusieurs groupes trotskistes allemands. Il refusera sommairement l’offre de fiançailles électorales des staliniens durs du MLPD pour plutôt s’acoquiner avec les staliniens rénovés du PDS qui a encore des positions électorales dans les États de l’ex-Allemagne de l’Est. La nouvelle union du WASG et du PDS vient d’être confirmée sous la forme du Linkspartei, le Parti de la Gauche. Un des principaux leaders publics du parti est Oskar Lafontaine, un ancien ministre des Finances de Gerhard Schröder et un dirigeant important du SPD. Autrefois président du Land de la Saar, il avait fait sa marque en introduisant une loi extrêmement répressive visant à interdire à la presse le droit de critiquer le gouvernement et en faisant la chasse aux immigrants. Mais la cheville ouvrière du parti est le PDS, dont font partie des anciens dirigeants de la Stasi, qui s’évertue aussi à imposer Hartz IV dans toutes les régions où il est au gouvernement. Cela en dit beaucoup sur la qualité de cette alternative et ses velléités de gouverner dans le sens de la justice sociale. Mais, le nouveau Linkspartei est crédité de plus de 10% des intentions de vote dans certains sondages et semble donc en bonne voie de réaliser sa mission de colmater les brèches dans le mécanisme de mystification parlementaire de la classe dominante.

En Grande-Bretagne aussi, une nouvelle coalition tente de se reconstituer à la gauche de la grande institution de l’impérialisme britannique qu’est le Labour Party de Tony Blair. Candidat à la succession de l’expérience malheureuse de feue, la Socialist Alliance (SA - une coalition de la myriade de groupuscules trotskistes qui sévissent en Grande-Bretagne), RESPECT (pour Respect, Equality, Socialism, Peace, Environmentalism, Community et Trade Unionism) vient de réaliser une modeste percée électorale avec l’élection de George Galloway dans le comté londonien à forte composition musulmane de Bethnal Green and Bow, aux élections générales du 5 mai dernier. Le Socialist Workers Party (SWP, le parti père des Socialistes Internationaux canadiens et jusqu’à récemment du ISO américain) a abandonné la majorité de ses rivaux trotskistes de la SA juste à temps pour profiter de l’exclusion de Galloway du Labour Party et construire le front populaire classique (c'est-à-dire une coalition de plusieurs classes) qu’est RESPECT. Si la cheville ouvrière de RESPECT est de toute évidence le SWP, sa direction de fait est le carriériste et le démagogue Galloway, à qui le SWP concède graduellement les maigres feuilles de vigne socialisantes de sa plateforme politique. Oublié le salaire d’un ouvrier moyen comme compensation du député (George a le goût du voyage, des grandes résidences et des beaux objets. N’a-t-il pas déclaré : « I need a 150 000 pounds a year !»), oublié aussi la défense intransigeante du droit à l’avortement (George est catholique et il ne faut surtout pas choquer les imams et troubler les mosquées), oublié enfin une politique de frontières ouvertes (car il faut se donner des airs de réalisme respectable); comme dans tout front populaire, le « gauche » travaille pour la bourgeoisie. La plus récente couleuvre que les gauchistes du SWP britannique ont dû avaler, est la sortie que leur porte-parole Galloway a fait à la populaire émission Newsnight du 7 juillet. Affirmant qu’il était inutile de discuter avec les personnes suspectes d’avoir perpétré les attentats du jour même, notre grand réformiste s’est empressé de conclure qu’il fallait tout simplement les abattre. Les propos de cette personnalité de gauche ont été lancés dans un climat d’hystérie et de panique officiellement sanctionné et stimulé par l’État. Deux semaines plus tard, le 22 juillet, les forces policières allaient suivre le conseil des réformistes et abattre l’ouvrier Jean Charles de Menezes de sept balles dans la tête et d’une autre dans l’épaule, à la station de métro Stockwell de Londres. La marque de fabrique des réformistes de tout poil étant l’opportunisme, il n’est pas surprenant de constater que RESPECT et Galloway crient maintenant au scandale et exigent une enquête publique dans cette affaire. Avec un tel flair politique, les enfants du prophète Trotski et le politicien combinard Galloway ont peut-être de l’avenir dans l’œuvre de régénération des institutions bourgeoises britanniques, d’autant plus que la campagne de peur menée par Blair risque de mener à des crispations communautaires propres à leur fournir une petite base électorale.

Ailleurs aussi, les difficultés gouvernementales ou oppositionnelles de la gauche traditionnelle créent les conditions d’une recomposition et d’un renouvellement des forces réformistes. Ainsi en France, « l’anarcho-syndicaliste » José Bové a fait connaître ses visées sur non moins que la présidence de la République, des visées qui seraient d’ailleurs bien vues par certaines fractions trotskistes et une bonne partie des altermondialistes. En Écosse, le Scottish Socialist Party, le fruit d’une coalition de groupes trotskistes et de quelques déçus, tant du Scottish Labour Party que du Scottish National Party, a réussi à faire élire 6 députés au Parlement écossais en 2003 sur une plateforme réformiste et nationaliste. Cependant, le choc de l’ambition personnelle de deux de ses dirigeants, Tommy Sheridan et Alan McCombes, et la vilaine et très publique guerre intestine qui s’en est suivie a mené à une forte chute de l’appui électoral de ce parti aux élections du 5 mai. En Italie, Rifondazione Comunista (RC) dirigé par Fausto Bertinotti (la coalition des forces qui ont tenté de maintenir l’ancien PCI ainsi que diverses organisations trotskistes et altermondialistes), avait un temps pris ses distances de la Coalition de l’Olivier de l’ancien président de l’Union Européenne, Romano Prodi, alors que celle-ci était au gouvernement et imposait des mesures d’austérité. Depuis, RC s’était peaufiné une image de gauche radicale mais responsable. Cependant, lors de son congrès de mars 2005, Rifondazione a décidé de soutenir à nouveau l’Olivier, allant jusqu'à vouloir participer à d'éventuelles responsabilités ministérielles. La perspective du renversement prochain du gouvernement Berlusconi et l’exercice du pouvoir ont eu le dessus sur les prétentions radicales de ce parti. Il est probable que ses futures ministres pourront bientôt promulguer des lois berlusconistes, sans Berlusconi. Les académiciens de gauche auront alors le loisir de justifier l’injustifiable par les acrobaties de la curieuse dialectique qui est celle l’intelligentsia petite-bourgeoise dans ces occasions-là.

Et c’est justement cette « curieuse dialectique » qui inspire toujours les apologistes du parti fondateur du néo-réformisme moderne et le modèle avoué ou pas des divers partis et politiciens mentionnés précédemment, le Parti des Travailleurs du Brésil (PT). Le parti du bureaucrate syndical Lula, fondé en 1980, est lui aussi le fruit d’une entente entre divers courants sociaux-démocrates, syndicalistes et trotskistes, tous rassemblés autour de la personnalité de Lula. Maintenant au pouvoir, le PT gouverne contre les travailleurs et les travailleuses. Il est le complice du meurtre continuel de paysans sans terre, il emprisonne les sans-abri, il coupe dans les pensions et les programmes sociaux, il dirige un important État impérialiste dans l’intérêt des impérialistes et il expulse ses quelques parlementaires qui osent timidement lever la voix contre « l’abandon de sa mission sociale » (1). Comme si la mission du PT n’avait jamais été autre que d’être l’aile gauche du capital; la force politique qui, dans l’alternance parlementaire, allait être appelé à réprimer le prolétariat lorsque l’aile droite aura été complètement discréditée par l’exercice du pouvoir. Ce modèle qui inspire tous les réformateurs modernes baignent maintenant dans un sombre scandale de copinage et de corruption. Le PT avait fignolé un système où il accordait une mensalao (une prime mensuelle) de 10 500 Euros à des parlementaires des partis d’opposition pour qu’ils appuient les projets de Lula. Tout un modèle que voilà…

Pendant ce temps-là, de retour au Québec…

Les mêmes conditions qui mènent à une recomposition de la gauche bourgeoise en Europe et en Amérique Latine alimentent des initiatives semblables au Québec. Un processus de tâtonnements, de négociations et de regroupement long de plusieurs années avait déjà permis à un certain nombre de groupuscules et d’individus de se coaliser au sein de l’Union des forces progressistes (UFP), un parti réformiste et indépendantiste qui regroupe peut-être quelques milliers de membres. On retrouve au sein de l’UFP les deux Parti « communiste » du Québec (Voix du peuple et Clarté - fraîchement scindés entre fraction nationaliste ultra-indépendantiste et fraction nationaliste plus hésitante), les groupes trotskistes Gauche socialiste et les Socialistes internationaux (SI), l’ex-Parti de la démocratie socialiste de l’ancien felquiste Paul Rose, des altermondialistes, des « libertaires » et un nombre de plus en plus réduit de péquistes déçus. Alors que le Parti Québécois (PQ) était toujours au pouvoir, ce parti avait des espoirs d’effectuer une petite percée, un espoir alimenté par une performance relativement solide de Paul Cliche qui avait recueilli 24,19% du vote et s’était placé troisième lors d’une élection partielle dans le quartier branché et ultranationaliste de Mercier.

Cependant, une autre force s’est manifestée depuis plusieurs mois. Option Citoyenne (OC) regroupe plus de 2000 « enfants », comme se plaît à appeler ses membres sa principale dirigeante, Françoise David. Pas étonnant qu’on s’amuse à l’appeler Matante… Cependant, il n’y a rien de très drôle chez madame David. Avec son acolyte François Saillant, elle partage un passé commun dans l’Organisation marxiste-léniniste du Canada En Lutte! , une formation « anti-révisionniste » relativement importante dissoute au début des années 80. Mais il y a longtemps que David, Saillant et de nombreuses autres personnes de leur entourage ont connu leur « Bad-Godesberg » (2). Depuis des années, les hommes et les femmes qui dirigent cette formation ont fait carrière en tant qu’interlocuteurs et interlocutrices de l’État « en faveur des démunis ». Lorsqu’à la télé, dans les journaux ou dans les commissions parlementaires, nos exploiteurs ont besoin d’une opposition loyale et responsable, c’est habituellement à eux que l’on donne la parole. Ils n’ont jamais été élus par la base qu’ils prétendent représenter. Ils officient de par leur fonction stipendiée par l’État. Ils ont sans doute été désignés par leurs pairs également subventionnés, mais leur importance tient uniquement de leur reconnaissance par l’État. Ce sont ce que les américains caractérisent avec beaucoup de justesse des « poverty pimps ».

Dirigeante et principale porte-parole, madame David a largement bénéficié de son rôle d’ex-dirigeante de la Fédération des femmes du Québec. À ce poste, elle a organisé une vaste opération de récupération, la marche « Du pain et des roses ». Durant cette campagne, très largement médiatisée, elle a fait marcher 600 femmes sur de longues distances pour enfin arriver à Québec. Du haut d’une tribune qu’elle partageait avec le Premier ministre Parizeau, elle avait alors annoncé une série de gains (des vétilles), tous préalablement négociés avec l’État. Plus tard, à l’automne 2000, elle récidivera avec une prétendue Marche mondiale des femmes dont on retiendra qu’elle fut la seule manifestation à laquelle j’ai participé au Québec où le service d’ordre a physiquement tenté d’interdire le droit de diffusion de toute littérature n’ayant pas reçu l’imprimatur des organisateurs, en l’occurrence madame David et son équipe de censeurs féministes. C’est sans doute un reliquat de ses années obscures qu’elle a longtemps tenté de faire oublier, alors qu’elle participait à la direction d’une organisation stalinienne. Cette épisode stalinienne allait être suivie d’une brève et peu glorieuse parenthèse syndicale avant qu’elle ne se réinvente en incarnation vivante du féminisme québécois : une féministe de gauche, mais de la gauche réaliste. Voyons donc maintenant qu’elle est la nature et la substance de cette gauche.

Au référendum d’octobre 1995, Françoise la toute nouvelle héroïne des causes populaires, se portera à la défense du chef nationaliste et avocat du grand patronat Lucien Bouchard, après son fameux discours raciste sur la natalité : « On est une des races blanches… ». Après son intervention, les médias étoufferont alors aussitôt l’affaire. La papesse du pain et des roses avait jugé que l’intervention de Bouchard n’était pas méchante. Plus tard, lors du Sommet de Québec au printemps 2001, elle dénoncera la « violence » des manifestants après qu’une grande partie de la ville leur fut interdite et alors que ceux-ci subissaient des charges policières et essuyaient salves après salves de tirs de grenades lacrymogènes et de balles de plastic. Mais, grâce à ses complicités en haut lieu, son habile fausse modestie et son omniprésence sur les plateaux des émissions d’affaires publiques et dans les pages d’opinion, l’ambitieuse politicienne, tel un phénix arrive toujours à renaître de ses cendres.

Puis, pour faire connaître ses ambitions et délimiter ce qu’elle entend faire d’OC, elle publiera un opuscule, « Bien commun recherché : une option citoyenne. » Elle y fait une critique de la réalité actuelle qui sonne quelques fois juste quand elle relate des évidences. Mais pas besoin d’être brillante pour se rendre compte qu’il fait noir… En fait, elle s’en tient à une critique de certains excès du capitalisme, sans s’en prendre au système lui-même. En bonne opportuniste, elle réduit et banalise volontairement d’ailleurs toute la signification et la portée de ce que signifie le marché dans la dynamique capitaliste. Ainsi, pour elle, la critique du « capitalisme sauvage ne signifie pas abolir la liberté d’entreprendre, d’imaginer un nouveau produit, d’ouvrir un restaurant ou de posséder une ferme! » Pour elle, tout est une question de dialogue. Il s’agit d’échanger sur des valeurs dont la portée universelle finira bien par s’imposer graduellement, pédagogiquement. Ainsi, au tout début de son livre, elle écrit qu’il faudra réfléchir sérieusement à ce qu’il faut faire pour la population de Murdochville, durement éprouvée par la fermeture de la Noranda. Le lectorat qui aura eu la patience de lire toute la panoplie de doucereuses inepties, d’engagements vagues et de vœux pieux contenus dans le bouquin, aura bien du mal à comprendre ce que l’auteure propose aux travailleurs et aux travailleuses de Murdochville, parce qu’en définitive, comme tous les politiciens, elle n’en dit pas un traître mot.

À la base de la conception de renouvellement de la gauche dans son bouquin, il y a une très vieille idée, celle de l’entente sociale, du tripartisme, de la concertation et de la collaboration de classe. Les théoriciens d’OC n’ont rien inventé. Eux qui prétendent que Marx est dépassé et ringard n’ont fait que moderniser l’emballage de l’œuvre d’un autre « théoricien ». En effet, toute cette promotion du dialogue sociale, toute cette dissimulation de la réalité de la lutte à mort entre classes antagonistes, tout cet escamotage de l’impérialisme dans le but de mousser un mouvement anti-mondialisation nationaliste et anti-classiste, trouve son origine dans la formation catholique de nos maoïstes repentis. En 1891, le pape Léon XIII ne prêchait pas autrement dans son Encyclique Rerum Novarum. « Patron, soit bon pour ton employé! Employé, respecte ton patron! » Et surtout, n’oublions pas le petit commerce et la ferme… C’est ça le renouvellement et l’actualisation de la gauche québécoise proposés par David, Saillant et Cie.

Le futur d’une carrière, les incertitudes d’une option

Il y a donc deux mouvements qui espèrent constituer la nouvelle alternative de gauche au Québec. Mais que les thuriféraires en quête de sauveurs à encenser ne désespèrent pas. Nous avons affaire ici à des politiciens responsables qui ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient bientôt fusionner leurs organisations coûte que coûte en vue de créer un nouveau parti politique provincial. Peu importe que l’OC n’a toujours pas de position constitutionnelle claire (toutes les manœuvres pro-nationalistes de Saillant et David à cet effet n’ont pas encore aboutis), alors que l’UFP se veut indépendantiste pur et dur. Peu importe aussi que les gauchistes de l’UFP tienne un discours plus radical qui ne plaît pas vraiment aux modernistes de l’OC. Il est déjà entendu que le futur parti sera de « centre-gauche » comme le reconnaît Résistance le journal des trotskistes de SI, qui pourtant, tout heureux de franchir le Rubicon pour une centième fois, sont disposés à soutenir l’initiative. La voie de la construction du parti est déjà toute tracée et ses jalons, inscrits au calendrier. Alors que le congrès de fondation devrait se tenir du 13 au 15 janvier 2006, il est prévu que la conférence sur l’orientation ne se tiendra que quelques mois plus tard (!) et surtout que la discussion sur la question cruciale des orientations stratégiques (ses alliances) ne se feraient qu’à la toute veille des prochaines élections. Or, toute la construction de ce château de cartes tient à cette question des alliances. En clair, tout dépend du joker du PQ, car c’est ce dernier qui dispose des atouts.

Si les carriéristes David et Saillant s’étaient joints à l’UFP ou avaient travaillé en coalition avec celui-ci alors que le PQ était toujours au pouvoir, il n’est pas exclu qu’une ou deux percées électorales locales auraient pu être réalisées, ce qui leur aurait permis d’établir des assises pour l’avenir. Une alternative électorale ne peut en effet se constituer que si elle espère gagner occasionnellement des élections. Le PQ était alors largement discrédité par des années de coupures et d’austérité. Cependant, celui-ci s’est depuis re-dynamiser et re-crédibiliser par la jonction de quatre facteurs importants. D’abord, la crise des commandites, même si elle est le fait du Parti Libéral fédéral, a pour l’instant complètement discrédité les forces se réclamant d’un fédéralisme de statu quo au Québec. Puis, le Parti Libéral provincial au gouvernement s’est déconsidérer très rapidement du fait que contrairement au PQ, il n’a pas cherché à s’associer les syndicats pour mieux faire passer ses politiques antisociales et s’est donc exposé à leur vindicte. Ensuite, la course « inattendue » au leadership du PQ, ouverte par la démission surprise de Landry, offre à ce parti un avantage médiatique important, qu’il exploite relativement bien en mettant de l’avant des politiciens plus jeunes et moins associés aux dégâts des administrations péquistes antérieures. Enfin, et c’est probablement ce qui est principal, les syndicats ont fait leur lit et s’associent maintenant plus ouvertement que jamais au PQ plutôt qu’à la nouvelle gauche. Ils l’ont convaincu de leur faire une place de choix, par la reconnaissance de leur club politique « Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre » (SPQL) à l’intérieur même des structures du Parti. À son dernier congrès, Monique Richard, l’ex-présidente de la CSQ et membre fondatrice de SPQL est devenue la présidente du parti et Pierre Dubuc, le dirigeant de SPQL est maintenant candidat à sa chefferie. Même s’il n’a aucune chance de la gagner, Dubuc relèvera sensiblement le « profil de gauche » du parti lors de la campagne. C’est d’ailleurs sa mission.

Dans un tel contexte, il semble clair que le PQ (à moins d’une autodestruction improbable lors du renouvellement de son leadership) reprendra facilement le pouvoir au prochaines élections, et que cela ne laisse que peu d’espoir d’une victoire du nouveau parti de gauche dans aucun des comtés du Québec. Le vieux projet d’un nouveau parti de gauche serait alors encore une fois retardé du fait qu’il n’est qu’un faible succédané, rival mais pour l’instant inutile, du vrai parti de centre-gauche nationaliste qu’est le PQ. Bien sûr, le nouveau parti peut toujours espérer que les libéraux promulguent une réforme de la loi électorale accordant une certaine représentation proportionnelle, lui permettant d’accéder à l’Assemblée nationale par la petite porte. Mais une telle réforme ne semble pas pour bientôt. Il peut aussi envisager une alliance tactique avec le PQ, où il mendierait quelques comtés à ce dernier, en échange de son appui partout ailleurs. Françoise David a d’ailleurs déjà fait connaître son aval à cette possibilité lorsqu’elle a déclaré qu’elle ne souhaitait pas être « la Ralph Nader du Québec et contribuer à la défaite du PQ. » On ne peut pas exclure non plus un ralliement pur et simple du nouveau parti (ou d’une partie de ses composantes) au PQ. David a aussi déclaré : « Nous sommes tous des gens intelligents et stratégiques. À l’approche des élections, on verra ce qu’on a à dire au PQ. » La perspective d’un troisième référendum sur la souveraineté lui offrirait sans doute le prétexte d’une justification qu’elle n’hésiterait absolument pas à utiliser. Elle pourrait aussi évoquer que la nouvelle donnée du SPQL lui permet d’espérer gauchir le parti. En ce cas, gageons que les trente deniers seraient accompagnés d’un poste ministériel et d’un comté sûr. Boulerice commence à se faire vieux et imprévisible dans Sainte-Marie-Saint-Jacques…[Note de Steve : il a démissionné depuis la rédaction de cet article] Bien sûr, cette option serait refusé par certains éléments gauchistes (il serait imprudent de prédire qu’ils le feraient tous!), mais cela tuerait dans l’œuf pour le moment la possibilité d’un nouveau parti social-démocrate rival du PQ. Tant que ce dernier pourra assurer son rôle de contrôle social et d’alternance parlementaire, rien ne presse. Mais que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur du PQ, les manœuvres politiques des carriéristes et des gauchistes n’augurent rien de bon pour les travailleurs et les travailleuses. Au Québec, comme partout ailleurs sur la planète, notre salut ne passe pas par la réforme des modalités de notre exploitation, mais bien par le renversement du système d’exploitation lui-même.
Victor

(1) Il est à noter que les élus exclus du PT, Jaoa Fontes, Heloisa Helena, Luciana Genro et Baba, tous trotskistes (alors que d’autres trotskistes se taisent et restent au PT, y inclus à des postes ministériels), n’ont pu faire mieux que répéter la malheureuse expérience du PT et former un nouveau parti tout aussi réformiste que l’original, le Parti du Socialisme et de la Liberté. On ne peut pas dire que les trotskistes sont forts dans l’exercice de bilans.

(2) Le congrès de 1959, au cours duquel le Socialdemokratische Partei Deutschlands (SPD) a abandonné toute référence au marxisme.

Groupe Internationaliste Ouvrier, section canadienne du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire

Courriel: can...@ibpr.org

www.ibrp.org


Subject: 
Contre le réformisme et le BIPR
Author: 
calvaire01
Date: 
Fri, 2005-10-14 20:25

Tout à fait d'accord sur la critique du réformisme du BIPR mais ajoutons que lui-même ne nous offre rien de vraiment mieux :

La communisation contre la contre-révolution bipr-iste et de la gauche communiste de parti en général (version modifiée)
Calvaire, Mercredi, 21/09/2005 - 21:40
Analyses | Mondialisation | Politique
La communisation contre la contre-révolution bipr-iste et de la gauche communiste de parti en général

Ce texte est un appel à contrer ces guides et organisateurs du « prolétariat », ces contre-révolutionnaires autoritaires

« De la fragmentation des forces révolutionnaires qui s’agitent sur toute la terre, aux futures batailles politiques et militaires du parti révolutionnaire international, la situation demande aux communistes le maximum d’efforts pour l’homogénéisation politique et pour former de nouveaux cadres. » (BIPR)

Voilà le fin mot du BIPR sur le processus révolutionnaire. Nous voyons condensé dans cette phrase que ceux et celles qui nous traitent de nouveaux réformistes ne sont en fait que de vulgaires autoritaires appelant ou préfigurant ces « nouveaux cadres » qui saluent encore la grandeur de la contre-révolution bolchévique de 1917 qui extermina toute velléité d’autonomie et de communisme à la base pour ce qu’il appelle en réifiant «le prolétariat », en faisant « un sujet » pour sa révolution, un sujet asservi à ses fins.

« L'objectif de tout mouvement révolutionnaire devrait être celui de réussir à s'enraciner au sein de la classe ouvrière et ceci afin de se trouver dans une position qui lui permettra d'indiquer les directions que la lutte de classe devra prendre aujourd'hui et d'organiser et de guider la révolution demain. » (BIPR)

Donner la direction à la classe ouvrière, « indiquer les directions que la lutte de classe devra prendre aujourd'hui et d'organiser et de guider la révolution demain »… Guider et organiser… Il mettra en place « le Bureau » le Parti révolutionnaire international qui guidera et indiquera la voie, vous éclairera comme le maître prophétique de la future révolution et bien sûr il s’abolira comme s’est aboli l’État sous Lénine, c’est-à-dire jamais. Bref, ce qu’il nous annonce sous le mot de « dictature du prolétariat » sera encore cette dictature contre tout ce qui vit en bons léninistes qu’ils et elles sont. Vous verrez les partis et/ou le parti international et leur contrôle autoritaire se répandre partout et nulle part le communisme. C’est ce que vous offre cette Gauche communiste comme les marxistes-léninistes de toute tendance.

Calvaire, ce nouveau réformiste selon le Bureau, entrevoit plutôt que le mouvement révolutionnaire communiste comme communisateur s’effectuera comme mouvement dès le départ contre la bureaucratie et ses fonctionnaires, cadres ou organisateurs, contre les partis et les États, sous peine qu’un contrôle ouvrier ou du travail se rétablisse comme « dictature sur et contre le prolétariat » comme l’appelaient ceux et celles qui ont tiré les leçons des vieux rêves autoritaires des marxistes en général et léninistes en particulier. La communisation se vivra contre toute forme d’arraisonnement de la vie sous forme d’homogénéisation sociale et politique. Et la révolution qui en découlera sera comme le dit Christian Charrier : « la prochaine révolution sera communisation de la société, c’est-à-dire sa destruction, sans "période de transition" ni "dictature du prolétariat", destruction des classes et du salariat, de toute forme d’État ou de totalité subsumant les individus... ».

Tout cela parce que nous ne voulons plus vivre de cauchemars bien vivants léninistes ni ceux venant des autres dictateurs potentiels déguisés en organisateurs.

« L'acquis principal est la critique des luttes gestionnaires et le rejet de tout rafistolage du programme prolétarien de libération du travail. La révolution - c'est-à-dire la communisation - sera destruction immédiate du travail salarié, de l'échange marchand, de toutes les classes - prolétariat inclus - donc aussi de toute médiation politique. » (François Danel à propos de la communisation)

Les dictateurs futurs du BIPR nous auront donc sur leur chemin, la communisation s’exercera aussi contre leur médiation politique. La contre-révolution que constituerait la révolution du Parti révolutionnaire international ou encore l'«État de la dictature du prolétariat » même proposé sous forme d’État des conseils, ce centralisme bureaucratique nouveau, nous l’exterminerons comme nous le ferons contre toute tentative contre-révolutionnaire du même genre.

Vous trouverez les textes de cet organe contre-révolutionnaire à www.ibrp.org


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Subject: 
Contre les délires de Calvaire
Author: 
Dave L
Date: 
Fri, 2005-10-14 22:06

Reconceptualisation polyphonique et Invite
vendredi 22 avril 2005.

Par Marceau

Bon, je ne croyais pas participer à déclencher cette suite de messages, que je viens de lire, lorsque j’ai envoyé mon mail, somme tout assez sommaire, sur les contributions du site de Meeting, dont je venais de prendre connaissance. Mais puisque le pastis est tiré, vidons-le...
Je me permets donc ici une rapide suite et fin pour préciser ma pensée sur cette discussion virtuelle et par la même occasion, prendre définitivement mes distances avec un possible dialogue avec le refondamentaliste en question.

L’arroseur arrosé !

Il est plutôt amusant de voir ce délire paranoïde d’excommunication aux accents décidément très œcuménique de la part d’un « sauvage communisateur » et qui s’insurge maintenant contre les « insanités écrites », « insultes qui ne mènent nulle part... sans arguments, ils ne font que sermonner.. » etc.. J’en comprends que cela empêcherait maintenant ce polyphonique reconceptualisateur de « penser la divergence dialogique comme constitutive » si je suis bien les méandres reconstructivistes de sa pensée...Je renvois encore au message du 23 novembre 2004 que j’ai précédemment cité pour clore sur le numéro de l’arroseur arrosé qui s’offense de la chose. Quant au reste, il me semble évident qu’en appeler au modérateur d’un site, ne fais en rien référence à la modération tel que RS semble la définir dans un autre cadre ; simplement le respect des balises de discussion pour garder lisible et intelligible une entreprise de ce genre.
Essentiellement, après avoir en ce matin de congé , relu entièrement la prose en question, je ne vois pas en quoi un dialogue est possible avec l’interlocuteur polyphonique sur des bases communes critiques

Les fruits amers de « l’imaginaire instituant... »

En jouant habilement et alternativement de la provocation et de la flagornerie, du chaud et du froid, la prose calvairiste qu’il m’a été permis de lire réussit à faire l’impasse sur tout ce qu’elle touche. Une classe, pas de classe, contre le démocratisme radical mais pour la sauvage communisation des conditions actuelles, de nos vie par la radicalisation de luttes ...démocrates radicales, doit-on comprendre etc. Si la « théorie est tendance à la synthétisation et à l’abstraction des conditions particulières pour parvenir à une expression générale et au dessus de la singularité de chaque cas » comme disait plus théoricien que moi, force nous est de constater qu’ici c’est tout le contraire qui se produit . J’accorde que les mots sont souvent identiques mais on voit rapidement que leur fonction est tout à fait autre : celle de paravent aux plus plates pratiques activistes, comme dans le mouvement étudiant, dans ce cas-ci et si je comprends bien les allusions de certains textes sur la pratique de l’auteur. Mais c’est, entre autre, dans le mail du 13 octobre 2004 que cette sauvage polyphonie communisatrice me semble donner sa note la plus juste en répondant à une question, que l’on comprend comme portant sur la nature du communisme : « Ce peut-être vu aussi comme une création sociale- historique, fruit de l’imaginaire instituant, au sens de Castoriadis... » Moi qui croyait avoir affaire à quelque étudiant de Jussieu fraîchement dé-Bourdieusé me voici en face de « l’imaginaire instituant » du vieux bouc de Castoriadis.

Bigre, l’affaire se corse et nous aurons bientôt besoin de bien plus qu’un modérateur... Car si il a été facile et rapide de se débarrasser du GCI, les forceps seront ici nécessaires pour faire avorter cette hydre théorique qu’on nous invite à discuter.
Tout cette nana-théorie est bien stérile et on aura beau accoupler mille fois tous ces post-modernistes avec le communisme théorique, on n’engendra jamais une once de subversion, encore moins de révolution.

Le Maëlstrom de l’Invite.

Pour terminer cette transgression, je reviens sur l’Invite qui semble se comprendre de multiples façons .Pour ma part, je me suis toujours méfié de cette absence de modestie propre aux nouveaux adeptes qui s’autoproclament théoriciens , ce qui est bien visible ici, dans le cas qui nous occupe. Je rappelle, sans sacraliser, que les divers écrits et hypothèses qui fondent et qui appuient les présentes discussions sur ce site sont issues d’années d’efforts théoriques de la part de TC, de Dauvé et Cie, et de biens d’autres qu’on retrouvent, en partie dans le livre « Rupture... ». On peut bien en arracher ça et là quelques lambeaux théoriques pour habiller la sociologie dite critique d’oripeaux subversifs, nous restons aux antipodes d’une réelle théorie révolutionnaire même contradictoire.
Soyons clair et brusque, qui veux réellement discuter à partir des soliloques délirants de la « sauvage communisation de nos vies » ? Ces incantation irréelles desservent la critique radicale en actes que la situation actuelle amène les prolétaires, nous amène à poser. Cette posture re-ceci et post-cela dépasse largement les termes et l’esprit que je comprends de l’Invite : comme le point 4 où on dit, entre autre, partager tant théoriquement que pratiquement, « la certitude que la lutte de classes entre le prolétariat et la classe capitaliste est partout dans le monde l’unique dynamique de cette destruction » et le point 5 qui affirme en son début : « la communisation n’est pas un programme qu’il faudrait appliquer, ni même quelque chose que l’on pourrait d’ores et déjà décrire , etc.... »
Mais au delà et plus important que ce cadre formel, qui est souvent mis en questionnement de façon sérieuse par plusieurs dont La Matérielle par exemple, j’insiste sur le fait que pour faire « travailler » des textes à leur propre dépassement, encore faut-il une base au dépassement et qu’il ne sert à rien de se confronter en permannece à des expressions totalement divergentes ou pire récupératrices. C’est ce qui se passe présentement, à mon avis, avec ces morceaux d’anthologie de la confusion auquel d’ailleurs la plupart des participants ont cessé de vouloir répondre. Et c’est ce que je vais moi-même faire... . Désolé de ce long épilogue qui n’en méritait pas tant et j’espère pouvoir vous envoyer des choses plus intéressantes d’ici peu....

Marceau.

PS
Il serait bon de relire ou de mettre en ligne la réponse de TC à Maëlstrom qu’un copain m’a récemment remis en mémoire et qui pourrait être d’actualité....sous certaines de ces facettes.
http://meeting.senonevero.net


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Subject: 
L'anarchiste qui défend le BIPR ?
Author: 
calvaire01
Date: 
Mon, 2005-10-17 13:17

J'ai déjà amplement répondu à ce texte démagogique (voir la fin de ce commentaire), démagogie stupide, mais bon... On attisera pas encore plus la colère de ces individus machistes et violents de crainte qu'ils ne savent plus quoi répondre et se mettre à battre les individuEs qui ne pensent pas comme eux. Ou les insulter sur la grosseur de leur membre et la supposée folie de leur attitude, macho et collabo du fascisme psychiatrique (à quand les électrochocs ?).

''bref, t'as qu'à consulter un psy pour ton p'tit pénis.'' Wow ! Quelle bouffonerie !

Contre le démocratisme radical et contre les théoricistes aussi (donc contre Meeting et La Sociale aussi)
Calvaire, lundi, 26/09/2005 - 20:10
Analyses | Culture | Démocratie | Politique
(amorce d'une réponse à la critique de Marceau soumis par Dave L. http://quebec.indymedia.org/fr/node/22302 et réponse en général )

Le démocratisme radical existe comme tendance affirmant dans son pôle de radicalité de nouvelles luttes sociales qui peuvent allées jusqu’à l’autogestion et l’action directe mais toujours pacifiées par les procédures d’AG, la conciliation des intérêts par le consensus et l’unitarisme. Nous, le nous de position, n’avons rien à foutre avec lui car nous vivons et luttons furieusement sans attendre quoi que ce soit des règles d’un quelconque jeu démocratique : ni démocratie comme gestion faussement représentative ni démocratie directe comme activités politiques régulées par ag, structures qui perdurent, Organisation unitaire qui nie la conflictualité et les différents…

De l’affirmation sans compromis de notre existence communisée, nous attaquons les procédures de gestion de nos vies y compris la démocratie directe particulièrement sous sa forme assembléiste. Nous n’avons que faire de passer nos vies à gérer le monde dans la procédure dans de vastes assemblées générales qui mettent en place la pacification des conflits. Notre vie est une attaque constante contre sa formalisation-programmation. Nous ne voulons pas nous autogérer, nous ne voulons pas nous gérer tout simplement.
Quand nous créons, quand nous nous aimons, quand nous produisons, quand nous pensons et même quand nous discutons, nous n’avons pas besoin de passer par l’AG pour savoir quoi faire et quoi penser et surtout comment nous policer. Nous vivons furieusement sans canaliser nos forces dans la maîtrise du tout et la programmation de nos vies. Nous communisons dans l’illégalité en libérant les espaces, les ressources alimentaires, les techniques, les idées, les désirs...

Nous entendons par démocratie directe l’autogestion procédurière de nos misères, le lieu de pacification des conflits, l’espace structurant de rencontres légitimé comme lieu de programmation de la discussion, de la non-vie, de la domination du code sur la vitalité et le dynamisme du mouvement, la tentative de concilier toutes les puissances sociales dans un même mouvement en faisant l’économie de la violence entre tendances dominantes et mouvements de destruction de ces formes de domination...

Nous sommes des illégalistes qui brisons les lois et les codes comme tout ce qui régule pour à la fois vivre sans entraves et lutter sans compromis. Nous communisons plus souvent qu’autrement dans l’illégalité et l’informel. Rien à voir avec la démocratie radicale fusse-t-elle celle pensée par Castoriadis à qui nous empruntons parfois certains concepts comme on pille ce dont nous avons besoin et désirons (pillage que nous reproche les gens de La Sociale qui tiennent encore à la propriété de leurs idées, explications seront données si nécessaires).

Notre vivre-et-lutter n’a donc strictement à voir avec le démocratisme radical mais pas plus avec une activité strictement théorique comme celle des gens de Meeting et pas plus avec celle des camarades de La Sociale et leurs alentours (dont Dave L.) qui brillent par leurs contradictions, qui d’un côté affirment la nécessaire communisation et de l’autre n’ont d’activité principale que la diffusion de textes théoriques qu’ils vendent comme n’importe quel produit sur le marché (un marché qui s’appelle Senonevero ou encore les éditions La Sociale et la librairie l’Insoumise). Contrairement à eux, nous ne sommes pas des attentistes et encore moins des théoricistes (des partisans de la théorie sur la théorie sur la théorie…). Nous nous organisons pour vivre et pour lutter sous des modes de gratuité, de partage, de mise en commun, d’amitiés intenses… Nous savons que c’est insuffisant mais il faut des bases pour attaquer/détruire, construire le mouvement de communisation qui ne peut avoir de prolongements que dans des insurrections massives…

« La prochaine révolution sera communisation de la société, c’est-à-dire sa destruction, sans "période de transition" ni "dictature du prolétariat", destruction des classes et du salariat, de toute forme d’État ou de totalité subsumant les individus... » Communisation - Christian Charrier

À moins de vouloir attendre toujours attendre en se soûlant perpétuellement de bières et de beaux discours qui n’engagent à rien et qui surtout relèvent de plus en plus de l’impuissance (malgré leurs allures récurrentes de forts et violents machos prêts à battre et harceler n’importe qui n’importe quand).


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