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COCAÏNE ET POLITIQUE AU QUÉBEC 1ère partie: L'affaire Boisclair

Anonyme, Thursday, October 13, 2005 - 18:10

B.A.L.

Censure médiatique, détournement de fond d'un ex-chef de cabinet devenu cocaïnomane, ce qu'il convient d'appeler l'affaire Boisclair pourrait cacher beaucoup que d'anodines « frasques de jeunesse ».

COCAINE ET POLITIQUE AU QUÉBEC
—1ère partie—

« Affaire Boisclair »

LE VRAI SCANDALE N’EST PEUT-ÊTRE PAS LÀ OÙ ON LE PENSE…

Par le Bureau des Affaires Louches *

La controverse entourant la consommation de cocaïne de M. André Boisclair se résume-t-elle à quelques « frasques de jeunesse » sans conséquences ?

En grattant un peu, le BUREAU DES AFFAIRES LOUCHES a fait la découverte de certains faits troublants qui laissent soupçonner que nous pourrions avoir affaire à autre chose que quelques faux pas occasionnels de la part de celui qui est devenu le grand favori dans la course à la succession de Barnard Landry au Parti Québécois.

Quand on sait que l’ancien chef de cabinet de M. Boisclair a non seulement lui-même été cocaïnomane mais qu’en plus il fraudait le gouvernement pour s’approvisionner en poudre, cela donne une tout autre dimension à l’affaire.

De plus, quand on sait que le quotidien La Presse a délibérément censuré un passage d’un article signé par un de ses journalistes qui faisait précisément allusion à la consommation de cocaïne de M. Boisclair, la question du traitement médiatique de l’affaire mérite dès lors d’être analysée sous un éclairage nouveau.

Par ailleurs, on est loin d’être en présence d’un cas isolé. Dans la deuxième partie de ce dossier « Cocaïne et politique au Québec », le B.A.L. entend revenir sur le cas de l’ancien député Gilles Baril et sur celui de l’ancien ministre Jean-François Bertrand.

Enfin, ce dossier ne serait pas complet si le B.A.L. ne prenait pas parti dans la polémique endiablée qui a accompagné toute l’affaire Boisclair.

Le droit de savoir

Ils ont dit que la consommation de cocaïne de M. André Boisclair n’était pas d’intérêt public. Ils ont dit qu’ils ne voulaient rien savoir et ont fait un procès d’intention à ceux qui voulaient savoir. Ils s’en sont pris aux médias, en dénonçant leur « comportement de hyènes qui harcèlent une proie jusqu’à la détruire » ainsi que « cette manie de toujours fouiller le passé de nos politiciens pour mieux les planter ».

Qui ça ?

Des gens qui, par dizaines, sont intervenus sur les tribunes libres et ont vu leurs lettres d’indignation être publié dans le courrier des lecteurs des grands journaux. Des gens parmi lesquels se sont assurément faufilé un certain nombre de Boisclairistes. Mais aussi des citoyens bien-pensants qui, sans avoir forcément un parti-pris dans la course à la chefferie du PQ, estimaient que les médias avaient largement dépassé les bornes de la décence dans leur traitement de l’affaire Boisclair.

Ainsi, à peine les journalistes avaient-ils commencé à faire leur boulot, c’est-à-dire questionner le candidat Boisclair sur son usage de la cocaïne, que déjà les bien-pensants commençaient à faire leur procès, en les accusant d’intrusion indue dans la vie privée d’un homme politique.

De quoi parle-t-on au juste ici ? On nous parle de l’influence de la drogue sur le monde de la politique—une fois n’étant pas coutume—et on nous dit que ce n’est pas d’intérêt public ?!

Faut-il rappeller que la possession simple de cocaïne est un acte criminel passible d’une peine maximale de 7 ans d’emprisonnement ? Bien que la consommation de cocaïne n’est pas un acte criminel comme tel, on imagine mal par quel tour de force quelqu’un pourrait consommer une substance prohibée sans être en possession de celle-ci.

Par contre, il n’est pas essentiel d’avoir la drogue sur soi pour être déclaré coupable de possession simple. Si, par exemple, la police faisait soudainement irruption dans une chambre d’hôtel où se trouveraient plusieurs personnes réunies autour d’une table, sur laquelle se trouverait une quantité X de poudre, alors les policiers pourraient coffrer tout ce beau monde pour possession simple. Voilà qui illustre le genre de risque qu’a pris M. Boisclair.

Il s’agit là, bien entendu, d’une situation hypothétique. Mais ce qui n’a rien d’hypothétique est le fait que M. Boisclair, au même titre que tous les autres consommateurs de ce produit dispendieux, n’aurait jamais pu faire ses trips de poudre n’eut été des divers passeurs et pourvoyeurs qui s’exposèrent à de lourdes peines d’emprisonnement pour faire entrer cette substance prohibée au pays.

Si la notion de l’égalité devant la loi ne relève pas de l’intérêt public, alors on peut bien se demander qu’est-ce qui relève de l’intérêt public ! Après tout, il ne se passe pas une journée sans que quelqu’un quelque part au Québec soit arrêté et accusé de possession d’une substance prohibée quelconque.

On savait déjà que les ministres étaient au-dessus des lois. On n’a qu’à constater la rareté avec laquelle ceux qui occupent de telles fonctions sont traduits devant les tribunaux criminels pour s’en convaincre. Mais on ignorait que les membres du gouvernement pouvaient à la fois se soustraire aux foudres de la justice et à l’attention du public en se cachant derrière leur droit à la vie privée pour refuser de rendre des comptes à la population.

Faut-il rappeler que les hommes et femmes politiques, plus particulièrement ceux et celles qui accèdent à des fonctions ministérielles, jouissent déjà de pouvoirs et de privilèges immenses ? Où se situe la contrepartie s’ils n’ont aucun devoir de transparence auprès de l’électorat qu’ils disent représenter ?

Avons-nous déjà oublié que les ministres d’un gouvernement sont régulièrement appelés à prendre des décisions qui peuvent facilement affecter la vie de centaines, sinon de milliers de personnes ? N’est-ce pas là le strict minimum que l’on puisse demander de la part des journalistes, ceux-là mêmes qui aiment se voir comme les « chiens de garde de la démocratie », que de nous assurer que les membres du gouvernement ont bel et bien toute leur tête au moment où ils prennent de telles décisions ?

Car il est difficile de prendre pour acquis que les ministres ont les idées claires quand on lit comment l’ex-politicien péquiste Jean-François Bertrand décrit l’état d’intoxication dans lequel il se trouvait durant les années 1981 à 1985 où il exerçait les fonctions de ministre des communications dans le gouvernement de René Lévesque :

« Je remplis mon mandat ministériel sous l’influence des médicaments et de l’alcool, me plaçant, moi et le gouvernement, dans des situations risquées qui auraient pu s’avérer ennuyeuses, voire tragiques. » (1)

Pas d’intérêt public, ça ?

Ils ont dit que la consommation de coke de M. Boisclair n’était pas de nos oignons parce que ça regardait la « vie personnelle » du ministre. Vraiment ? Quelqu’un pourrait-il alors nous indiquer à partir de quelle heure dans sa journée de travail un ministre cesse-t-il d’être un ministre ? Certains semblent avoir oublié qu’une job de ministre, c’est pas une job comme les autres. Or, le ministre qui oublie qu’il est ministre pourrait aussi être contraint d’oublier sa job de ministre.

Malgré sa baby-face, M. Boisclair n’a plus rien d’un jeune innocent. Il n’est pas sans savoir que la politique est un jeu de massacre dans lequel on exploite systématiquement les faiblesses de l’adversaire.

De l’avis du B.A.L., le débat sur la protection de la vie privée des hommes politiques n’est rien d’autre qu’un faux débat. Lorsqu’ils tentent de séduire l’électorat, les politiciens n’ont souvent aucun scrupule à étaler devant le grand public certains aspects de leur vie privée, ceux qui les font paraître sous un jour meilleur, bien entendu, afin de les rendre plus humains.

Le cas d’André Boisclair est justement très révélateur à ce sujet. En février 2004, il reçoit chez lui, dans sa propre salle à manger, une chroniqueuse culinaire de La Presse, Rafaële Germain, à qui il sert un plat de risotto aux porcini tout en lui parlant de ses livres de cuisine préférés et de son épicerie favorite, située dans la Petite Italie. (2)

En mai 2004, on retrouve le même Boisclair dans un article publié dans le cahier ‘Lectures’ (!) de La Presse, dans lequel il parle de ses lectures éclectiques, de son admiration pour Winston Churchill, de son amour de l’escalade et des randonnées en montagne et de l’importance qu’il accorde aux week-ends, au temps passé au chalet, au bord d’un lac des Laurentides, en compagnie d’amis. (3)

Enfin, dans une entrevue publiée dans le cahier ‘Automobile’ (!!) de La Presse, en août 2004, M. Boisclair parlait de sa passion pour la conduite automobile, de la première voiture qu’il a achetée de sa vie, puis de celle qu’il s’est acheté lorsqu’il retourna sur les banquettes de l’opposition, des disques compacts qu’il écoute lorsqu’il est sur la route, de sa station de radio préférée, et de quelques anecdotes de jeunesse. (4)

Ça, c’est d’intérêt public ?

En quoi le fait de connaître l’épicerie préférée d’un homme politique peut-il éclairer l’électorat sur la confiance à accorder au candidat Boisclair ? Et que penser du fait que le même politicien qui joue à fond la carte du human interest, qui expose au grand public ses goûts personnels, se plaint aujourd’hui que les médias ne se mêlent pas de leurs oignons ? Pourquoi est-ce que les journaux ne sont-ils pas ensevelis de lettres de protestation de lecteurs mécontents lorsqu’ils nous offrent de l’information digne des shows de variétés à la télé ?

S’il faut laisser aux seuls politiciens le soin de décider ce qu’ils peuvent révéler sur la vie qu’ils mènent après les heures de bureaux, ça leur laisse l’entière discrétion de décider qu’est-ce qui nous regarde de qu’est-ce qui ne nous regarde pas. Ça leur laisse tout le loisir de jouer les exhibitionnistes à outrance quand ça les avantage et de devenir de pudiques cachottiers quand ça les désavantage.

De nos jours, les hommes politiques avouent avoir fumé du pot pour paraître « cool » et faire monter leur côte de popularité auprès de l’électorat « jeune ». D’ailleurs, personne ne déchire sa chemise lorsque la presse demande à un politicien s’il a déjà essayé la marijuana. Alors pourquoi en serait-il autrement lorsque l’on parle d’une drogue plus dangereuse et dispendieuse ?

On n’insistera jamais assez pour dire à quel point André Boisclair s’en tire bien dans cette histoire. Non seulement, il n’a jamais été et ne sera vraisemblablement jamais inculpé devant un tribunal criminel pour les infractions qu’il a de toute évidence commis à l’égard de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, mais en plus, il a bénéficié pendant longtemps de l’omerta médiatique. Comme « victime des médias », on a déjà vu plus maganée !

Le BUREAU DES AFFAIRES LOUCHES ne peut faire autrement que de se méfier de ces voix qui veulent nier à la population le droit de tout savoir des agissements criminels de ceux qui exercent le pouvoir. Est-ce vraiment rendre service à la population que de revendiquer ni plus ni moins l’autocensure médiatique quand certains comportements illégaux sont le fait de ministres ou d’influentes personnalités politiques ?

Si la conduite des membres du gouvernement n’est ni soumise aux lois, ni soumise à la loupe des médias, alors c’est le free for all, c’est un chèque en blanc pour faire absolument n’importe quoi. Et après ça, on s’étonnera de voir que la culture de l’impunité se porte bien au sein des milieux politiques québécois ! Il doit bien avoir une maudite limite aux passe-droits des hommes politiques !

Mais ce n’est ni à M. Boisclair, ni à ses partisans vendus d’avance, ni à quelconque autre politicien de tracer où se situe la limite. C’est à nous, au peuple, aux membres du public, à faire pression et à exiger des comptes et des explications complètes quand un membre du gouvernement flirte avec l’illégalité. Contrairement à M. Boisclair et à sa légion d’apologistes, le B.A.L. est fermement partisan du droit inconditionnel de savoir du public en pareilles circonstances.

Si un ministre a brisé la loi, on a le droit de savoir.

Si d’anciens ministres étaient cokés, on a le droit de savoir.

Si un ministre a sniffé une ligne une fois de temps en temps, sans devenir cocaïnomane pour autant, nous avons également le droit de savoir.

Si l’affaire Boisclair peut jeter un nouvel éclairage sur la véritable nature de la lutte anti-drogue et de celle contre le crime organisé que mènent les différents palliers de gouvernement au Canada, alors c’est d’intérêt public.

De nos jours, chaque grand parti cherche à convaincre la population que c’est lui qui fera le plus mal au crime organisé. Or, quand au moins un membre du Conseil des ministres se tape des trips de poudre, ça change le rapport entre l’État et le crime organisé.

Le gouvernement est, ne l’oublions pas, l’ultime patron des juges et des flics. C’est le gouvernement du Québec qui nomme les juges à la Cour du Québec et qui nomme les membres de la haute direction de la Sûreté du Québec. Et ce sont les juges et les flics qui arrêtent, jugent et emprisonnent des milliers de gens chaque année pour des infractions à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.

S’il y a quelque chose d’utile pour l’intérêt public dans le semi-aveu de M. Boisclair, c’est qu’il fournit un exemple de plus de la faillite complète de la lutte anti-drogue. Car si les drogues dures rentrent aussi facilement au Conseil des ministres que dans les prisons, c’est encore un autre signe que quelque chose ne tourne pas rond dans notre soi-disant État de droit.

Si le gouvernement du Québec a délibérément fermé les yeux sur les actes criminels qu’a vraisemblablement posés M. Boisclair, alors on n’a plus affaire à un État de droit mais bien plutôt à un système politique corrompu où seule règne la loi du « deux poids, deux mesures ».

Nous vivons à une époque où l’État n’a jamais eu autant de moyens à sa disposition pour enquêter sur ses propres concitoyens. L’État québécois fouille le passé de ceux qui postulent pour un boulot d’enseignant et mène des « enquêtes de bonnes mœurs » sur ceux qui appliquent pour travailler en milieu carcéral. Au moindre antécédent judiciaire, au moindre commentaire négatif d’un flic, l’État peut réduire à néant des projets de carrière en raison d’une quelconque « frasque de jeunesse ».

Pourtant, celui-là même qui aspire à diriger ce même État, voire à le rendre souverain, s’est montré des plus réticent à lever le voile sur certains aspects compromettants de son passé. Avec ce qu’on sait sur lui aujourd’hui, M. Boisclair se serait vraisemblablement vu refuser une job de prof ou d’agent correctionnel. Mais pas celle de leader de l’Opposition officielle, apparemment…

Ainsi, si l’affaire Boisclair est susceptible de nous permettre de mieux comprendre dans quel genre de système politique on vit, alors c’est éminemment d’intérêt public.

C’est le droit de savoir de la collectivité qui impose aux journalistes le devoir de faire bien plus que de poser des questions : soit celui d’obtenir des réponses.

On ne demande quand même pas à M. Boisclair de nous dire s’il gardait ses vêtements lorsqu’il faisait de la poudre ! (trips de coke et trips de cul vont souvent de pair, c’est bien connu, on n’a qu’à lire le livre de l’ex-ministre péquiste Jean-François Bertrand pour en avoir une idée).

Enfin, ils ont dit que M. Boisclair avait lâché le morceau et qu’il fallait dorénavant lui foutre la paix. Mais quand on analyse l’affaire de plus près, on devient davantage porté à redouter qu’en réalité, il n’a peut-être fait que lâcher un simple fragment d’un plus gros morceau.

On dit qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Mais que dit-on dans le cas d’une personne qui avoue sa faute à moitié, comme ça semble être le cas avec M. Boisclair ? La personne fautive reçoit-elle un quart de pardon, au lieu d’une moitié de pardon ? Ce qui voudrait dire que les trois-quarts de sa faute ne lui sont pas pardonnés. Pas fort…

Qui se fermait les yeux pendant
qu’André Boisclair se remplissait les narines ?

Boisclair, coké ?

La rumeur circulait dans les milieux politiques et médiatiques. Et ce, depuis un bon petit bout de temps, paraît-il. Le public est, semble-t-il, le dernier à en avoir été informé…

Pas étonnant que, lorsque la rumeur est devenue affaire publique, M. Boisclair ne savait même plus où donner de la tête pour essayer de pointer du doigt les mauvaises langues qui seraient à l’origine de la fuite.

Il y avait tellement de personnes qui étaient au courant et qui auraient donc pu être à l’origine de la fuite, que M. Boisclair se mit à tirer dans toutes les directions lorsque les médias essayèrent de l’interroger. Il laissa ainsi entendre que le bureau du Premier ministre Jean Charest et des concurrents dans la course au leadership « soucieux de leur situation dans les sondages » étaient derrière les fuites concernant ses « frasques de jeunesse ».

Différentes sources confirment aujourd’hui qu’il s’agissait-là d’un secret de polichinelle.

Il y a le député péquiste François Gendron qui affirma sans détour : « La plupart des collègues étaient au courant qu’il y avait des rumeurs à cet effet. J’étais au courant des rumeurs. Cela a circulé pendant longtemps ». (5) Le chroniqueur Vincent Marissal de La Presse fait le même constat lorsqu’il écrit : « Les rumeurs sur la vie olé olé de M. Boisclair courent depuis des années et ce n’était qu’une question de temps avant que la question ne surgisse ». (6)

Pourtant, au Parti Québécois plusieurs personnalités nièrent en cœur avoir été au courant que M. Boisclair avait fait l’objet de telles rumeurs. C’est ce qu’a prétendu M. Rosaire Bertrand, ancien ministre délégué et aujourd’hui un des principaux organisateurs de la campagne de M. Boisclair. Mme Louise Harel a affirmé quant à elle avoir appris ça « en même temps que tout le monde », alors que Mme Pauline Marois affirmait qu’elle n’en avait « jamais eu connaissance ».

Le journaliste Yves Chartrand, du Journal de Montréal, n’y vit toutefois que de la poudre aux yeux. Dans son article, paru le 24 septembre, M. Chartrand est allé jusqu’à écrire que les « trous de mémoire » des anciens ministres péquistes étaient « dignes de la commission Gomery » ! «Après les Lafleur, Corriveau et cie, c’est maintenant au tour des anciens ministres péquistes de voir leur mémoire défaillir au point de ne plus se souvenir des rumeurs persistantes qui circulaient à l’époque sur la consommation de cocaïne par leur collègue André Boisclair.» , écrit M. Chartrand. (7)

Pour lui, il ne semble exister aucun doute que les ténors du PQ ne disent pas la vérité, voire qu’ils mentent. On conviendra qu’il ne semble pas être dans les habitudes des journalistes des grands médias de lancer de telles accusations à la légère, contre de tels poids lourds de la politique québécoise. Mais comment M. Chartrand peut-il être si convaincu que les Harel et compagnie parlent au travers de leur chapeau, sans avoir été lui-même dans le « secret des Dieux » ?

Et il n’était sûrement pas le seul. M. Jim Duff, chroniqueur à l’hebdomadaire anglophone montréalais The Suburban, soutient que les politiciens péquistes adorent partager leurs petits secrets avec les médias. Selon M. Duff, ceux-ci n’auraient aucune hésitation à laver leur linge sale en compagnie des journalistes en raison d’un « Mur de Berlin » qui s’érige entre la vie publique et la vie privée des politiciens. Autrement dit, ce qui est partagé entre politiciens et journalistes reste entre politiciens et journalistes.

Et de l’avis de M. Duff, s’il fallait que ce « Mur de Berlin » soit abattu, il pourrait y en avoir long à dire. [TRADUCTION] « Quiconque a couvert la politique québécoise suffisamment longtemps pourrait écrire un scénario sordide de télé-réalité rempli de faillites, de mariages effondrés, d’infidélités, d’usage de drogue, d’abus d’alcool, de pédophilie et d’autres comportements à haut risque » , écrit-il. (8)

Voilà autant de potins juteux dont le grand public ne risque pas d’entendre parler. Faut-il y voir là une autre preuve de la connivence qui existe entre les milieux politiques et médiatiques ? Les exemples ne manquent pas à ce chapitre. On notera que lorsque leurs problèmes de consommation les ont amenés à subir une défaite électorale en 1985, MM. Gilles Baril et Jean-François Bertrand s’étaient tous deux recyclés dans l’industrie médiatique, le premier à la radio CKVL et le deuxième à la radio CHRC, puis à CJRP.

Force est de constater que les médias raffolent de tous ces ex-politiciens. On se les arrache même. Pour prendre un exemple parmi tant d’autres, on compte désormais trois anciens ministres parmi les chroniqueurs politiques du Journal de Montréal : Lise Payette, ex-ministre sous René Lévesque, Yves Séguin, ex-ministre sous Jean Charest et Sheila Copps, ex-ministre sous Jean Chrétien. Bien entendu, embaucher d’anciens élus est aussi une autre façon d’apprendre d’autres ragots sur les mœurs dissolues de la classe politique.

C’est bien beau tout ça, mais que faisaient les plus hautes autorités du gouvernement pendant que des rumeurs aussi dommageables circulaient de la sorte sur M. Boisclair ?

Selon La Presse, au cours de l’année 1997, M. Boisclair, alors ministre au sein du gouvernement de M. Lucien Bouchard, s’était fait taper sur les doigts à deux reprises par deux employés du bureau du premier ministre en raison des rumeurs qui circulaient déjà sur sa conduite. D’abord par M. Pierre Boileau, puis par le directeur de cabinet de M. Bouchard, Me Hubert Thibault. (9)

Me Thibault aurait alors recommandé à M. Boisclair de faire preuve de prudence. Toujours selon La Presse, le jeune ministre « fréquentait alors un bar à la mode du boulevard Saint-Laurent reconnu pour fermer les yeux sur la consommation de cocaïne. »

Une question vient naturellement à l’esprit : mais que faisait donc la police pendant que M. Boisclair s’amusait à s’en mettre plein les narines ? La Sûreté du Québec, qui doit enquêter sur le passé de tout futur membre du Conseil des Ministres afin de veiller à « l’intégrité des institutions étatiques », a-t-elle bâclée son enquête ? Et si elle a trouvé « quelque chose », qu’est-il arrivé avec ?

Et que dire du garde du corps fourni par le gouvernement qui était attitré à la protection du ministre Boisclair ? Montait-il la garde devant les bécosses de ce « bar à la mode » lorsque l’envie prenait à M. Boisclair d’aller se faire un autre track à l’abri des regards indiscrets ?

Mais pour cela, il aurait fallu que le gorille du gouvernement ne perde pas la trace de son ministre, ce qui, selon La Presse, était loin d’être gagné d’avance à l’époque où M. Boisclair n’en avait pas encore fini avec ses fameuses « frasques de jeunesse ». « M. Boisclair », lit-on, « était à l’époque le cauchemar des gardes du corps du gouvernement, parvenant souvent à se défiler, à échapper à leur surveillance pour des escapades de fin de semaine. »

Or, les gardes du corps sont là pour protéger les ministres, et non pas pour les fliquer. Pour cette raison, il y a lieu de présumer que ce qui est partagé entre un garde du corps du gouvernement et un ministre reste entre le garde du corps et le ministre.

Enfin, comment expliquer le silence persistant des anciens premier ministres issus du Parti Québécois qui étaient en exercice au moment où M. Boisclair était membre du gouvernement ? MM. Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry n’ont-ils rien à dire ? Pourtant, c’est aussi leur jugement qui est indirectement mis en cause avec l’affaire Boisclair.

Bien entendu, il y aura toujours des affaires louches que le gouvernement n’arrivera pas à cacher et à étouffer. L’affaire Doray fut l’une de celles-là.

L’affaire Doray

Le 12 février 2001, M. Luc Doray a reconnu devant la Cour du Québec avoir fraudé le gouvernement de 33 000$ à l’époque où il était directeur de cabinet de M. André Boisclair, alors ministre délégué à l’Immigration et aux Relations avec les citoyens. En plaidant coupable, M. Doray évitait la tenue d’un procès qui aurait pu s’avérer fort gênant pour le gouvernement péquiste, alors dirigé par M. Bernard Landry.

M. Doray a avoué avoir falsifié à répétition son compte de dépenses pour entretenir sa coûteuse dépendance à la cocaïne et à l’alcool. À la suite de son plaidoyer de culpabilité, le juge Claude Parent l’avait condamné à huit mois d’emprisonnement avec sursis—une peine à purger dans la communauté—, ainsi qu’à deux ans de probation, à payer une amende de 4000$, à accomplir 150 heures de travaux communautaires et à rembourser une somme totalisant de 29 500$ à raison de 500$ par mois.

Aujourd’hui âgé de 50 ans, M. Doray a commencé à s’impliquer en politique dès l’âge de 15 ans avant de devenir haut fonctionnaire à la Ville de Montréal. En 1991, il a coordonné le Troisième Sommet des grandes villes du monde à l’époque où il était employé au Secrétariat des Affaires internationales de la Ville de Montréal sous l’administration du maire Jean Doré.

M. Doray était aussi reconnu pour être un militant péquiste très actif dans Montréal-Centre. Lors du retour du Parti Québécois au pouvoir, en 1994, il fut « prêté par la Ville au gouvernement du Québec » pendant quatre ans, jusqu’à son congédiement, à l’automne 1998.

M. Doray a occupé ces quatre années en exerçant tout d’abord les fonctions de directeur de cabinet, de 1994 à 1996, pour la ministre de l’Emploi et de la Solidarité, Mme Louise Harel, qui est aujourd’hui leader intérimaire du PQ. Puis, de 1996 à 1998, M. Doray occupe la même fonction, cette fois-ci au cabinet de M. André Boisclair, alors ministre délégué à l’Immigration et aux Relations avec les citoyens.

L’affaire Doray a été évoquée pour la première fois à l’intérieur de l’Assemblée nationale lors de la période des questions du 15 avril 1999. La députée libérale Nicole Loiselle demandait alors à M. André Boisclair, devenu depuis ministre à la Solidarité Sociale, s’il avait autorisé le compte de dépenses de M. Doray à l’époque où il était ministre à l’Immigration et aux Relations avec les Citoyens.

M. Boisclair avait répondu non, en disant qu’il avait « suivi la pratique qui était en vigueur, qui remonte à juin 1991 ». Ce fut la seule fois où M. Boisclair fut interpellé par l’opposition en rapport avec cette affaire.

L’opposition libérale est ensuite revenue sur l’affaire Doray lors des périodes de question des 20 et 21 avril suivant. On y apprenait alors qu’une enquête de la Sûreté du Québec, qui avait débuté en juillet 1998, a été complétée le 12 décembre suivant. Le dossier a ensuite été transmis à la Couronne pour qu’un procureur examine la preuve et prenne une décision. Puis, le 13 avril 1999, une plainte criminelle a été autorisée par la Couronne.

Au printemps de 1999, M. Doray est formellement inculpé de trois chefs d’accusation criminels concernant des fraudes touchant « une somme d’argent dépassant 5000 $ entre le 29 septembre 1994 et le 7 mai 1998 ». L’acte d’accusation précise que M. Doray, « sachant que des documents étaient contrefaits, soit : plusieurs reçus provenant de divers restaurants, s’en est servi, les a traités ou a agi à leur égard comme si ces documents étaient authentiques ». (10)

Sur une période d’un an, M. Doray avait effectué 152 réclamations totalisant 17 000 $ pour diverses dépenses douteuses, notamment : une facture de repas de 374 $ d’une entreprise qui ne sert aucun repas ; deux factures totalisant la somme de 380 $ dans un casse-croûte ; 5 800 $ pour 34 repas pris dans un bistro ; et la production d’un bail avec une adresse qui était inexistante, afin de réclamer 540 $ par mois.

Malgré les procédures criminelles entreprises contre lui, M. Doray a néanmoins pu conserver sa job de haut fonctionnaire à la Ville de Montréal, qui lui rapporte environ 77 000$ par année.

M. Doray avait attribué ses problèmes de consommation d’alcool et de cocaïne à sa boulimie de travail et à ses problèmes familiaux découlant de sa nouvelle orientation sexuelle. Il a aussi raconté avoir effectué une longue thérapie pour se reprendre en main et venir à bout de sa dépendance à la boisson et à la poudre. En plaidant coupable au premier chef d’accusation, M. Doray bénéficia du retrait des deux autres accusations par la Couronne. (11)

Après sa condamnation, M. Boisclair n’avait pas caché ses sympathies pour son ancien chef de cabinet lorsqu’il fut contacté par un reporter du quotidien The Gazette. « C’est une triste affaire personnelle », avait commenté M. Boisclair, alors ministre de l’Environnement. « Je souhaite à M. Doray ce qu’il y a de mieux parce qu’il le mérite. » (12)

L’affaire Doray a récemment refait surface durant la même semaine où l’affaire Boisclair battait son plein. Le Journal de Montréal révélait que le Procureur général du Québec avait institué, en juillet dernier, une poursuite au civil contre M. Doray et son employeur, la Ville de Montréal, pour obtenir le remboursement des 29 500$ toujours impayés. Un tribunal a par la suite ordonné une saisie de salaire, ne donnant ainsi plus le choix à M. Doray de rendre au gouvernement du Québec son dû. (13)

Aux dernières nouvelles, M. Doray occupait toujours le poste de directeur administratif à l’Office de consultation publique de la Ville de Montréal.

Et maintenant, une petite leçon de mathématique.

Combien de ministres péquistes ont-ils avoué avoir consommé de la coke à l’époque du gouvernement de Lucien Bouchard ? Un. Et c’est M. André Boisclair.

Et combien de chefs de cabinet ont-ils confessé avoir consommé de la coke, toujours à l’époque du gouvernement de Lucien Bouchard ? Un. Et c’était le chef de cabinet de M. Boisclair, M. Luc Doray.

Donc, 1+1=2.

Il n’y a donc pas une histoire de coke, mais bien deux. Et, curieusement, le nom de M. Boisclair ressort coup sur coup. Premièrement, parce qu’il en a lui-même sniffé. Deuxièmement, parce que le plus important membre de son propre cabinet gonflait ses factures pour s’approvisionner en cocaïne.

Malheureusement, à part l’article paru dans le Journal de Montréal et quelques lignes enfouies à la fin d’un article publié dans La Presse, les médias n’ont pas daigné se questionner tout haut sur la possibilité d’un lien entre l’affaire Boisclair et l’affaire Doray. Comme si, pour eux, il ne s’agissait que de deux histoires séparées. Comme si pour les médias, 1+1 égale 1. Et non pas 2.

Mais est-il vraisemblable que M. Boisclair, amateur de coke à l’occasion selon ses dires, pouvait ignorer que son propre directeur de cabinet avait développé un sérieux problème de toxicomanie lorsqu’il travaillait sous ses ordres ?

Puisqu’ils avaient comme point en commun non seulement leur orientation sexuelle, mais en plus d’être amateurs de la même drogue, une question se pose : le ministre André Boisclair et son chef de cabinet Luc Doray ont-ils consommé ensemble de la cocaïne dont l’achat fut financé à même des fonds publics détournés selon des procédés frauduleux ?

(Ah non, c’est vrai : c’est leur « vie privée » ! Ça nous regarde pas de savoir en quelle charmante compagnie ces deux messieurs cokés se saupoudraient les narines…)

Plus sérieusement, tant qu’on n’aura pas eu une réponse claire de sa part, on sera en droit de penser que M. Boisclair pourrait cacher des choses beaucoup plus embarrassantes que quelques soirées de défonce bien « enneigées » ici et là. C’est d’ailleurs l’impression que laissait sa gestion pour le moins catastrophique de l’affaire. Rappelons-nous avec quelle réticence M. Boisclair avait fini par admettre sur le bout des lèvres qu’il avait effectivement consommé de la coke lorsqu’il était ministre.

Boisclair choisi de prendre
la poudre… d’escampette

Ceux qui se sont employés à faire le procès des médias semblent oublier que M. Boisclair a lui-même contribué à son propre malheur en gérant de façon désastreuse la controverse sur sa consommation de cocaïne. Ainsi, le vendredi 16 septembre 2005, lorsqu’il fut confronté publiquement pour la première fois sur son usage de cocaïne, M. Boisclair avait refusé de répondre directement à la question, en se réfugiant derrière des clichés et des phrases évasives [« …j’ai vécu ma jeunesse comme bien d’autres… »].

Plus à l’aise dans le rôle de la victime plutôt que dans celui du politicien repentant, M. Boisclair prétendit que plusieurs des allégations portées à son égard étaient fausses. Mais lorsqu’un reporter lui demanda s’il niait avoir pris de la cocaïne lorsqu’il était ministre, M. Boisclair mit abruptement fin au point de presse qu’il était en train de donner, sans autre cérémonie !

Bref, celui qui prétend aujourd’hui vouloir « faire mieux » que M. René Lévesque a purement et simplement déserté le champ de bataille des relations publiques. Il veut être le leader, mais il a agit comme un authentique loser. Et dire que le même Boisclair était allé jusqu’à Boston pour suivre des cours en leadership…

Comment peut-il avoir par la suite le culot de se plaindre que les médias sont en train de porter « préjudice à sa réputation »—déclaration qui s’apparente à une menace voilée de poursuite au civil pour diffamation—alors que c’est lui, et personne d’autre, qui négligea de saisir l’occasion que les médias lui offraient de passer son propre message ?

En agissant de la sorte, M. Boisclair a ainsi adopté l’attitude coupable de celui qui se défile brusquement, celui qui fuit les questions par peur de s’auto-incriminer. Ce faisant, il a agi comme un parfait imbécile, car il a laissé la place à toutes les rumeurs provenant souvent de sources non-identifiées.

Deux jours plus tard, après le fiasco du point de presse du 16 septembre, lors du lancement officiel de sa campagne au Spectrum de Montréal, M. Boisclair rata une autre occasion de rectifier le tir en refusant de rencontrer les journalistes. En fait, il a passé toute la fin de semaine à éviter les journalistes, comme si la controverse, maintenant devenue le sujet de l’heure, allait disparaître comme par enchantement du fait qu’il refusait lui-même d’en reconnaître l’existence.

C’était là un très mauvais calcul de sa part car, en l’absence de réponse, les médias ont fait toute une histoire autour de l’absence de réponse, justement, du candidat Boisclair.

Par ailleurs, M. Boisclair peut difficilement plaider l’effet surprise et prétendre qu’il ne l’avait pas vu venir. Car, non seulement sa consommation de coke faisait-elle l’objet de rumeurs depuis plusieurs années dans les milieux politiques, mais en plus, comme nous le verrons ci-dessous, elle avait même déjà été évoquée par trois quotidiens du groupe Gesca dans un article paru à la mi-juin.

Trois mois ont donc pu s’écouler entre le moment de la première fuite médiatique et celui du point de presse du 16 septembre. Conséquemment, M. Boisclair et ses attachés de presse ne pouvaient ignorer le risque bien réel que, tôt ou tard, cette affaire finisse par rebondir. L’aspirant à la succession de M. Landry et son équipe ont donc eu le loisir, durant tout l’été, de réfléchir à la ligne de presse qu’il y aurait à adopter advenant le cas où les médias en viendraient à s’emparer de l’affaire.

M. Boisclair aurait pu facilement tuer la controverse dans l’œuf en mettant au clair et ce, dès le début, que cette consommation n’avait été qu’occasionnelle. Par exemple, il aurait pu très bien tirer son épingle du jeu en donnant un ordre de grandeur, genre : « Ben oui, j’en ai fait deux ou trois fois par année. Au party de noël, à ma fête et à la Saint-Jean. Mais j’ai tout arrêté depuis X nombre d’années. »

En répondant de cette façon, la consommation de M. Boisclair serait alors apparue plutôt anodine et sans grand intérêt. Et si les journalistes avaient insisté, il aurait alors pu s’adresser à eux en leur répondant : « Coudon’, vous me ferez quand même pas accroire que ça sniffe pas dans vos partys à vous autres ! ». Voilà qui en aurait sans doute enlevé l’envie à la meute journalistique d’approfondir le sujet…

Seulement, M. Boisclair nous a plutôt offert un tout autre spectacle. L’affaire avait désormais pris une ampleur démesurée dans les médias et il en était le principal responsable.

Le 19 septembre, au bout de trois journées d’intense pression médiatique, M. Boisclair fut contraint de se rendre à l’évidence qu’il n’avait d’autre choix que celui de procéder à des aveux, qui prirent davantage la forme de semi-aveux.

Devant les journalistes, il reconnut avoir consommé à « quelques reprises », avoir fait « des excès » et des choses qu’il regrette et d’avoir vécu des « moments plus difficiles » dans sa vie, sans toutefois prononcer, ne serait-ce qu’une fois, le mot « cocaïne ».

Par ailleurs, on notera que M. Boisclair a également affirmé être aujourd’hui rendu « ailleurs » dans sa vie. « Ailleurs » ? À l’écouter parler de la sorte, on croirait entendre un ancien accro. Quelqu’un qui, autrefois, aurait été dans la dope jusqu’au cou, mais qui, aujourd’hui, a tiré un trait définitif sur son passé. Faisant en sorte qu’il peut désormais affirmer qu’il est « ailleurs » dans sa vie aujourd’hui.

Mais quelqu’un qui aurait sniffé à l’occasion, sans toutefois développer quelque problème de consommation que ce soit, s’exprimerait-il ainsi ? Quelqu’un qui n’aurait jamais touché le fond dirait-il qu’il est aujourd’hui « ailleurs » dans sa vie ?

En choisissant de tels mots pour faire office de mea culpa, on ne peut faire autrement que de se poser la question : mais alors d’où revient-il, s’il est aujourd’hui rendu « ailleurs » dans sa vie ? Une question étrange à poser puisque, comme on le sait, l’auteur de ces paroles consacra la majeure partie de sa vie adulte en tant qu’élu à l’Assemblée nationale.

En 1989, à l’âge de seulement 23 ans, M. Boisclair fut élu pour la première fois député du comté de Gouin, un poste qu’il conserva sans interruption jusqu’à l’été 2004, où il décida de se retirer temporairement de la politique pour aller étudier à la John F. Kennedy School of Government, affiliée à l’Université Harvard, à Boston. Puis, en 1995, à l’âge de 29 ans, M. Boisclair accède pour la première fois au Conseil des ministres, où il siégera jusqu’à la défaite du Parti Québécois, alors dirigé par Bernard Landry, lors des élections québécoises d’avril 2003.

C’est donc dire que durant 15 des 16 années plus récentes années de sa vie, M. Boisclair était littéralement plongé, tête sous l’eau, dans la grande mare de la politique. Enfin, c’est ce qu’on avait réussi à nous faire croire jusqu’à présent. Car on sait aujourd’hui que M. Boisclair a aussi été « ailleurs », durant une période indéterminée de sa vie.

Quand il dit être rendu « ailleurs » dans sa vie, veut-il dire qu’à certains moments il n’a pas été « tout’ là » par le passé ?

C’est pourtant le même André Boisclair qui a nié avoir connu des problèmes de consommation. Mais pourquoi faudrait-il le croire ? À cause de cette réaction initiale, il devient plus difficile d’avaler l’idée qu’il s’agissait là d’une affaire anodine, d’un « détail » de sa vie personnelle. En fait, on est plutôt tenté de penser qu’on vient de toucher à un nerf très sensible. À quelque chose de peut-être pas très joli.

Et si André Boisclair nous cacherait que, loin d’être anodine, sa consommation lui a fait développer des problèmes de dépendance, ou autres, à une certaine époque de sa vie ? Ainsi, la façon dont M. Boisclair a géré toute cette controverse ne fait qu’accréditer les pires soupçons.

Dans un pareil contexte, on comprend que de nombreux journalistes soient restés sur leur faim. Le lendemain de sa semi-confession, les médias continuaient de talonner le candidat Boisclair en quête d’aveux plus complets. Cette fois-ci, M. Boisclair a déclaré : « J’ai répondu à l’ensemble des questions qui m’avaient été posées. Je l’ai fait dans le calme et la sérénité. Et je fais le choix pour le moment d’en arrêter là. » (14)

Voilà une autre déclaration qui ne peut se passer de commentaires. Ainsi, dans une tentative désespérée de mettre derrière lui cette embarrassante affaire, M. Boisclair prétend maintenant avoir répondu à toutes les questions entourant cette affaire. Pardon ? M. Boisclair était peut-être encore « ailleurs » lorsqu’il a refusé de répondre à un journaliste qui lui avait demandé à quand remontait la dernière ligne qu’il avait sniffé.

Après avoir tenté d’induire tout le monde en erreur en parlant de « frasques de jeunesse » avant de reconnaître qu’il siégeait au Conseil des ministres au moment où il a consommé—faisant en sorte qu’il peut difficilement plaider une quelconque forme d’immaturité de sa part—voilà que M. Boisclair se met à recourir au mensonge, ni plus ni moins !

Faut-il rappeler à M. Boisclair que la durée et la fréquence de sa consommation sont des questions qui demeurent toujours sans réponses ? Par ailleurs, on ignore toujours tout de la méthode d’approvisionnement en cocaïne de M. Boisclair : a -t-il payé de sa poche la coke qu’il a prise ou lui était-elle gracieusement offerte sur un plateau d’argent par de généreux amis, comme M. Doray par exemple ?

Des journalistes, des éditorialistes ou de simples membres du public ont aussi soulevé d’autres questions tout aussi pertinentes, mais qui demeurent encore en suspens. Les dirigeants du parti sont-ils intervenus pour lui dire d’arrêter ou ont-ils fait preuve d’indulgence à son égard ? Y a-t-il eu une enquête policière ? Existe-t-il un quelconque danger que des éléments de son passé de consommateur reviennent le hanter ? Y a-t-il des individus du milieu interlope qui pourrait faire pression sur celui qui se retrouvera vraisemblablement dans un important poste de pouvoir ?

Chose certaine, M. Boisclair est encore loin d’avoir effectivement répondu à toutes les questions. D’ailleurs, lorsqu’il dit lui-même avoir fait «.le choix pour le moment d’en arrêter là », le candidat à la succession de M. Landry reconnaît implicitement qu’il n’a pas tout dit. Qu’à cela ne tienne, M. Boisclair insiste pour « passer à autre chose », sans pour autant avoir fait l’effort de vider tout son sac.

C’est d’ailleurs ce que laissait entendre l’ex-ministre péquiste François Gendron lors d’une conférence de presse, survenue la même journée, où il formalisa son appui au camp du candidat Richard Legendre. « S’il reste des choses à nettoyer, ça lui appartient. Et je souhaiterais qu’il les nettoie lui-même », lança M. Gendron. « Il lui appartient pour sa carrière de tout dire ce qui concerne cette situation qui est devenue publique. » (15)

Intervention sincère ou tentative de salissage de la part d’un camp « soucieux de sa situation dans les sondages » ? Membre de l’Assemblée nationale depuis 1976, M. Gendron n’est pourtant pas le dernier venu. En tant que doyen des députés péquistes, M. Gendron ne correspond guère au profil du politicien sans scrupules capable de faire primer de vulgaires considérations partisanes au détriment des intérêts supérieurs du Parti et de la cause souverainiste.

Doivent-ils continuer
à lui tirer les vers de nez ?

Néanmoins, la stratégie de M. Boisclair, consistant à livrer une confession au compte-goutte souleva un nouveau débat public : le candidat à la direction du PQ peut-il s’arrêter à mi-chemin dans son déballage ou doit-il faire toute la lumière sur sa consommation de coke sans autre délai ?

Plusieurs personnalités politiques québécoises furent appelées à se prononcer sur la question. C’est alors qu’on assista à un curieux phénomène : à quelques exceptions près, ceux-là mêmes qui prétendirent que le candidat Boisclair devait aller jusqu’au bout dans le dossier cocaïne firent eux-mêmes marche arrière peu de temps après.

Pour commencer, la même journée que le candidat vedette avouait sa consommation, l’ancien ministre péquiste et ex-cocaïnomane, M. Jean-François Bertrand, déclarait au Journal de Montréal que la franchise était la meilleure porte de sortie pour M. Boisclair. « Je crois que ça aurait dû être dit dès le départ plutôt que de s’en remettre aux frasques de jeunesse qui est une expression qui est un peu trop facile », a indiqué M. Bertrand. (16)

Mais le lendemain, M. Bertrand offrait un tout autre discours. « C’était pertinent de poser des questions sur cette histoire », dit-il, « mais, maintenant qu’il a fourni des réponses satisfaisantes, on doit retourner à la campagne pour la direction du Parti Québécois. Il y a des choses qu’on a pas besoin de savoir », laissa-t-il tomber. (17)

Puis, la même journée, lors d’un passage à Moncton, le chef de l’Action démocratique du Québec [ADQ], M. Mario Dumont, affirmait qu’il n’appartenait pas à M. Boisclair de juger que la page était tournée, alors qu’« il reste bien des questions ». Selon lui, les aveux de M. Boisclair sont maladroits et flous. (18)

Or, durant la première semaine du mois d’octobre, M. Dumont changea soudainement son fusil d’épaule dans une entrevue au Devoir. Le chef adéquiste a alors prétendu que M. Boisclair n’avaient plus à répondre de rien ! « Comme n’importe quel autre politicien, on peut décider qu’en matière de vie privée, jusque-là on en parle, puis, à partir de là, on ne donne plus de réponse, ce qu’on ne peut pas faire lorsqu’on parle de la gestion d’un ministère », dit maintenant M. Dumont. (19)

Enfin, une dépêche de l’agence Presse Canadienne rapportait que le leader du Bloc Québécois, M. Gilles Duceppe, avait fait la déclaration suivante lors d’une entrevue à Radio Canada, le 25 septembre : « On ne peut pas, en politique, exclure des choses comme ça. On doit faire face à la musique. Dès lors qu’est posé un geste criminel—on ne peut pas acheter ça au dépanneur du coin!—, cela devient d’intérêt public ». (20)

Puis, —surprise !— le lendemain, à Ottawa, M. Duceppe « s’est empressé de remettre le couvercle sur la marmite », pour reprendre l’expression utilisée dans la dépêche de Presse Canadienne, selon qui « le chef du Bloc québécois… s’est retrouvé dans ses petits souliers, lundi, après avoir invité André Boisclair, la veille, à lever entièrement le voile sur sa consommation de cocaïne à l’époque où il était ministre,».

En effet, à sa sortie de la Chambre des communes, M. Duceppe, qui avait lui-même été pressenti pour succéder à M. Bernard Landry au printemps dernier, déclara alors aux journalistes : « On m’a demandé si c’était du domaine privé ou public, j’ai dit public. On m’a demandé si M. Boisclair devait répondre aux questions, j’ai dis oui. M. Boisclair a répondu aux questions et moi ça me va. (…) M. Boisclair n’est pas pour se mettre de la cendre sur la tête jusqu’à la fin de ses jours ! Il est temps de passer à autre chose ».

Le journaliste Michel David du Devoir a avancé une explication pouvant éclairer le revirement plutôt singulier de M. Duceppe. Selon lui, « les nombreux députés du Bloc qui ont rejoint le camp Boisclair n’avaient pas beaucoup apprécié les remarques de leur chef. » Bien entendu, le tabou persistant entourant la consommation de cocaïne en milieu politique a également joué en faveur du candidat Boisclair, ce qui explique pourquoi les politiciens, toutes tendances confondues, furent si peu nombreux à l’avoir ouvertement interpellé. (21)

Même l’influent député de Rousseau et ex-ministre péquiste François Legault, supporter de la première heure de la candidature de M. Richard Legendre, est intervenu publiquement pour supplier les médias de changer de disque. « Tout ce dont on parle, c’est de la consommation de coke d’André Boisclair… », a déploré M. Legault. « C’est même difficile pour les autres candidats… », a-t-il ajouté, avant de conclure, sur un ton catégorique : « Je pense que c’est très mauvais pour le Parti québécois et pour la cause… » (22)

L’ancien ministre libéral Yvon Picotte, aujourd’hui président de l’Action Démocratique du Québec, fut l’une des rares personnalités politiques à avoir fait preuve de constance dans ses critiques à l’égard du manque de transparence du candidat Boisclair. M. Picotte, qui avait sombré dans l’alcoolisme alors qu’il siégeait comme député de l’opposition, sait de quoi il parle en matière de toxicomanie puisqu’il dirige aujourd’hui le Pavillon du nouveau point de vue, le même centre de désintoxication où l’ex-député péquiste Gilles Baril avait accompli sa cure.

Du côté des forces souverainistes, seul le vétéran Yves Michaud a fait ce que personne d’autre au PQ n’avait osé faire ouvertement : il invita M. Boisclair à réfléchir sur son avenir politique « en tenant compte de l’intérêt du parti, de l’intérêt général » et dans l’intérêt du projet d’indépendance nationale. (23)

Le silence des libéraux de Charest et des adversaires de M. Boisclair dans la course à la chefferie pourrait aussi s’expliquer par un autre facteur. Malgré sa performance aussi maladroite que malhonnête, M. Boisclair a réussi l’étonnant tour de force de faire une spectaculaire remontée dans les sondages après sa confession (peut-être que les sondages sont-ils « cokés » eux aussi ?).

Par ailleurs, le fait que l’exploitation de l’affaire par les médias soit devenue suspecte chez de nombreux membres du public, contribua assurément au capital de sympathie dont a bénéficié M. Boisclair. Ainsi, pour une classe politique dopée aux sondages, il était devenu clair qu’il n’était pas payant politiquement de faire la vie dure à M. Boisclair au sujet de ses soi-disantes « erreurs de jeunesse ».

C’est donc à contrecœur que les médias acceptèrent d’effectivement « passer à autre chose », sans toutefois pour autant ranger la controverse dans la filière des « affaires classées ». Car ils ont été plusieurs, eux aussi, à afficher leur certitude qu’il manquait encore certaines pièces du puzzle. Tellement que certains commentateurs politiques n’eurent aucune hésitation à lancer une invitation à peine déguisée à ceux qui sont au parfum de sortir de l’ombre afin de faire toute la lumière sur l’affaire.

« Les réponses de M. Boisclair ne satisfont peut-être pas les médias, mais on ne pourra pas continuer pendant deux mois à poser les mêmes questions sans nouveaux éléments », écrivait M. Vincent Marissal dans La Presse du 20 septembre 2005. « À moins que d’autres informations soient publiées indiquant que ses plus récentes déclarations ne sont pas exactes, on ne devrait pas en demander davantage à M. Boisclair », de surenchérir la même journée M. André Pratte en page éditoriale de La Presse.

Au Journal de Montréal, c’est sur un ton défiant que le journaliste Yves Chartrand prédit que l’affaire Boisclair est encore loin d’être enterrée. « Le public devra s’y résigner », écrit M. Chartrand. « Qu’ils le désirent ou non, les journalistes vont tout faire dans les prochaines semaines pour qu’il sache la vérité, toute la vérité, sur sa nouvelle coqueluche en politique et sur son passé enfariné de cocaïne. Car ici, ce n’est plus de vie privée dont il est question, mais bien d’intérêt public. » (24)

Une position que partage M. Alain Gravel, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Selon lui, les journalistes sont pleinement justifiés « d’aller au fond des choses », et ce, « en raison des fonctions que cette personne recherche et des fonctions qu’elle exerçait lorsqu’elle a consommé ».

Le silence explicable de La Presse

À première vue, la tempête médiatique qui s’est abattue sur M. Boisclair à la mi-septembre pourrait donner l’impression à certains que le journalisme québécois est en train de se donner des allures inquisitoriales.

Or, les apparences sont définitivement trompeuses dans le cas qui nous occupe. Quand on examine attentivement la couverture médiatique, on constate plutôt à quel point les journaux y sont allés à reculons et ont traité cette information explosive en mettant des gants blancs à double épaisseur.

Ainsi, une semaine avant que l’affaire Boisclair éclate au grand jour, le journaliste Michel David révélait dans les pages du Devoir que La Presse avait littéralement censuré un passage d’un article du journaliste Denis Lessard paru le 18 juin 2005 dans lequel il était fait allusion à la consommation de cocaïne de M. Boisclair à l’époque où il occupait des fonctions de ministre dans le gouvernement péquiste alors dirigé par M. Lucien Bouchard. (26)

L’article en question avait été publié dans les quotidiens La Presse, de Montréal, Le Droit, de Gatineau, Le Nouvelliste, de Trois-Rivières, et La Voix de l’Est, journaux qui ont tous comme point en commun d’appartenir au groupe Gesca, une filiale de la multinationale Power Corporation.

La principale différence entre la version de l’article de M. Lessard qui a été publiée dans La Presse et dans les trois autres quotidiens régionaux tient dans une simple petite phrase :

« Cocaïne, excès d’alcool, fins de semaine exaltées au terme desquelles on ne sait plus où se trouve l’auto qu’on a louée... »

La Presse a délibérément charcuté ce passage de l’article de M. Lessard dans son édition du 18 juin 2005, page A3. On remarquera que dans l’édition du journal Le Droit paru la même journée, on a adopté une approche totalement différente. Le thème de la cocaïne fut clairement mis en évidence, le journal Le Droit choisissant de reprendre le même passage censuré par La Presse pour en faire le titre même de l’article paru en page 3 : « Cocaïne, excès d’alcool et fins de semaines exaltées ».

Le fait qu’un quotidien d’allégeance ouvertement fédéraliste comme La Presse ménage la réputation du candidat favori dans la course à la chefferie du principal parti souverainiste québécois laisse pour le moins perplexe. Il n’en fallait pas plus pour qu’un des adversaires de M. Boisclair dans la course à la direction du PQ, le député de l’Assomption M. Jean-Claude Saint-André, accuse ce dernier d’être « l’homme de Gesca ».

Depuis, beaucoup d’articles ont été écrits dans La Presse sur l’affaire Boisclair. Mais le quotidien ne s’est jamais expliqué sur son étrange silence en juin. Il y a forcément une explication logique à cette décision éditoriale de censurer ce passage précis de l’article. Et cette explication ne peut être que politique.

D’entrée de jeu, on peut exclure que la décision de La Presse puisse avoir reposé sur le principe que l’affaire n’était pas d’intérêt public et qu’elle ne regardait que la vie privée de M. Boisclair.

Dans son édition du 20 septembre 2005, publiée le jour suivant les semi-aveux de M. Boisclair, le même quotidien qui avait censuré une simple référence à la consommation de cocaïne de M. Boisclair consacra pas moins de cinq pages à cette affaire. Quatre chroniqueurs politiques de La Presse (Vincent Marissal, Yves Boisvert, Lysianne Gagnon, Pierre Foglia) offrirent tour à tour leur opinion sur l’affaire, sans oublier l’éditorial d’André Patte, le tout dans la même édition de La Presse. L’affaire Boisclair était subitement devenue d’intérêt public…

La Presse a décidé de ne pas en parler en juin. Mais ça ne veut pas dire pour autant que le quotidien avait décidé de garder le silence ad vitam eternam. Ça veut peut-être tout simplement dire que La Presse attendait un meilleur moment pour faire éclater l’affaire. Un peu comme quand on a une carte maîtresse dans son jeu, on attend stratégiquement le bon moment pour la jouer contre l’adversaire. Question d’en tirer le maximum.

Ainsi, si cette affaire était sortie en fin de course, elle aurait pu être beaucoup plus dommageable pour sa campagne. M. Boisclair peut donc s’estimer chanceux.

Quoique audacieuse, cette théorie pourrait néanmoins expliquer le silence initial de La Presse, de même que le silence plus persistant des libéraux de Charest. Les forces fédéralistes au Québec ont-elles intérêts à ce que le Parti Québécois se donne un leader vulnérabilisé, qui se promène avec une épée de Damoclès qui plane au-dessus de sa tête partout où il va ? Poser la question, c’est y répondre.

Il ne faut donc pas voir dans ce silence un renoncement à exploiter le passé compromettant de M. Boisclair. Peut-être, au contraire, souhaitait-on plutôt attendre le moment où ça ferait le plus mal : lors d’une élection générale où M. Boisclair aurait à diriger les troupes péquistes dans la bataille contre le régime Charest. Ou peut-être même lors d’un éventuel référendum sur la souveraineté, tandis qu’on y est.

« Les libéraux vont le ramasser là-dessus. Ils attendent leur heure », prédis d’ailleurs l’ex-député bloquiste Ghislain Lebel, un des neuf candidats à la succession de M. Landry. Selon lui, ce n’est qu’une question de temps avant que le Parti libéral du Québec ne fasse ses choux gras du passé de fêtard de M. Boisclair. (27)

Dans cette perspective, il n’y avait donc rien qui pressait pour les ennemis du PQ de sortir l’affaire Boisclair du garde-robe. Surtout qu’il pourrait y avoir bien plus que M. Boisclair n’a voulu n’en dire.

Pour contacter le BAL : bure...@yahoo.ca

* Le Bureau des Affaires Louches (BAL) est un organisme indépendant et non-partisan
qui a pour mission d’informer la population sur la corruption politique au Canada.
Le BAL se fait un devoir de toujours citer scrupuleusement
ses sources pour démontrer aux sceptiques qu’il n’invente rien.

Sources :

(1) « Je suis un bum de bonne famille », par Jean-François Bertrand (2003), Les Éditions de l’homme, p.83.
(2) La Presse, « CHE FESTINO!—André Boisclair, le goût de l’Italie », par Rafaële Germain, 6 février 2004.
(3) La Presse, « Le beau plaisir de lire d’André Boisclair », par Jean Fugère, 9 mai 2004.
(4) La Presse, « Fou d’auto », par Stéphane Champagne, 23 août 2004.
(5) La Presse, « Boisclair perd patience », par Tommy Chouinard, 21 septembre 2005.
(6) La Presse, « Tirer une ligne », par Vincent Marissal, 19 septembre 2005.
(7) Journal de Montréal, « Affaire Boisclair—Digne de la commission Gomery », par Yves Chartrand, 24 septembre 2005.
(8) The Suburban, « Why Boisclair must resign from PQ race », by Jim Duff, September 21 2005.
(9) La Presse, « Boisclair embarrassé », par Denis Lessard et Nicolas Saint-Pierre, 17 septembre 2005.
(10) La Presse, « Luc Doray accusé de fraude et d’abus de confiance », par André Noël, 21 mai 1999.
(11) La Presse, « L’ex-chef de cabinet Doray écope d’une peine avec sursis », par Christiane Desjardins, 26 mai 2001.
(12) The Gazette, « Ex-PQ aide avoids jail for fraud », by George Kalogerakis, May 21 2005.
(13) Journal de Montréal, « Saisie de salaire contre l’ancien chef de cabinet d’André Boisclair », par Yves Chartrand et Michel Hébert, 22 septembre 2005.
(14) La Presse, « Boisclair perd patience », par Tommy Chouinard, 21 septembre 2005.
(15) Idem.
(16) Le Devoir, « Cocaïne : Boisclair avoue—Il reconnaît avoir “consommé�? quand il était ministre », par Kathleen Lévesque et Antoine Robitaille, 20 septembre 2005.
(17) Journal de Montréal, « Sa nouvelle drogue : le pouvoir », par Jean Laroche, 21 septembre 2005.
(18) Presse Canadienne, « Les aveux d’André Boisclair restent flous, selon Mario Dumont », 21 septembre 2005.
(19) Le Devoir, « Boisclair et la cocaïne : une affaire privée, dit Dumont », par Robert Dutrisac, 4 octobre 2005.
(20) Presse Canadienne, « Gilles Duceppe tente d'atténuer ses propos sur André Boisclair », 26 septembre 2005, à 17h31 HAE.
(21) Le Devoir, « La ciguë du PQ », par Michel David, 1er octobre 2005.
(22) Le Devoir, « Boisclair se tait et reste », par Robert Dutrisac et Kathleen Lévesque, 21 septembre 2005.
(23) Presse Canadienne, « Yves Michaud propose à André Boisclair de réfléchir à son avenir », 21 septembre 2005, à 18h17.
(24) Journal de Montréal, « La mince ligne blanche », par Yves Chartrand, 24 septembre 2005.
(25) Le Devoir, « La langue sale », par Michel David, 10 septembre 2005.
(26) La Presse, « Boisclair embarrassé », par Denis Lessard et Nicolas Saint-Pierre, 17 septembre 2005.
(27) Le Devoir, « La ciguë du PQ », par Michel David, 1er octobre 2005.



Subject: 
Drogue et politik
Author: 
JPBouchard
Date: 
Wed, 2005-10-19 22:14

La direction du PQ aurait du le disqualifier suite à la connaissance de la nouvelle (teneur criminelle) en se rappelant la tradition historique du parti fondé par Lévesque mettant l'emphase sur l'intégrité en politique. La bêtise est au pouvoir: il faut élire une marque et non pas un chef qui théoriquement tenterait avec une équipe d'améliorer la société.


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Subject: 
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Author: 
Sisyphe
Date: 
Sat, 2005-11-05 16:36

Voici quelques articles sur le même thème: La course à la direction du Parti québécois: dossier.


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