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Questions préliminairesAnonyme, Monday, October 3, 2005 - 15:40
Amer Simpson
COMMENT FAIRE ? Les deux questions qui ne peuvent être contournées sans compromettre les révolutionnaires dans leurs désirs les plus honnêtes est de savoir comment se préparer à mener la révolution à bon terme et comment saisir les conditions présentes afin de comprendre d’où on part pour arriver à cette foutue révolution. À la première question, je dirais qu’au niveau pratique c’est la tendance que je résumerai grossièrement par « autonomiste » qui cherche à y répondre. Loin de moi, ici, de prétendre que la révolution se fait essentiellement par ceux et celles qui la veulent et prétendent la faire ici et maintenant, mais force objective est de constater que la frange dite révolutionnaire de la population est celle qui peut et veut la saisir adéquatement pour la mener à bien et qui agit en sorte qu’elle arrive un jour ; c’est donc à partir de cette frange que la question se pose et qu’elle est débattue. C’est pourquoi, la question de savoir comment se préparer à la révolution se pose en premier lieu à ceux et celles qui la veulent. Questions préliminaires Je commencerai par dire qu’il n’y a rien de telle qu’une discussion de vive voix autour d’une bonne bière. L’écriture ayant chez moi la fâcheuse tendance de se compliquer pour dire finalement que peu de chose... COMMENT FAIRE ? Les deux questions qui ne peuvent être contournées sans compromettre les révolutionnaires dans leurs désirs les plus honnêtes est de savoir comment se préparer à mener la révolution à bon terme et comment saisir les conditions présentes afin de comprendre d’où on part pour arriver à cette foutue révolution. À la première question, je dirais qu’au niveau pratique c’est la tendance que je résumerai grossièrement par « autonomiste » qui cherche à y répondre. Loin de moi, ici, de prétendre que la révolution se fait essentiellement par ceux et celles qui la veulent et prétendent la faire ici et maintenant, mais force objective est de constater que la frange dite révolutionnaire de la population est celle qui peut et veut la saisir adéquatement pour la mener à bien et qui agit en sorte qu’elle arrive un jour ; c’est donc à partir de cette frange que la question se pose et qu’elle est débattue. C’est pourquoi, la question de savoir comment se préparer à la révolution se pose en premier lieu à ceux et celles qui la veulent. En quoi la tendance « autonomiste » est concernée par cette question, la réponse se situe dans leur pratique, bien entendu. La raison en est assez simple, cette tendance s’affirme par ce qu’il font pour se sortir des contraintes de ce monde et par leur discours qui justifie cette façon de faire. En quelque sorte, cette tendance exprime la volonté de vivre le communisme en appliquant ses conséquences immédiatement : abolir la propriété par le vol et le squat, confronter l’autorité par la violence et l’organisation horizontale, détruire la marchandise par le pillage et la gratuité des services publiques, mettre fin au salariat par la récupération, la débrouillardise collective, le partage des responsabilités et du savoir-faire... Dans un certain sens, c’est l’apport du mouvement d’action directe tel que décrit par T.C. dans un des derniers numéros de leur revue. Ce que cette tendance exige, c’est que le communisme ne soit pas juste un volonté abstraite qui attend la venue du jour J pour trouver les moyens d’appliquer l’abolition des conditions présentes, mais plus précisément qu’elle soit une expérimentation au jour le jour qui permet de se préparer aux conditions que cette révolution impliquera nécessairement demain ; comme il est dit souvent, la révolution n’est pas une partie de carte. Voilà, autrement dit, ce que la Tiquunerie essaie de faire comprendre théoriquement de la pratique des dits « autonomistes » et qui n’est rien de moins que la volonté de préparer dès aujourd’hui les armes qui critiqueront cette société un jour. D’une certaine autre façon, les groupes anarchistes qui n’ont dans la bouche que l’organisation et qui par-là cache mal leur volonté de former un parti du prolétariat aussi historique soit-il, on eux aussi la prétention de préparer les bases de la révolution par ce qu’ils nomment la démocratie directe, le fédéralisme et la responsabilité collective. Malheureusement pour eux, cette nécessité de l’organisation fait l’économie du but : soit l’abolition des conditions présentes ; et finalement, malgré eux, ils font le jeu de la politique autogestionnaire de l’économie, créant ainsi les conditions pour revenir en arrière. C’est probablement là une des raisons pourquoi les autonomistes ne participent que très rarement aux initiatives des formalistes organisationnels. En dernière analyse, il ne serait pas faux de dire que l’un et l’autre se renvoient la balle du comment faire ici et maintenant sans comprendre là où ils partent. Ceci étant dit, la question reste toutefois pertinente. Comment faire autrement que de rester assis sur son cul à décortiquer l’histoire pour en trouver la faille ? Créer des liens entre camarades reste probablement la meilleur chose à faire. Personnellement, les expériences autonomistes ou ce qui s’en réclame est loin de m’avoir convaincu. Plus souvent qu’autrement, ces initiatives expriment le peu de moyen qu’il nous reste ; la communauté ouvrière, longtemps le foyer d’un réel réseau de camarades géographiquement stable et fidèle, n’a plus cour aujourd’hui ; le combat se situant dorénavant sur le terrain éclaté d’une classe sans identité, l’ensemble des efforts est concentré sur la reproduction toujours précaire de cette communauté résiduelle de quelques camarades près à survivre dans la quasi-illégalité. Les fameuses lignes de résistance qui se voient comme des embryons de la révolution à venir n’ont comme seule perspective à offrir que la gestion des nécessités matérielles que la misère ambiante les contraint à résoudre. Toutefois, cette débrouillardise que n’importe quel prolétaire est à même d’assumer venant sa nécessité n’est pas à négliger sans considération. Car il y a dans cette débrouillardise autonomiste toujours la volonté d’articuler le quotidien avec les idées dans finir avec le monde qui produit cette misère et ses contraintes. C’est justement dans cette écart d’une pratique quotidienne contre le vieux monde que la tendance « autonomiste » ouvre des perspectives qui méritent notre attention. Afin d’évacuer toutes mauvaises interprétations, loin de moi l’idée de dire que cette tendance répond adéquatement à la question comment faire ici et maintenant. Mais cette tendance qui refuse parfois toutes formes de représentation, contient déjà certains éléments que le mouvement communiste ne peut ignorer. Que cet tendance cherche à mettre en pratique leurs désirs contre cette société sans se compromettre avec cette société rejoint déjà ces quelques grèves qui n’ont rien à revendiquer sinon la fin de cette société : n’est-ce pas là le meilleur exemple qui soit d’une perspective qui ne veut rien d’autre que l’abolition des conditions présentes ? Que cette tendance soit limité dans sa propre lutte est évident et c’est pourquoi la question ne se résume pas à un simple comment faire, mais également à une question de point de départ, de conditions présentes qui sont celles que nous devons abolir. Il ne suffit pas de vouloir mettre en pratique nos plus beaux espoirs, encore faut-il savoir dans quelles conditions ces espoirs peuvent trouver un point d’appui et se réaliser. Nous voilà donc arrivé à la deuxième question qui nous interpelle comme révolutionnaire : comment saisir les conditions présentes afin de comprendre d’où on part pour arriver à cette foutue révolution ? LES CONDITIONS PRÉSENTES... Les limites de la tendance « autonomiste » se trouve probablement dans cette négation des conditions présentes qui ne permettent pas de réaliser la moindre initiative communiste à l’intérieur du capitalisme. Mais là, les ambiguïtés n’ont pas fini de se répandre telle une boite de Pandore. Quelles sont ces conditions présentes qui produisent à la fois la nécessité de les abolir et renvoient perpétuellement à la nécessité de sa reproduction ? Voilà l’écart où s’engouffre indistinctement toutes les tendances du communistes, y compris le courrant communisateur. Il n’est pas simple de dire que les conditions présentes de part la contradiction qui en est la dynamique produit son dépassement dans le communiste. Car il faut bien que ce dépassement soit produit par ceux et celles qui sont en position, dans la contradiction, de le faire ; et le prolétariat, tout comme le capital, n’étant jusqu’à ce jour qu’une abstraction qui nous permet de rendre compte de la contradiction dans les termes opposés qui la définissent, ne nous en dit pas plus sur la façon de préparer cette révolution qui abolira les conditions présentes. À moins de croire à ces conditions objectives qui feront la job à notre place, les révolutionnaires ne peuvent se contenter de vérifier leurs théories sur ce que le prolétariat a fait ou n’a pas fait ; nous avons un rôle à jouer qu’on le souhaite ou non. Je ne parle pas de ces avant-gardes qui ont plus à cœur de construire leur parti que de répondre aux questions que l’époque pose prioritairement, mais de ceux et celles qui agissent de façon à rendre possible cette révolution sans s’illusionner sur leurs agissements. Si nous sommes embarqués dans cette lutte de classe, nous y sommes avec des questions et des réponses et c’est de ça qu’il s’agit : du comment faire sans perde de vue que ce « faire » dépend des conditions présentes et de leur évolution. En tant que communiste, nous savons ce qu’est le capital et ce qu’est son abolition : propriété, marchandise, valeur d’échange, division du travail, force productive, état-nation, classe et j’en passe... Nous savons également que ce mode de production produit essentiellement les conditions de son renouvellement, soit les moyens matériels de contraindre une masse de population à se vendre pour vivre et ceux qui permettent à une minorité de la population à l’utiliser pour s’enrichir ; c’est par ces conditions matérielles que le capital est objectivement opposé au prolétariat et c’est par ces mêmes conditions que le prolétariat est en mesure de combattre le capital jusqu’à son abolition. Théoriquement, tout paraît simple mais comment faire pour que la lutte du prolétariat dans sa réalité concrète comme lutte de classe ne soit pas reproduction des prémisses qui rendent possible le renouvellement du procès d’exploitation dans son ensemble. Ainsi présenté, nous n’avons pas avancé d’un pas. Mais voilà, nous savons qu’il existe des initiatives qui créer l’écart nécessaire pour définir le lien entre les conditions présentes et la révolution et ces initiatives sont tous ce que nous avons pour explorer des perspectives communisatrices. Cette exploration ne se veut pas expérimentation dans le sens autonomiste mais bien définition du comment cela va se faire selon ce que nous sommes en moyens de définir à partir des conditions présentes en lien avec la révolution ; c’est de cette façon que j’entend perspective. Depuis le début des années 90, sans compter tout ce qu’à pu nous apporter les luttes des années 70 et 80, ces perspectives ont fait surface et ont trouver encre à leur plume. Probablement que ces plumes qui ont permis d’écrire les nombreux compte-rendus de la révolte qui a suivi l’effondrement économique du pays argentin, pour ne nommer que celle-là, a trouver son encre dans ce que ce mouvement avait de plus difficile à saisir ; c’est pourtant là que la perspective révolutionnaire peut puiser ses meilleurs exemples. D’expérience que nous n’avons que trop souvent pas réellement vécu mais que nous savons regarder avec l’œil du faucon, nous sommes en mesure de mettre quelques évidences au claire. Malgré l’énorme progrès du capitalisme vers une subsomption sans égale de la communauté humaine, il reste que néanmoins la représentation et son corollaire la revendication à fait ses preuves ; base du syndicalisme et de la social-démocratie et maintenant, depuis la destruction de la classe ouvrière, du démocratisme radical, la formalisation des intérêts de la classe prolétarienne n’a toujours servi que les intérêts de la classe dominante qui avait besoin d’un pallier juridico-politique pour s’appuyer et parfaire sa démocratie. La différence aujourd’hui n’est pas tant dans son contenue fondamental mais bien dans sa forme en tant que contenu historique ; le syndicalisme n’a plus nécessairement la même forme mais conserve la même fonction ; que ce soit pour combattre le racisme ou la précarité, il permet de revendiquer des droits et de finalement de produire son lot de représentants afin de défendre ces droits peu importe la violence et l’autonomie organisationnelle investie pour les revendiquer. En fait, l’essentielle est là : défendre les intérêts du prolétaire en tant que prolétaire, qu’il soit membre de la classe ouvrière en décrépitude ou d’une minorité quelconque. C’est là que nous retrouvons nos chers autonomiste qui mènent des luttes sans aucune revendication mais avec une certaine difficulté d’y échapper si nous considérons l’ensemble des mouvements qui se revendiquent des « sans » et les autres centres sociaux alternativistes qui dérive plutôt vers un aménagement circonstancielle des conditions présentes. Nous voilà donc arrivé dans l’écart où immédiatisme et perspective révolutionnaire cherchent leur point de rencontre et se questionnent l’un l’autre. De toute évidence, ce questionnement n’a que très peu d’écho ; en dehors de Meeting, il y a probablement que Dauvé et Nesic qui ont fait état des lieus avec leur texte : un Appel, une Invite. Le débat ne fait que commencer... À suivre ! |
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