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GRÈVE ÉTUDIANTE : un bilanAnonyme, Thursday, August 25, 2005 - 19:53 Il est très important de rejeter le cloisonnement des luttes que l’on retrouve trop souvent, notamment au niveau syndical, et qui est presque toujours une garantie de défaite et de recul. La manifestation étudiante du 31 mars dernier représentait un pas dans la bonne direction. Printemps 2005 BILAN DE LA GRÈVE ÉTUDIANTE Le début de l’année 2005 a été marqué par la plus importante grève étudiante de l’histoire du Québec. Même en 1968, année de mobilisations étudiantes et ouvrières importantes au niveau international, le milieu de l’éducation québécois n’avait pas connu un débrayage de cette ampleur. Le mouvement de grève a été lancé le 24 février et s’est terminé le 11 avril, ce qui représente une durée de 7 semaines. Plus de 200 000 étudiants et étudiantes y ont participé, dont environ 80 000 pour toute la durée de la grève. Le gouvernement libéral de Jean Charest a été grandement gêné par ce débrayage, l’ « opinion publique » étant plutôt favorable aux étudiants et aux étudiantes malgré une intense propagande médiatique cherchant à présenter les participants et participantes à la grève comme étant des « vandales et des violents ». Le taux d’impopularité du gouvernement, déjà très élevé, a monté en flèche pour avoisiner les 80%. La grève a été lancée par un regroupement nommé la CASSÉE (Coalition pour une solidarité syndicale étudiante élargie), fondée à l’initiative de l’ASSÉ (Association pour une solidarité syndicale étudiante). Pour faire un bref historique, cette dernière fait partie d’une tradition de militantisme étudiant « combatif » remontant aux années 70 et 80 avec l’ANEEQ (Association nationale des étudiants et étudiantes du Québec) et ensuite le MDE (Mouvement pour le droit à l’éducation) dans les années 90. Même s’il serait malhonnête et contre-productif de mettre les intentions des forces motrices de l’ASSÉ sur le même niveau que celles de ses deux grandes fédérations rivales décrites plus bas, il ne faut pas non plus masquer sa réalité. C’est qu’au delà de son discours gauchisant, l’ASSÉ pratique un syndicalisme étudiant dit de « combat ». En ce sens, il cherche à être reconnu par les institutions, il vise à négocier avec l’État, il recueille des cotisations prélevées directement par les administrations et il pratique le maraudage pour être « accrédité ». Il constitue donc une force d’intégration –même si elle est critique- des étudiants et des étudiantes aux normes et aux institutions étatiques bourgeoises. En opposition à l’ASSÉ, on retrouve les deux Fédérations étudiantes ouvertement corporatistes et droitières, la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) et la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec), traditionnellement alignées sur le Parti Québécois et spécialistes en sabotage des mobilisations étudiantes. Comme nous l’avions mentionné dans la déclaration sur la grève étudiante publiée dans le numéro précédent de Notes Internationalistes, la FECQ et la FEUQ sont un tremplin idéal pour des apprentis politiciens et des bureaucrates. Pour donner quelques exemples, deux jeunes députés péquistes, Jonathan Valois et Nicolas Girard, sont des anciens dirigeants de la FEUQ, comme l’était d’ailleurs le nouveau vice-président du PQ, François Rebello. Nous pouvons mentionner également l’ancien ministre péquiste et candidat à la chefferie du PQ, André Boisclair, qui fût président de la FAECQ (Fédération des associations étudiantes collégiales du Québec), l’ancêtre de la FECQ. La recherche de carrières prestigieuses dans les rangs de la bourgeoisie, constitue une priorité fondamentale pour tout ceux et celles qui se trouvent à la tête de ces fédérations, bien davantage que la défense, même limitée, des intérêts des étudiants et étudiantes. Lors de précédentes mobilisations étudiantes, la FECQ et la FEUQ ont joué un rôle particulièrement honteux et réactionnaire. En 1996, lors d’une grève contre la volonté du gouvernement péquiste de l’époque, dirigé par Lucien Bouchard, d’augmenter les frais de scolarité au niveau universitaire et d’imposer des amendes aux élèves du collégial qui échoueraient plus de cinq cours (c’est la tristement célèbre taxe à l’échec), les deux fédérations ont dénoncé le mouvement de grève comme étant « prématuré » et se sont empressées d’aller négocier une entente à rabais avec la ministre de l’Éducation de l’époque, l’ineffable Pauline Marois. Elles ont donné leur aval à la taxe à l’échec en échange de la promesse du gel des frais de scolarité à l’université. Encore plus scandaleux, elles ont accepté la hausse importante des frais de scolarité pour les étudiants et étudiantes de l’étranger. Belle preuve de nationalisme et même de xénophobie! En 2000, le PQ a organisé un Sommet de la jeunesse complètement bidon avec des « représentants jeunesse » triés sur le volet. En échange d’un réinvestissement de 1 milliard$ sur cinq ans en éducation, une somme minime si l’on tient compte des centaines de millions de dollars qui avaient été coupés quelques années auparavant par le PQ, la FECQ et la FEUQ ont signé le consensus final du Sommet où il était question notamment de mesures « d’insertion » à bon marché, soi-disant sur une base « volontaire », pour les jeunes assistés sociaux. De plus le réinvestissement en éducation était conditionnel à la réalisation de « contrats de performances » par les universités. Le MDE avait lancé un mouvement de grève, qui demeura limité, et qui se trouva encore fois saboté par les manigances bureaucratiques de ces deux fédérations étudiantes. Faut-il préciser que le réinvestissement tant vanté par la FECQ et la FEUQ s’est fait au compte-gouttes et que la situation de l’éducation n’a cessé de se dégrader depuis, tant sous la houlette du PQ que celle du PLQ? C’est la décision du gouvernement libéral de Jean Charest de convertir 103 millions$ de bourses en prêts en 2004, combinée avec la dégradation continuelle du système d’éducation québécois, qui est à l’origine du mouvement de grève de cette année. Cette décision a eu pour effet d’appauvrir les étudiants et étudiantes provenant de la classe ouvrière et d’augmenter leur niveau d’endettement déjà élevé. La bourgeoisie québécoise (toutes tendances politiques confondues) a beau se vanter continuellement du fait que les frais de scolarité des universités québécoises soient les plus bas en Amérique du Nord, la situation financière des étudiants et étudiantes des milieux prolétaires est très difficile et bon nombre d’entre eux croulent sous leurs dettes en quittant l’université. Avec un baccalauréat complété, on peut facilement se ramasser avec une dette de 20 000$ et plus. Pour ceux et celles qui font des études avancées (maîtrise et doctorat) la dette peut atteindre les 40 000$. Le fait que depuis 1997, le gouvernement fédéral a décrété que les étudiants et étudiantes doivent attendre dix ans après la fin de leurs études pour avoir le droit de déclarer faillite, oblige un grand nombre d’entre eux à tirer le diable par la queue pour être capable de mener une existence « décente ». Le remboursement des prêts étudiants n’est pas une mince affaire pour quiconque travaille à bas salaire, car contrairement à la propagande bourgeoise, les études universitaires ne mènent pas automatiquement à des emplois « bien rémunérés ». Loin de là! Avec les attaques constantes du capital contre les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière pour compenser la chute tendancielle du taux de profit, il y a une pression à la baisse sur les salaires, ce qui rend la situation des prolétaires au bas de l’échelle de plus en plus dramatique. Ce qui veut dire que le fardeau du remboursement des dettes d’études s’accentue continuellement. La grève commence Le déclenchement de la grève a eu lieu le 24 février dernier, après une campagne de mobilisation menée par l’ASSÉ depuis octobre 2004. Une semaine auparavant, soit le 16 février, plus de 150 étudiants et étudiantes de la FECQ et de la FEUQ ont manifesté à Montebello en Outaouais, pour perturber la tenue d’un caucus du Parti Libéral du Québec. Il en résulta une intervention policière musclée, beaucoup de brutalité et d’arrestations. Les éditorialistes de la presse bourgeoise en ont profité pour dénigrer les « étudiants casseurs et violents » et le dirigeant de la FEUQ s’est empressé de se dissocier de ses propres membres. Le ministre de l’Éducation, Jean-Marc Fournier a déclaré peu de temps après le déclenchement de la grève étudiante que cette dernière était illégitime. Le Premier ministre, de son côté, affirmait que les étudiants du Québec étaient les mieux traités au monde et que leur débrayage n’était qu’un caprice d’enfant gâté. Ces déclarations incendiaires, ont contribué à galvaniser le mouvement de grève qui a atteint 45 000 étudiants et étudiantes dès le 1er mars. La FECQ et la FEUQ, se trouvèrent rapidement débordées et pour ne pas être davantage marginalisées lancèrent à leur tour un appel à la grève générale le 8 mars, suite au refus catégorique du ministre Fournier de réinjecter les 103 millions coupés dans le prochain budget du gouvernement québécois. Les fédérations désiraient surtout prendre le contrôle d’un mouvement qui jusque là échappait à leur emprise. Elles centrèrent leur campagne sur la coupure des 103 millions $, alors que la CASSÉÉ dénonçait aussi l’ensemble de la réforme des prêts et bourses et le projet de décentralisation du réseau des cégeps, porte ouverte à la privatisation et donc aussi à la hausse des frais de scolarité. La FECQ et la FEUQ tenaient à montrer une image « respectable et raisonnable » et à jouer un rôle d’interlocuteur « crédible » face au gouvernement. C’est pourquoi elles s’en tinrent à une seule revendication comme si la résolution de cette dernière règlerait tous les problèmes! Le slogan mis de l’avant par les deux fédérations étudiantes était : « Charest endette une génération », ce qui démontre bien leur corporatisme absolu. Le 7 mars la CASSÉÉ occupa le bureau de comté du ministre Jean-Marc Fournier à Châteauguay. Une intervention policière musclée pour déloger les étudiants et étudiantes causa une confrontation entre ces derniers et la police. Il n’en fallait pas plus pour entendre la presse bourgeoise dénoncer la CASSÉE. Étant donné que la CASSÉÉ a refusé de condamner les gestes bien mineurs commis par certains de ses membres en réaction à la brutalité policière, le ministre Fournier en a profité pour l’exclure de la table des négociations, au grand bonheur de la FECQ et de la FEUQ. Le débat public fût orienté exclusivement sur la coupure de 103 millions, au détriment des autres aspects tout aussi dangereux de la réforme de l’éducation. Les tractations se sont poursuivies en coulisse entre le ministre de l’Éducation et les deux fédérations étudiantes, sans aucune transparence et sans informer la population étudiante concernée. La perspective d’une entente à rabais était alors de plus en plus inéluctable. De son côté la CASSÉE passa à l’action en organisant une manifestation regroupant plus de 8000 personnes au centre-ville de Montréal le 12 mars. Par la suite elle mena des actions de perturbation économique, notamment au port de Montréal, au Casino et à la Tour de la Bourse et elle occupa les bureaux du Conseil du Patronat du Québec et du ministère des Finances. Quant à la FECQ et la FEUQ, elles organisèrent une manifestation rassemblant des dizaines de milliers de personnes au centre-ville de Montréal le 16 mars, où la présence des fiers-à-bras de la FTQ-Construction fut remarquée. Ils étaient chargés de ramener à l’ordre les étudiants « radicaux » qui ne partageaient pas la ligne opportuniste des fédérations. Entre-temps le mouvement de grève fit rapidement tache d’huile et des associations qui d’habitude ne font pas la grève se rallièrent au mouvement, comme par exemple les étudiants et étudiantes de l’École Polytechnique, des Hautes Études Commerciales, de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et des facultés de Médecine de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université de Sherbrooke, ce qui indique l’ampleur du mécontentement. Les fausses solidarités Il convient maintenant d’examiner le rôle parfaitement honteux et réactionnaire joué par l’opposition officielle, le Parti Québécois, lors de cette grève. En effet le PQ a tenté dès le début de récupérer le mouvement de débrayage étudiant pour des fins partisanes. Ainsi nous avons pu entendre le chef de ce parti Bernard Landry, exhorter le PLQ à répondre aux revendications étudiantes. De son côté Pauline Marois, qui était ministre de l’éducation lors de la grève de 1996, porta fièrement le carré rouge, le symbole de la lutte étudiante et fit de grandes déclarations creuses pour « appuyer » les étudiants. L’hypocrisie péquiste était à son comble. Pourtant il est facile de se rappeler les coupures draconiennes effectuées par le PQ dans les années 90 au nom du sacro-saint déficit zéro, dont Bernard Landry fût l’un des principaux artisans. Le PQ a largement pavé la voie aux politiques actuelles de démolition sociale du PLQ et quand il reprendra le pouvoir, il continuera sur la même lancée malgré ses promesses mensongères et démagogiques. Tous les partis politiques de la bourgeoisie, de gauche comme de droite, appliquent les mêmes politiques d’austérité budgétaire et les mêmes attaques anti-ouvrières pour faire face à la crise du capitalisme. L’époque de l’État Providence et des programmes sociaux « généreux » est maintenant révolue. Notre sort est le même que celui des travailleurs et travailleuses partout à travers le monde, on n’a qu’à regarder du côté de l’Allemagne par exemple avec le programme de compressions budgétaires Agenda 2010 mis en œuvre par la social-démocratie et qui ferait pâlir d’envie Jean Charest et Paul Martin. La colère légitime des travailleurs et travailleuses du Québec contre le gouvernement libéral ne doit surtout pas être récupéré par le PQ, ni par les nouveaux partis réformistes de l’UFP (Union des forces progressistes) et Option Citoyenne (OC). Les belles promesses que tous ces partis font actuellement aux travailleurs et travailleuses (le revenu minimum garanti, un grand chantier de logement social, le salaire minimum à 10$/heure, la semaine de 32 heures payée 40 heures, etc.,) vont s’avérer rapidement n’être que des mensonges odieux, une fois qu’ils exerceront le pouvoir pour le compte du capital. De plus le projet nationaliste, porté par le PQ, l’UFP et OC n’améliorera pas d’un iota la condition des prolétaires du Québec et ne sera qu’une légère réorganisation de la forme de domination du capital. Au beau milieu de la grève, le gouvernement libéral annonça des coupures dans le régime d’aide sociale de l’ordre de 150 millions $. Les assistés sociaux ont déjà subi des compressions budgétaires draconiennes de la part du PQ et du PLQ, on n’a qu’à penser à la loi 37 du gouvernement libéral de Robert Bourassa et la loi 186 du gouvernement péquiste de Lucien Bouchard/Bernard Landry. Le 31 mars une manifestation a réuni plusieurs milliers d’étudiants et un certain nombre de sans-emploi au centre-ville de Montréal pour dénoncer les coupures à l’aide sociale. Par la suite, le gouvernement recula partiellement sur sa décision et coupa « seulement » 80 millions dans le budget de l’aide sociale. Il est très important de rejeter le cloisonnement des luttes que l’on retrouve trop souvent, notamment au niveau syndical, et qui est presque toujours une garantie de défaite et de recul. La manifestation du 31 mars représente un pas dans la bonne direction. Comme nous l’avons écrit dans le précédent numéro de Notes Internationalistes, il est nécessaire de rassembler toutes les luttes qui ont lieu en réaction aux politiques d’austérité de l’État pour être capable de détruire ce système cruel, rapace et inhumain qu’est le capitalisme. Tel que mentionné plus haut, les tractations se poursuivirent dans l’ombre entre les fédérations étudiantes et le gouvernement libéral. Au début d’avril une entente de principe intervint qui maintenait l’intégralité de la coupure de 103 millions $ pour l’année scolaire en cours (2004-2005), qui la réduisait de 70 millions pour la prochaine année (2005-2006) et qui réinjectait la totalité de la somme seulement à partir de 2006. Tous les autres aspects de la réforme de l’aide financière étaient maintenus et rien n’était prévu pour soulager l’endettement croissant des étudiants et étudiantes du Québec. C’était manifestement une entente à rabais, mais la FECQ et la FEUQ étaient trop contentes de montrer leur « bonne volonté » et de mettre un terme à un mouvement qui échappait à leur emprise depuis le début et qui menaçait leur prétention de s’afficher comme les « représentants » de la population étudiante. Leur attitude fut tout à fait identique à ce qui s’est passé lors de la grève de 1996, soit de poignarder dans le dos un mouvement de grève qui leur était complètement étranger, à la différence que cette fois-ci c’était le plus grand débrayage étudiant de l’histoire du Québec, ce qui ajouta à la colère des étudiants floués. Peu de temps après la conclusion de l’entente, des étudiants de la FEUQ ont saccagé leurs bureaux pour dénoncer les tractations qui avaient été perpétrées dans leur dos. De son côté, la CASSÉE a recommandé le rejet pur et simple de l’entente à rabais, mais plusieurs associations étudiantes, sans doute essoufflées par tant de semaines de grève, votèrent pour le retour en classe tout en rejetant l’entente. C’est pourquoi le 11 avril, la CASSÉÉ recommanda finalement de mettre fin à la grève tout en promettant de continuer le combat contre les coupures. Les limites de la critique gauchiste Nous devons maintenant faire une analyse critique du rôle joué par la CASSÉÉ dans ce mouvement de grève. La bourgeoisie s’est souvent acharnée contre elle à travers ses médias dans le but de discréditer la grève. Par contre, malgré son discours très militant, la CASSÉÉ cherchait aussi à devenir un interlocuteur pour le gouvernement, ce qui explique sa déception d’avoir été écartée de la table de négociation dès le début. Sur le plan médiatique, elle cherchait à se présenter comme un « concurrent de gauche » des fédérations étudiantes pouvant mieux représenter et défendre les intérêts des étudiants et étudiantes. C’est pourquoi la CASSÉÉ a présenté des « solutions » au gouvernement pour financer la réalisation de ses revendications, dont la principale est la fameuse réforme de la fiscalité. Cette dernière constitue la revendication majeure de toute la gauche réformiste. Elle consiste principalement à supprimer les abris fiscaux dont bénéficient les grandes compagnies et les individus les mieux nantis, pour faire en sorte que « les riches payent leur juste part d’impôt ». La proposition est profondément erronée, comme si les capitalistes qui contrôlent l’État vont accepter d’alourdir leur fardeau fiscal! Il faut préciser ici que, contrairement à ce prétendent les réformistes de tout acabit, l’État n’est pas un arbitre neutre entre les classes sociales, mais plutôt l’instrument de la classe dominante. La revendication d’une fiscalité plus « juste » existe depuis très longtemps et elle a même déjà figuré dans le programme électoral des certains partis bourgeois, comme le Parti Libéral fédéral en 1993 et le Parti Québécois en 1994, pour retomber dans l’oubli dès les élections terminées. Un gouvernement qui « oserait » mettre cette réforme en application serait en très grande difficulté face à ses concurrents, car les entreprises déménageraient vers un pays où le fardeau fiscal est plus « léger ». Outre qu’elle est inapplicable, le principal problème avec la revendication d’une fiscalité « plus équitable » est qu’elle laisse entendre que l’impôt est la source des principaux problèmes de la société capitaliste et qu’en instaurant un système d’imposition plus juste et équitable, on va ainsi parvenir à « un monde meilleur ». Ainsi il n’y a plus de lutte des classes, ni d’exploitation de la classe ouvrière, mais simplement un problème fiscal! Faisons payer les riches et tout ira pour le mieux! En faisant de la réforme fiscale un axe central de son discours, la CASSÉE s’est engagée dans une stratégie complètement réformiste qui mène inévitablement à la concertation avec l’État bourgeois, à la voie des négociations et donc aux compromis qui ne peuvent que nuire à la lutte étudiante, tout comme le syndicalisme avec ses politiques de négociations et d’arbitrage sabotent les luttes ouvrières. Toute stratégie de négociations avec la bourgeoisie mène automatiquement à un cul-de-sac, car nous devons accepter de nous soumettre aux règles du jeu et aux besoins des capitalistes et pour paraître « raisonnables et conciliants » nous sommes dans l’obligation de faire des concessions à l’ennemi de classe. Il en résulte une défaite, car les intérêts de la bourgeoisie prennent nécessairement le dessus sur ceux du prolétariat. Par exemple, l’entente à rabais qui a mis fin à la grève étudiante était basée exclusivement sur les ressources financières de l’État capitaliste québécois, sur la « capacité de payer » de ce dernier et non pas sur les besoins des étudiants et étudiantes. C’est une reprise de l’initiative prolétarienne qui est nécessaire en ce moment pour vaincre les attaques du capital contre nos conditions de vie et de travail et pour préparer la voie au renversement du capitalisme. C’est seulement de cette façon que nous parviendrons à réaliser une société libérée de toute forme d’exploitation et d’oppression, c’est-à-dire le communisme. H . Une contribution à Notes Internationalistes Courriel: can...@ibpr.org |
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