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En quoi Heinz Dieterich se trompe ? Contribution au débat

franz, Thursday, August 25, 2005 - 08:12

Basem Tajeldine

Aporrea 11 -08-20O5

Dans son article intitulé "Venezuela. Le socialisme du XXIe Siècle peut-il triompher ?" publié par rebelion.org le 03-08-2005, le camarade Heinz Dieterich formule deux critiques au processus révolutionnaire vénézuélien que conduit le président Chavez et qu’il considère fondamentales pour l’avancée et la consolidation de la révolution. Nous nous voyons dans l’obligation de réfuter l’une d’entre elles.

Le camarade Heinz Dieterich écrit la chose suivante : "Si la Révolution soviétique se distinguait par une dualité de processus, la révolution bourgeoise et la socialiste, la vénézuélienne comporte une dimension de plus : elle est à triple facette. En elle coexistent en même temps une révolution anti-coloniale (contre la doctrine Monroë), une révolution démocratique bourgeoise et les germes d’une révolution socialiste. Le poids de la politique de Chavez repose sur les deux premières colonnes, la troisième étant à peine naissante. Cette pondération tient à une raison fondamentale : il est impossible de construire le socialisme sans avoir avancé dans les deux premières dimensions.

Dieterich revient sur la question dans un entretien réalisé pour le journal El Tiempo, reproduit dans Aporrea du 05-08-2005 :

"Il n’y a pas dans le monde un Etat avec le socialisme du XXIe siècle. Je dirais que la révolution vénézuélienne tente de dépasser la superstructure, la philosophie et l’économie du système bourgeois".

"Evidemment, la priorité est la construction d’une économie de l’état bourgeois, une tâche qui n’avait pas été accomplie (Grande contradiction).

Au sujet de la conclusion à laquelle arrive le camarade Dieterich, je m’interroge. En plein XXIe siècle de la globalisation du capital les thèses programmatiques qui émanaient de la IIIe Internationale Communiste dirigée par Staline seraient-elles encore valides comme ligne politique pour Dieterich ? Il n’était fait aucune distinction entre les partis communistes de l’époque, le marxisme était interprété de manière étroite, les particularités de chaque pays étaient laissées de côté et il s’agissait en premier lieu de développer le capitalisme et la bourgeoisie nationale, étant donné que d’après eux Marx explique : "Seulement à une certaine étape du développement des forces productives impulsées par le capitalisme, survient le socialisme".

Il semble que le camarade Dieterich oublie la dialectique du marxisme. Croire que la gravité est la même pour la terre que pour l’espace le condamne à être en orbite de l’irréalité.

Le camarade nous demande indirectement de nous unir et de travailler en association avec le capital, de développer une "bourgeoisie nationale", ce qui signifierait en d’autres mots, continuer l’Etat financé par les ressources du peuple, avec le même bourreau. Le camarade Dieterich ne connaît pas la réalité du Venezuela, ne connaît pas l’histoire, je crois qu’il n’a jamais pris la peine de la connaître sinon il serait d’accord avec beaucoup, dont nous-mêmes le PCV (Parti communiste du Venezuela), l’EP (Esperanza Patriotica), qui croyons que le contexte pour construire une bourgeoisie nationale est complètement dépassé et que même il n’aurait jamais dû exister et qu’il est d’ailleurs la cause fondamentale de la défaite des forces progressistes dans le monde et au Venezuela en 1958.

Le Venezuela possède une particularité qui manifestement échappe à notre camarade Dieterich, l’Etat est propriétaire d’une des plus grandes richesses qui se cache dans le sous-sol, à savoir les hydrocarbures : l’or noir (pétrole) et le souffle du diable (gaz), de l’industrie en charge de les produire et commercialiser (PDVSA) et est aussi propriétaire de grands complexes qui produisent notre propre énergie (Compagnies électrique CADAFE, ELECENTRO, ENELBAR), de l’industrie lourde (la holding d’Etat CVG-Corporacion Venezuela Guyana) et enfin, nous avons un Etat puissant, mais structurellement affaibli, isolé du peuple et de la révolution, pour des raisons que nous connaissons parfaitement. Par ailleurs notre "bourgeoisie nationale" a été historiquement parasitaire de l’Etat, son développement relatif est parvenu à sa fin et sans résistance, en même temps qu’avec l’ère de la globalisation notre bourgeoisie nationale, y inclus la banque privée, devinrent des succursales du grand capital transnational car, comme le disait Gramsci : "La bourgeoisie n’a pas de patrie mais des poches".

Penser à construire un Etat bourgeois n’est pas distinct de penser à la nécessité de céder des espaces de pouvoir dans l’Etat à la "bourgeoisie nationale", mais nous savons bien sûr que notre bourgeoisie n’est qu’un instrument du capital transnational. En résumé, la conclusion du camarade Dieterich conduit à chercher à céder des espaces de l’Etat à "notre bourgeoisie". Elle en fait un allié indirect et sans le vouloir de notre ennemi de classe.

Alors qu’aujourd’hui nous sommes en pleine crise structurelle du capital (cf. l’analyse que fait de la crise économique contemporaine Istvan Metszaros dans son énorme -6000pages- livre "Au-delà du capital"), le camarade Dieterich s’efforce de valider, de faire revivre le défunt capital et ses Messies. Notre camarade semble contredire l’appel du Président Chavez à construire le socialisme du XXIe siècle, en plaçant en position tertiaire le problème de sa construction. Pourquoi ne joint-il pas ses efforts et son intellect pour nous aider à la construction de nouvelles structures de l’Etat correspondant à la révolution, une nécessité de ce contexte historique ? Pourquoi ne joint-il pas ses efforts à la construction du pouvoir populaire et de l’organisation ouvrière ?

J’espère que ces critiques seront reçues de manière contructive. Je crois plutôt que notre camarade pêche par idéalisme et dogmatisme, et non pas comme traître au marxisme. Je comprends à travers lui comme de bien d’autres pourquoi Marx s’est éthiquement distancié du marxisme.

Quant à la seconde critique, nous la partageons pleinement. Notre camarade Dieterich, à la différence de la camarade Martha Harnecker, observe et impulse la nécessité impérieuse, pour assurer la poursuite et l’approfondissement du processus révolutionnaire, de la création d’un parti d’avant-garde et d’une direction à l’unisson, qui veille sur les institutions et les cadres, qui soit relié et véhiculé aux lignes politiques de la révolution, et qui évite les déviations idéologiques vers lesquelles des personnalités, comme fait mention le député Rodrigo Cabezas, Calixto Ortega, entre autres, ont prétendu nous entraîner. Là-dessus, nous sommes complètement en alliance.

*Basem Tajeldine, est membre du Parti Communiste du Venezuela. Parmi ses récents articles : El sionismo y el capital (site du FDLP, 06-07-2005) et Por que los arabes acompañan la Revolucion Bolivariana (Aporrea 19-08-2005).

www.aporrea.org/damaletra.php?docid=15944

Traduit du castillan par Max Keler

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