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Une parodie de révolutionnaireAnonyme, Wednesday, August 17, 2005 - 08:06 Théoricien de l’autonomie ouvrière dans les années 70 et de la fameuse postmodernité, Negri s’est à nouveau imposé ces dernières années, en tant que théoricien de l’altermondialisme. Notes Internationalistes #5, août 2005, vient de paraître. Une parodie de révolutionnaire Il se définit comme un « révolutionnaire réaliste » et la récente campagne référendaire sur le projet de Constitution européenne nous a permis de comprendre dans quelle réalité le penseur « néo-marxiste », Tony Negri s’inscrit. Théoricien de l’Autonomie ouvrière dans les années 70 et de la fameuse postmodernité, Negri s’est à nouveau imposé ces dernières années, en tant que théoricien de l’altermondialisme. Son livre Empire s’est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires dans plusieurs langues à travers le monde et est devenu une œuvre de référence pour l’intelligentsia bien-pensante ainsi que toute une génération de gauchistes. Certains critiques ont caractérisé le bouquin comme le nouveau Manifeste du Parti Communiste, ce qui ferait bien sûr de son auteur le nouveau Karl Marx. Ouais… C’est beaucoup dire pour quelqu’un qui avoue ne pas tellement aimer le mot socialisme. Après tout, quand l’auteur escamote la réalité de la classe ouvrière pour la glorification d’éventuelles multitudes interclassistes à une époque où la réalité sociale est celle de la prolétarisation accrue et accélérée de l’humanité toute entière, il serait sans doute plus à propos de parler ici de prestidigitation plutôt que d’analyse critique. Ou encore, lorsqu’il substitue la réalité de l’impérialisme en tant que stade actuel du mode de production capitaliste par la grossière simplification anti-américaine de l’Empire, au moment même où nous assistons à la construction ou à la reconstitution de nouveaux blocs impérialistes rivaux, force est de constaté qu’il fait abstraction de la dynamique beaucoup plus complexe du capitalisme, pour finalement tomber dans le roman de poche. Si les yankees sont les méchants de l’histoire, qui donc seraient les bons? Si tout cela se confinait à une discussion de salon, il n’y aurait peut-être pas beaucoup de mal. « La discussion sur la réalité ou l’irréalité d’une pensée qui s’isole de la pratique, est purement scolastique », constatait Marx. Cependant, après avoir chevaucher la rossinante malingre du mouvement altermondialiste et après avoir haranguer et mener ses tutti bianchi dans les culs-de-sac prévisibles du réformisme, notre illustre Don Quichotte s’est maintenant lancé dans un combat épique contre de nouveaux moulins à vent. Ainsi, en tandem avec l’ignoble Cohn-Bendit, il maestro Negri a fait campagne très activement pour le camp du oui à la nouvelle Constitution européenne. Son raisonnement, salué par à peu près tous les plumitifs serviles du journalisme français, est conforme et conséquent avec l’analyse qu’il a publiée dans L’Empire. Elle est simple et simpliste. Les États-Unis étant l’empire du mal, il pense qu’une Europe politiquement unie peut servir de contrepoids à « l’unilatéralisme » américain. Ce dernier serait capitaliste, conservateur et réactionnaire. Il prône donc de lui opposer un nouvel impérialisme élargi tout aussi capitaliste, conservateur et réactionnaire… En voilà une perspective pour les multitudes! Plutôt que de construire un pôle prolétarien, il propose de construire un nouveau pôle impérialiste. C’est à se demander quel bilan notre illustre pensatore tire-t-il de l’histoire des rivalités inter impérialistes au XXe siècle. Pour notre part, pauvres marxistes que nous sommes, le bilan est clair! Les contrepoids exercés par des impérialismes rivaux mènent à la guerre. Les prolétaires n’ont aucun intérêt à se mobiliser derrière leurs classes dirigeantes, ni en temps de guerre, ni en temps de paix. Toni Negri nous a finalement rendu un grand service. En appliquant pratiquement certaines des conclusions provenant de « l’analyse » qu’il a mis de l’avant dans son best-seller, il a substantiellement déconsidéré sa personne et son œuvre. Le « nouveau Karl Marx » s’est dégonflé comme la baudruche prétentieuse qu’il a toujours été. Car, « c’est dans la pratique qu’il faut que l’homme prouve la vérité, c’est-à-dire la réalité, et la puissance de sa pensée, dans ce monde et pour notre temps. » (Voir la deuxième thèse sur Feuerbach de K. Marx, 1845) V. Vous pouvez vous procurer N.I. au courriel: can...@ibpr.org ou à l’adresse suivante: Notes Internationalistes est aussi disponible dans quelques librairies à Montréal. Notes Internationalistes est une publication du Groupe Internationaliste Ouvrier, la section canadienne du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire. |
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