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Notre réaction à l'Appel

GCI, Saturday, April 16, 2005 - 13:32

GCI

Notre réaction à l'Appel
cmaq.net/fr/node/16299

GCI - Groupe Communiste Internationaliste
Novembre 2004

Notre présente réaction au texte "Appel"1 sous forme de lettre ouverte est motivée par le besoin d'aviver notre communauté de critique au-delà des frontières entre groupes, entre organisations, de discuter sur une base de confiance que nous revendiquons militante. "D'autres, que nous ne connaissons pas encore, construisent aussi le Parti, ailleurs. Cet appel leur est adressé" (scolie IV)... Si aujourd'hui nous "répondons à l'appel", c'est du fait de nous reconnaître, "vous et nous", comme expression du prolétariat en lutte, et donc nous organisant en parti. Mais une précaution s'impose ici: nous ne nous considérons absolument pas comme des "constructeurs de parti", et d'autant moins au sens où l'Appel définit "le parti", à savoir la "communisation de nos rapports et de nos vies", ici et maintenant dans des lieux investis à cette fin2. Nous nous situons en tout cas en dehors et contre les habitudes sectaires, défensives et protectionnistes qui trop souvent sous-tendent et minent les "discussions entre groupes", comme par exemple la revendication débile de la "propriété" -individuelle ou de groupe- des positions politiques. S'il sera donc ici formellement question de "vous" et "nous", soyons clairs sur le fait que nous entendons lutter ensemble contre toutes les séparations merdiques qui nous atomisent encore davantage, qui nous empêchent de nous reconnaître comme une seule et même classe en lutte contre le capital.

***

1. Sur la globalité de l'Appel.

L'Appel part globalement de l'expérience de l'activisme et des "alternatives" affichant une certaine "radicalité" (squats, etc)3, et du besoin qui s'est imposé aux auteurs de rompre avec ces pratiques ou de les dépasser. Nous appuyons cette critique, qui n'est autre qu'une critique de la social-démocratie, une critique de variantes sous lesquelles celle-ci neutralise et enrôle. Là où l'Appel nous a défavorablement surpris, c'est que les perspectives données à ces critiques et ruptures les contredisent, elles en constituent même une négation quasi-intégrale. A l'encontre des besoins réels du prolétariat, du mouvement révolutionnaire aujourd'hui, l'Appel réhabilite les plus idéalistes illusions d'alternative et d'utopie, d'autant plus triomphalement qu'elles avaient l'air d'avoir été balayées dans un premier temps.

Voilà pour l'essentiel de notre critique, dont nous donnons plus bas quelques éléments précis afin d'alimenter la discussion. Sur la globalité, nous regrettons le changement de contenu, parfois flou, souvent brutal, de toute une terminologie empruntée à l'histoire du mouvement révolutionnaire: "construire le Parti", se constituer en "force matérielle autonome", "construire un mouvement révolutionnaire victorieux",... Rien que la notion de "sécession" mériterait toute une clarification, car il nous semble qu'il s'agit déjà de déforcer l'amorce de ruptures réelles par les illusions d'une "vie en marge". "Nous ne voulons pas partir à la campagne", protestent par avance les auteurs de l'Appel. Mais la question n'est pas de "partir" ou pas à la campagne (si tant est qu'elle existe encore, ce à quoi Guy Debord répondait par la négative, peut-être pour éviter les visites), la question est le contenu que l'on y met, la pratique que l'on développe. Où que l'on soit, où que l'on aille, prétendre "vivre le communisme" sous le règne du capitalisme a toujours été profondément idéaliste, volontariste, conservateur, et ne peut que mener au moralisme (tôt ou tard aigri, comme tout moralisme) quant aux rapports réellement vécus.

Dans le même ordre de généralités, nous sommes très critiques vis-à-vis de tout ce que nous trouvons dans l'Appel comme concessions terribles à un certain post-modernisme4 très à la mode, en dépit d'une profession de foi anti-négriste5:

* rejet de toute analyse de classe, de toute critique explicite de l'Etat (il y a seulement "ON" et "NOUS"), de toute place donnée au sujet révolutionnaire réel. Le prolétaire semble se réduire à l'ouvrier industriel du XIX? siècle (piètre cliché marxiste-léniniste), et les luttes actuelles s'évaporer dans le vaste désert d'une sorte de "catastrophe naturelle" ponctuée d'événements "économiques" ("effondrement à l'argentine" et "effondrement de l'URSS" rangés dans le même rayon...).

* usage du terme "empire", sans aucune clarification, aussi fréquemment que "capital" ou "capitalisme".

* usage du terme de "communisation" pour désigner le processus par lequel on arrive à "vivre le communisme" dans les lieux créés par les "révolutionnaires", c'est-à-dire ceux qui ont "fait sécession" d'avec le système, le tout assorti de formules ésotériques de cet acabit: "Par communisme, nous entendons une certaine discipline de l'attention", ou encore, "le Parti pourrait n'être que cela: la constitution en force d'une sensibilité. Le déploiement d'un archipel de mondes".

* tentation de la table rase, de la théorie ex nihilo et de la nouveauté, comme un certain confort nombriliste doublé de la prétention assez courante à mettre au jour -comme jamais ne le fut auparavant- l'ultime clé de compréhension de la société présente, ici notamment l'analyse du "libéralisme existentiel" (scolie II), qui ne nous apprend en fait pas grand-chose en regard de ce que le mouvement révolutionnaire a déjà exprimé contre l'aliénation et l'atomisation.

On peut enfin y ajouter un certain étranglement un peu hexagonal des perspectives, qui au manque de prise en considération des luttes actuelles à travers le monde substitue comme une ronronnante "lutte contre la recomposition de la gauche" (parlementaire, extraparlementaire, citoyenne...?) carrément présentée comme un des trois axes qui s'imposeraient aujourd'hui à la lutte révolutionnaire, là où nous parlerions plutôt de lutte permanente contre la social-démocratie et son poids dans toutes les luttes de notre classe.

Pour conclure à propos de la globalité, l'Appel décrit énigmatiquement l'époque comme celle d'une "guerre civile mondiale" dont le texte parle comme étant "la situation qui nous est faite" et dans laquelle il nous faut "nous constituer en force matérielle autonome". Sans doute, mais quels sont les protagonistes de cette guerre? Que signifie constituer "une force politique" (proposition V)... une parmi d'autres? Contre quelle(s) autre(s)? En définitive, vous considérez-vous comme membres d'une classe mondiale, exploitée et révolutionnaire ou comme un cercle d'initiés? "A force de voir l'ennemi comme un sujet qui nous fait face - au lieu de l'éprouver comme un rapport qui nous tient"... Le capital est effectivement rapport social, mais ennemi aussi, classe et Etat qui nous fait face! Qu'est-ce qui justifierait aujourd'hui de laisser aux orties les bases de la critique de ce monde dans laquelle se sont reconnus et à laquelle ont contribué les militants révolutionnaires des générations passées6?

***

2. Les ruptures d'avec l'activisme.

Voici quelques extraits de l'Appel pour illustrer ce que nous considérons comme son premier volet critique, le terrain des ruptures réelles qui l'ont motivé au départ.

Extraits de la "Scolie de la proposition I".

"Seattle, Prague, Gênes, la lutte contre les OGM ou le mouvement des chômeurs, nous avons pris notre part, nous avons pris notre parti dans les luttes des dernières années; et certes pas du côté d'Attac ou des Tute Bianche".

"Le folklore protestataire a cessé de nous distraire. Dans la dernière décennie, nous avons vu le marxisme-léninisme reprendre son monologue ennuyeux dans des bouches encore lycéennes. Nous avons vu l'anarchisme le plus pur nier aussi ce qu'il ne comprend pas.

Extraits de la "Scolie de la proposition III".

"Nous avons connu, nous connaissons encore, la tentation de l'activisme. Les contre-sommets, les campagnes contre les expulsions, contre les lois sécuritaires, contre la construction de nouvelles prisons, les occupations, les camps No Border; la succession de tout cela. La dispersion progressive des collectifs répondant à la dispersion même de l'activité. Courir après les mouvements"7.

"N'éprouver au coup par coup sa puissance qu'au prix de retourner chaque fois à une impuissance de fond. Payer chaque campagne au prix fort. La laisser consommer toute l'énergie dont nous disposons. Puis aborder la suivante, chaque fois plus essoufflés, plus épuisés, plus désolés".
Après ces critiques fortes, citons ce qui constitue peut-être l'amorce des concessions qui suivront, la préparation du terrain où l'alternative sera réhabilitée:

"Nous désertons l'activisme. Sans oublier ce qui fait sa force: une certaine présence à la situation. Une aisance de mouvement en son sein. Une façon d'appréhender la lutte, non par l'angle moral ou idéologique, mais par l'angle technique, tactique".

Enfin, nous prenons dans le bilan -parfois contradictoire- de l'expérience des squats ce qui nous paraît le plus clair, et nous soulignons ce qui aurait dû justement -dans sa portée la plus générale- prémunir l'Appel contre les alternatives qu'il propose plus loin, ces "lieux habitables" qui se présentent comme des squats idéellement épurés de leurs imppasses et contradictions, en opposition flagrante avec les critiques pertinentes énoncées ci-dessous (extrait de la "Scolie de la proposition V"):

"Peu à peu, nous avons vu ce qui nous entourait se transformer en milieu et de milieu en scène. Nous avons vu l'édiction d'une morale se substituer à l'élaboration d'une stratégie. Nous avons vu des normes se solidifier, des réputations se construire, des trouvailles se mettre à fonctionner, et tout devenir si prévisible. L'aventure collective s'est muée en morne cohabitation. Une tolérance hostile s'est emparée de tous les rapports. On s'est arrangé. Et nécessairement, à la fin, ce qui se figurait être un contre-monde s'est réduit à n'être plus qu'un reflet du monde dominant: les mêmes jeux de valorisation personnelle sur le terrain du vol, de la bastos', de la correction politique ou de la radicalité, le même libéralisme sordide dans la vie affective, les mêmes soucis de territoire, de mainmise, la même scission entre vie quotidienne et activité politique, les mêmes paranoïas identitaires. Avec, pour les plus chanceux, le luxe de fuir périodiquement sa misère locale en la portant ailleurs, là où elle est encore exotique".

Sur la question, mal posée, de "la scission entre vie quotidienne et activité politique", voir notre point suivant.

***

3. Le point de renversement.

Comme dit plus haut, le noeud du texte est pour nous la Proposition IV (nous soulignons), la où la critique cède le pas à la dite "stratégie".

"Nous situons le point de renversement,
la sortie du désert, la fin du Capital
dans l'intensité du lien que chacun parvient à établir
entre ce qu'il vit et ce qu'il pense.
Contre les tenants du libéralisme existentiel,
nous refusons de voir là une affaire privée,
un problème individuel, une question de caractère.
Au contraire, nous partons de la certitude que ce lien
dépend de la construction de mondes partagés,
de la mise en commun de moyens effectifs".

Nous sommes bien d'accord que le capital nous piège et nous enchaîne quotidiennement dans des dilemnes morbides: maladie et médecine, ignorance et science, exploitation et syndicats, destruction de la planète et "développement durable", misère affective et "amour libre", bouffe frelatée et racket mystificateur de la "bouffe authentique", besoins toujours plus aliénés et satisfaction toujours plus aliénante,... autant de fausses oppositions ou de non-choix qui révèlent autant d'aspects de notre aliénation fondamentale, de notre préjudice fondamental qui n'est autre que notre condition dans cette société. Nous nous reconnaissons dans le besoin de nous sortir autant que faire se peut de ces pièges, de nous réapproprier des pratiques en-dehors et contre ce qui nous enchaîne, nous détruit et nous isole chaque jour davantage. Nous considérons que cela fait partie de notre communauté de lutte. Mais cette communauté de lutte, communauté de rapports camarades, ne se définit ni par le regroupement géographique, ni par des affinités sur le seul terrain de la démerde (fut-ce un haut perfectionnement -presque aristocratique?- de la démerde), ni par une utopie autarcique et rurale, ni, plus fondamentalement, par sa capacité à "s'exiler" ou à "construire un monde", non, notre communauté de lutte est au contraire déterminée par la nécessité de destruction insurrectionnelle de ce monde-ci.

Nous sommes d'accord avec l'Appel lorsqu'il pointe que la communauté de la marchandise s'est imposée sur la ruine de toute communauté humaine (cf dans la Scolie de la proposition III), nous affirmons quant à nous avec force que notre humanité s'exprime déjà dans la communauté de la lutte actuelle, mais nous insistons aussi sur le fait que la lutte est encore une médiation (l'ultime médiation pour l'abolition de toute société de classes). C'est pourquoi nous dénonçons l'illusion de réaliser la communauté humaine au sein de la communauté de lutte prolétarienne sous le capital ou, a fortiori, dans la création d'"îlots communautaires". De plus, à se voir comme dans l'Appel en surhommes capables de résoudre ici et maintenant, sur un air de fugue, tous les problèmes que nous pose le capitalisme, y compris tous les aspects de notre dépossession, on se condamne d'abord à se faire absorber par une inévitable -et sans doute très séduisante- inflation de problèmes logistiques à résoudre, pour filer ensuite tout droit vers les crispations volontaristes, moralistes, et la débâcle relationnelle qui ne peut qu'accompagner la déception cuisante de ne pas "réellement vivre le communisme" entre soi. Et c'est là que pour nous l'Appel décolle de la réalité matérielle pour replonger dans l'immédiatisme, l'alternativisme et donc l'idéalisme le plus classique. A partir de cette Proposition IV, en effet, tout s'enchaîne pour faire de questions logistiques une question de fond, et plus profondément, pour faire de la perspective ("le communisme") le préalable de toute subversion. Ainsi dans la scolie de la Proposition V:

"Notre stratégie est donc la suivante: établir dès maintenant un ensemble de foyers de désertion, de pôles de sécession, de points de ralliement. Pour les fugueurs. Pour ceux qui partent. Un ensemble de lieux où se soustraire à l'empire d'une civilisation qui va au gouffre. II s'agit de se donner les moyens, de trouver l'échelle où peuvent se résoudre l'ensemble des questions qui, posées à chacun séparément, acculent à la dépression".

"Que serait, sous l'empire, une force politique qui n'aurait pas ses fermes, ses écoles, ses armes, ses médecines, ses maisons collectives, ses tables de montage, ses imprimeries, ses camions bâchés et ses têtes de pont dans les métropoles? II nous paraît de plus en plus absurde que certains d'entre nous soient encore contraints de travailler pour le Capital -hors de diverses tâches d'infiltration, bien sûr".

Franchement, on dirait le Lénine de Que faire? (pour le côté "révolutionnaires professionnels", que l'on trouve certes également chez Bakounine ou Blanqui, et plus caricaturalement chez Netchaïev) transposé dans les micro-utopies libertaires de la fin XIX? - début XX? (pour le côté "bases de repli autonomes et autarciques", très au goût du jour si l'on songe à l'actuel engouement folklorique pour les "Quilombos", les "municipalités libres" du Chiapas et autres "Temporary Autonomous Zones"). Et puis quand même, à se regrouper dans une série de kibboutz, voilà qui facilite un peu trop grossièrement le travail de l'Etat et son insatiable appétit de coups de filet ciblés8! Evidemment, nous ne pouvons nous empêcher de voir dans ces propositions et revendications les "effets collatéraux" habituels des illusions (évoquées plus haut) de la table rase, de la théorisation ex nihilo et de la pseudo-nouveauté, brûlant sur leur passage les leçons et critiques qui ont été tirées historiquement, par le mouvement révolutionnaire, de toutes ces pratiques passées (léninistes comme libertaires)! Tout juste se glisse-t-il une référence censée tirer sa clarté d'elle-même mais c'est loin d'être le cas: "Ce n'est pas une objection contre le communisme que la plus grande expérimentation du partage dans la période récente ait été le fait du mouvement anarchiste espagnol entre 1868 et 1939" (in Prop. VI).

Faisons un bond jusqu'à la scolie de la Proposition VI:

"Le renversement du capitalisme viendra de ceux qui seront parvenus à créer les conditions d'autres types de rapports".

S'il y a renversement ici, c'est plutôt du mouvement révolutionnaire, de sa constitution matérielle réelle, au profit d'un précepte philosophique! Les "bases de repli" ne sont pas présentées dans l'Appel comme parties prenantes d'un mouvement révolutionnaire plus large, c'est plutôt ici la révolution qui est censée venir au monde -ce désert sans classes- lorsque les conspirateurs "révolutionnaires" sortiront de leur tanière pour l'y insuffler:

"Ce dont il s'agira, le moment venu, c'est bien de faire tourner à notre avantage l'écroulement social généralisé, de transformer un affaissement à la manière argentine, ou soviétique, en situation révolutionnaire".

Dès que l'on entre dans cette partie du texte, il est difficile de ne pas s'emporter contre les illusions déversées en cascade. Pour lever une ambiguïté possible de notre critique, disons qu'il suffit de lire nos textes (voir notamment sur l'Argentine, références en fin de texte) pour se rendre compte que nous ne portons pas aux nues un mouvement prolétarien épuré de ces contradictions: nous le voyons très fort par moments et par aspects, nous critiquons aussi ses cruelles limites et illusions idéologiques actuelles, nous le voyons aussi menacé par le terrible pourrissement des contradictions sociales, seule perspective qu'offre le capital, avec plus de guerres, de flics et d'occasions de crever dans la merde en s'entre-tuant entre prolos. Nous comptons sur la continuité organisative que les prolétaires devraient pouvoir donner à leur lutte d'aujourd'hui pour renforcer et diriger la prochaine vague de lutte mondiale, mais nous n'attendons rien de "fermes" et d'"écoles" (même doublées de "têtes de pont" urbaines) où ils se seraient repliés en attendant "leur" heure tout en se faisant inévitablement absorber par la gestion de ces dits "lieux habitables".

Quant aux axes stratégiques énumérés en conclusion de l'Appel, ils condensent malheureusement davantage ses faiblesses, principalement accumulées après le dit "point de renversement", que les forces de ses ruptures.

"C'est ainsi que le Parti se construira, comme une traînée de lieux habitables laissés derrière elle par chacune des situations d'exception que rencontre l'empire".

Désolé à nouveau, mais cette notion d'"archipel" (Cf plus haut les formules sur "le parti"), négation de toute nécessité de centralisation politique du mouvement révolutionnaire, est elle aussi épouvantablement à la mode! Il y a aussi beaucoup de choses qui laissent perplexes ou pantois, comme cette curieuse partie intitulée "Porter la sécession dans les sciences", où l'on voit bien que la sécession n'est pas la rupture et que le mot d'ordre du titre contient une surprenante réhabilitation de ce pilier religieux de la société bourgeoise que sont les sciences. "Que les pratiques agricoles non productivistes se développent hors du pré carré des labels bio. (...) Partout des alliances sont possibles!". Quid?

Alors... reste-t-il à lancer l'Appel (dans tout son premier volet critique) à l'assaut de l'Appel (dans ses illusions alternativistes)? Il s'agit en tout cas de repartir des ruptures réelles qui l'ont motivé au départ, pour disperser le château de cartes que l'Appel présente comme la continuation conséquente de ces ruptures, celle qui serait censée leur ouvrir des perspectives.

Passons ensemble sur le cadavre des vieilles idéologies informalistes et anti-organisatives qui sapent notre lutte!

Avec nos salutations camarades,

le Groupe Communiste Internationaliste

Attention: nouvelle boîte postale!!!!
(important: ne pas mentionner le nom du groupe)
BP 33 - Saint-Gilles (BRU) 3 - 1060 Bruxelles - Belgique
Notre e-mail: icgc...@yahoo.com
Notre presse sur internet: http://www.geocities.com/icgcikg/

Une bonne partie de nos revues publiées en français, espagnol et anglais disponible sur un CD-Rom (25 euros port compris).

***

La discussion peut être alimentée par plusieurs de nos propres textes récents, dans la mesure où ils touchent à des questions abordées dans l'Appel:

* A propos de Gênes etc, voir dans Communisme n?52 (2001), Contre les sommets et antisommets. La revue comporte aussi un texte sur la lutte en Algérie à ce moment.
* Après le 11/09, contre toute la campagne terroriste de l'Etat, Capitalisme=terrorisme contre l'humanité (Communisme n?53, novembre 2002).
* Sur les luttes en Argentine, nos contributions à travers 3 revues (n?54 à 56), et en particulier dans la dernière en français (février 2004): Pouvoir et révolution, autour d'une critique des idéologies autogestionnaires (notamment Negri, Marcos & C?) qui gangrènent le mouvement. On trouve aussi dans ces numéros des contributions sur la lutte en Palestine, Irak, Pérou, Bolivie...
* Comme l'Appel est le résultat d'une activité internationale, nous vous signalons nos revues dans diverses autres langues: espagnol, anglais, hongrois, portugais, arabe, allemand, kurde, grec et russe.

1 L'Appel a été diffusé sous forme de plaquette et se trouve sur le net à plusieurs adresses:
cmaq.net/fr/node/16299
paris.indymedia.org/IMG/rtf/doc-12550.rtf
et sur le site lejournalmural.be
2 Ce terme de "communisation" est très à la mode ces dernières années, et à toutes les sauces. Au-delà des mots et des formules, le tout est toujours de savoir de quoi on parle. Nous avons critiqué par ailleurs une autre conception de cette "communisation" que ses théoriciens situent quant à eux en pleine "insurrection"... sans dictature (et donc sans organisation en force, en parti) du prolétariat, selon un vieux recyclage de concepts social-démocrates dû aux penseurs du club Théorie Communiste et depuis peu promotionné à travers le forum Meeting.
3 Sur la critique de ces pratiques "alternatives", voir dans l'Appel les scolies I, II, III, et V en ce qui concerne plus particulièrement les squats.
4 Il serait utile de clarifier à l'occasion l'usage de ce terme "post-modernisme", disons qu'on l'utilise ici pour désigner toutes les théories se basant sur le prétendu dépassement actuel des contradictions sociales fondamentales (et avant tout l'antagonisme de classe, évidemment).
5 Voilà pour la critique: "Nous avons vu l'économisme le plus plat -celui des amis du Monde diplomatique- devenir la nouvelle religion populaire. Et le négrisme s'imposer comme unique alternative à la déroute intellectuelle de la gauche mondiale" (in "Scolie de la prop. I"). Pour le reste du texte, nous ne mettons toutefois pas sur le même pied la démarche de l'Appel (avec son manque de clarté, de critique tranchée vis-à-vis des recyclages idéologiques à la mode) et les fumiers de curés qui pondent ces recyclages sous forme de bibles académiques surchiantes et conchiables, songeons notamment au pauvre Empire des compères Negri et Hardt (voir notre critique dans notre revue Communisme n?56 de février 2004).
6 Relevons aussi: "Le communisme n'a pas besoin de Marx"... pour nous l'antifétichisme n'est que l'autre face du fétichisme marxiste!
7 Nous estimons que la lutte de notre classe s'est exprimée dans la dénonciation et le renvoi dos-à-dos des sommets et des antisommets, jusqu'au refus de descendre dans la rue selon le calendrier dicté par la bourgeoisie et les flics. Voir notre revue Communisme n?52 (2001): Contre les sommets et antisommets.
8 Lorsque nous nous revendiquons comme faisant partie des "minorités révolutionnaires", ce n'est pas au sens de "révolutionnaires spécialisés", encore moins censés s'être "réapproprié leur vie" en vase clos fut-il bucolique, non, c'est dans le même sens que "parti", et tel qu'exprimé dans le Manifeste du Parti Communiste de 1847 à propos des communistes: au sein du mouvement révolutionnaire (c'est-à-dire le mouvement d'abolition de toute société de classe), les communistes sont les fractions les plus décidées, les plus déterminées de la classe, n'ayant aucun intérêt distinct de celle-ci.

www.geocities.com/icgcikg


Subject: 
Réaction à l'Appel par Trop loin
Author: 
calvaire01
Date: 
Mon, 2005-04-18 08:41

Quoique profondément différent, Appel illustre aussi une situation de crise en s’efforçant à sa façon de la dépasser.

Réagir devant Appel en sortant notre balance théorique pour y peser le pour et le contre n’aurait aucun sens, ou témoignerait d’une triste indifférence à la subversion sociale qui naît, agit, se cherche et se formalise. Quelles que soient les réserves qu’il peut susciter, ce livre manifeste une existence, une expérience, en particulier dans les actions anti-mondialisation des dernières années, et fait à sa manière le point sur l’époque. Exprimé dans une langue que l’on a envie de lire, l’acquis théorique en inclut des éléments de compréhension essentiels empruntés notamment à Marx, à la gauche communiste, à l’ IS, à l’anarchie, sans revendiquer aucune filiation, sans directement citer aucun classique : intégrées au texte, les citations sont souvent attribuées à " un ami " ou " un vieil ami ".

" C’est à force de voir l’ennemi comme un sujet qui nous fait face – au lieu de l’éprouver comme un rapport qui nous tient – que l’on s’enferme dans la lutte contre l’enfermement. " ( p.8)

" La pratique du communisme, telle que nous la vivons, nous l’appelons le Parti. Lorsque nous atteignons un niveau supérieur de partage, nous nous disons que nous construisons le Parti. Certainement d’autres, que nous ne connaissons pas encore, construisent aussi le Parti, ailleurs. Cet appel leur est adressé. " (p.63)

" (..) la construction du Parti, dans son aspect le plus visible, consiste pour nous dans la mise en commun, la communisation de ce dont nous disposons. Communiser un bien veut dire : en libérer l’usage et, sur la base de cette libération, expérimenter des rapports affinés, intensifiés, complexifiés. " (p.66)

" Il est des circonstances, comme dans une émeute, où le fait de pouvoir se soigner entre camarades augmente considérablement notre capacité de ravage. Qui peut dire que s’armer ne participe pas de la constitution matérielle d’une collectivité ? " (p.67)

Communisation est ici définie comme antagonique à ce monde, en conflit irréconciliable et violent (jusqu’à l’illégalité) avec lui. Elle diffère donc de l’alternative qui cherche (et souvent réussit) à se faire accepter à la marge, et à coexister durablement avec l’Etat et le salariat, dans l’espoir que le rapport de forces s’inverse un jour tout seul, et que les zones et activités " libérées " deviennent majoritaires puis finissent par tout emporter, sans révolution, grâce à la supériorité naturelle de rapports humains et fraternels sur les relations mercantiles et de domination. Non seulement Appel ne partage pas cette vision, mais il la combat.

Cependant, comment " rendre habitable la situation d’exception " (p.78), par exemple comment vivre en dehors du travail, sans un mouvement de grande ampleur en rupture avec l’ordre établi ?

Appel suppose ceux à qui il s’adresse déjà organisés (ou en voie de l’être) et déjà relativement nombreux. Il est permis de douter qu’il en soit ainsi. Le livre reconnaît que l’expérience des Black Blocs a montré les limites de la résistance sociale : si se défendre est difficile, comment passer à l’offensive ?

A ne pas se le demander, on risque de théoriser une communisation limitée à un pas de côté, sans aucun doute nécessaire à une révolution, mais non suffisant. Communiser, c’est expérimenter d’autres rapports, d’autres façons de vivre, sur tous les plans. Mais c’est aussi obligatoirement plus et autre chose qu’étendre au maximum les marges d’autonomie que concède cette société. Nous faisons nôtre la définition du communisme comme partage, comme être et faire ensemble, comme processus, et comme conflit. Mais comment pratiquer maintenant, dans la réalité sociale qui prévaut en 2004, des liens, des lieux, des sécessions, qui ne soient pas une alternative plus radicale que d’autres, sans aucun doute plus violente et plus réprimée parce que souvent hors-la-loi, mais également intégrée au fonctionnement du capitalisme moderne ?

Désormais chaque ville d’Europe et d’Amérique du Nord (et bientôt de plus en plus en Asie) a son groupe écolo radical, sa communauté anar, son squat. Vivre en dehors du salariat est possible (sinon obligatoire) pour des millions d’Européens. L’hédonisme contemporain renverse la formule de V.Serge citée au début de cet essai : il nous invite à ne pas sacrifier le présent à l’avenir, à construire intensément des situations, à vivre maintenant autrement les mêmes rapports sociaux. Cet hédonisme converge avec l’alter-mondialisme dans un même refus de la globalité, et de toute destruction du pouvoir politique central: il serait possible de prendre le pouvoir sur soi et localement, et de remplacer une révolution sociale future par des millions de révolutions personnelles et micro-collectives.

L’Appel décrit un anti-mondialisme initialement subversif, puis réabsorbé par diverses bureaucraties, sans s’interroger assez sur la réalité d’un tel mouvement, sur sa naissance une quinzaine d’années après la retombée des secousses révolutionnaires des années 60-70, dont la compréhension est indispensable pour comprendre où nous en sommes.

Si, comme l’affirme le livre, les anti-mondialisateurs radicaux avaient vaincu la gauche mondiale dans la rue, la forçant à se replier sur ses forums sociaux, nous (les auteurs d’Appel, nous-mêmes, et une foule d’autres) aurions une existence, une action régulière dans la rue, ce qui est rarement le cas, admettons-le. Il manque à cet Appel une analyse du mouvement social présent, des luttes, des reculs et des résistances dans le monde du travail, des grèves, de leur surgissement, de leur défaite souvent, de leur absence parfois, en un mot de tout ce que recouvre l’alter-mondialisme et dont il exprime les limites.

Malgré la " désertification " des rapports humains, le vieux monde n’est pas à l’agonie, et tient aussi par la crise où tout s’épuise pour durer, bourgeois et prolétaires.

Un " Appel " ne se réfute pas. On l’entend, ou l’on n’en tient aucun compte. Le lecteur aura compris notre choix. Appel reflète les dilemmes de l’époque, et ses aspirations. Si ambiguïté il y a, elle ne sera résolue que par la pratique de ceux qui ont lancé un tel appel, mais surtout par tous ceux qu’il concerne. Par exemple, un signe d’évolution positive vers un début de mûrissement social serait un lien entre les participants à Meeting et les initiateurs de l’Appel, une capacité à comprendre ce qu’il y a de commun et de différent entre ces deux voies, quitte à conclure peut-être qu’elles sont incompatibles. Si la situation est telle que la décrivent ceux qui préparent Meeting et ceux qui ont publié Appel, la simple concomitance des projets devrait susciter au minimum un intérêt réciproque chez leurs animateurs respectifs. A notre connaissance, tel n’est pas le cas.

Voir le site de Trop loin à http://troploin0.free.fr


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Subject: 
Réaction au GCI par Théorie communiste
Author: 
calvaire01
Date: 
Mon, 2005-04-18 08:52

Réponse à l’ " Organe Central en français "du " Groupe Communiste Internationaliste ”, " Guide et organisateur de l’action communiste "(sic)

Chers guides et organisateurs

Il va sans dire que cette lettre n’est qu’une mise au point publiée dans TC et n’a jamais été envoyée au GCI avec lequel nous n’entamons aucune discussion.

Pourquoi vous êtes-vous soudainement intéressés à nous ? Il est évident que nous ne méritons pas les quelques pages que vous nous consacrez dans la mesure où nous sommes dans l’incapacité de vous répondre car la question de la construction du Grand-Parti-Révolutionnaire-Prolétarien est sortie de l’histoire il y a maintenant presque un siècle et des préoccupation théoriques il y a une trentaine d’années. La théorie a toujours un peu de retard à l’allumage, la vôtre exceptée qui est définitivement éteinte. Centristes, droitiers, gauchistes, sociaux-démocrates, gradualistes, nous succombons et implorons un peu d’indulgence. Nous nous consolons en pensant que vous n’avez jamais ouvert un numéro de Théorie communiste (voir plus bas) et nous vous en remercions.

Mais alors, pourquoi ? Voyons voir, réfléchissons, nous avons comme un doute. Ne serait-ce point dans ces quelques arpents de neige que l’on appelle le Québec que se trouverait la solution ? Depuis des années vous labourez ces terres et voilà que là-bas, coup sur coup, certains ont l’ingratitude de parfois s’intéresser à d’autres qu’à vous. Et pourtant que d’efforts et de mansuétude ! Par exemple, les auteurs de la " Belle province "peuvent continuer à se dire " libertaires ”, mais à condition qu’ils soient pour le Parti, et pas pour la communisation, et même s’ils se disent " libertaires "vous les trouvez gentils ... à condition qu’ils viennent chez vous.

Une telle abnégation doit vous coûter et vous méritez amplement votre autoproclamation comme " guides et organisateurs de l’action communiste ”. De notre côté, nous sommes un " petit groupe restreint d’initiés ”, comme vous le dites si bien dans votre fatuité, et n’ayant aucune ambition organisationnelle nous ne pouvons que constater ce que d’autres font d’idées puisées dans TC. Nous nous en réjouissons parfois, et nous critiquons souvent. A ce propos, votre excommunication de TC s’orne de deux citations. Pour la première vous précisez la référence, mais cela a beau ressembler à du TC, cela n’en est pas (ce qui n’empêche que, malgré de nombreuses réserves sur ce texte, c’est avec plaisir que nous pourrions discuter avec ses auteurs) ; pour la seconde c’est, d’après vous, une " perle "qui se passe tellement de commentaires, qu’elle se passe également de références. Là où vous êtes fourbes c’est quand votre façon de l’introduire dans votre texte ne peut que laisser comprendre que c’est une citation de TC. Or, elle se trouve page 17 d’une brochure intitulée " Catastrophe et révolution "qui n’est pas une production de TC et qui fut même longuement critiquée, cette citation même, dans TC 16 (à ce propos prenez-vous vos lecteurs pour de tels imbéciles non-initiés que vous rajoutez à cette citation la signification des sigles ONU et FMI ? ). Là également, sur la base de ce texte et de notre critique, nous entrenons des rapports théoriques et amicaux forts agréables avec son auteur. C’est certainement un effet de notre opportunisme doctrinal.

On ne saurait être guides sans être magnanimes, dites nous, s’il-vous-plait, ce qui l’emporte chez vous de la bêtise ou de la malhonnêteté. Pour vous aider à répondre à cette délicate question voici quelques citations de Théorie Communiste à propos de nos monstrueuses déviances.

" Eurocentrisme ”

* " Cela ne nous gêne pas d'appeler mouvement du prolétariat cette série de luttes (en Equateur) incluant celles du "mouvement indien" essentiellement paysan. Non seulement ces dernières s'inscrivent dans des luttes urbaines et industrielles récurrentes et ne prennent leur ampleur que dans ce contexte. Mais encore nous appelons prolétariat la polarisation sociale de la contradiction qu’est la baisse tendancielle du taux de profit en activités contradictoires ”. (TC 16, p.16)

* " Les émeutes de 88 (en Algérie) ont avant tout une origine ouvrière, fin septembre, début octobre, les grèves se multiplient et une grève générale est prévue pour le 5 octobre. Face à l’augmentation des prix, les salaires sont toujours bloqués : les émeutes éclatent les 5 et 6 octobre 88. "(TC 11, p. 82)

* "L’histoire et l’analyse de l’Intifada, c’est l’histoire et l’analyse d’un mouvement prolétarien et de sa limite intrinsèque : le nationalisme. (...) L’hitoire de l’Intifada est une perpétuelle tension entre sa nature fondamentale de mouvement prolétarien et le nationalisme. "(TC 11, p. 115)

* " Tout d’abord le pouvoir en Irak ne change pas, il aurait fallu pour cela trouver un compromis national, chose impossible, quel principe de développement et de rapport au capital mondial aurait pu servir de base à ce compromis ? Il est bien plus préférable de laisser le pouvoir central massacrer la révolte ouvrière chiite du sud (cf. ‘La guerre des Shuras ”, brochure parue à Montréal), ce qui donne un avertissement à l’Iran et aux ouvriers du secteur pétrolier dans les pétromonarchies (...). (TC 11, p. 162)

* " A partir de la fin 78 et au début 79 (en Iran), le mouvement déterminant de la période est le vaste mouvement de luttes du prolétariat ". (TC 11, p. 97)

" Gradualisme ”

* " La communisation est une action révolutionnaire produisant immédiatement de nouveaux rapports comme lutte contre le capital, elle n'est en aucune façon un état social. Elle ne peut créer d'enclaves, elle ne peut que l'emporter mondialement ou disparaître totalement. Il n'y a pas de différence entre l'action révolutionnaire et son but, les mesures de communisation sont des mesures de lutte, chaque mesure ne s'effectue que comme anticipation de la mesure suivante, elles n'existent que comme dynamique, cours accéléré de la révolution se répandant. La victoire ou la défaite de la révolution sera rapide, mais des éclatements se produiront à répétition en divers points du monde jusqu'à ce qu'un éclatement ou sans doute plusieurs éclatements simultanés ne l'emportent, mais il n'y aura pas de révolution partielle, il n'y aura pas d'acquis à défendre. "(TC 16, p. 10-11)

* " Nos orientations dans la période actuelle, c’est la critique des rapports de production capitalistes restucturés, c’est donc la critique de l’alternativisme, c’est l’affirmation que le communisme n’est pas démocratie vraie, n’est pas économie sociale, qu’il ne répond pas à la question de comment relier les individus entre eux ; c’est l’affirmation de la rupture révolutionnaire comme incontournable.

C’est l’affirmation enfin que la révolution communiste est révolution prolétarienne, que c’est le prolétariat en tant que classe qui abolit les classes en produisant le communisme, qu’il trouve dans ce qu’il est contre le capital la capacité de communiser la société. "(TC 13, p. 3)

* " Le prolétariat met à jour dans sa lutte contre le capital les notions de salaire et de profit, pose par sa lutte la richesse produite et accumulée dans sa forme sociale de capital, c’est-à-dire impliquant l’existence du salariat, de la plus-value, de la marchandise, qui le définissent lui-même ; il commence à s’emparer des moyens de production comme mesure de sa lutte contre le capital. On est alors au stade où le mouvement comme lutte quotidienne atteint son point de fusion, l’eau va se mettre à bouillir, à changer d’état. Le moment du saut qualitatif est celui où, à partir de là, la classe, dans la lutte contre le capital, produit le propre fait d’être une classe comme une contrainte extériorisée, imposée par le capital. C’est le moment déterminant de la lutte des classes. Mais l’eau a beau bouillir, a beau avoir changé d’état c’est toujours de l’eau, heureusement.

Heureusement, car dans cette situation où l’appartenance de classe est la relation conflictuelle avec le capital, le prolétariat lorsqu’il "s’empare des moyens de production”, le fait comme mesure dont la forme et le contenu lui sont fournis par ce qu’il est : abolition de l’échange, de la valeur, de la propriété, de la division du travail, des classes, etc. ; sur la base de l’échange, de la valeur, etc. C’est le moment où son action de classe n’a pour contenu que l’abolition des classes, la communisation de la société. L’eau cesse alors d’être de l’eau, même sous forme de vapeur.

La crise est ce moment de l’histoire du mode de production capitaliste où se noue l’irréconciliabilité absolue entre la logique de l’accumulation capitaliste et les revendications ouvrières que cette accumulation même implique, parce qu’elle les fait siennes en tant que mouvement nécessairement contradictoire de l’exploitation. La révolution ne procède pas directement de la résistance quotidienne, des luttes revendicatives, elle en est l’aboutissement non comme une transcroissance, mais comme dépassement produit de cette irréconciliabilité. "(TC 13, p. 27)

" Le peuple ”

* " Tant que le mode de production capitaliste se reproduit, le prolétariat est nécessairement soumis à ses formes d'existence car le capital est le sujet constamment renouvelé de la reproduction du rapport, et la contradiction du prolétariat avec le capital trouve tout aussi nécessairement ses limites, qui peuvent aller jusqu'au nationalisme et au racisme, dans les formes de l'autoprésupposition du capital. "(TC 16, p. 4)

* " Le populisme se nourrit et se revivifie continuellement aux limites des luttes du prolétariat, quand celui-ci ne peut se dégager soit des contradictions relatives à une reproduction non spécifiquement capitaliste de la force de travail, soit d’une fixation de la contradiction entre prolétariat et capital au niveau de la reproduction d’une force de travail potentielle, soit du cadre d’une économie duelle où l’articulation entre les deux secteurs n’apparaît dans leur implication réciproque que comme misère et richesse, soit, et c’est souvent le cas, de tout cela à la fois . "(TC 11, p. 99)

" Léninisme ”

* " La compréhension de la prise du pouvoir par les Bolchéviks comme la victoire de la révolution prolétarienne est le point où se bloquent toutes les dynamiques théoriques de la Gauche "italienne”, son "trou noir”. Ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale qu’une partie de la Gauche abandonne la notion "d’Etat prolétarien”. Par là la Gauche se condamne à n’avoir qu’une compréhension critique théorique de type politique de la montée en puissance de la classe comme affrontant son affirmation autonome. Sinon c’est reconnaître la prise du pouvoir par les Bolchéviks comme contre-révolution.

C’est pour avoir franchi ce pas, ayant été pratiquement contrainte dans le cours de la révolution de s’opposer au bolchévisme et à l’Internationale, que la dynamique ouverte par la Gauche germano-hollandaise fut infiniment plus porteuse et productive et par là-même, plus erratique. "(TC 14, p. 44)

* " Les Gauches, même la Gauche germano-hollandaise, ne saisissent jamais la véritable nature de la révolution russe : révolution programmatique ayant pour contenu l’affirmation autonome de la classe et par là-même trouvant dans la capacité du travail à revendiquer la gestion de la société capitaliste, donc dans ce qui est sa puissance même à l’intérieur du capital, acquise dans le passage en subsomption réelle, sa limite se formalisant contre elle-même comme une contre-révolution que les partis issus de la seconde internationale sont plus ou moins aptes, selon leur situation spécifique, à prendre en charge, à formaliser.

Quand la Gauche germano-hollandaise pose la révolution bolchévique comme révolution bourgeoise et contre-révolution, elle passe à côté de l’essentiel de cette révolution bourgeoise : sa spécificité en tant que contre-révolution. Elle n’existe comme révolution bourgeoise, dans sa possibilité même et ses caractéristiques, que comme contre-révolution, sur les limites de la révolution prolétarienne programmatique. Quand l’ultra-gauche voit le côté contre-révolutionnaire du bolchévisme (Otto Rühle), c’est simplement pour opposer dans la révolution russe, de façon non liée, la révolution bourgeoise et "l’élément prolétarien”, ou pour parler d’une révolution bourgeoise s’appuyant sur le prolétariat (G.I.C.), sans déterminer théoriquement le contenu et le déroulement de cet appui, sans le caractériser. "(TC 14, p. 46)

* " Si la critique de la contre-révolution bolchévique demeure formelle, c'est qu'elle n'est pas reliée au contenu de la révolution dans cette phase historique de la contradiction entre le prolétariat et le capital, phase dans laquelle elle ne pouvait que déboucher sur la montée en puissance de la classe à l'intérieur du capital et son affirmation comme pôle dominant de la société. La contre-révolution bolchévique s'articule alors nécessairement avec la révolution. Les Gauches, même la Gauche germano-hollandaise, ne saisirent jamais la véritable nature de la révolution russe : révolution ayant pour contenu l’affirmation autonome de la classe et par là-même trouvant, dans la capacité du travail à revendiquer la gestion de la société, donc dans ce qui est sa puissance même à l’intérieur du capital, acquise dans le passage en subsomption réelle, sa limite se formalisant contre elle-même, comme une contre-révolution que les partis issus de la Seconde Internationale sont plus ou moins aptes, selon leur situation spécifique, à prendre en charge, à formaliser. Implacablement, la révolution comme affirmation de la classe se transforme en gestion du capital, se renverse en contre-révolution à laquelle elle fournit son propre contenu. "(TC15, p. 75)

" Le programme ”

* " Le programmatisme est un concept fondamental de la théorie développée depuis des années par "Théorie Communiste”. Il désigne la théorie et la pratique du prolétariat ayant pour contenu et pour but la montée en puissance de la classe à l’intérieur du mode de production capitaliste, l’affirmation du travail productif et l’érection du prolétariat en classe dominante. Inhérent à la domination formelle du capital sur le travail, il permet une périodisation des cycles de luttes, dans la mesure où ses déterminations de base perdurent en se modifiant en domination réelle. Comme théorie et pratique du prolétariat, il intégre le développement du capital, tant comme identification de son développement à la montée en puissance de la classe que comme période de transition, celle-ci étant la médiation nécessaire à la constitution de la société des producteurs associés.

Dans ces termes mêmes, la perspective programmatique était impossible, une contradiction en mouvement : en tant qu’affirmation du travail productif, en tant que prolétariat s’affirmant, devenant classe dominante, elle nécessitait, pour être, la prise en charge du développement du capital. Le socialisme réel, enraciné dans une révolution prolétarienne, fut la concrétisation de cette impossibilité. Son caractère contre-révolutionnaire n’était finalement que la réalité empirique de celle-ci comme retournement contre elle-même de la révolution programmatique : la réalité empirique, triviale, de cette impossibilité qu’est l’auto-exploitation du prolétariat. La révolution programmatique s’achevait contre elle-même dans la restructuration du capital et de la classe capitaliste, installant la domination réelle du capital. "(TC 13, p. 1)

* " Dans le programmatisme, le prolétariat est déjà dans la contradiction qui l’oppose au capital l’élément positif à dégager, son affirmation, son érection en classe dominante est la réalisation de son être.

Ce contenu de la lutte de classes c’est ce que depuis 20 ans dans T.C. nous appelons "le programmatisme"(le prolétariat fait, dans sa libération, de sa situation et définition dans le mode de production capitaliste, le programme du communisme, le communisme comme programme)

L’intérêt du concept :

- historiciser les notions de lutte de classes, de révolution et de communisme.

- comprendre la lutte de classes et la révolution dans leurs caractéristiques historiques réelles et non par rapport à une norme.

- ne plus opposer révolution, communisme et conditions (les fameuses conditions qui ne sont jamais mûres).

- sortir de l’impasse entre un prolétariat toujours en substance révolutionnaire (révolutionnaire, en fait, comme la période suivante entend le terme) et une révolution qu’il ne fait jamais.

- construire les éléments divers d’une époque comme une totalité en produisant leur connexion interne en même temps que leurs diversités et leurs conflits (Marx et Bakounine ; Luxembourg et Bernstein...).

- éviter de se retrouver avec une nature révolutionnaire du prolétariat, qui chaque fois qu’elle se manifeste, aboutit à une restructuration du capital.

Disposer d’un concept totalisateur de la lutte de classe, comme celui de programmatisme, permet de passer au concept de cycle de luttes (voir T.C.8). Si l’on dit la révolution était, en subsomption formelle, affirmation de la classe, on possède alors toutes les déterminations de cette époque, y compris les caractéristiques de la révolution allemande, dans leur connexion interne (le rapport entre montée en puissance et autonomie de la classe) et comme totalité : de la social-démocratie à l’A.A.U.E ; de Noske à Rühle.

L’affirmation de la classe n’est pas une totalité indifférenciée, elle implique comme activité de la classe, un mouvement de particularisation de ses activités. Cette affirmation est une dualité :

- La montée en puissance de la classe dans le mode de production capitaliste,

- Son affirmation en tant que classe particulière et donc la préservation de son autonomie.

Dans la période "Marx / Bakounine"(1848-1871) : relative coexistence de ces deux termes ; pour l’un et l’autre, c’est la dominante et l’articulation des deux termes qui différent (cf T.C.12).

Dans la période social-démocrate : de plus en plus impossible de tenir les deux termes sans qu’ils s’excluent réciproquement.

Dans la nécessité de ses propres médiations (partis, syndicats, coopératives, mutuelles, parlement...) la révolution comme affirmation de la classe se perd elle-même, non comme révolution en général, mais bien comme affirmation de la classe. Sa montée en puissance se confond avec le développement du capital. Ce qui entraîne : le rapport entre lutte de classe et développement du capital comme développement objectif (la classe ne peut qu’être exclue comme terme de la contradiction du mode de production capitaliste).

De Bernstein à Luxembourg, Lénine et Pannekoek : on a toutes les nuances de relations entre développement du capital, situation objective et lutte du prolétariat :

- la reconnaissance du progressisme du capital,

- le capital transcroit en socialisme et / ou la période de transition,

- la démocratie devient forme et contenu de la révolution.

- Inversement : l’autonomie et le but révolutionnaire comme affirmation de la classe, deviennent antagoniques à leurs propres médiations : critique de la montée en puissance comme intégration :

- les Jungen,

- toutes les oppositions radicales dans la S.D,

- Malatesta, Nieuwenhuis,

- le syndicalisme révolutionnaire comme tentative de solution mais qui ne dépasse pas la problématique : l’affirmation indépendante de la classe dans le capital est sa propre médiation.

Il résulte de tout cela que l’impossibilité de la révolution comme affirmation de la classe est produite à partir d’elle-même : opposition de ses termes, nécessité d’une période de transition, implication avec la restructuration du capital. "(TC 14, p. 34)

* " Les avancées politiques, pratiques et théoriques extrêmes des révolutions russe, allemande et espagnole posent l’affirmation de la classe comme une contradiction en procès, et montrent de façon absolue que la révolution ne peut plus être qu’abolition du capital et donc du prolétariat lui-même. C’est l’affirmation de la classe en elle-même, qui constituait la limite de ce cycle, et non quelques modalités de sa réalisation, ou des conditions immatures. "(TC 14, p. 25)

voir le numéro 18 de Théorie communiste à http://www.theoriecommuniste.org/TC18.html#_Toc32201908


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Subject: 
Une réaction antiprogrammatisme sur la communisation
Author: 
calvaire01
Date: 
Mon, 2005-04-18 08:58

Les limites de l’autonomie
La recomposition du mouvement révolutionnaire
deuxième partie

par Calvaire

vendredi 10 septembre 2004.

Un courant existe en France surtout qui se nomme courant de la communisation (ou courant communisateur). Essentiellement, ce courant est celui qui prolonge le discours, ou théorie, du prolétariat dans le sens de la révolution comme abolition par le prolétariat des classes, du capitalisme et, dans la continuité logique, de lui-même. Mais, il le ferait comme classe unifiée, on pourrait y voir la continuité de la réification catégorielle des individus (alors qu’une de ses fractions Théorie communiste en appelle contradictoirement à l’immédiateté sociale de ceux-ci dans la communisation que devra produire un jour la révolution, on n’est vraiment pas très loin non plus, dans cette attente, du grand soir et, plus ironiquement, de l’attente des conditions réunies pour le jugement dernier ou pour la venue du messie, jugement dernier ou messie que serait la révolution dans une vision athéiste). De plus, comment le prolétariat pourrait-il s’abolir comme sujet révolutionnaire si celui-ci est disparu ? Ce courant ne déclare-t-il pas lui-même faire partie de la théorie ’’post-prolétarienne’’ ? Bref ce courant semble ignorer la donne fondamentale de la disparition d’une culture prolétarienne vraiment généralisée et unificatrice et de la dissémination du prolétariat en couches diversifiées à l’infini ou presque d’individus aux conditions et identités diverses, aux formes de travail diverses (du travailleur autonome au bureaucrate, du technocrate au gestionnaire, du salarié plus traditionnel à l’organisateur...) ou de non-travail, des couches diversifiées et par ailleurs largement intégrées, des masses plurielles et difformes, à la logique production-circulation-consommation qui n’ont plus rien à voir avec ce noble sujet révolutionnaire dont parlait Marx. On peut dire qu’il regrette sa belle époque du prolétariat comme sujet relativement commun et unifié. Et ne fait que maugréer l’époque postmoderne. Même si c’est pour dire ensuite que la révolution sera l’abolition des classes par le prolétariat qui s’y abolira lui-même également. L’histoire a servi ce courant : le prolétariat fut aboli comme classe unifiée et comme réification catégorielle des individus. Mais tout le reste est à faire et à venir.

Nous, nous abandonnons la théorie du sujet révolutionnaire. Le mouvement révolutionnaire ne peut tenir compte du fantôme du prolétariat uni pour se recomposer. Mais je reprendrai volontiers les points forts du courant de la communisation car je pense également que ’’la théorie de la révolution comme COMMUNISATION IMMEDIATE DE LA SOCIETE (sans période de transition) est le principal acquis du cycle théorique désormais clos de la théorie post prolétarienne de la révolution’’. Mais par ailleurs, si la phase de transition marxiste étatiste nous paraît également dépassé (accomplie et achevée comme contre-révolution sociale-démocrate ou du capitalisme d’État à la soviétique), nous pensons que nous ne pouvons pas être que dans l’attente théorisante des conditions objectives de la révolution générale, du grand soir, et espérer la production du communisme. La production du communisme ne peut pas être comme apparition magique d’une conscience et d’une pratique unifiées un jour que des conditions seules seront là. Le mouvement révolutionnaire n’est pas de la sorcellerie, dirais-je ironiquement. Il ne peut s’agir ici de réduire la révolution à un mouvement qui s’accomplirait parce que déterminé par les crises du capitalisme, celui-ci ayant montré à plus d’une reprise qu’il sait survivre aux contradictions sociales qu’il engendre et à ses crises. L’histoire n’est pas si déterministe que cela.

L’histoire n’est par contre pas indéterministe non plus. Rarement les révolutions arrivent-elles avant que les conditions soient réunies pour qu’elles s’engendrent. Il s’agit de rompre ici avec le déterminisme implacable de Théorie communiste et avec l’indéterminisme de Gilles Dauvé et de ses camarades, qui sont les deux fractions majeures de la communisation. Il y a le déterminisme des conditions historiques qui est relatif et la construction du mouvement révolutionnaire qui est tout à la fois volonté, pratiques, critique, théorisation... C’est de l’ordre de la dialectique historique entre les déterminations et la praxis révolutionnaire. C’est la base même du matérialisme historique quand il ne sombre pas dans les vulgates que sont le marxisme prétendument scientifique quasi absolument déterministe entre autres stalinien ou le spontanéisme.

’’La communisation est à la fois la « mise en commun » c’est-à-dire l’instauration de ces rapports sociaux non médiés et par extension une manière de désigner le processus tout entier de la production du communisme. [...] le communisme est un rapport social qui est à créer.’’ (extrait d’un texte signé Denis qui s’intitule Trois thèses sur la communisation paru dans le premier numéro de Meeting et disponible sur le site web à http://meeting.senonevero.net)

La communisation comme le dit la dernière citation est mise en commun, instauration des rapports sociaux non médiés, processus et le communisme est le rapport social général qui est à créer qui serait la résultante du processus de communisation. La communisation qui engendrera ce communisme se construit (ou se compose) à travers la confrontation dialectique entre l’état praxiologique du mouvement révolutionnaire et les conditions sociales historiques de chaque moment historique et particulièrement la constellation impériale des formes de domination, disons qu’ici la communisation et le mouvement révolutionnaire se recoupent pratiquement totalement, tout au moins ils sont organiques l’un à l’autre.

Comme nous l’avons vu la condition générale du mouvement révolutionnaire de notre époque est la dissémination de la diversité des formes révolutionnaires de luttes et de vie et la communisation n’existe que comme pratiques particulières de communautés particulières et n’existe pas comme processus général de production du communisme. À moins de confondre le communisme généralisé avec l’expérimentation particulière de la communisation comme des membres du collectif TIQQUN le faisaient en affirmant qu’’’il n’y a pas de transition vers le communisme, la transition est la catégorie du communisme , du communisme EN TANT QU’EXPÉRIMENTATION .’’ C’est ici la principale limite des actuelles formes révolutionnaires de vie et de luttes. Il y a des mouvances révolutionnaires prisonnières de tous les dangers insurmontables qui les menacent dans leur autosuffisance et il n’y a pas de mouvement révolutionnaire comme processus général. Nous avons l’hétérogénéité des formes de luttes et de vie révolutionnaires qui demande à s’étendre et à se développer (comme le disaient TIQQUN, entre autres ’’une constellation expansive de squats, de fermes autogérées, d’habitations collectives, de rassemblements fine a se stesso, de radios, de techniques et d’idées. L’ensemble relié par une intense circulation des corps, et des affects entre les corps.’’), mais nous n’avons pas de mouvement révolutionnaire comme processus général de communisation, de communisation notamment de cette diversité de formes de vie et de luttes révolutionnnaires en développement, qui se parachèverait dans la production du communisme global comme révolution. Ce processus est à créer et à venir.

Et sans se penser dans ce processus général de communisation autant comme courant présent (sa théorisation, ses pratiques) que comme future réalité de la révolution, toutes les formes de luttes et de vie que nous présentons comme étant révolutionnaires sont condamnées à se maintenir dans l’alternative et, dans leur prolongement idéologique, l’alternativisme, à s’intégrer et par le fait même à devenir contre-révolutionnaires ou encore à disparaître (voire entre autres la première partie de cet article qui s’intitule Critique révolutionnaire des milieux de l’autonomie).

À la globalisation impériale des formes de la domination, opposons la communisation généralisée, c’est-à-dire le communisme global !

’’La prochaine révolution sera communisation de la société, c’est-à-dire sa destruction, sans "période de transition" ni "dictature du prolétariat", destruction des classes et du salariat, de toute forme d’État ou de totalité subsumant les individus...’’ Communisation - Christian Charrier

Voir meeting.senonevero.net


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