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L'OPPOSITION À CUBA

oscar, Sunday, April 10, 2005 - 07:51

UN AGENT CUBAIN S'EST INFILTRÉ DANS LE MONDE DES OPPOSANTS AU RÉGIME POLITIQUE CUBAIN. IL RACONTE COMMENT CETTE OPPOSITION FONCTIONNE ET QUEL EST LE RÔLE QU'Y JOUE LES ÉTATS-UNIS.

L'AGENT VILMA DE LA SURETE CUBAINE

À Cuba, il n'y a pas d'opposition mais une contre-révolution stimulée et payée

• Aleida Godinez parle de son travail comme journaliste «indépendante»

PAR LISANKA GONZALEZ SUAREZ, de Granma international

BEAUCOUP de ceux qui voyaient en elle une opposante furibonde de la Révolution avec laquelle ils avaient partagé leur rêvc de faire revenir le pays au temps où la Maison-Blanche plaçait et retirait à sa guise les gouvernements, sont restés stupéfaits lorsqu’ils ont vu la dissidente, journaliste «indépendante», dirigeante syndicale et membre de diverses organisations révolutionnaires, Aleyda Gonzalez, témoignant devant les tribunaux en tant qu'agent Vilma, de la Sûreté de l'Etat.

N’importe lequel des aspects de la vie secrète qu'elle a menée parmi eux remonte à l'époque de ses premières activités à Ciego de Avila, où elle a vécu 15 ans, avec une solide légende préparée, bien sûr, par les organes de la Sûreté de l’État. Mais à partir de 1991, quand elle a commencé à voyager à la capitale, à la recherche de contacts (convertie en émissaire de ces groupes et servant de véhicule pour étendre la contre-révolution aux territoires du centre et l'est du pays), elle eu une rencontre clé pour la consolidation de son image de dissidente.

L'EPREUVE DU FEU

Robin Diane Meyer, alors secrétaire du bureau des affaires politiques et économiques de la Section des intérêts nord-américains (SINA), a contribué sans le savoir à la consolidation de l'agent Vilma. Cette femme, active et efficace dans l'attention directe à la contre-révolution, s’est donnée à la tâche d’étudier la personnalité d'Aleyda et l'a dirigée vers le journalisme «indépendant» et le syndicalisme. «Je me préparais pour cela, se rappelle-t-elle, elle me donnait les meilleurs textes et manuels et m'a mis en contact avec de nombreuses organisations de l'extérieur».

Aleida était attirée par le journalisme, mais incapable de savoir si elle avait ou non du talent. A l'été 1993, au moment où le Nuevo Herald publiait un reportage basé sur une enquête effectuée dans l'île par une compagnie nord-américaine, une requête de Robin D. Meyer lui a fait comprendre qu’elle pouvait utiliser son penchant pour les lettres pour consolider sa position de dissidente.

«Elle m'a demandé de rédiger rapidement un texte dans lequel je réfuterais et critiquerais les graphiques et les statistiques publiés afin de le présenter à la SINA et au Département d'Etat, qui l’l'analyserait pour voir jusqu'à quel point j'avais des qualités de journaliste. Puis elle m'a demandé d'autres travaux jusqu'au jour où elle m’a dit: 'Tu es une grande journaliste, tu sais'. Je me souviens lui avoir répondu: 'Non, je ne suis pas une grande journaliste, je suis une Cubaine qui veut que les choses changent dans mon pays' et j'ai commencé à écrire.

»J'ai fini par étudier le journalisme à distance à l'Université internationale de la Floride. Il s'agissait d'un programme sérieux. Ce qui n'était pas sérieux, c'est qu'ils prenaient l'argent que débloquaient l’USAID et la Ned pour cela et ne venaient à Cuba que lorsqu'ils étaient sur le point de leur rendre des comptes. Lorsque j’ai repris ma véritable identité, en avril 2003, il me manquait à peu près un an pour terminer ».

LA FARCE DU JOURNALISME « INDEPENDANT »

Ce qui lui a permis d'obtenir son premier trophée de guerre comme journaliste "indépendante" a été un premier contact direct avec Radio Martí. «Comme porte-parole du Comité 'Pro derechos humanos' à Ciego de Avila, ils me donnaient les informations, je faisais les notes de presse, j'attendais l'appel et je les envoyais. Une heure plus tard, c'était déjà sur les ondes». Elle parlait aussi pour différentes stations, dont Cuba Independiente y Democrática, entre autres. De cette manière, ils se sont eux-mêmes chargés de consolider son image. Entre août 1992 et août 1993, elle a présenté sur Radio Martí, de sa propre voix, 172 dénonciations de prétendues violations des droits de l'homme.

«Quand j'ai commencé, je ne recevais pas un centime, tout était pour l'amour de l'art. Nous parlons d'il y a 14 ans. Il ne m'ont pas payé jusqu'à ce que je grandisse, que je me fasse un nom, une réputation et les gratifications ont alors commencé et elles n'étaient pas même de cinq dollars par note.

»Je me rendais compte que ces dénonciations devaient représenter une affaire. La chose fonctionnait de la façon suivante: quelqu'un me donne des informations, je les rédige comme si je les avais obtenues moi-même, mentionnant au besoin cette personne comme une simple source. C’est moi qu’ils paient et non pas cette personne. Bien sûr qu'ils ne publient pas certaines notes parce qu'elles ne servent à rien, elles sont insensées. Et quand je reçois l’argent et que la personne en question me réclame sa part, je dis que cela ne sera pas publié ce mois-ci, mais le mois prochain, que j'ai eu des problèmes et n’ai pas pu recevoir le paiement, etc., etc., jusqu'à ce qu'ils se lassent ou que ceux qui ne sont pas trop nuls s'éloignent. C'est un négoce, et je le répète sans cesse, à Cuba il n'y a pas d'opposition, à Cuba il y a une contre-révolution stimulée et payée. S'ils cesse de payer pour les notes de presse, le "talent" s’évanouit.

»Ces personnes qui se disent journalistes indépendants ne sont rien d'autre que des mercenaires. Pour moi, il a toujours été clair qu'il n'y a pas de journalisme indépendant, partout au monde tu dois répondre à la ligne éditoriale de celui qui t'emploie. Si le journalisme est si libre, si indépendant, pourquoi n'écrivent-ils pas quelque chose de positif? Aucun d'entre eux n'a été capable d'annoncer que l'on a rénové toutes les polycliniques que l'on a construit des salles de soins intensifs dans tout le pays à une période de pénurie de ressources. Aucun d'eux n'a parlé de cela.»

Il n'y avait jusqu'à avril 2003 que quatre journalistes dans les groupes contre-révolutionnaires. «Une de ces personnes qui se disent journalistes 'indépendants' a le niveau de la 3e et sait à peine parler. Comme crois-tu qu'elle écrit? Tu lis les dépêches: 'Untel, journaliste indépendant'. Alors que parfois il n’a même pas un niveau élémentaire de culture.

»Moi-même je n'étais pas journaliste et pourtant tu trouveras souvent mon nom sur Internet. Je te recommande de prendre avant un médicament pour ne pas vomir, car tu verras qu'apparaissent des centaines milliers de travaux écrits à cette époque.»

DE LA MANIERE DONT ON SE RETROUVE A LA TETE D’UNE AGENCE DE PRESSE

«Maintenant je vais te raconter comment, sans être journaliste, je me suis retrouvée à la tête d'une agence de presse. J'ai été dirigeante d'une organisation syndicale ayant son siège à Miami, la Fédération de l'électricité, du gaz et de l'eau de Cuba en exil (FSPEGA). Ces personnages de la FSPEGA sont partis à Miami au début de la Révolution. Quand ces vieux dinosaures de la politique antIcubaine ont vu que ce genre de 'patriotisme' leur laissait des profits, ils ont loué un local et se sont même fait une réplique du Club Cubanaleco, qui se trouvait à Miramar, et à partir de là ont commencé à organiser des activités, des déjeuners, à s'enrichir avec ce genre d'affaire. Quand ce nom a été connu et que le programme de l'Agence de développement des Etats-Unis (USAID) a commencé à leur donner de l'argent, ils se sont rendu compte qu'ils devaient créer cette organisation à Cuba, et c'est ainsi qu'en 1997 ils ont fondé cette fédération dans l'île et ont donné l'adresse à une personne qui projetait secrètement de quitter le pays.

»Je dirigeais une organisation qui s'appelait Fondation nationale cubaine d'opposition et la première chose que j'ai faite pour la promouvoir a été de collecter des signatures. C’est en cherchant ces signatures que j'ai rencontré cet homme qui en voyant mon travail, mes possibilités et mon autorité dans le milieu de l'opposition, m’a demandé d'écrire pour l'agence de presse. J'ai consulté la Sûreté de l'État, qui a été d'accord. Nous savions que le dirigeant de la Fédération devait être le directeur de l'agence de presse de l'organisation, la Lux Infopress.

»Environ quatre mois après, l'homme me dit qu'il part et qu'il veut que je prenne l'agence en charge. J’avais une envie folle d’ accepter, mais pour ne pas éveiller ses soupçons je lui ai dit que non. Lorsqu’il a été sur le point de partir, je me suis éloignée pour ne pas montrer trop d’intérêt. J'ai continué mes activités, j'écrivais, je publiais. Alors, un beau jour il se présente à la SINA et rencontre Victor Vockerodt, alors (et jusqu'en 2002) chef de la section politique et économique.

»Lorsque le fonctionnaire nord-américain lui a demandé qui allait le remplacer à la tête de l'agence, l'homme lui a donné un nom que celui-ci n'a pas accepté. Il m'a alors mentionnée et Vockerodt lui a dit: 'Ce nom-là, c’est autre chose; ça nous semble très bien'. Observe ce détail: les Américains approuvant ou rejetant la direction d'une agence de presse supposément indépendante et cubaine. C'était logique: puisqu’ ils payaient, ils devaient pouvoir nommer les directeurs.

»En sortant de la réunion, l'homme m'appelle immédiatement. Je souhaitais prendre la direction de l’agence, mais pour ne pas éveiller les soupçons, je ne l’ai vu que le lendemain; il m’a dit que je devais accepter cette responsabilité parce que j'avais été acceptée par les Américains et que n’oublie pas que celui qui dirigeait l'agence dirigeait aussi l'Institut économique des recherches sociales et du travail et de la fédération. Je le savais aussi mais je faisais l'idiote. Tout était un négoce, l'institut par exemple. L'institut c'était moi. Les stimulants et la tenue de congrès ont alors commencé jusqu'à ce qu'un beau jour ils ont demandé la création à Cuba d’ une confédération parce que cela représentait davantage d’argent et, donc une vie plus large pour eux. J'ai réuni trois ou quatre personnes et leur ai créé la confédération, obéissant à une requête des intermédiaires du gouvernement des Etats-Unis.»

Cette femme toute simple a côtoyé l'ennemi. Elle a forcé sa confiance et son respect. Elle a pénétré ses labyrinthes obscurs. Elle a appris à réprimer ses impulsions, a joué leur jeu et finalement ce sont les chasseurs qui ont été pris au piège.



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