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La mort du pape: pas de quoi pleurer

Eric Smith, Sunday, April 3, 2005 - 23:07

Arsenal-express

 
Un commentaire sur la mort du pape : on compare Jean-Paul II à une colombe qui voyageait d'un pays à l'autre pour promouvoir un message de liberté. Mais la seule chose qui le faisait ressembler à une colombe, c'est qu'il chiait sur la tête de beaucoup de monde.

 
Malgré que le catholicisme ait perdu considérablement de son influence idéologique parmi les masses populaires au Canada, nous avons du endurer plusieurs journées de propagande religieuse dans les médias, particulièrement à la télévision. On compare le défunt pape à une colombe qui voyageait d'un pays à l'autre pour promouvoir un message de liberté. La seule chose qui le faisait ressembler à une colombe, c'est qu'il chiait sur la tête de beaucoup de monde.

Qu'en est-il de la liberté des femmes, des gais et lesbiennes, des malades et des pauvres ? Tout son discours réactionnaire sur le "droit à la vie" était une attaque systématique contre le droit des femmes à disposer librement de leur corps. À la fin de son pontificat, Jean-Paul II s'était même associé à la campagne réactionnaire pour la ré-alimentation artificielle forcée de Terri Schiavo qui depuis 15 ans était dans un état neurovégétatif. Les catholiques et autres intégristes considèrent que la vie humaine commence dès qu'il y a conception de cellules humaines. Qu'un être humain soit un être de conscience et de socialisation échappe complètement à la vision des catholiques intégristes qui pensent que Dieu est le seul donateur de vie et le seul à déterminer qui est humain. Une telle conception mène à des aberrations. On maintient en vie des gens qui n'ont plus de vie digne parce qu'ils et elles ne sont plus en mesure de se prononcer sur ce qui constitue une vie digne. On va interdire des recherches scientifiques importantes comme celles sur les cellules souches qui permettraient d'améliorer la vie des gens handicapés. On va forcer des femmes à garder des enfants alors que leur vie est en danger.

Quand il s'agissait de la vie des pauvres, le discours du pape était ambigu. À l'occasion, il invitait à la mise en place d'une plus grande justice sociale, mais lorsque des gens s'organisaient pour l'obtenir, il les dénonçait. Après la révolution sandiniste au Nicaragua, Jean-Paul II avait dénoncé la présence de prêtres catholiques dans le gouvernement de Daniel Ortega. Il fallait qu'ils retournent à l'exercice de la vie spirituelle. Par contre, quand les prêtres polonais se sont investis à fond dans le soutien au syndicat Solidarnosc en Pologne, le pape ne les a pas invités à délaisser le monde temporel. Quand Mgr Romero, archevêque au Salvador, envoya au Vatican un rapport sur les tortures commises par le gouvernement salvadorien, le pape ne se prononça pas. Quelque temps après, Mgr Romero était abattu sauvagement par des escadrons de la mort du gouvernement de l'armée salvadorienne. Mais la répression en Europe de l'Est, peu importe son importance, se méritait une dénonciation sentie de la part du pape.

Le pape Jean-Paul II passait pour un grand humaniste quand il dénonçait toutes les guerres. C'est vrai, il a critiqué l'intervention américaine en Irak. Cependant, dénoncer toute guerre, alors que nous savons que les puissantEs de ce monde ne peuvent être qu'inquiétés par un mouvement de violentes guerres révolutionnaires, ça revient à prendre partie pour le statu quo et la domination de l'impérialisme sur les peuples du monde.

L'Église catholique est une force sociale qui ne peut se maintenir qu'en appuyant les régimes réactionnaires. Prêter à "Dieu" une force dans la destinée du monde est anti-scientifique et relève de la superstition. L'humanité, depuis ses débuts, a toujours cherché la cause des choses et, compte tenu de l'état des connaissances, s'en remettait à des forces extérieures incompréhensibles pour expliquer l'ordre des choses. À mesure que le degré de connaissance a progressé, l'idée de Dieu, des démons, des fantômes, des esprits, etc., a pris de moins en moins de place. La vraie liberté ne peut se conquérir que dans une connaissance croissante des choses et accepter Dieu signifie un refus de la connaissance scientifique et le refus de conquérir la seule liberté possible qui n'existe pas en soi.

La doctrine de l'Église doit construire une raison à l'existence de Dieu. Elle doit en faire celui qui règle les lois de l'univers. Elle doit en faire le détenteur de la vie humaine et animale. Elle doit nous placer dans une position passive face à ce qui se passe. L'idée que les masses, en accroissant leurs connaissances et en transformant le monde, puissent changer leur sort ne peut être qu'en contradiction avec la doctrine de l'Église qui nous dit que Dieu a son plan. L'introspection intérieure, la correction morale et la contemplation de Dieu ne peuvent être que le message de l'Église. Le monde matériel, lui, doit être subi sans coup férir.

Le pape Jean-Paul II, depuis son élection en 1978, a très bien joué son rôle de torpille de l'idéologie réactionnaire contre l'idéologie révolutionnaire. On ne saura jamais comment s'est fait le choix de Jean-Paul II. Nous savons que le pape précédent, Jean-Paul 1er, n'a duré que 33 jours et des rumeurs ont circulé à l'effet que le scandale des liens entre la mafia italienne et la Banque du Vatican ne serait pas étranger à sa mort. CertainEs affirment que les cardinaux voulaient un pape non italien qui ne se mêlerait pas des questions financières italiennes et s'occuperait de lutte idéologique. La lutte contre l'idéologie marxiste et le rapprochement avec l'Église orthodoxe (présente surtout dans les pays de l'Est) devenaient des objectifs importants de l'Église de Rome et le choix du cardinal Karol Wojtyla apparaissait le meilleur compte tenu de ces objectifs.

Il y en a qui se réjouissent du rôle du pape dans l'éclatement du bloc "communiste". S'il a pu si facilement avoir un rôle important dans les événements des années 1980 en Pologne, il ne faudrait pas cependant négliger le rôle de la gangrène révisionniste qui a complètement corrompu les forces communistes et a fait des partis de ces pays de vulgaires clubs pour préserver les privilèges et reproduire une nouvelle bourgeoisie bureaucratique hostile à la classe ouvrière. Sans véritables partis communistes, la classe ouvrière de ces pays ne pouvait qu'accepter les sirènes de l'idéologie réactionnaire catholique.

Le pape était loin d'être un ami et un grand père. Quand il appelait les jeunes à le rejoindre, il valait mieux s'en méfier comme on le fait avec un prêtre catholique pédophile. Quand il parlait de justice pour les pauvres, c'était des mots creux. C'était quelqu'un qui servait des boules de merde enrobées de sucre. Son idéologie réactionnaire ne pouvait jamais servir à libérer l'humanité pauvre de sa misère. Au contraire, elle l'attachait. La liberté ne se conquiert qu'en s'appuyant sur le matérialisme historique et la science de la révolution, le marxisme-léninisme-maoïsme.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 44, le 3 avril 2005.

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Subject: 
Humour ou oeillères?
Author: 
Spzl
Date: 
Mon, 2005-04-04 14:57

"La liberté ne se conquiert qu'en s'appuyant sur le matérialisme historique et la science de la révolution, le marxisme-léninisme-maoïsme"

C'est si vrai. Il suffit de regarder les actuels ou anciens (URSS, Pologne, etc) pays marxistes-léninistes-maoistes pour constater l'immense liberté qui y règne!

Mais cet article est sans doute un 1er avril un peu en retard?


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Subject: 
Un peu de rigueur s'il-te-plaît
Author: 
Eric Smith
Date: 
Tue, 2005-04-05 08:38

Des deux pays que tu listes (URSS, Pologne), lequel selon toi est un "pays marxiste-léniniste-maoïste"? Ce sont deux pays parfaitement capitalistes, qui sont passés du capitalisme d'État au capitalisme privé (pur et dur). Et effectivement, il n'y a pas de vraie liberté pour le peuple, comme dans tous les pays capitalistes ou dominés par l'impérialisme.

Ceci dit, l'article ne portait pas surtout là-dessus mais sur le pape réactionnaire qui vient de rendre l'âme: es-tu un de ceux qui pensent que Wojtyla était un grand partisan de la "liberté", que tu sembles tellement chérir?


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Subject: 
Un peu d'honnêteté svp
Author: 
Spzl
Date: 
Tue, 2005-04-05 14:10

Staline Brejnev Kroutchev et leurs ex-fidèles mini-dictateurs polonais seraient fort mécontents de se faire traiter de capitalistes.

Si la liste (URSS Pologne) est trop courte, ajoutez TOUS les pays marxistes-léninistes-maoistes présents ou passés et interrogez-vous (sans tricher) sur le degré de liberté qui y règne.

Essayez d'imaginer par exemple, un site indymedia à Cuba ou à Pékin (ou ailleurs), qui chierait sur Castro ou Mao (ou d'autres). A votre avis, combien d'heures ou de jours avant que les gérants du site se retrouvent derrière des barreaux, ou pire?

Le Pape n'était pas marxiste, ni anarchiste, c'est certain. Et là n'était d'ailleurs pas mon propos, puisque je réagissais à une affirmation grotesque bien précise (relire mon précédent commentaire svp).


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Subject: 
Et Castro?
Author: 
Dominic Claveau
Date: 
Mon, 2005-04-04 19:35

Mr Smith!

Veuillez excuser mon inculture révolu-marxi-lénini-maoissienne mais... Comment se fait-il que LE révolutionnaire à la barbe louange JP II à ce point? Ce n'est pas ce même JP II qui s'est démené comme "un pape dans l'eau du diable" contre les révolutions marxiste en Amérique du Sud? Imposteur... ou il commence à faire de la capine le bohomme?


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Subject: 
L'amibiguïté de Castro
Author: 
Eric Smith
Date: 
Tue, 2005-04-05 08:33

C'est un fait que JP II a combattu les mouvements de libération en Amérique latine. Sans doute Castro s'est-il dit que de se coller au pape pouvait s'avérer utile pour briser l'isolement de son régime?

À la limite, si c'était juste tactique de sa part, on pourrait peut-être le comprendre. Sauf qu'il est allé beaucoup plus loin en louangeant le "saint père" ("un homme de paix et de justice", dit-il...).

Il faut voir que c'est le même Castro qui, il y a quelques années, disait que le temps des révolutions était terminé en Amérique latine, dénonçait la lutte armée menée par la guérilla péruvienne et manoeuvrait en coulisses pour que les autres mouvements de guérilla rendent les armes.

S'il faut défendre Cuba contre les agressions impérialistes (de la même façon qu'il faut défendre l'Irak, ou n'importe quel pays du tiers-monde ciblé par l'impérialisme), il serait temps qu'on arrête de voir Fidel comme "le plus grand révolutionnaire de notre époque", comme le croient certains.


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