Petite analyse sur la présentation que les médias ont faite du conflit entre la Syrie et le Liban. Questions soulevées par la pertinence d'un assassinat syrien sur Hariri.

 
Je crois qu'une petite mise au point s'impose au sujet du "conflit" opposant la Syrie au Liban. L'unanimité des médias internationaux est étonnante: ce sont les Syriens, et probablement un groupe terroriste, évidemment, qui aurait perpétré l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafik Hariri. Depuis, les pressions sur Damas sont énormes : le retrait des troupes étrangères, selon la résolution 1559 de l'ONU, doit avoir cours, l'occupation syrienne au Liban doit cesser, une élection présidentielle libre doit avoir lieu.

Tout d'abord, je vous incite, chers lecteurs, à toujours pratiquer le doute systématique à l'égard des nouvelles présentées dans les journaux de masse, contrôlés par quelques géants de l'information qui imposent une idéologie évidemment néolibérale et qui protègent les maîtres financiers de ce système. Le doute systématique, dans sa version la plus simple, consiste simplement à consulter d'autres sources d'information, indépendantes, qui jettent souvent un autre regard sur les événements internationaux, entre autres.

Ensuite, j'aimerais vous rappeler ici la logique américaine en matière de politique étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale, poussée à la limite de l'hystérie par le président actuel, George W. Bush :
"Nous sommes les plus puissants et les plus riches, des forces du mal nous en veulent et planifient des attaques contre nous, des mouvements de gauche veulent contrer le capitalisme et l'ultralibéralisme, nous nous devons donc d'éliminer ces menaces terroristes et populaires, ces bêtes qui menacent la liberté, la justice et la démocratie en ce monde que nous défendons !".

Hi! Hi! Hi! Bon. Comme simple exercice de style, insérons la situation au Liban dans ce schéma simpliste de la lutte entre le bien et le mal : "Les méchants, ce sont les Syriens, qui occupent militairement le Liban; pour s'assurer un contrôle sur les élections législatives à venir, ils ont assassiné Hariri, qu'on accusait d'avoir promu auprès de Washington et de l'ONU l'adoption, en septembre 2004, de la résolution 1559, qui prévoyait entre autres le retrait des troupes étrangères du Liban ; pour finir, la Syrie, et leur allié l'Iran, sont deux abris évidents pour les terroristes qui sont très actifs en Irak et partout au Proche et Moyen-Orient et constituent deux cibles depuis longtemps désignées dans la planification politico-militaire de notre Administration ; il faut donc protéger le monde de ces meurtriers et défendre la démocratie que respecte tant l'Occident."

Ha! Ha! Ha! Bien que ce soit drôle, il y a lieu de se demander, à l'instar d'Ignacio Ramonet, dans l'édition de mars 2005 du "Monde diplomatique", si la Syrie avait avantage à mettre le feu aux poudres, elle qui fait l'objet d'une surveillance étroite de la part de la police mondiale américaine et de ses alliés . Comme c'est toujours le cas dans ces dossiers complexes, on parle ici d'hypothèses, mais encore une fois, les apparences sont trompeuses...

Jean-François Champagne Bélanger