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Québec: une mobilisation réussie qui motive les troupesneonyme, Friday, March 25, 2005 - 23:28 (Reportage ind. / Ind. news report | Education | Elections & partis | Néo-lib. | Resistance & Activism)
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Voyez un résumé des événements de cette journée. Texte et photos
En effet, on a l'impression que les mouvements de grève étudiante ont pris un peu plus de temps à s'enclencher à Québec, comparativement à d'autres régions en province. Il aura fallu que la mobilisation prenne de plus en plus d'ampleur pour convaincre les assemblées étudiantes de choisir la voie de la grève, comme si on ne croyait pas au réel potentiel de ce moyen de pression, comme si on ne croyait pas que la solidarité serait aussi forte dans le milieu étudiant. À force de se faire dire qu'on est individualiste, peut-être la motivation est plus sourde? Peu importe, car le vent a tourné, et c'est ce jour du 24 mars 2005 que la "faune étudiante" de la région de Québec s'est mise à l'unisson. Car c'est cette date que plusieurs assemblées ont choisi pour enclencher leur grève. Ainsi, de nouvelles forces pouvaient joindre les rangs du cortège qui devait avoir lieu ce jour, réunissant des milliers d'étudiants provenant de partout au Québec. Un événement électrisant qui a su fouetter les troupes, et qui vient de donner une énergie nouvelle à cette lutte contre le gouvernement. Une journée qui commençait tôt Pour que le message soit bien entendu, il fallait aller le porter le plus près possible des personnes concernées. Évidemment, le ministère de l'Éducation faisait partie des cibles et il fallait que cette journée mémorable fasse d'abord son effet à cet endroit. Et c'est à 6h45, au petit matin, que le travail commençait! L'aide financière aux étudiants est le principal enjeu de cette revendication, et ceux qui l'administrent occupent le 21ième étage de la Tour de la Chevrotière de l'Édifice Marie-Guyart, qu'on connait mieux sous le vocable du "Complexe G". Les occupants étaient plus matinaux que d'habitude, car ils avaient pris de l'avance: une dizaine d'étudiants ont choisi de prendre leur place, et de prendre la place. On aurait cru qu'il y étaient attendus, tellement la voie était libre pour y arriver! Les occupants ont ensuite barricadé les lieux, question d'être tranquilles, d'avoir de l'espace pour bien communiquer leurs revendications. Cliquez ici pour voir un photo-reportage Une vingtaine de minutes plus tard, c'est au sol que l'attention fut portée, car le ministère de l'Éducation ne se limite pas qu'à un seul étage, et pour s'y faire entendre il faut prendre plus de place. Des étudiants venus de quatre coins de la ville se sont installés devant chacune des portes du complexe immobilier, décidés à perturber la vie tranquille des fonctionnaires au coeur du centre administratif qui domine le centre-ville de Québec. Pendant qu'en haut, un agent de renseignement de la SQ s'emmerdait aux portes barricadées, à attendre des policiers qui n'arrivaient pas, en bas l'impatience des travailleurs a fait réagir la police beaucoup plus rapidement. Le nombre insuffisant de personnes aux portes n'a pu empêcher la réouverture d'un accès au stationnement souterrain par les policiers. Étrangement, aucune autre porte d'accès ne fut débloquée, laissant les piétons bredouilles sur place tout en permettant à ceux qui avaient une auto de pouvoir entrer travailler en paix. On voit qui a du pouvoir à Québec! À l'intérieur, les agents de sécurité fébriles s'assuraient qu'aucun étudiant se faufile dans la foule de travailleurs qui arrivait en file par l'escalier du stationnement. Autour du poste de sécurité, on discutait fort sur les façons de reprendre le 21ieme étage par les escaliers de secours, et des consignes pour gérer les accès à l'immeuble. Des appuis au blocus du "G" Au fur et à mesure de l'avancée de la matinée, d'autres étudiants, mis au courant du blocus du complexe G en entendant les nouvelles, sont venus sur place pour aider les manifestants. Graduellement, de plus en plus de monde tenait la place. Des autobus commençaient à arriver, ainsi que des troupes venues d'écoles secondaires en grève pour cette journée. C'est l'heure des discours, et de frapper le rythme d'encouragement qu'on peut entendre jusqu'au 21ième. Le soleil s'est installé, et une des plus belles journées de printemps s'annonçait. Belle récompense de Dame Nature. Une fois une certaine masse critique prête à opérer, c'est un sit-in devant la seule entrée ouverte qui permettra aux manifestants de reprendre un peu le contrôle de l'édifice. Cliquez ici pour voir un photo-reportage Deux arrestations Vers 10h15, les policiers qui sont à l'intérieur décident de mettre fin à l'occupation en procédant, comme attendu, par les escaliers de secours qu'ils ont bloqués au 20ième, en arrivant par le 22ième. Ils libèrent la place sans rencontrer trop de résistance. Parmi les occupants, ils choisissent d'en arrêter un pour bris de conditions. Ils escortent tout le monde à l'extérieur par une porte arrière d'un édifice attenant. Dehors, quelques manifestants découvrent ce qui arrive derrière l'édifice et se précipite sur les lieux pour tenter d'empêcher le départ des policiers. Les esprits s'échauffent, on essaie de s'assoir devant les véhicules de police qui cherchent à emmener la personne arrêtée. Les policiers décident de procéder à une deuxième arrestation. La petite foule de manifestants au sit-in et autour de l'édifice est mise au courant de la situation, et en quelques secondes, c'est environ 200 personnes qui entourent les policiers en criant leur indignation. "Trois flics de moins, 30 bourses de plus!" Tout le monde s'assoit, et voilà le sit-in qui prend en otage la police! Évidemment, ça ne dure pas longtemps, les renforts arrivent, et ça devient une foire d'empoigne qui dure plusieurs minutes pour empêcher la voiture de police de quitter les lieux en se couchant devant pour se faire arracher de là avec force. Il faudra l'arrivée d'une escouade anti-émeute légère pour finir par libérer la voiture et mettre fin à l'obstruction. Les esprits se calment un peu et le groupe manifestant choisit de quitter les lieux pour serpenter au travers du centre-ville jusqu'à la station de police en basse-ville, pour faire une manif d'appui aux arrêtés. Cliquez ici pour voir un photo-reportage Un grand rassemblement Sur l'heure du midi l'attention est portée vers le devant du parlement, bien clôturé et rempli de policiers de la SQ. Il n'y a rien à craindre, car cette fois c'est une foule joyeuse, jeune, colorée et festive qui prend la place. Graduellement, plusieurs centaines d'étudiants arrivent, chacun en cortège, chacun a son style, ses couleurs, ses chansons, ses slogans. Le soleil brille de tous feux, l'air est bon et l'humeur est splendide. Il y a du monde partout partout, la foule est dense et bruyante, ça chante, ca crie, c'est une célébration de la solidarité et de l'union dans la lutte. On manque d'yeux et d'appareils photos pour tout voir, il y a tant d'affiches, de banières, de créations de tous genres! Cliquez ici pour voir un photo-reportage Au moment du départ de la marche vers l'université Laval, c'est au moins 10,000 personnes qui sont là, et il en arrive encore de tous les côtés. La foule s'étirera ensuite sur près de deux kilomètres pendant sa procession. L'arrivée controversée des anarchistes Lorsque le devant de l'immense cortège arrive près du parc de l'Amérique-Française, une autre foule de plusieurs centaines de personnes arrive en sens inverse sur le trajet. Il s'agit d'un contigent libertaire assez imposant, dont l'apparition provoque des remous chez les manifestants. Plusieurs personnes viennent nous voir et nous supplient de ne pas filmer et photographier ceux qu'ils qualifient de "clowns". On entend de cris dénonciateurs, on les accuse de venir détruire l'action. Leur tactique leur donne quand même toute la place car ils prennent ainsi les devant de la manifestation, imposant les drapeaux noirs et les slogans anti-capitalistes comme ouverture de la marche. Cliquez ici pour voir un photo-reportage Les participants au contigent ont aussi tenté à quelques reprises de détourner la marche pour la retourner vers le parlement via des rues latérales. L'idée était particulièrement tentante pour bien du monde qui trouvait qu'on s'éloignait de son but en allant vers Sainte-Foy, créant de la confusion et des moments d'hésitation dans la foule sur la direction à choisir. Les organisateurs de la marche ont utilisé leur véhicule de sonorisation pour imposer leur trajet et leur rythme. La foule s'est donc lentement dirigée vers l'université sur une très longue marche ponctuée de courtes pauses et d'un moment d'arrêt plus important devant des bureaux du parti Libéral. c'est à cet endroit que la tension est montée d'un cran: les manifestants les plus radicaux ont pris d'assaut l'édifice, une partie s'occupant de refaire la couleur du décor extérieur, d'autres s'occupant de faire du bruit à l'intérieur. Pour le reste, les nombreux citoyens spectateurs rencontrés sur le chemin semblaient passablement ravis de pouvoir regarder cette parade revendicatrice et colorée. Cliquez ici pour voir un photo-reportage D'autres actions à venir Cette journée fut une belle démonstration de solidarité chez les étudiants et a permis d'établir une meilleure cohésion en ajoutant les forces provenant du collégial à Québec. Depuis ce jour, la grève inclut une très grande partie des étudiants de la région et le niveau d'énergie est à la hausse. Il reste à voir comment cette énergie sera canalisée vers les revendications mais on entend déjà parler d'actions à venir, notamment un important bed-in mercredi prochain suivi d'une action majeure pour le lendemain, dont la nature reste à annoncer mais qu'on promet inoubliable, "à l'apogée de tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant". La pression ne lâche pas!
Comité de mobilisation pour la grève à l'Université Laval
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