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GRÈVE ÉTUDIANTE - à la croisée des chemins

Alex V, Thursday, March 24, 2005 - 07:51

C'est un affrontement de classe auquel on a droit actuellement dans le milieu étudiant. La grogne et la tension montent et c'est à juste titre. Ignorez les médias corporatistes, ignorez les sondages incorporés; vous avez le support d'une majeure partie de la population...

Grève étudiante - À la croisée des chemins

Ce texte vise à saluer le fort mouvement de grève des étudiants et des étudiantes, déclenché il y a maintenant trois semaines à travers le Québec. Cette lutte est justifiée! Les 103 millions de dollars coupés à l'aide financière aux études constituent un assaut frontal contre la possibilité de mener leurs études à terme pour des dizaines de milliers de jeunes de la classe exploitée. Leur colère légitime bénéficie de la sympathie d'une très grande majorité des travailleurs et des travailleuses, frappés eux-aussi par des politiques de plus en plus réactionnaires. Il y a à peine un an, la loi 31 s'attaquait aux prolos du secteur privé en les exposant encore davantage aux effets de la sous-traitance. La loi 30 en faisait de même pour les employés du secteur public en ouvrant la porte, autant à la sous-traitance qu'à la privatisation. Au même moment, les familles travailleuses voyaient le coût de leurs services de garde augmenté de 40%. De plus, les sans-emploi ont été victimes de compressions atteignant presque 60 millions à l'Aide sociale et les 3800 travailleurs et travailleuses de la SAQ se sont vus imposer des conditions de travail pourries; ce qui annonce des temps difficiles pour les centaines de milliers d'autres employés des secteurs public et parapublic en fin de contrat.

Tous coupables!
C'est donc contre un gouvernement profondément anti-ouvrier et méprisable que ce mouvement de grève se bat. Mais est-il si différent des gouvernements qui l'ont précédé? Certes, la coupure de 103 millions est une attaque au revenu direct des étudiants et des étudiantes et en ce sens, elle fait très mal. Cependant, nous trouvons indispensable de rappeler que le gouvernement précédent celui de l'actuel Parti Libéral, celui dirigé par le Parti Québécois, y avait largement ouvert la voie. Alors qu'on voit souvent flotter des drapeaux fleurdelisés dans les manifs et que les ténors nationalistes ont la belle place dans les médias et à l'Assemblée nationale pour clamer leur appui " au mouvement étudiant " (quand ce n'est pas pour évoquer leurs anciennes fonctions de " dirigeants étudiants "), que faisaient-ils donc alors qu'ils étaient responsables du gouvernement? Pauline Marois, critique de l'Opposition en matière d'Éducation peut bien vociférer contre la coupure des 103 millions aujourd'hui, mais en 1995-96, c'est elle qui a coupé 553,4 millions au budget de ce même ministère! Bernard Landry peut bien vous offrir ses bons vœux hypocrites maintenant, mais alors qu'il était Ministre des Finances de 1997 à l'an 2000, il présida à une coupure totale de 20% des budgets de la Santé, de l'Éducation, de l'Aide sociale et de l'Environnement. Ceux et celles qui croient que les coupures actuelles des libéraux peuvent être renversées par un changement de " régime " au profit du PQ, de l'ADQ ultra-libérale ou même de la soi-disant gauche de l'UFP ou d'Option-Citoyenne prennent leurs rêves pour des réalités. Les mêmes coupures, à quelques nuances près, frappent les travailleurs et les travailleuses dans tous les pays, au cœur même du capitalisme. Ainsi, depuis le 10 février, un fort mouvement de grève lycéen s'oppose au plan Fillon en France. Les coupures des libéraux aujourd'hui, comme celles des péquistes auparavant ne sont que l'expression locale d'une classe capitaliste aux prises avec une profonde crise économique internationale, dont elle espère bien nous faire payer les effets. C'est ça l'explication véritable des coupures du salaire direct, comme celles qui viennent d'être imposées aux milliers de travailleurs montréalais de Bombardier. C'est aussi ça le fondement des coupures au salaire social que constituent les attaques contre les pensions, et les divers programmes sociaux. Le problème est donc structurel, il est social et il est international. De plus en plus, " la société est en contradiction insoluble avec elle-même " écrivait Engels.

Sur le terrain, nous sentons qu'il y a de plus en plus de jeunes, de plus en plus d'étudiants et d'étudiantes, provenant principalement de la classe ouvrière, qui non seulement s'insurgent contre la coupure de 103 millions et contre les autres mesures de crise mais voient aussi le malaise ambiant et s'intéressent grandement aux difficultés de ce monde à la dérive. Nous comptons sur ces nouveaux camarades de combat pour qu'ils approfondissent leur critique du monde actuel et qu'ils s'associent aux petites forces qui, comme la nôtre, ont pour but de le transformer. Nous comptons aussi sur eux pour qu'ils ne cèdent en rien aux manœuvres politiciennes et bureaucratiques des diverses officines de la classe dominante qui prétendent, soit agir pour leur bien, soit parler en leur nom.

Une semaine cruciale...
Et des manœuvres, on risque fort d'en voir pas mal cette semaine! Après trois semaines de grèves, un rapport de force social s'est graduellement développé. De 30 000 grévistes à la fin février, à 85 000 vendredi, la mobilisation a atteint 100 000 personnes lundi et on en annonce 200 000 pour aujourd'hui. L'opinion " publique " évolue dans le même sens. Le ministre Fournier, conscient qu'un accusé de non-recevoir de sa part serait sans doute le dernier clou dans le cercueil de son gouvernement fragilisé et largement discrédité, semble prêt à un minimum de concessions. Depuis plusieurs jours déjà cependant, on voit les " dirigeants étudiants représentatifs " de la FECQ et de la FEUQ- véritable vivier des politiciens, des politiciennes et des boss syndicaux de demain- multiplier les combines pour reprendre le contrôle d'un mouvement qui les dépasse et s'asseoir à " la grande table " pour " négocier " les miettes que Fournier voudra bien leur proposer.

Il faut être vigilant. Une grève de trois semaines dans le milieu étudiant, c'est très long. Il est à craindre que même une entente à rabais trouve preneur auprès d'une partie des apprentis-bureaucrates; ce qui aura peut-être pour effet d'affaiblir le mouvement. Plus que jamais, les grévistes doivent baser leur lutte sur des assemblées générales souveraines et une liaison étroite à l'intérieur de chaque région et entre celles-ci. Ce sont ces assemblées de base qui devront décider si la grève a atteint ses objectifs en fonction du rapport de force disponible.. Ce sont elles qui devront alors décider les conditions d'un éventuel retour. Mais plus encore, la liaison la plus importante est celle qui devra un jour nécessairement s'établir avec l'ensemble des travailleurs et des travailleuses en lutte contre toutes les mesures de crise! Car, ce qui s'impose pour cette nouvelle génération de futures exploitées et de futurs prolétaires, c'est de poursuivre et de rejoindre le mouvement des générations qui l'ont précédé ici, comme dans tous les pays, pour en finir avec ce système inique, rapace, polluant, sanglant et décidément obsolète- le capitalisme. Dans leurs combats d'aujourd'hui comme de demain, nous marcherons avec eux.

Montréal, le 16 mars 2005

Le Groupe Internationaliste Ouvrier, section du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire- au Québec, écrire a/s de R.S., C.P. 173, Succ. " C ", Montréal, H2L 4K1
can...@ibrp.org
www.ibrp.org



Subject: 
Comment un parti peut-il ?
Author: 
calvaire01
Date: 
Sat, 2005-03-26 17:28

Se posant comme l'organe suprême de l'organisation face au mouvement révolutionnaire, comment un parti peut-il être autrement qu'oligarchique ? Qu'organiser par la minorité consciente et dirigeante du mouvement révolutionnaire, comment peut-il être autrement qu'autoritaire ? Comment un bureau organisateur peut-il être autre chose qu'une bureaucratisation du mouvement ? Partant de ces considérations, pouvons-nous penser que le Parti soit autre chose qu'un organe de domination et d'exploitation ?


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Subject: 
Par où commencer et répondre
Author: 
mihelich
Date: 
Sun, 2005-03-27 12:28

Par où commencer et répondre à de telles questions et dans un tel format? Je m'étonne que tu te poses des questions sur les formes d'organisation que se donnent les prolétaires pour renverser leurs exploiteurs car si j'ai bien compris tes écrits récents, tu rejettes l'idée-même d'une organisation. Et pour ce qui est du Parti de la classe ouvrière, tu trouves le moyen de nier l'existence-même de cette classe qui pourtant, si on l'étudie à l'échelle international, est en expansion constante. Mais pour te répondre rapidement, les révolutionnaires qui ont constitué le Bureau ne se considèrent pas le Parti, mais travaillent à sa constitution. Ce travail se fait à partir du bilan que nous faisons des expériences du passé et conséquemment, contrairement aux formations staliniennes, maoistes, trotskistes ou bordiguistes, nous ne considérons pas le parti comme l'organe de domination de la future société de transition vers la société sans classe. Cet organe sera plutôt le pouvoir des conseils ouvriers (si, si, cette classe dont tu nies l'existence), à l'intérieur duquel nous interviendrons comme tous les autres travailleurs et travailleuses avec des orientations programmatiques sans doute fort variées. Nous nous reconnaissons pour l'essentiel dans la définition du parti telle que définit par Marx & Engels dans le Manifeste que tu peut trouver au début du chapitre II, "Prolétaires et Communistes". Comme c'est un superbe dimanche de Pâques, et que ce prolo a bien l'intention d'en profiter un peu, tu me pardonneras de m'en tenir à cela pour l'instant...Cependant, nous publierons dans quelques jours un texte assez substantiel sur le nouveau "goût du jour" théorique qui t'anime présentement: la communisation. Tu pourras alors évaluer le gouffre qui nous sépare, cher Calvaire. Profite du beau temps! Même Lénine aimait bien citer Goethe qui écrivait: "Grise est la théorie mon ami, mais vert est l'arbre de la vie."


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Subject: 
Comment ?
Author: 
calvaire01
Date: 
Sun, 2005-03-27 17:00

Cela ne répond pas vraiment aux questions, mais bon j'attends avec hâte votre texte nouveau. Quant à la négation du prolétariat, c'est que je ne vois pas s'exprimer en tant qu'unité une classe mondiale qui serait révolutionnaire, j'entrevois plus des subjectivités prises dans des contradictions objectives-objectivées qui sont porteuses d'un mouvement pluriforme qui porte la rupture révolutionnaire, alors que le traditionnel prolétariat (et la classe ouvrière classique en particulier, celle de la construction, des grandes usines, etc.), se faire plus porteuses d'intérêts réformistes dont sont porteurs les organes syndicaux et les partis genre UFP ou même parfois PQ. Mais bon, la grève actuelle me pousse à réfléchir sur ce qui peut rester de lutte des classes au sein de cette société. Me rapprochant plus de Roland Simon et de ses théories. Mais me méfiant toujours aussi ardemment de ceux et celles qui parlent pour leur soi-disant classe, (des récupérateurs, des leaders, des bureaucrates, des apparatchiks ? C'est une question qui me hante.)

Et en ce qui concerne l'organisation, je pense que l'organisation est nécessaire à une échelle très large mais que cela passe plus par des formes d'organisation organiques à l'organisation sur la base de la vie quotidienne, d'une vie politique de part en part. Et non par une organisation une qui parle au nom d'un sujet révolutionnaire qu'elle proclame organiser, représenter... et qu'elle finit par diriger, donc dont elle se constitue comme classe dominante par rapport au sujet révolutionnaire supposé plus qu'existant.


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Subject: 
Ou être...
Author: 
calvaire01
Date: 
Sun, 2005-03-27 17:34

Et non par une organisation une qui parle au nom d'un sujet révolutionnaire qu'elle proclame organiser, représenter... Ou qui se dit être le prolétariat qui s'organise comme classe alors qu'ils et elles ne sont qu'une partie très infime d'une vaste majorité de gens qui ne partagent ou du moins ne semblent pas partager les mêmes intérêts. Finalement, une infime partie qui se constitue comme la partie qui représente le tout. Et qui indique la voie aux autres, qui se fait la minorité avant-gardiste beaucoup plus que la classe en actes mais qui dit être le contraire.

Alors que la communisation et le mouvement de communisation existent par ceux et celles qui le font être, qui le mettent en marche, par ceux et celles qui s'organisent en communisant et qui théorisent cette communisation. Pas besoin alors d'une organisation qui prétend être autre chose et vise à organiser autour d'un même programme une soi-disant classe révolutionnaire, que son organisation contrôlerait, dirigerait, pacifierait, régulerait, même si elle prétenderait le contraire.

"Pour être une classe révolutionnaire, le prolétariat doit s’unir, mais il ne peut maintenant s’unir qu’en détruisant les conditions de sa propre existence comme classe. L’union n’est pas un moyen rendant la lutte revendicative plus efficace comme le voudrait Raoul (cf. les lettres extraites du Cercle de Discussions de Paris), Echanges, l’Oiseau Tempête ou le Mouvement Communiste, elle ne peut exister qu’en dépassant la lutte revendicative, l’union a pour contenu que les prolétaires s’emploient à ne plus l’être, c’est la remise en cause par le prolétariat de sa propre existence comme classe : la communisation des rapports entre les individus. En tant que prolétaires, ils ne trouvent dans le capital, c’est-à-dire en eux-mêmes, que toutes les divisions du salariat et de l’échange et aucune forme organisationnelle ou politique ne peut plus surmonter cette division.'' (Roland Simon)


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