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Très clair biais en faveur du gouvernement dans la couverture médiatique récente de la grève étudiante

Sylvie_de_ZOMBIE, Wednesday, March 23, 2005 - 21:58

David Côté

La coupure de 103 millions par année dans le programme des prêts et bourses du gouvernement Charest et l'opposition à cette coupe des étudiants et de plusieurs autres groupes fait les manchettes depuis maintenant près d'un an. À défaut d'une analyse complète de la couverture médiatique de ce dossier, l'analyse de certains articles récents parus dans les principaux médias québécois montre un parti-pris très clair en faveur du gouvernement.

Le soutien des revendications étudiantes par la population du Québec

Face à la ligne dure du gouvernement, l'appui de l'ensemble des Québécois est essentielle pour le mouvement étudiant. Bien sûr, l'opinion de la population québécoise est aussi influencée par les médias. Revoyons d'abord quelle a été l'opinion québécoise à propos des revendications étudiantes au cours des derniers mois.

Printemps 2003, les libéraux de Jean Charest en campagne électorale promettent « d'augmenter le financement des cégeps en région » et « d'augmenter les budgets et le nombre de professeurs réguliers dans nos universités » [1]. Un an plus tard, le gouvernement Charest annonce une coupure de 103 millions de dollars par an dans le programme de prêts et bourses [2]. Depuis lors, les différentes associations étudiantes québécoises réclament l'annulation de cette coupure. En novembre 2004, un sondage Léger Marketing révélait que trois Québécois sur quatre étaient opposés à cette coupure [3]. Début mars 2005, un nouveau sondage Léger Marketing montrait que 71 % des Québécois se disent défavorables à la décision du gouvernement Charest de réduire de 103 millions la somme allouée aux bourses des étudiants pour les transformer en prêts [4]. Deux semaines plus tard seulement, le 16 mars, les gros médias québécois titraient « Une majorité de Québécois appuient le gouvernement » en s'appuyant sur un nouveau sondage TVA-Léger Marketing, alors que le gouvernement se payait une première série de publicité pleine page dans plusieurs journaux. Pour plusieurs étudiants, cela eut l'effet d'une douche froide. En consultant le document original du sondage, on constate toutefois rapidement que ce spectaculaire revirement de l'opinion publique n'est probablement pas réel ! Ce n'est qu'un autre exemple de désinformation en faveur du gouvernement dans le dossier de la grève étudiante...

Le sondage TVA-Léger Marketing du 16 mars 2005

Le sondage TVA-Léger Marketing du 16 mars 2005 est disponible sur internet à l'adresse suivante http://www.legermarketing.com/documents/spclm/050316FR.pdf. La question qu'on y posait est : « Le gouvernement du Québec a décidé de retirer 103 millions de dollars du programme de bourses aux étudiants pour le transférer en prêts et offre maintenant d'en réinvestir une partie en bourses. Selon vous, le gouvernement du Québec devrait-il… ? »
- …maintenir la ligne dure (vote : 22%)
- …céder à la pression des étudiants (vote : 24%)
- …réinvestir une partie du 103 millions en bourses (vote : 47%)
- Ne sait pas/Refus (vote : 6%) Le sondage effectué auprès de 515 personnes avait une erreur de +/- 4.3% 19 fois sur 20.

L'interprétation de ce sondage qui fut diffusée par la Presse Canadienne, radio-canada, canoe, La Presse et d'autres médias est que : « les trois-quarts des Québécois se disent en faveur de la nouvelle proposition de compromis du ministre de l'Éducation pour résoudre la crise étudiante, selon un sondage TVA-Léger Marketing. »

Le sondage comportait trois questions. Les réponses données aux deux autres questions du sondage mettent aussi sérieusement en doute l'interprétation que 3/4 des Québécois appuient l'offre du ministre Fournier du 16 mars, en particulier la troisième question :

Seriez-vous prêt oui ou non à renoncer à une partie des baisses d'impôts des particuliers promises par le gouvernement du Québec afin qu'il puisse réinvestir 103 millions de dollars dans le programme de bourses aux étudiants ? (44% oui, 47% non, 9% refus/ne sait pas)

Considérant la marge d'erreur du sondage, on peut conclure que la moitié des Québécois appuient le remboursement complet des 103 millions au point où ils seraient même prêts à le payer de leur poche en renonçant à une baisse d'impôts ! Il doit donc nécessairement avoir une proportion encore plus grande de Québécois qui pensent que les 103 millions doivent êtres réinjectés en autant qu'ils n'ont pas le payer par l'annulation d'une baisse d'impôts (ce qui est possible). On peut donc conclure de cette troisième question que plus de la moitié des Québécois sont en faveur du remboursement complet de la coupure de 103 millions dans le régime des prêts et bourses et, donc, en désaccord avec la proposition du ministre Fournier !

Une discussion plus détaillée de cette affaire se trouve dans l'article Désinformation dans les médias à propos de la grève étudiante : Comment faire mentir les chiffres [5]. Nous mentionnerons simplement que l'interprétation du sondage par la plupart des médias déforme outrageusement la réalité en faveur du gouvernement.

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Lire la suite de l'analyse sur ZOMBIE:
http://zombie.lautre.net/article.php3?id_article=227
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Références:

[1] Plate-forme du PLQ : http://www.cmaq.net/fr/upload/20204.jpg

[2] http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2004-2005/index.asp Ce lien a été trouvé sur le CMAQ http://www.cmaq.net/fr/index.php

[3] cyberpresse.ca, 27 février 2005 : http://www.cyberpresse.ca/actualites/article/article_complet.php ?path=/actualites/article/27/1,63,0,022005,937879.php

[4] Le Devoir, 3 mars 2005, http://www.ledevoir.com/2005/03/03/76095.html

Un sondage mené la semaine dernière par la firme Léger Marketing pour le compte de la FEUQ montre en effet que le mouvement étudiant peut compter sur le soutien de la population québécoise dans sa quête des 103 millions perdus.

Dans le document dont Le Devoir a obtenu copie, pas moins de 71 % des Québécois se disent défavorables à la décision du gouvernement Charest de réduire de 103 millions la somme allouée aux bourses des étudiants pour les transformer en prêts. Cet appui grimpe à 76 % chez ceux qui ont des enfants de moins de 18 ans et ceux qui ont une formation universitaire.

Chez les 18 à 24 ans, c'est à 83 % que les sondés se sont dits en désaccord avec cette politique alors que c'est dans une proportion de 88 % que les étudiants ont rabroué cette décision. À l'inverse, seuls 34 % des plus de 65 ans et 32 % des retraités jugent que la décision du gouvernement était judicieuse.

[5] http://zombie.lautre.net/article.php3 ?id_article=228

ZOMBIE
www.zombie.lautre.net


Subject: 
Pendant ce temps au Devoir...
Author: 
Epist?ɬ
Date: 
Thu, 2005-03-24 15:33

En l'espace de quelques jours au Devoir, journal des gens curieux (curieux en effet, les curieuses positions qui suivent en font foi), nous avons lu quelques phrases déprimantes.

1. Jean-Robert Sansfaçon : « Les jeunes se sont fait offrir un beau prétexte par le gouvernement pour faire l’école buissonnière » (Le devoir, 19 et 20 mars 2005). Rappelons d’abord à monsieur Sansfaçon, qui apprend vite les façons méprisantes du ministre Fournier et du premier ministre, qu’il ne s’agit pas de jeunes, mais d’étudiants, sans distinction d’âge. Pour le reste, il apparaît clairement que l’assimilation du mouvement étudiant à la jeunesse se complète de son assimilation à l’école buissonnière et que ces façons dénoncent surtout la condescendance de l'éditorialiste.

2. Madame Bombardier, membre émérite de l’Académie de la bienséance, a été superbe : alors qu’habituellement à vingt ans, on a le sentiment que le monde vous appartient, écrit-elle, les étudiants actuels sont trop lisses, trop réalistes ; ils parlent de chiffres (Le devoir, 19 et 20 mars 2005). (Quand on pense qu’il y a tellement d’autres intellectuels que nous aurions envie de découvrir et de lire...) Sur les idées à proprement parler, contentons-nous de souligner que madame, qui défend habituellement les bonnes manières, le vouvoiement et les tenues vestimentaires décentes, est dure à suivre et que nous ne nous donnerons pas la peine d’essayer de le faire pour la raison très simple que ce qui se présente comme un point de vue critique nous semble rien d’autre que de la nostalgie inconséquente. La surdité de madame Bombardier ressemble à celle de Jean-Robert Sansfaçon. Vous avez oublié de vous informer un peu avant d’écrire : il y a des milliers d’étudiants qui parlent aussi de gratuité (encore des chiffres...), d'accessibilité universelle et de réduction de l'endettement. S’il vous plaît, madame Bombardier, pour la santé de la réflexion publique, lisez davantage au lieu d’écrire. Nous vous souhaitons une suggestion intelligente de votre libraire.

3. Madame Josée Boileau, qui avait de l’allure jusqu’ici, qui en a un peu plus dans son texte du jeudi 24 mars, a commis jeudi dernier une faute de frappe qui pourrait laisser malheureusement entendre qu’elle a franchement manqué de rigueur intellectuelle : « Les étudiants ont pleinement démontré qu’ils forment, et depuis des lustres, le lobby le plus puissant du Québec » (17 mars 2005). Les étudiants québécois sont vraiment les tops des tops : les mieux traités au monde ont aussi le lobby le plus puissant ! Plus puissant que le lobby de l’armement, le lobby pharmaceutique, le lobby des entreprises, le lobby du patronat ! Des manifestants qui descendent dans la rue au nom de la justice sociale et qui disent qu’« une société mal éduquée est une société pourrie » ne défendent pas leurs stricts intérêts : ils parlent de choix de société pour aujourd’hui et pour demain. Cela n’a rien d’un lobby. A-t-on jamais vu un lobby faire la grève ? Il rencontre les sous-ministres dans les coulisses, lâche un coup de fil ; c'est moins long, ça demande beaucoup moins de temps, beacoup moins d'énergie, et c'est drôlement plus efficace, surtout quand on a beaucoup de sous à offrir... Même le plus petit lobby est plus puissant que le mouvement étudiant le plus mobilisé. Non vraiment, ça manque de rigueur, d’autant que ce manque de rigueur use de superlatif : « le plus puissant ». Sans doute vouliez-vous écrire que le mouvement étudiant est « le mouvement social le plus mobilisé » à l’heure actuelle. Hélas, une faute d’orthographe vous vaut de perdre un peu de crédibilité. Mais comme vous tenez habituellement des positions intelligentes et qu’à part vous il ne reste plus grand monde à lire avec confiance au Devoir, nous vous accorderons une chance pour la suite de la grève.

4. À condition peut-être que vous reveniez sur votre position, lue quelques lignes plus bas, que vous aurait dictée le prétendu bon sens : « la seule solution réaliste au problème du financement des universités, c’est de dégeler les droits de scolarité ». D’abord, le problème principal de la crise actuelle n’est pas le financement des universités, mais l’aide financière et l’accessibilité aux études. Par ailleurs, nous sommes nombreux à croire que le financement des études et des institutions scolaires peut facilement trouver l’argent nécessaire ailleurs que chez les étudiants. Et contrairement aux FEUQ / FECQ qui proposent au gouvernement de reporter les baisses d’impôts sur cinq ans, les étudiants solidaires des plus pauvres d’entre eux n’auront pas l’inconséquence de demander des baisses d’impôts profitables aux plus riches. Les plus pauvres des étudiants et les plus pauvres de la société ne se pensent pas séparément. La volonté de séparer radicalement la distribution de l’éducation et les inégalités sociales ne peut pas se marier avec l’idée de baisser les impôts. Pour financer l'accessibilité universelle et les universités, l’argent existe bel et bien. Il faut aller le prendre là où il est. Pas chez les étudiants issus de milieux défavorisés, pas chez les étudiants via les frais de scolarité « indexés », pas chez les pauvres et les assistés sociaux comme s’apprête à le faire le gouvernement pour ses réductions d’impôts. Mais chez les entreprises auxquelles on verse de grasses subventions et qui font des reports d’impôts de plusieurs milliards à chaque année. Il nous faut une fiscalité sociale, équitable. Nous ne nous faisons pas d’illusion non plus : ce n’est pas l’actuel gouvernement qui fera un tel exercice de pensée. Mais nous aurions espérer que ni les grandes fédérations ni Josée Boileau (en parlant de dégel) ne chaussent pas les godasses des néo-libéraux.

Voilà ce que nous voulions ajouter à votre bonne analyse du traitement médiatique de la grève étudiante.

Epistémon


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Subject: 
Merci pour le commentaire int
Author: 
David C?ɬ
Date: 
Fri, 2005-03-25 18:32

Merci pour le commentaire intéressant. Je n'avais pas pris le temps de lire le devoir pour écrire mon article alors votre commentaire est d'autant plus pertinent.

En fait, je me rends compte ces temps-ci que la désinformation et les phrases tendencieuses sont tellement omniprésentes à propos de la grève qu'il faudrait travailler presqu'à temps plein pour toutes les dénonceées.

On a écrit plusieurs messages aux médias pour dénoncer leur façon biaisée de présenter les chiffres de l'offre Fournier, les résultats du sondage du 16 mars, les publicités du gouvernement et pour diffuser des articles de la Presse Canadienne où on répète des propos mensongeurs du ministre Fournier sans aucune analyse critique et sans présenter le point de vue des étudians, mais nous n'avons pas reçu de réponses!

Je mets aussi au défi les lecteurs du CMAQ de trouver un article de radio-canada, de Power Corporation ou de Quebecor Média ou le mot "CASSÉE" est mentionné sans qu'il soit ajouté après "groupe violent".

Anyways, qu'est-ce qui nous reste à faire pour rétablir la vérité? Est-ce qu'on peut faire une plainte devant les tribunaux ou qqchose du genre?

David

ZOMBIE: Zone Ouverte de Mobilisation pour Briser les Injustices et Exclusions. http://zombie.lautre.net/


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