Bonjour tout le monde

C'est avec une grande surprise et une amère déception que j'ai reçu ce matin un communiqué appelant aux amiEs, collaborateurs et lecteurs à faire pression directement sur Alain Marcoux et Pierre Marcoux. À la lecture du titre du communiqué «campagne politique pour la survie de la revue À Bâbord ! » je croyais être invité à interpeller un puissant de ce monde...

Puisque je suis toujours administrateur de cette coopérative, je juge de ma responsabilité de m'adresser à vous aujourd'hui pour faire un appel à la décence la plus minimale dans cette question. Surtout, j'espère que je réussirai à calmer un peu le jeu dans cette histoire qui prend des proportions grotesques, bibliques et revenchardes.

Le ton de ce communiqué me semble relever d'une mentalité d'assiégéEs: elle stigmatise Pierre Mouterde et Alain Marcoux en leur prêtant des intentions non fondées qui relèvent de la plus pure diffamation. Ils y sont dépeints comme deux personnes qui tentent de faire un coup de force en ayant recours à la justice pour prendre le contrôle d'une revue et d'une coopérative.

Drôle de retournement de situation et surtout désinformation complète. Pierre et Alain viennent d'être expulsés du comité d'édition de la revue et du conseil d'administration de la coopérative. Dans toute cette histoire, leur principal tort aura été de ne pas faire les dos ronds et de tenter d'avoir un simple débat de principes dans le but de trancher démocratiquement entre deux visions divergente du futur de la revue À Bâbord ! Une remise en contexte nous permettra de voir que depuis l'automne dernier, ces deux derniers ont voulu y aller d'une procédure de médiation alors que le groupe de Montréal préférait faire jouer les rapports de force, ce qui a mené à la démission de Jacques Gélinas, l'un des médiateurs.

Cette nouvelle escalade me semble révélatrice du débat de fond que Pierre et Alain ont tenté de soulever - mal leur en prit ! La phrase suivante du communiqué, lorsque située dans l'ensemble des courriels injurieux envoyés par MM. Rioux, Benvenuto et Breton, me semble refléter une mentalité autoritaire qui ne souffre d'aucune forme de dissidence: «qu'ils acceptent les décisions de la majorité et s'abstiennent de poser tout geste qui pourrait nuire à la revue À Bâbord !». Vous comprendrez que je me solidariserai de leur situation et ce tant qu'une telle attitude «d'overkilling» substitera, soit-elle le fait d'une majorité ou non. Je croyais que les purges et les putsch avaient été folklorisés au cours d'une maturation de la gauche. D'où ma déception.

Le communiqué diffusé largement aujourd'hui laisse sous-entendre que Pierre et Alain ont l'intention de torpiller la revue par simple esprit de vengeance. Rien de plus faux. Si ces deux membres fondateurs avaient réellement voulu saborder la revue ou la coopérative, force est de constater que ce serait fait depuis longtemps... Peut-être s'y seraient-ils pris de la même manière - que je juge très lâche - en envoyant des communiqués au grand-public, en présentant leur seule vision en l'extrayant du contexte général. Ils ont jugé préférable de ne pas s'abaisser à de telles pratiques, ce qui les distingue ici des artisans du communiqué d'aujourd'hui.

Le constat me semble donc clair : les signataires de cette lettre auront su faire beaucoup plus de tort à la revue qu'ils ne l'imaginent et beaucoup plus que les deux accusés. J'ose croire que les signataires comprendront qu'ils placent les personnes interpellées dans une situation où elles devront sans doute se défendre. En raison des mensonges et des procès d'intention dont le communiqué no 1 est saupoudré et en l'absence d'une rétractation de la part de leurs auteurs, les mises au point devront peut-être prendre une forme que personne ne voulait leur donner: une belle séance de buanderie publique qui, on l'avouera, n'est pas la meilleur campagne d'abonnement qui soit...

Richard Fecteau
«Membre» du «conseil d'administration»