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La guerre aux pauvres de Charest

Evelyne Bertrand, Monday, March 14, 2005 - 01:35

Evelyne Bertrand

Gouvernance sous Charest : une société où les pauvres paient pour les études des riches. Explications

La mauvaise volonté du gouvernement libéral de régler le cas des prêts et bourses des étudiants d’université,de cégep et du secondaire, dont 103 millions de bourses converties en prêts remboursable sur 10 ans(avec intérêts, ce qui fait doubler, voire tripler la dette selon la durée de remboursement, appelé frauduleusement « type de prêt»), est patente.
Consultons les tables de calcul de remboursement de la dette de l’AFE : 6 mois après avoir cessé ses études, l’étudiant doit commencer à payer des intérêts sur sa dette, soit 4,25% sur le montant total de la dette, montant recalculé chaque année. Seuls les étudiants qui ont remboursé le capital et les intérêts avant la date fatidique se voient accorder un taux d’intérêt variable. Les autres devront payer le taux d’intérêt fixe d’emprunt…des entreprises ! Taux d’intérêt fixe non mentionné sur le site de L’Afe, puisqu’on ne mentionne pas si l’intérêt au tableau des Taux d’intérêts pour études, si le taux d’intérêt est fixe ou variable…
Partons du chiffre avancé(4,25%) dans le tableau pour septembre 2004, qui doit être le taux le plus bas, pour l’étudiant endetté de 10 000$, sur 2 ans, et voyons les « progrès », au taux fixe.
2 ans—10000$/24 mois= 416, 7$/mois +17,7 $ = 434, 4 $ /mois
Et les petits amis, le taux de remboursement(10%), que j’avais déjà calculé dans le passé, sur 10 ans
10 ans—10 000$/120 mois= 83,33$ + 8,33 % = 93,66 $/mois

C’est rien, vous me dites? Calculons le profit réel des banques, qui fait littéralement gonfler la dette sur 10 ans.

Sur 10 ans, vous payez 1000 $ pour chaque tranche de 10000$. Le gars qui fait un gros salaire (généralement avec une maîtrise) au sortir de l’université, lui, s’en tire pour 500$ le 10000$.

À condition qu’il accepte de payer 416,7$/mois, ce qui, avouez-le, n’est pas à la portée de tous, quoi qu’on en dise.
Quand on dit que Charest s’attaque aux pauvres, en faisant doubler, voire tripler la dette, c’est de cela qu’on parle. Parce que pour des études de 4 ans, la durée moyenne d’un bac, on parle maintenant de 4800$ /année. Faites le calcul : 19200$.
2 ans – 19 200$ /24 mois = 800$ + 34$ = 834 $ /mois
10 ans – 19 200$/120 mois = 160 $ + 16$ = 176 $ /mois.

Et là-dessus, on a même pas calculé à la maîtrise, au doc(une minorité). Et tous les diplômés ne sont pas de futurs médecins.
Encore là, ce sont les étudiants qui n’auront ni choisi la médecine, qui n’ont pas de riches parents, qui paieront la plus grosse part de l’endettement collectif.

LAISSER LES PAUVRES PAYER LES ÉTUDES DES RICHES, UN CHOIX DE SOCIÉTÉ ?

Il est un fait que si les femmes constituent aujourd’hui 63 % de la clientèle des Université, on peut considérer que Charest et sa politique de banditisme, s’attaque directement à celles-ci, en ignorant les exigences de leur maternité, et de d’autre part, en ignorant la précarité de leurs conditions d’emploi. Le marché du travail privé, est en général hostile aux exigences particulières des femmes.
Considérant le phénomène en expansion croissante de la sous-traitance et des précarités d’emplois, qui affectent les hommes et encore plus les femmes, on peut affirmer que Charest remet en question le droit à la procréation paisible des Québécois et des Québécoises, en les chargeant d’un fardeau de dettes qui équivaut au prix d’un auto, le moyen de transport quasi-indispensable, qu’ils ne pourront se payer, pour obtenir de l’emploi, transporter les enfants, faire les emplettes, dans un monde où tout va vite. Même si cela peut paraître superficiel de l’affirmer, de plus en plus d’emplois exigent l’usage de l’automobile, et on ne trouve pas toujours son premier emploi à la porte d’à-côté.
Qui plus est, devant les demandes des étudiants, Charest et ses sbires se livrent à un odieux chantage : si on réinjecte 103 millions dans le programmes des bourses, pour ramener les compteurs à 2400$/ de prêts/an, par contre, on fait augmenter les frais de scolarité. De 10 000$ /année qu’on était avant les coupures au bac, on se retrouve à 8000$ /année avec les coupures. Avec l’argent réinjecté et des augmentations de frais de scolarité équivalent aux université anglophones des autres provinces canadiennes, on est rendus à 4000$/ année, voire plus, pour étudier. De 10 000$/an, faites le calcul, on passe à 6000$ pour vivre chaque année. À ce rythme–là, les Bs font figure de riches aux côtés des étudiants, obligés de travailler, surtout là où le logement est cher, pour être capable de se loger, manger, sans plus. Et à 6000$/année, tout le monde sera obligé de travailler. Encore là, le pauvre écope ; comme papa et maman n’aide pas à payer les études, le travail à côté l’épuise et l’oblige souvent à reprendre des années. D’où le fait qu’il ait carrément moins de chance d’accéder aux études supérieures que l’étudiant plus riche. Et aux emplois payants, qui lui permettraient de rembourser sa dette avec un minimum d’intérêts !

Un couteau sur la gorge, les étudiants n’ont plus qu’à accepter de s’endetter au maximum, tandis qu’on injecte des millions dans le financement des écoles privées au Canada, où de petits riches vont s’instruire pour parfois moins de qualité, et où papa et maman se verront rembourser 60% des frais de scolarité encourus.

LAISSER LES PAUVRES PAYER LES ÉTUDES DES RICHES, UN CHOIX DE SOCIÉTÉ ?



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