Vingt et un intellectuels québécois dénoncent l'attitude méprisante du gouvernement face à l'importante mobilisation étudiante actuelle à laquelle ils donnent leur appui.

Dans Le Devoir des 12 et 13 mars 2005, vingt et un intellectuels (cosignataires d'une lettre avec Georges Leroux) dénoncent l'attitude méprisante du gouvernement face à l'importante mobilisation étudiante actuelle. « Comment se fait-il que tant de générations de politiciens n'aient rien appris de la revendication étudiante, qu'ils la comprennent si mal et qu'ils se satisfassent de la refouler en la caricaturant ? » La lettre ne se limite pas à dénoncer avec fermeté l'arrogance du nouveau ministre de l'Éducation, Jean-Marc Fournier, qui se drape « dans une bonne conscience qui aurait plu à Maurice Duplessis », et à donner son appui à la principale revendication étudiante, soit le retrait de la réforme de l'aide financière, « particulièrement odieuse ». Elle dénonce également le « désinvestissement général du financement de l'éducation supérieure » et l'accès réduit aux études supérieures, faisant ainsi écho à quelques autres revendications formulées par la CASSEE. Les cosignataires abordent enfin « la nécessité de promouvoir pour nos collèges et nos universités des missions qui vont bien au-delà d'une formation professionnalisante », conforme à « l'idéologie néolibérale d'une éducation supérieure adonnée aux seules formations instrumentalisées ». Cette revendication, écrit Georges Leroux et les vingt autres intellectuels, le ministre l'entendrait si seulement il « prêtait l'oreille aux étudiants au lieu de les comparer à une bande d'agitateurs ». La lettre, hélas coupée par le quotidien, se termine sur ces mots qui montrent bien que ces intellectuels sont très réceptifs au mouvement des étudiants : « le mérite de la revendication étudiante actuelle, dans toutes ses dimensions critiques, est de nous rendre sensibles à la nécessité de revoir toute la philosophie publique de l'éducation supérieure dans notre société. » Cet appui est jusqu'à présent l'une des plus importantes expressions de solidarité venant de milieux non étudiants.

Les cosignataires sont Janick Auberger, Marie-Andrée Beaudet, Gilles Bibeau, Gérard Bouchard, Robert Comeau, Richard Desrosiers, Anne Fortin, Guy Bourgeault, Louise Déry, Michel Freitag, Thierry Hentsch, Claude Lessard, Raymond Lemieux, Éric Méchoulan, Catherine Mavrikakis, Ginette Michaud, Pierre Nepveu, Jean Pichette, Pierre Senay, Louise Vandelac.