L'occupation syrienne du Liban doit être dénoncée avec fermeté

La communauté libanaise au Canada, aux États-Unis et dans le monde est choquée par la déclaration de notre premier ministre Paul Martin à l’effet que « si les soldats syriens sont au Liban, c’est pour maintenir la paix ».
La meilleure interprétation de la déclaration de M. Martin reviendrait à dire que « la Syrie tient un revolver contre la tempe du Liban mais que nous la remercions de ne pas tirer ». Il semble ne pas savoir que la Syrie tire de ce revolver depuis trente ans et qu’il ne s’est tu qu’après l’occupation intégrale du pays. Nous Libanais avons été témoins des centaines de milliers d’obus de haine syriens qui sont tombés sur nos maisons et nos villages et qui ont oblitéré nos vies pendant les trente dernières années. 150 000 martyrs et 200 000 blessés libanais sont tombés aux mains de la dictature baasiste syrienne et de ses stratagèmes abjects. Si ceci n’est pas un génocide, quoi donc l’est ?
M. Martin semble oublier la longue histoire d’assassinats commis contre de nombreux leaders et civils libanais opposés aux Syriens. La liste comprend deux présidents élus, Bashir Gemayel et René Mouawad, des chefs de partis politiques comme Kamal Jumblat et Dani Shamoun, des personnalités religieuses comme le Mufti Hassan Khaled, des journalistes tels Salim Lawzi et récemment l’ex-premier ministre Rafiq Hariri.

Un enfant de dix ans pourrait tirer ses conclusions. Quel est le dénominateur commun ? Tous ces individus avaient en commun leur opposition contre l’occupation syrienne du Liban. Comment se fait-il que seuls les adversaires de la Syrie sont assassinés et personne d’autre ?
La déclaration de M. Martin revient à pardonner à l’Allemagne nazie l’Holocauste. Ou à récompenser l’occupation stalinienne de la Pologne ou à acquiescer à l’occupation sauvage du Tibet par la Chine. Elle récompense une dictature sanglante qui se trouve en violation du droit international (résolutions de l’ONU 520 et 1559). Il est honteux que les hommes libres acceptent la subjugation d’êtres humains à la tyrannie. Nous nous attendons à mieux de la part du premier ministre du Canada. Ses paroles sont très insensibles à la souffrance de notre peuple. Comment pense-t-il que les mères et les familles de détenus libanais dans les prisons syriennes interpréteront cette déclaration? Les Libanais du monde entier exigent une rétraction et des excuses du premier ministre Martin.
Les ONG canado-libanaises vont exiger une réunion avec le premier ministre Paul Martin pour l’informer de la situation réelle au Liban et pour obtenir son ferme appui à la résolution 1559.

Nous suggérons à M. Martin qu’il lise le Livre noir de la Syrie au Liban. (http://www.tayyar.org/files/documents/SyrianChronicles021214_US.htm)
Elias Bejjani
Porte-parole de la Fédération canado-libanaise des droits de l’Homme
Directeur des communications du Canadian Lebanese Coordinating Council