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«Protéger l'Amérique»Anonyme, Thursday, February 17, 2005 - 23:04 (Analyses)
JUANA CARRASCO-MARTIN
Des discours et un budget précisent les intentions de l'administration de W. Bush pour rendre les États-Unis tout-puissants et soumettre le monde .................................................................................................................................... PAR JUANA CARRASCO-MARTIN, spécialement pour Granma international IL n'a pas été avare de louanges envers ses quatre premières années à la Maison-Blanche et il a peint une croissance idyllique d'une économie qu'il a qualifié de prospère. «L'état de notre union est confiant et fort», a-t-il souligné. Il a reçu là-dessus la deuxième des 55 rondes d'applaudissements qu'on lui a accordé tout au long d'un discours d'un peu moins d'une heure, présenté devant la Chambre des représentant pour satisfaire le rite annuel d'informer sur l'état de l'Union. George W. Bush, croyant que les élections de novembre dernier lui ont laissé les mains libres pour ses prétentions de domination universelle et pour construire dans sa propre cour une nation ultra-conservatrice pour le bien-être de l'élite, a centré ses propos sur la «prospérité de l'Amérique», ce qu'il traduit bien sûr par États-Unis. Il a annoncé que cela requiert que l'on restreigne l'appétit de dépense du gouvernement fédéral, ce pourquoi son budget réduira substantiellement ou éliminera plus de 150 programmes qui ne donnent pas de résultats ou ne remplissent pas les exigences prioritaires. Il le faisait sous un principe: « Les dollars des contribuables doivent être dépensés avec sagesse ».Et il a expliqué comment il ferait pour que l'économie étasunienne continue de croître, soit plus forte, dynamique et compétitive. En politique extérieure, décrite avec force dans un autre discours, celui de la prise de fonction, l'agenda bushien a mis l'emphase sur le rôle des États-Unis comme politique globale pour faire de l'«Amérique» prédestinée un lieu protégé de tout danger, par la paix, et débarrassé de la peur, tâche qu'il dit être sa priorité et sa responsabilité depuis le 11 septembre 2001. Comme il fallait s'y attendre, il a présenté un pays qui est toujoujours la cible des terroristes — comment ne pas exacerber la peur pour garantir l'appui aux programmes guerriers— et a accompagné cela de sa détermination à demeurer à l'offensive contre ce mal « jusqu'à ce la bataille soit gagnée ». La promesse en ces temps belliqueux lui est d'autant plus agréable qu'il aime qu'on l'appelle un président de guerre, car cela suppose qu'il appuie les militaires et qu'il leur donne les outils pour la «victoire». Si quelqu'un pense que dans les discours il puisse y avoir une rhétorique qui ne sera pas consommée ensuite, il se trompe lourdement. Les actions scellent la politique. Une troisième présentation de Bush a clairement montré ses objectifs et c'est suffisant pour que la moitié des Étasuniens qui ne lui ont pas donné leur vote, ainsi que le reste du monde, regardent avec appréhension tant les plans domestiques comme ceux de politique extérieure. Ils peuvent estimer, avec raison, que l'empire, dans les quatre prochaines années, ne produira ni prospérité ni paix. De fait, le président a réaffirmé son engagement en faveur d'une guerre sans fin, et dans la présentation du budget 2005, il consacre une longue introduction intitulée « Protéger l'Amérique » dans laquelle il ratifie et argumente que ses priorités sont la défense et la sécurité interne. Étant donné que la présence militaire en Irak et en Afghanistan consomme quelque 5 milliards de dollars par mois, sa « guerre contre le terrorisme global » et sa « stratégie vers la liberté » ont fait en sorte que les paragraphes qui se réfèrent à une action belliqueuse reflètent ces temps terribles pour « une nation en guerre » bien que dans l'explication de sa politique durant le discours inaugural il ait assuré que cela ne signifiait pas forcer les autres à instaurer son modèle de "démocratie". Le budget, qui totalise 2,57 trillions, selon la façon de compter étasunienne —un million de millions, pour les autres— est, comme a dit Bush aux reporters, « un budget qui établit des priorités», en l’occurrence: «notre priorité est de gagner la guerre contre la terreur, en protégeant notre patrie et en faisant croitre notre économie». La réaction des démocrates ne s'est pas faite attendre. Le leader de la minorité au Congrès, la Californienne Nancy Pelosi, a commenté que le budget était une tromperie envers le peuple nord-américain. Les dépenses excessives qui provoquaient un déficit extraordinaire, a ajouté Pelosi «est quelque chose de fiscalement irresponsable, moralement irresponsable et un manque de leadership». Bien que Bush ait promis de couper le déficit de moitié avant 2009, le coût des guerres ininterrompues en Irak et en Afghanistan montrent bien qu'il lui sera impossible de tenir cette promesse. Des 427 milliards de dollars inscrits à l'encre rouge cette année, on espère que pour la prochaine étape fiscale, cela soit réduit à 390 milliards mais le nombre s'avère faux car ce compte ne comprend pasa les dépenses des conflits armés. Le chef de la Maison Blanche demande au Congrès 82 milliards de dollars pour couvrir ces opérations militaires et un autre groupe de dépenses internationales liées à ses prétentions belliqueuses et qui est couvert sous le terme d'aider les forces armées d'autres nations. Ce budget supplémentaire a été réclamé à la colline présidentielle le lundi 14 février, selon les déclarations aux journalistes de l'attaché de presse Scott McClellan. De fait, les guerres seules engloutissent «savamment» presque 200 milliards de dollars et aussi la vie de 1 460 militaires étasuniens en Irak et de 153 en Afghanistan (données du 14 février 2005). Serait-ce le prix à payer pour s'assurer une bonne tranche du gâteau indigeste? Le département de la Défense augmentera aussi ses dépenses de 4,8% ce qui représentera 38,6% à la fin du mandat de Bush; tandis que le Département de sécurité de la patrie, de son entière création, recevra dès à présent 7% de plus tandis que le Département d'État de l'«aide à l'extérieur» verra son budget croître de 15,7%. En revanche, les budgets des programmes de santé, d'éducation et de l'environnement augmenteront seulement de 1%. Les budgets baissent dans 9 des 15 départements de son cabinet, y compris celui du logement et du développement urbain (11,5%), l'agriculture (9,6%) et les transports (6,7%). La possible privatisation de la Sécurité sociale, proposée par Bush comme l'une de ses priorités, préoccupe déjà non seulement les personnes âgées et ceux qui sont proches de la retraite, mais aussi les Démocrates et même certains Républicains. La hache de guerre de Bush est à double tranchant: l'un fauche des vies pendant les guerres, les interventions et les occupations et l'autre coupe les prétentions des plus nécessiteux à mieux vivre dans le propre coeur de l'empire. En fin de compte il est en train de «protèger l'Amérique» et d'amener au delà des mers la «liberté» et la «démocratie». C'est sa manière à lui d'interpréter son slogan selon lequel «les nations libres sont des nations pacifiques».
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