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20 choses à savoir sur Cuba

Anonyme, Tuesday, February 15, 2005 - 19:27

Maxim Vivas

Vous m'avez invité à vous parler de la réalité cubaine, mais je crois que je ne vais pas beaucoup le faire. En réalité, je vais surtout vous parler de nous, de notre manière de voir Cuba.

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ONU Oct 2004 : 179 pays votent contre le blocus
Liberté pour les 5 Cubains de Miami, enfermés en isolement aux USA pour avoir combattu le terrorisme.

Rencontre avec Maxime Vivas sur Cuba
( 20 choses à savoir sur Cuba )
Rencontre avec Maxime Vivas sur Cuba
Journée organisée par la section du PCF à SORGUES (vaucluse), le 12/12/2004.

« Vous m'avez invité à vous parler de la réalité cubaine, mais je crois que je ne vais pas beaucoup le faire. En réalité, je vais surtout vous parler de nous, de notre manière de voir Cuba.

Je veux déplorer avec vous cette manie de décontextualiser le sujet. Ainsi, on compare plus ou moins consciemment Cuba à la France. On tombe alors dans une de ces erreurs communes dont se délectent les détracteurs de Cuba. J'en ai répertorié une vingtaine.

N'oublions pas que :

1) Cuba est un pays sans beaucoup de matières premières, c'est une île qui subit les difficultés propres à toute insularité. C'est une ancienne colonie, dépouillée, saignée par les colonisateurs.

2) Cuba est un tout petit pays : 11, 5 M habitants, 110 000 Km2.

3) Cuba se situe à 150 Km de la plus formidable puissance militaire, économique, technologique, médiatique que la terre ait jamais connue.

4) Cette puissance a classé Cuba dans sa liste des « pays ennemis, pays terroristes, cible potentielle ».

Rappelons-nous que, quand Bush junior a envahi l'Irak, un seul Etat au monde (la Floride) a manifesté sa joie dans la rue en arborant des pancartes : « Irak aujourd'hui, Cuba demain. »

5) Cette puissance n'a jamais cessé de revendiquer Cuba. Et cela a commencé bien avant la Révolution.

6) Elle n'a jamais cessé d'appuyer, de financer, d'organiser le terrorisme anti-cubain. Pour mémoire : l'invasion (ratée) de la Baie des cochons (avec la logistique de l'US Army. Les premiers assaillants qui ont posé le pied sur la playa Giron étaient Américains). Pensons aux nombreuses tentatives d'assassinat de Fidel Castro (la dernière en date à Panama. Les terroristes arrêtés ont été libérés et ont filé aux USA). Citons aussi ces mystérieuses épidémies qui ont touché naguère la flore, le cheptel, les habitants (des centaines en sont morts, mais pas un à Guantanamo où les forces d'occupation avaient été vaccinées). Pensons aux explosifs dans des lieux de tourisme (mort d'un Italien) et sachons que les groupes paramilitaires s'entraînent en toute impunité aux USA pour « libérer » l'île.

7) Cette puissance alimente une campagne médiatique mondiale, une campagne de désinformation (on reviendra sur le rôle de l'officine RSF). Cette campagne est financée par des dizaines de millions de dollars (ce sont les USA qui s'en vantent, ils donnent les chiffres par affectation). La question jamais posée est : qui, chez nous, touche de l'argent ?

8) Elle a, au début de cette année, établi un plan détaillé (Plan Powel, 450 pages) de la gestion d'une Cuba néo-libéralisée et sous protectorat US.

9) Elle poursuit depuis 45 ans, et au mépris des votes récurrents de l'ONU, un blocus inhumain (on y reviendra car la vie politique et économique cubaine est marquée par cette réalité).

10) Une autre erreur commune est de discuter PRIORITAIREMENT (voire exclusivement, il suffit de voir nos médias) des défauts de Cuba en évacuant très vite ses réussites uniques au monde. Ainsi, on discute d'abord en contre (en défensif), sur le terrain de la propagande anti-cubaine.

11) Par exemple, on se laisse enfermer dans un débat sur La Liberté (abstraction), en évacuant le thème des libertés (concrètes), notamment des libertés vitales sans lesquelles les autres sont caduques. Je sais que ce débat est chaud et que la distinction entre la et les libertés l'est tout autant. Mais je soutiens que la liberté de lire le Figaro et de voter pour Noël Mamère (c'est un exemple) est nulle si l'on est mort, ou si l'on est vivant mais privé de toute vie intellectuelle pour cause de famine, maladie non soignée, analphabétisme.

12) De même, on est parfois sommé de répondre à la question : Cuba, paradis ou enfer ? Si l'on concède des fautes, des erreurs, des lacunes, des anomalies, des insuffisances, des abus, bref, toutes ces choses absentes du paradis, paraît-il, c'est la preuve a contrario que Cuba est infernal. Combien de fois ai-je entendu des détracteurs de Cuba s'offusquer de règles cubaines qui existent aussi chez nous mais qu'ils ne voyaient pas et qui, quand je les leur montre, leur paraissent normales ?

13) Une autre erreur consiste à parler de Cuba sans jamais se demander pourquoi on en parle tant, sans jamais s'être interrogé sur ce mystère : comment se fait-il que ce petit pays occupe dans nos médias autant de place que tous les autres pays pauvres réunis (voyez le Monde du 2 décembre 2004 qui consacre un titre, cinq colonnes à la une, à Cuba au moment où partout on se demande pourquoi, l'armée française a tiré sur des foules désarmées à Abidjan).

14) Une autre encore est de se focaliser sur Castro :

-soit pour affirmer que la Révolution lui doit tout (et pourtant, pas de statues, de noms de rues de places, de portraits de Castro. Il dit lui-même que les révolutionnaires sont des hommes et pas des dieux. Si les Américains veulent montrer au monde entier un char US arrachant sa statue sur une place de La Havane, il va falloir qu'ils la fabriquent avant),

-soit pour affirmer que c'est un dictateur supporté par son peuple, comme le furent Franco en Espagne ou Pinochet au Chili.

Bref, les extraordinaires avancées cubaines seraient les fruits de décisions de Castro, imposées à son peuple ou du peuple malgré Castro. Il doit plutôt exister une osmose (je signale l'absence de police anti-émeute à Cuba. Si on en cherche sur le reste du continent, on en trouvera aisément. Je signale aussi que jamais, depuis la Révolution, l'armée ou la police de ce pays ne se sont tournées contre le peuple).

15) Une autre erreur encore, est de se forger une opinion sur Cuba à travers « la grande presse » de notre pays qui ne publie que des informations négatives, voire agressives. On notera quelques rares exceptions : Le Monde Diplomatique et, une ou deux fois l'an, l'Huma (mais j'ai eu l'occasion de regretter publiquement le reportage sur la Fête de l'Huma 2004 où les journalistes de l'Huma, en 19 pages, n'avaient vu aucun des 4 stands des amis de Cuba, les débats qui s'y sont déroulés, ni la surabondance des tee-shirts du Che dans les allées).

Pour y voir plus clair, il vaut vraiment mieux se baser sur des rapports d'organismes aussi peu marxistes que l'ONU dont une étude (PNUD) classe Cuba au 52è rang mondial pour le développement humain, l'Unicef, l'Unesco (qui s'extasie sur les résultats cubains), la FAO, la banque mondiale (eh oui !), Amnesty international (pourtant peu tendre mais qui tempère) et même des études officielles US. Mais, cela dit, pourquoi les informations qui nous viennent des amis de Cuba seraient-elles moins crédibles à vos yeux ? Pourquoi faudrait-il vérifier celles-là et pas les autres ?

16) Une autre erreur, je l'ai évoquée tout, à l'heure, est de discuter de Cuba en la comparant à la France, grand pays, riche, puissant, doté de l'arme nucléaire, qu'aucun voisin ne menace, qui ne se trouve pas dans la situation de 1939, époque où elle n'aurait pas toléré que des citoyens français se fassent payer par l'Allemagne pour lui fournir des renseignements utiles à l'invasion, pas plus qu'elle n'aurait pas toléré que l'ambassadeur d'Allemagne à Paris créé un parti politique de la jeunesse française (Le chargé d'affaires des USA à Cuba a créé en 2004 à La Havane un parti de la jeunesse libérale cubaine).

17) Dans le même esprit, la logique voudrait donc que l'on compare Cuba aux autres pays comparables : les pays du tiers monde, ceux qui ont une taille, des ressources naturelles comparables. Si vous le faites, le résultat est sans appel. On y reviendra, mais je cite juste quelques chiffres tout de suite : le taux de mortalité infantile est plus bas à Cuba que dans n'importe quel autre de ces pays. Il est de moins de 6 pour 1000 (plus bas que dans certains Etats des USA) de 20/1000 en moyenne en Amérique latine, de 200/1000 dans certains pays d'Afrique et en Afghanistan « libéré ».

18) Une grave erreur, alors que les amis de Cuba doivent en permanence batailler pour démonter des mensonges et médiatiser des vérités, c'est de ne pas toujours oser, tant cela paraîtrait incongru dans cet environnement médiatique où Cuba est accablé de tous les défauts, y compris celui d'être le dernier débris d'un communisme soviétique, de ne pas oser dire que Cuba est peut-être une chance pour l'humanité tout entière. Peut-être un de ces autres mondes possibles que veulent les altermondialistes. Et si Cuba était vraiment engagée dans un type de développement fraternel, solidaire, hautement humain et culturel, écologique, respectueux de l'équilibre de la planète ? Si Cuba était un laboratoire social, économique en passe de prouver qu'un autre monde est possible en dehors du FMI, de l'OMC, de la loi du plus fort, des égoïsmes concurrentiels ? Dès lors, on comprend pourquoi l'exemple cubain représente un danger mortel pour les forces du capital dans le monde.

Alors on ne va pas laisser nos amis politiques, les élus pour qui nous avons voté, le ou les organisations qui prétendent vouloir changer le monde, hurler avec les loups.

19) L'avant-dernière erreur sans doute est d'exiger des amis de Cuba de tout savoir, d'avoir réponse à tout ; toute lacune étant portée au débit de Cuba. Je ne sais pas tout sur la France où j'ai toujours vécu, je ne sais pas tout sur Cuba. J'essaie de me tenir au courant des dernières calomnies déversées par ses adversaires, mais il arrive que, comme dans l'informatique, on soit pris de vitesse par des nouveaux virus (qu'on appellera ici des gusanos).

20) Et la dernière erreur serait de ne pas lire: « Cuba est une île » de Danielle Bleitrach et Viktor Dedaj aux éditions le Temps des Cerises et « Le dossier Robert Ménard. Pourquoi Reporters Sans Frontières s'acharne sur Cuba » de Jean-Guy Allard et Marie-Dominique Bertuccioli aux éditions Lanctôt (Canada).

Et si vous voulez savoir ceux que disent les amis (mais aussi les ennemis de Cuba, c'est édifiant) il existe un site Internet auquel je vous invite à vous abonner (c'est gratuit et vous y retrouverez les personnes que je viens de citer, sauf Robert Ménard, mais il est abonné) : Cuba Solidarity Project »

Pour Amnesty International, 130 pays pratiquent la torture. "131", insinue Le Monde.

« Avant la discussion où nous parlerons, si vous le voulez, de la réalité cubaine, du blocus, de Reporters Sans Frontières, je veux vous donner un exemple flagrant et récent de désinformation : le journal Le Monde d'avant-hier (daté du 10 décembre 2004) consacre sa page 4 aux droits de l'homme. On y apprend, grâce à l'Unicef, que près d'un milliard d'enfants vivent dans la pauvreté, que 640 millions n'ont pas de logement convenable, que 500 millions n'ont pas accès à des installations sanitaires, 400 millions à l'eau potable, 300 millions à une quelconque forme d'information, 270 millions sont privés de soins, 140 millions, en majorité des filles, ne sont pas scolarisés, 90 millions souffrent de malnutrition et que 700 millions d'enfants connaissent au moins deux de ces privations fondamentales.

Petite parenthèse : chaque fois qu'on évoque le nombre d'enfants analphabètes, soldats, prostitués, dormant dans la rue, travaillant dans la mine, mourant de faim ou de maladies guérissables, les Cubains on la manie de s'exclamer fièrement : « Et aucun n'est Cubain ! »

Fermons la parenthèse et revenons au Monde. Sa page 4 contient également un article intitulé : « A l'Unesco, des militants chrétiens témoignent du « retour » de la torture. »

Le rédacteur y rappelle les cas de tortures dans la base US de Guantanamo et dans la prison d'Abou Ghraib en Irak, il nous apprend que, d'après Amnesty International « 120 à 130 pays ont une pratique systématique de la torture. » Puis dans le paragraphe final il nous rassure : « Il y a pourtant des signes d'espérances. A Paris, on a cité le cas de Raul Rivero et des prisonniers politiques cubains libérés aux premiers jours de décembre. »

On se demande ce que Cuba et Rivero font dans cet article. On hume le placage artificiel. Certes, le journaliste ne va pas jusqu'à prétendre que l'ex-prisonnier cubain a été torturé ou que d'autres le sont dans l'île. Nous assistons simplement à un insidieux amalgame, à la juxtaposition d'informations de registres différents, mais dont on escompte que, par effet de halo, il persuadera le lecteur que Cuba figure parmi les 130 pays incriminés.

Par suite, et puisqu'il s'agit d'un article sur la torture où est convoquée l'autorité morale d'Amnesty International, il est utile d'aller voir le rapport 2003 de cette ONG sur Internet. A la page « Torture, continent américain », nous trouvons 22 pays répertoriés : Argentine, Bahamas, Belize, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Equateur, USA, Guyana, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Paraguay, Pérou, Suriname, Trinité et Bogota, Uruguay, Venezuela.

Nous lisons bien : Cuba n'y est pas. Par contre (et pensons à cette fable de la paille dans l'oeil du voisin et de la poutre dans le nôtre) pour l'Europe, nous trouvons une kyrielle de grands pays démocratiques comme l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la France.

Enfin, on invitera le lecteur du quotidien vespéral à remarquer l'abondance des informations concernant l'île des caraïbes dans Le Monde, leur tonalité hostile à 100% qui s'affranchit des rapports d'organismes aussi peu castristes que ceux que j'ai cités dans la première partie de mon exposé et qui fait injure à l'intelligence du lecteur qui, sans être guevariste, se persuade qu'aucun pays ne peut survivre avec 0% de réussite en un demi-siècle. »

site français de solidarité avec Cuba


Subject: 
les grands reportages de Radio Canada du 1ier et 2 mars
Author: 
oscar
Date: 
Sat, 2005-02-19 08:53

Je n'ai pas encore vu les documentaires, mais par la publicité que l'on en fait je doute fort qu'ils s'écartent de la ligne à laquelle nous sommes habitués... Je pense que ce serait une bonne initiative que de faire parvenir à Radio-Canada copie de cet article. Les animateurs et commentateurs pourraient à tout le moins en connaître le contenu.


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