Le Népal fait les manchettes ces jours-ci : « Le roi Gyanendra a annoncé mardi avoir pris le pouvoir et a décrété l'état d'urgence après avoir limogé le gouvernement, [...] plusieurs dirigeants politiques dénonçant aussitôt un coup d'État. » Certains se souviendront que ce pays avait aussi fait parler de lui en juin 2001 lorsque « Gyanendra est monté sur le trône après le massacre de son frère Birendra et d'une grande partie de la famille royale par le prince héritier qui s'était ensuite suicidé. » Or voilà, j'y étais moi au Népal lors du massacre de la famille royale et cette histoire de prince héritier suicidaire, absolument personne n'y croyait. Les Népalais que nous avons côtoyés étaient unanimes : c'est Gyanendra qui a organisé le massacre !

Le Népal fait les manchettes ces jours-ci : « Le roi Gyanendra a annoncé mardi avoir pris le pouvoir et a décrété l'état d'urgence après avoir limogé le gouvernement, [...] plusieurs dirigeants politiques dénonçant aussitôt un coup d'État. »[2] Certains se souviendront que ce pays avait aussi fait parler de lui en juin 2001 lorsque « Gyanendra est monté sur le trône après le massacre de son frère Birendra et d'une grande partie de la famille royale par le prince héritier qui s'était ensuite suicidé. » Or voilà, j'y étais moi au Népal lors du massacre de la famille royale et cette histoire de prince héritier suicidaire, absolument personne n'y croyait. Les Népalais que nous avons côtoyés étaient unanimes : c'est Gyanendra qui a organisé le massacre !

Introduction : premiers contacts avec les Népalais

En mai et juin 2001, pour nous récompenser d'avoir terminé notre Bacc., Sylvie, ma blonde, Vincent, notre grand ami, et moi partons à l'aventure durant 40 jours au Népal. Le voyage fut extraordinaire ! Quel choc culturel nous avons eu lors de notre arrivée à Katmandou ! Combien impressionnantes étaient les montagnes géantes lors de notre trek de 19 jours autour des Anapurnas ! C'est toujours avec tristesse, par contre, que je repense à la situation politique des Népalais...

Tout au long de notre voyage, la question politique revenait sans cesse au cours de nos discussions (en anglais) avec les Népalais qui sont vraiment très très gentils et sociables. Par exemple, nous étions une fois tous les trois assis dans un parc de Katmandou quand un garçon environ de notre âge est venu nous demander si nous étions intéressés à venir discuter avec lui et ses amis. Nous avions accepté la proposition. Au restaurant, il arrivait très souvent que les employés viennent discuter avec nous. Durant le trek de 19 jours, nous avons aussi bien sûr discuté assez abondamment avec Ari, notre guide, et Om qui nous aidait à transporter nos bagages (on en avait trop amené !) . Et puisque les Népalais sont aussi très politisés, beaucoup plus que les Nord Américains en fait, nous discutions souvent de la situation politique de leur pays. L'intérêt des Népalais pour la politique n'est pas très surprenant, il faut dire, considérant l'action qui se déroule dans ce pays ! Très vite, nous étions au courrant que le Népal possède (ou possédait !) un gouvernement élu démocratiquement qui contrôle la police et un roi qui contrôle l'armée, que l'armée est beaucoup plus puissante que la police, et qu'il y a aussi une rébellion Maoïste dans le pays dont il vaut mieux ne pas parler à voix haute... Lors de notre arrivée, une grève protestant contre la médiocrité du gouvernement paralysait les autobus qui pouvait nous amener vers notre trek. Durant la première partie de notre voyage, une chose qui ressortait souvent de nos discussions avec les Népalais était : « nous détestons notre gouvernement, mais heureusement, nous adorons le roi (Birendra). » À propos des Maoïstes, la plupart des gens refusaient d'en parler pour éviter les ennuis, mais notre guide, Ari, disait que ce groupe avait l'avantage d'être beaucoup plus intègre que le gouvernement, mais l'inconvénient d'être trop radical.

Vers la fin de notre trek, je me souviens qu'il fallait écouter la radio pour savoir si nous pourrions prendre ou non le bus qui nous mènerait à la ville paradisiaque de Pokhara puisque les grèves contre le gouvernement faisaient rage à nouveau dans le pays. Nous avons finalement pu nous rendre sans problèmes à Pokhara où nous avons pris un repos bien mérité durant quelques jours, avant de nous rendre au Parc National de Chitwan.

L'assassinat de la famille royale

C'est la veille de notre départ pour Chitwan que la tragédie s'est déroulée. Alors que tout était sombre et moisi dans le ciel politique népalais, sauf le roi Birendra aimé et respecté qui y était le seul rayon de soleil, nous apprîmes, incrédules, que le roi Birendra et sa famille venaient d'être assassinés ! Je me souviens encore de la détresse (voire panique) de cet homme, dans l'obscurité de la jeune nuit, qui disait que sa vie était finie, qu'il lui faudrait maintenant quitter son pays. Sur le coup, nous ne réalisions pas vraiment ce qui se passait et ce que ça impliquait. Durant les dix derniers jours de notre voyage, presque toutes nos interactions avec les Népalais allaient nous en donner l'occasion...

Dès le lendemain, alors que nous prenions malgré tout le bus pour Chitwan, un changement évident s'était opéré au sein de la société népalaise. Presque tous les hommes s'étaient rasés le crâne en entier à l'exception d'une petite zone sur le dessus et un peu en arrière de la tête. Partout, on n'entendait plus qu'une seule musique et unique diffusée via la radio. C'était une musique funèbre très larmoyante jouée par un seul instrument à corde dont le son me rappelais celui d'un violon alto. C'était une musique très triste, mais très belle à mon avis.

En discutant avec les gens et en regardant la télévision et les journaux, nous avons progressivement appris ce qui s'était passé dans le palais royal et aussi ce qui se passait dans le pays. En fait, la violence qui avait eu lieu dans le palais royal était tout simplement incroyable ! Ce n'était pas seulement le roi Birendra qui avait été assassiné, mais toute sa lignée ! En plus du roi lui-même, ont été assassinés sa femme et leurs trois enfants (en incluant le prince héritier Dipendra supposé meurtrier), deux frères et une soeur du roi ainsi que deux neveux du roi ! Gyanendra, lui, n'était pas présent à la réunion familiale. La femme, le fils et la fille de Gyanendra, par contre, étaient présents à la réunion familiale, mais ils n'ont pas été tués. La femme de Gyanendra a été blessée, mais les deux enfants n'ont rien eu du tout. L'histoire officielle qui fut propagée par les médias népalais et par tous les autres médias du monde est que ce massacre serait l'oeuvre du prince héritier qui, ivre d'alcool et de haschish, aurait fait ce massacre pour une histoire de coeur, avant de s'enlever lui-même la vie. Parmi les Népalais, toutefois, personne n'a cru à cette histoire abracadabrante et nous avons eu de la chance d'être dans la campagne népalaise lorsque la tragédie s'est produite parce dans les villes ça a été la révolte ! Révolte qui fut d'ailleurs immédiatement matée par l'interdiction totale de sortir de chez soi sous menace d'être exécuté à vue par l'armée. Menace qui fut d'ailleurs mise à exécution... [3] À Katmandou, la ville est restée fermée durant 3 jours. Elle fut ensuite réouverte durant le jour, mais le couvre-feu était maintenu le soir et la nuit. Après avoir été tout d'abord déclaré mort, le prince Dipendra qui était le seul héritier du trône fut ensuite déclaré vivant et proclamé roi durant trois jours... Le temps que le Raj Parishad déclare Gyanendra nouvel héritier du trône, puis nouveau roi. Pour faire la lumière sur cette triste histoire, nous apprîmes aussi qu'une commission d'enquête avait été mandatée par nul autre que le roi Gyanendra... (bonjour la crédibilité !)

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[2] Voir par exemple : http://zombie.lautre.net/breve.php3?id_breve=394